Étiquette : Sahara Occidental

  • Tension diplomatique entre le Maroc et l’Allemagne

    Le Maroc a rappelé ce jeudi son ambassadrice à Berlin, il dénonce des « actes hostiles » de la part de l’Allemagne envers le royaume chérifien. Une complication supplémentaire dans les relations diplomatiques entre les deux pays, en crise depuis le mois de mars dernier. Le Maroc avait « suspendu tout contact » avec l’ambassade allemande à Rabat, pour des « malentendus profonds » sur différents dossiers.

    Ce jeudi, le ministère marocain des Affaires étrangères est sorti de son silence pour expliquer les raisons de la brouille avec Berlin. Le ton du communiqué est très fort ; il indique le niveau de tension entre les deux pays. Selon Rabat, l’Allemagne a accumulé les positions hostiles et les « actions attentatoires » à l’égard des intérêts supérieurs du royaume ce qui a provoqué le rappel de l’ambassadrice à Berlin « pour consultation ».

    Le Maroc dénonce en premier lieu, la position de l’Allemagne vis-à-vis de la question du Sahara occidental : « une attitude négative », note le communiqué. Il dénonce également un « activisme antagonique » suite à la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur ce territoire disputé par l’ex-président américain Donald Trump. Une reconnaissance qui eu lieu en décembre 2020 un peu plus d’un mois avant le départ du pouvoir de ce dernier.

    Le ministère marocain des Affaires étrangères déplore aussi « l’acharnement continu » de l’Allemagne à combattre le rôle régional du Maroc, notamment dans le dossier libyen. Rabat, qui n’avait pas été invité à la conférence de Berlin sur l’avenir de la Libye en janvier 2020, n’a jamais pardonné à l’Allemagne cette décision.

    Enfin, Rabat accuse Berlin, de « complicité à l’égard d’un ex-condamné pour actes terroristes » et de lui avoir divulgué des informations sensibles provenant des renseignements marocains et communiqués à leurs homologues allemands. Officiellement, le nom de ce ressortissant germano-marocain, n’a pas été révélé, mais il s’agit de Mohamed Hajib, condamné en 2010 au Maroc à dix ans de réclusion pour « terrorisme », une sentence ramenée à cinq ans début 2012, et qui publie régulièrement des critiques à l’égard du Maroc sur les réseaux sociaux.

    L’Allemagne dit n’avoir pas été informée au préalable de cette décision et n’a pas compris les accusations contenues dans ce communiqué. Elle a demandé « des explications » à la partie marocaine.

    RFI, 07 mai 2021

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  • La surprenante carte du Maroc dans un bureau du roi Mohammed VI

    En décembre 2020, le président Trump a déclaré que les États-Unis reconnaîtraient la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental dans le cadre d’un accord selon lequel le Maroc « normaliserait » ses relations diplomatiques avec Israël. Selon le Barreau de New York, si cette décision est approuvée par le président Biden, les États-Unis deviendront le seul pays à reconnaître la revendication de souveraineté du Maroc.

    En vue d’examiner cette question les causes et les implications de la décision de l’ancien président Trump, le Barreau a organisé un débat par vidéoconférence avec la participation d’un un panel de personnalités distinguées dont l’ancien conseiller de Donald Trump, John Bolton.

    Dans son intervention, Bolton a affirmé avoir remarqué lors d’une de ses rencontres avec Mohamed VI, une carte dans un bureau officiel sur laquelle le Sahara occidental ainsi que Tindouf et le nord de la Mauritanie figuraient à l’intérieur des frontières du Maroc.

     » Nous avons rencontré le nouveau roi Mohammed VI dans l’un de ses bureaux, je pense à Marrakech, un bureau très impressionnant. Derrière son bureau se trouvait une carte du Maroc (…) Vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’elle incluait le Sahara Occidental. Elle comprenait également la moitié occidentale de l’Algérie et une grande partie de la Mauritanie », a-t-il révélé.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=qfuaxhm-j9M&w=560&h=315]

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  • Maroc-Allemagne : crise diplomatique à cause de Mohamed Hajib (média allemand)

    CRISE DIPLOMATIQUE AVEC LA RÉDUCTION :
    Parce qu’un homme d’Allemagne critique le Maroc ?

    Par Hans-Christian Rössle, Madrid

    Après des mois de silence, Rabat porte de graves accusations contre l’Allemagne : elle a « multiplié ses actions hostiles ». La raison pourrait être un germano-marocain de Duisburg.

    Après plus de deux mois de silence glacial, le Maroc augmente la pression diplomatique sur le gouvernement allemand. Le ministère des affaires étrangères à Rabat a rappelé l’ambassadeur de Berlin pour des consultations et, pour la première fois, a donné dans une déclaration officielle les raisons de la crise diplomatique qui dure depuis le mois de mars. À l’époque, le ministre des affaires étrangères avait ordonné de cesser tout contact avec l’ambassade d’Allemagne et d’autres institutions allemandes. Les accusations sont massives, mais pas entièrement nouvelles : selon le communiqué, l’Allemagne a « multiplié ses actions hostiles » dirigées contre les « intérêts supérieurs » du Maroc.

    L’ »attitude négative » du gouvernement allemand dans le conflit du Sahara occidental est décrite comme particulièrement grave. Cela parle de déception que l’Allemagne n’ait pas suivi l’exemple du président américain de l’époque, Donald Trump, qui a reconnu en décembre dernier la revendication marocaine sur la majeure partie de l’ancienne colonie espagnole. Au lieu de cela, l’Allemagne a spécialement convoqué une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. À ce jour, Berlin continue d’insister sans relâche sur la validité du droit international et exige une solution pacifique au conflit sous la direction des Nations unies.

    Un geste public de Berlin est souhaité ?

    Selon Ignacio Cembrero, un expert espagnol du Maroc, ce dernier a sous-estimé la fermeté diplomatique de Berlin. « Rabat veut un geste public de la part de l’Allemagne », dit Cembrero. Les diplomates marocains se sont manifestement trompés en s’attendant à ce que le gouvernement allemand réagisse de la même manière que l’Espagne et la France auparavant : ces deux États avaient présenté des excuses publiques après des conflits antérieurs. En fin de compte, le Maroc se fait du tort à lui-même, selon M. Cembrero. L’Allemagne est l’un des plus importants pays donateurs, qui a fait des promesses de dons d’une valeur de 1,4 milliard d’euros l’année dernière. La nouvelle ère glaciaire rendrait plus difficile le versement de nouvelles aides.

    « Nous sommes d’autant plus surpris par cette mesure que nous sommes engagés dans des efforts constructifs avec la partie marocaine pour résoudre la crise », a déclaré le ministère des Affaires étrangères, qui a demandé à Rabat des explications sur cette démarche. Les « accusations et le choix des mots » sont dénués de tout fondement, a déclaré vendredi une porte-parole du ministère des affaires étrangères. Rabat, par exemple, accuse les autorités allemandes de complicité avec un « ancien condamné pour actes terroristes » : Des informations sensibles des services de sécurité marocains lui avaient été transmises. Aucun nom n’est mentionné, mais il s’agit probablement de Mohamed Hajib, qui a la nationalité allemande et vit à Duisburg.

    Hajib a été emprisonné au Maroc pendant sept ans. Ce germano-marocain de 39 ans a été reconnu coupable de participation à la formation d’une organisation terroriste en Afghanistan. Depuis l’Allemagne, il a critiqué le régime marocain et le roi via sa chaîne Youtube. Le Maroc a porté plainte contre lui en Allemagne et a demandé sans succès un mandat d’arrêt international à Interpol.

    Les autorités judiciaires allemandes ne voient aucune preuve d’incitation à la violence ou d’infraction pénale. Le ministère fédéral des Affaires étrangères juge également incompréhensible l’affirmation marocaine selon laquelle Berlin s’oppose « de manière persistante et continue » à ce que le Maroc joue un rôle dans la résolution du conflit libyen parce qu’il a été exclu de la conférence de Berlin sur la Libye en janvier 2020. La déclaration ne mentionne pas le fait que le Maroc a été invité aux réunions suivantes, que l’Allemagne a contribué à organiser.

    L’Allemagne n’est pas le seul pays à subir les foudres diplomatiques de Rabat. Le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, s’est dit scandalisé par le fait que Brahim Ghali, le chef du Front de libération du Polisario qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, soit soigné en Espagne pour une infection coronaire. Le Maroc se demande si l’Espagne veut « sacrifier ses relations bilatérales » pour le Ghali, a déclaré M. Bourita à l’agence de presse EFE.

    Ghali était venu en Espagne avec une fausse identité et un document de voyage algérien. Il a été autorisé à entrer « pour des raisons purement humanitaires », insiste le gouvernement de Madrid, qui fait face à une autre difficulté : Une affaire contre Ghali est en cours devant la Cour suprême à Madrid. L’affaire concerne l’accusation selon laquelle des dissidents ont été torturés dans les camps du Polisario.

    Frankfurter Allgemeine Zeitung, 07 mai 2021

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  • Euronews : Le Maroc rappelle son ambassadeur en Allemagne dans le cadre du conflit du Sahara occidental

    L’ambassadeur du Maroc en Allemagne a été rappelé à Rabat pour des « consultations », a déclaré jeudi le ministère marocain des Affaires étrangères.

    Cette décision du royaume d’Afrique du Nord intervient dans un contexte de tensions croissantes avec l’Allemagne, notamment en ce qui concerne le Sahara occidental. Le ministère a également fait état de préoccupations concernant la coopération entre les deux pays en matière de lutte contre le terrorisme et de règlement du conflit en Libye.

    En mars, le Maroc a suspendu ses liens avec l’ambassade d’Allemagne en raison de « profonds malentendus » après la décision controversée du président américain de l’époque, Donald Trump, de reconnaître en décembre la souveraineté du Maroc sur ce territoire.

    Le ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré ne pas avoir été informé à l’avance du rappel de l’ambassadeur, ajoutant qu’il était mystifié par les allégations citées dans la déclaration du ministère marocain des Affaires étrangères.

    « Nous sommes d’autant plus surpris par cette mesure que nous travaillons avec la partie marocaine de manière constructive pour résoudre la crise », a déclaré le ministère, ajoutant qu’il a demandé des explications au Maroc.

    Activisme antagoniste

    Jeudi, le ministère marocain des affaires étrangères a déclaré dans un communiqué que « l’Allemagne s’est éloignée de l’esprit de solution constructive avec une attitude destructrice sur la question du Sahara marocain. » Il a accusé l’Allemagne d’ »activisme antagoniste » suite à la décision de Trump.

    Le ministère a également accusé les autorités allemandes d’agir « avec complicité envers un individu anciennement condamné pour des actes de terrorisme, en divulguant des informations sensibles communiquées par les services de sécurité marocains à leurs homologues allemands. »

    Le ministère n’a pas nommé l’individu en question, ni donné de détails sur ces accusations.

    Et le ministère a déclaré que l’Allemagne a fait preuve d’une « détermination continue à contrer l’influence régionale du Maroc, en particulier sur la question libyenne », après que le Maroc n’ait pas été inclus dans d’importants pourparlers de paix sur la Libye à Berlin en janvier.

    Après que le Maroc ait gelé les relations avec l’ambassade d’Allemagne en mars, le gouvernement allemand a déclaré qu’il ne voyait aucune raison pour la détérioration de ses bonnes relations diplomatiques avec le Maroc.

    Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, a lutté pour l’indépendance du Sahara occidental après l’annexion de l’ancienne colonie espagnole par le Maroc en 1975. Les forces de maintien de la paix de l’ONU surveillent actuellement un cessez-le-feu vieux de 30 ans entre les forces marocaines et les partisans du Polisario.

    Euronews, 06 mai 2021

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  • La politique du chantage adoptée par le Maroc dénote sa déception

    Le représentant du Front Polisario en Europe et à l’Union européenne (UE), Abi Bouchraya Bachir a affirmé jeudi que la politique du mensonge et du chantage adoptée par l’occupant marocain quant à la cause sahraouie traduit sa déception face à l’UE qui s’est interdit tout appui à la colonisation du Sahara occidental.

    Le régime du Makhzen a piqué une crise d’hystérie après s’être vu refuser par l’UE tout appui à ses propositions expansionnistes au Sahara occidental, mais également l’adoption de la déclaration de Trump sur la prétendue souveraineté marocaine sur ce pays colonisé, a-t-il déclaré à l’APS.

    Cette crise d’hystérie traduit la déception de l’occupant marocain, contraint d’ailleurs d’inventer à chaque fois des histoires pour faire chanter ces pays qui ont exprimé clairement leur attachement à la légitimité internationale, a souligné M. Abi Boucharaya, rappelant que la politique « du mensonge et du chantage » est la seule constante définissant la politique étrangère du Maroc.

    Cette politique, consacrée par le Roi Hassan II depuis 1994, est devenue une règle de base dans la diplomatie marocaine, a estimé M. Abi Bouchraya, citant les propos de ce monarque à l’adresse de l’ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors, « si le Maroc ne parvient pas à exporter ses tomates, dans dix ans nous exporterons des terroristes ».

    Et d’indiquer, c’est également l’occupant marocain qui est derrière les questions posées par certains députés de l’extrême droite dans la perspective de ternir l’image du Polisario et du combat sahraoui.

    Dans un autre contexte, M. Abi Bouchraya a fait savoir que le commissaire de l’UE aux Affaires étrangères a nié toute allégation infondée attribué au Polisario concernant la militarisation des enfants.

    Aujourd’hui, poursuit-il, le régime marocain s’en prend à tout le monde, d’abord au peuple sahraoui, puis à la Mauritanie, à l’Algérie à l’UA et à l’UE au point où il tente l’immixtion dans les affaires internes de l’Allemagne et de l’Espagne.

    Mars dernier, le Maroc avait décidé de suspendre ses relations avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat, en raison d’une grande divergence avec Berlin sur le règlement du conflit au Sahara occidental avant de s’attaquer à l’Espagne où se fait soigner le président sahraoui et SG du Front Polisaio, Brahim Ghali.

    Le Haut tribunal espagnol avait démenti les fausses informations rapportées par des médias sur la convocation du président sahraoui, Brahim Ghali, tandis que la cheffe de la diplomatie espagnole, Arancha Gonzalez Laya s’est prononcé sur le sort du SG du Polisario qui devra quitter l’Espagne au terme de son hospitalisation.

    Algérie Medinfo, 07 mai 2021

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  • Rabat rappelle son ambassadeur à Berlin pour « consultation » : Quand le Maroc trahit sa panique !

    Rien ne va plus entre Rabat et Berlin. Ce qui n’était que rumeurs et ouï-dire vient désormais de se confirmer ce jeudi à la lecture du document émanant des services des AE de Nacer Bourita, et dont nous-nous sommes procuré une copie.

    Rabat y annonce rien moins que le rappel « pour consultations » de son ambassadeur marocain basé à Berlin. En termes diplomatiques, cela signifie et annonce une semi-rupture des relations entre les deux pays.

    Environ deux semaines auparavant, un document volontairement « fuité » par les Affaires étrangères makhzeniennes, en direction de la presse locale et aux ordres, avait servi de «mise en garde » et de « rappel à l’ordre » de la part du lilliputien Maroc en direction de la puissante Allemagne.

    La puérilité des arguments brandis à l’appui de cette « rupture » trahissent à coup sûr la panique qui commence à gagner Rabat à mesure que ses calculs faits par anticipation se révèlent à lui de plus en plus erronés. Rabat parle en effet ne parle rien moins que « d’actions attentatoires à l’égard des intérêts supérieurs du royaume ».

    Sic. Explications, sans risquer de faire rire sous cape nos lecteurs : « l’Allemagne s’est démarquée par une attitude négative sur la question du Sahara marocain » re-e-sic.

    Il eut donc fallu, pour plaire et complaire au Maroc, que Belin s’inscrivît en faux du droit international, en applaudissant à l’illégale déclaration de Trump (qualifié encore dans ce document) de président américain.

    La pathétique attitude de Rabat n’est pas sans mettre à nue, et de la manière la plus claire qui soit, la prise de conscience de sa cuisante défaite sur cette question précise.

    Au Conseil de sécurité, en effet, il n’a pas été question que l’annonce de Trump y soit entérinée, ni même discutée. La Russie, puissant membre permanent au sein de ce conseil, était même allée jusqu’à demander le retrait public et officiel de cette annonce.

    La trahison par le Maroc de la cause palestinienne ne lui aura donc servi à rien. En lâchant la proie pour l’ombre, il se retrouve en effet plus nu, et démuni que jamais.

    Mohamed Abdoun

    La Patrie News, 06 mai 2021

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  • Le Maroc dénonce les «actes hostiles» de l’Allemagne

    Le Maroc a annoncé ce jeudi avoir rappelé son ambassadeur à Berlin pour consultation, en dénonçant dans un communiqué officiel les «actes hostiles» de l’Allemagne, notamment sur le dossier du Sahara occidental.

    Le Maroc a annoncé jeudi 6 mai le rappel de son ambassadeur à Berlin pour consultation, en dénonçant dans un communiqué officiel les «actes hostiles» de l’Allemagne, notamment sur le dossier du Sahara occidental.

    «La République Fédérale d’Allemagne a multiplié les actes hostiles et les actions attentatoires à l’égard des intérêts supérieurs du royaume», affirme le communiqué publié par le ministère marocain des Affaires étrangères. Le texte dénonce notamment l’«activisme antagonique» de Berlin après la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur ce territoire disputé par les indépendantistes du Front Polisario.

    Le communiqué publié ce jeudi évoque aussi «l’acharnement continu de l’Allemagne à combattre le rôle régional du Maroc, notamment sur le dossier libyen». Rabat n’avait pas été invité à participer aux négociations sur l’avenir de la Libye menées à Berlin en janvier 2020. Le Maroc accuse enfin les autorités allemandes de «complicité à l’égard d’un ex-condamné pour des actes terroristes, notamment en lui divulguant des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains».

    Le communiqué officiel ne cite pas de nom mais il s’agit vraisemblablement de Mohamed Hajib, un Germano-Marocain condamné en 2010 au Maroc à 10 ans de réclusion pour «terrorisme», une sentence ramenée à cinq ans début 2012. De retour en Allemagne, ce quadragénaire publie régulièrement des attaques critiques sur son pays natal sur les réseaux sociaux. Rabat avait décidé début mars de «suspendre tout contact» avec l’ambassade d’Allemagne au Maroc, en raison de «malentendus profonds» avec Berlin sur différents dossiers, dont la question du Sahara occidental. À l’époque, Berlin avait tenté de clarifier les choses mais toutes les activités bilatérales sont restées au point mort depuis.

    Fin 2020, Berlin a débloqué une enveloppe de 1,387 milliard d’euros d’appui financier, dont 202,6 millions d’euros sous forme de dons, le reste sous forme de prêts bonifiés, en soutien aux réformes du système financier marocain et en aide d’urgence pour la lutte contre le Covid-19. L’Allemagne est un des premiers partenaires commerciaux du Maroc, avec 1,9 milliard d’euros d’exportations et 1,3 milliard d’euros d’importation en 2020, en baisse comparé à 2019 en raison de la pandémie de covid-19, selon les chiffres officiels.

    Le Figaro, 06 mai 2021

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  • Reuters : Le Maroc rappelle son ambassadeur à Berlin au sujet du Sahara Occidental

    Le Maroc a rappelé jeudi son ambassadeur à Berlin pour des consultations, afin de protester contre ce qu’il a qualifié d’ »attitude destructrice » de l’Allemagne vis-à-vis de la position de Rabat sur la question du Sahara occidental.

    Il a accusé l’Allemagne de s’engager dans un « activisme antagoniste » après que les États-Unis ont reconnu en décembre la souveraineté marocaine sur le territoire, qui est également revendiqué comme un État indépendant par le mouvement du Front Polisario soutenu par l’Algérie.

    La décision de Washington, qui s’inscrit dans le cadre d’un accord prévoyant également le renforcement des liens diplomatiques entre le Maroc et Israël, a incité l’Allemagne à convoquer une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies pour discuter de la question.

    En mars, le Maroc a ordonné à tous les départements et organismes gouvernementaux de s’abstenir de toute coopération et de tout contact avec l’ambassade d’Allemagne et les organisations politiques allemandes.

    Le Maroc a également déclaré jeudi que l’Allemagne avait divulgué des informations sensibles fournies par les services de sécurité marocains à un djihadiste condamné, sans donner de précisions.

    Dans un communiqué, il a également réitéré une plainte antérieure selon laquelle l’Allemagne ne l’avait pas invité à la conférence de Berlin de 2020 sur la Libye. Au cours de l’année écoulée, le Maroc a joué un rôle dans les négociations diplomatiques libyennes en accueillant des discussions entre les membres des groupes parlementaires rivaux.

    Le ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré qu’il n’avait pas été informé à l’avance du rappel de l’ambassadeur, ajoutant qu’il ne comprenait pas les accusations contenues dans le communiqué du ministère marocain et avait demandé des explications.

    « Nous sommes d’autant plus surpris par cette mesure que nous déployons des efforts constructifs avec la partie marocaine pour résoudre la crise », a déclaré un responsable du ministère.

    Reuters, 06 mai 2021

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  • La normalisation du Maroc avec Israël : La réaction du PJD (Centre Moshe Dayan)

    La normalisation du Maroc avec Israël : La réaction du PJD (Centre Moshe Dayan)

    AuteurTiziana della Ragione
    Tel Aviv Notes
    Dans la dernière édition de Tel Aviv Notes, Tiziana della Ragione explore la politique de la réaction du Parti de la Justice et du Développement à la normalisation du Maroc avec Israël.
    Date
    5 mai 2021

    En décembre 2020, à la suite du cadre des Accords d’Abraham dont la médiation a été assurée par les États-Unis, le Maroc a accepté de rétablir ses liens diplomatiques officiels avec Israël après une rupture de 20 ans et, en contrepartie, l’administration Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire longtemps contesté du Sahara occidental. Les premières mesures visant à normaliser les liens israélo-marocains ont rapidement suivi les annonces officielles. Le 25 janvier, le bureau de liaison d’Israël a rouvert ses portes à Rabat, tandis que la représentation diplomatique du Maroc à Tel Aviv devrait suivre dans le courant du mois, après l’arrivée en Israël du chef de la mission diplomatique marocaine, Abderrahim Beyyoud, en février[1]. Alors que le processus de mise en œuvre de l’accord de paix entre les deux pays se poursuit, avec des collaborations économiques, culturelles et sociales, le Parti de la justice et du développement (PJD), le parti islamiste marocain au pouvoir, a été critiqué pour son acceptation de la décision du Palais. En s’alignant sur la décision du roi Mohammed VI de normaliser les relations avec Israël, le PJD a montré qu’il était plus intéressé à préserver ses bonnes relations avec le Palais et à gagner le soutien du roi pour son programme national de réformes socio-économiques, qu’à adopter une ligne dure sur la Palestine. Sous le gouvernement d’Abdelillah Benkirane (2012-2016), le PJD a réussi des réformes socio-économiques qui lui ont permis d’obtenir 18 sièges supplémentaires au Parlement lors des élections d’octobre 2016, renforçant ainsi sa position de premier parti au Parlement. En mettant en sourdine sa critique du processus de normalisation, le PJD préserve sa position dans l’arène politique et se concentre sur son programme socio-économique, qu’il considère comme la clé de son succès. Cependant, en agissant ainsi, le PJD risque de s’aliéner une partie de son électorat, qui pourrait considérer son silence en faveur de la Palestine comme une forme de trahison idéologique.

    La cause palestinienne a historiquement été une priorité absolue pour le PJD, qui la considère comme une question religieuse, idéologique et politique qu’il ne faut pas abandonner. Le PJD est le parti islamiste marocain le plus influent, et il dirige les coalitions gouvernementales marocaines depuis 2011. Le chef actuel du PJD, le Premier ministre Saadeddine Othmani, a réitéré le soutien de son parti aux Palestiniens lors de l’Assemblée générale des Nations unies de septembre 2020 : « Il ne peut y avoir de paix juste ou durable que si le peuple palestinien peut exercer son droit légitime à établir un État indépendant et viable avec Jérusalem comme capitale. »[2] La normalisation des relations avec Israël a longtemps été une question controversée pour le PJD. Il s’est historiquement opposé à la normalisation avec Israël ; en août 2013, avec d’autres partis, le PJD a soumis un projet de loi qui aurait interdit toute relation entre le Maroc et Israël. Ce projet de loi n’a finalement pas été adopté, mais il a donné au PJD une chance de démontrer à ses électeurs que ses politiciens ne s’étaient pas  » vendus  » aux intérêts occidentaux, même si les décideurs ont avancé une politique qui permettait au Maroc de laisser la porte ouverte à la possibilité de normaliser ses relations avec Israël[3].

    Le fait que le Maroc et Israël aient repris leurs relations diplomatiques ouvertes en décembre 2020 sans résoudre la cause des Palestiniens a été perçu par de nombreux islamistes marocains comme une trahison. Des liens formels avaient été établis à l’automne 1994, un peu plus d’un an après la signature des accords israélo-palestiniens d’Oslo. Ils ont été rompus par le roi Mohammed VI après le déclenchement de la deuxième Intifada palestinienne en 2000, conformément à une résolution du sommet de la Ligue arabe. Certains islamistes marocains ont vivement réagi à la réouverture des liens diplomatiques avec Israël. Le Mouvement pour l’unité et la réforme (MUR), une branche du PJD, a qualifié la décision du régime de « déplorable » et a dénoncé « l’occupation sioniste de la Palestine ». Le « Mouvement pour la justice et la charité », un mouvement islamiste officiellement interdit, a qualifié l’accord entre le Maroc et Israël de « coup de poignard dans le dos » des Palestiniens[4]. Le PJD lui-même a réaffirmé sa « position ferme contre l’occupation sioniste », bien que de manière plus nuancée[5].

    D’autre part, le Premier ministre Othmani s’est montré plus conciliant dans ses déclarations publiques. Contrairement à ce qu’il avait dit quelques mois plus tôt, lorsqu’il avait rejeté toute normalisation avec Israël parce que cela l’aurait « enhardi [Israël] à aller plus loin dans la violation des droits du peuple palestinien »[6], les commentaires d’Othmani étaient cette fois plus réservés. Un article du Middle East Eye explique que les déclarations d’Othmani étaient un geste politique calculé qui démontrait son pragmatisme plutôt qu’un changement idéologique[7]. En tant que premier ministre du Maroc, il aurait été difficile pour Othmani de s’opposer publiquement à la décision du roi. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne une décision qui a permis au Maroc d’obtenir un objectif de politique étrangère longtemps recherché : la reconnaissance par les États-Unis de sa souveraineté sur le Sahara occidental. En dehors du Maroc, comme un certain nombre de partis et de mouvements affiliés aux Frères musulmans, ont ouvertement critiqué Othmani, interprétant son comportement conciliant comme un apaisement : selon eux, Othmani soutenait la politique du Palais Royal au détriment des principes du PJD[8].

    Que le comportement d’Othmani ait été le signe d’un changement idéologique ou non, le PJD, le bloc le plus fort de la Chambre des représentants avec 125 députés sur 395, n’a pas voulu s’opposer à la décision du roi, désillusionnant son électorat et soulevant des questions sur l’engagement du parti islamiste envers la cause palestinienne. L’une des raisons qui ont pu empêcher le PJD d’exprimer une opposition plus forte à la décision est la position relativement faible de ses représentants dans le système politique. L’actuelle coalition gouvernementale de 12 partis dilue effectivement l’influence du PJD, limitant sa capacité à changer la dynamique sous-jacente de la politique marocaine. Sous Benkirane, le PJD jouissait d’un plus grand pouvoir au sein d’une coalition gouvernementale plus étroite. Cependant, en 2017, le roi a manœuvré pour empêcher Benkirane de former une deuxième coalition, et a finalement contraint son remplacement par Othmani, plus soumis, et la mise en place d’une coalition plus large. Cela a affaibli le poids du PJD au sein du gouvernement et réduit sa capacité à capitaliser sur les victoires électorales et les succès des réformes[9].

    La monarchie a préservé son autorité en empêchant l’émergence d’un parti politique dominant, en maintenant un équilibre entre les partis politiques et en divisant davantage une élite politique déjà fragmentée. La monarchie garde toujours une mainmise sur le système politique et peut ternir les références réformistes du PJD en calibrant et en contrôlant ses efforts de réforme. Cet environnement politique restreint empêche tout parti de défier ouvertement le roi et oblige le PJD à gagner la confiance du palais plutôt que de l’affronter ouvertement. S’opposer à la décision du roi de normaliser les relations avec Israël aurait probablement signifié que le PJD aurait dû sacrifier sa place au sein du gouvernement. Le soutien d’Othmani à la décision du Palais reflète son intention pragmatique de rester à la tête du gouvernement, où il espère que le PJD sera en mesure de mettre en œuvre son programme de réformes socio-économiques. Le succès des réformes socio-économiques durant le gouvernement de Benkirane (2012-2016)[10] a été un élément important du succès électoral, de la légitimité et de la popularité du PJD. En effet, durant cette période, la population a perçu le parti comme étant capable de gouverner car il a su répondre aux attentes de ses électeurs. Entre autres choses, le PJD a fourni différentes incitations aux petites et moyennes entreprises, a soutenu les personnes les plus vulnérables par des transferts d’argent, a fourni un programme d’assurance maladie aux plus nécessiteux, a soutenu des programmes d’éducation et a fait de son mieux pour lutter contre la corruption[11]. Le programme d’aide sociale, en particulier, a augmenté le soutien du gouvernement aux pauvres et a contribué à l’image du PJD en tant que « parti du peuple »[12].

    La réaction du parti à la normalisation avec Israël a mis en évidence les divisions du parti, comme le montre la dissonance entre le comportement conciliant d’Othmani et l’opposition plus vocale de plusieurs membres du PJD. Benkirane, l’ancien secrétaire général du PJD, a récemment annoncé qu’il gelait son adhésion au PJD. Selon le président de l’Observatoire marocain de l’anti-normalisation avec Israël, Ahmed Wihman, cette mesure est le résultat de la normalisation des liens avec Israël[13]. Pour d’autres membres du PJD, en particulier les jeunes, ses relations pragmatiques avec la monarchie créent des problèmes, car ils estiment qu’une approche coopérative sera finalement préjudiciable à la fois à la crédibilité du PJD et au processus démocratique. Une voix importante à cet égard a été celle de Muhammad Amkraz, ministre de l’Emploi et chef du Parti de la jeunesse pour la justice et le développement. Il a exprimé sa surprise face à la décision du pays et a clairement distancé la position de sa faction de celle du Premier ministre, en déclarant que les Jeunes « voient la question palestinienne comme tous les Marocains : une question d’injustice et d’usurpation de terres et de droits de leurs propriétaires légitimes »[14].

    Le soutien du leader du PJD à la décision du Roi a assuré la survie politique du parti et pourrait lui permettre de faire avancer son programme socio-économique. Le PJD peut en effet toujours compter sur un électorat très hétérogène qui transcende les divisions de classe, géographiques et idéologiques. L’abandon progressif du discours religieux, ainsi que l’adoption de politiques économiques néolibérales, ont aidé le PJD à gagner le soutien d’un électorat plus laïc et d’une classe d’affaires aisée, respectivement[15] Cette dernière peut être particulièrement sensible au récit des avantages économiques et stratégiques de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, même si la cause palestinienne peut en être affectée. Le territoire jouit d’une position stratégique directement sur l’océan Atlantique et possède des ressources considérables, en particulier des phosphates, un ingrédient clé et fini pour les engrais synthétiques, une ressource essentielle dans la production alimentaire mondiale. On pense également que le Sahara occidental possède d’importantes réserves de pétrole et de gaz offshore. La reconnaissance internationale de son contrôle sur ces eaux pourrait permettre au Maroc de reprendre le développement d’activités pétrolières et gazières offshore et de devenir, à terme, un fournisseur potentiel du marché européen[16]. Si le PJD parvient à présenter les avantages stratégiques et économiques de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental à son avantage, cela pourrait l’aider à accroître sa popularité auprès de certaines circonscriptions. Cependant, les Marocains éprouvent toujours une grande méfiance envers leurs institutions élues et sont mécontents de la situation économique et de la prévalence de la corruption. Tant que les réformes socio-économiques n’auront pas lieu, touchant directement les Marocains les plus vulnérables et les plus pauvres, il sera difficile pour le PJD de maintenir des liens solides avec ses électeurs. Quoi qu’il en soit, il ne semble pas que le compromis du PJD sur la question de la Palestine le fasse ou le défasse lors des prochaines élections prévues en septembre 2021. Malgré la démission de plusieurs de ses membres, le PJD devrait rester le plus grand parti du Parlement après les prochaines élections.

    Tiziana della Ragione est chercheuse junior au Centre Moshe Dayan (MDC) d’études sur le Moyen-Orient et l’Afrique, à l’Université de Tel Aviv. Auparavant, elle a travaillé pour la Commission européenne pendant 13 ans, sur l’analyse des politiques et la gestion des programmes de recherche. Elle est spécialiste des politiques et des programmes de financement de l’UE dans la région MENA.

    1] « Israël ouvre des missions diplomatiques au Maroc », Israel Hayom, 27 janvier 2021 ; « Maroc, les bureaux de liaison israéliens commenceront à recevoir des invités bientôt », The North Africa Post, 10 février 2021.

    2] « Maroc : No peace without recognition of Palestinian rights », Memo Middle East Monitor, 28 septembre 2020.

    [3] Vish Sakthivel,  » Morocco Plays with Anti-Normalization « , Policywatch #2182, The Washington Institute for Near East Policy (WINEP), 13 décembre 2013.

    [4] Diego Urteaga,  » Les partis islamistes marocains rejettent la normalisation avec Israël « , Atalayar, 13 décembre 2020.

    5]  » Morocco Islamist groups reject normalising ties with Israel « , The Guardian, 13 décembre 2020.

    [6]  » Le Maroc rejette la normalisation avec Israël avant la visite de Kushner « , PressTV.com, 24 août 2020.

    7] Khalil al-Anani, « Morocco’s Islamist backing for Israel normalisation is a game changer », Middle East Eye, 19 janvier 2021.

    8] « Les groupes des Frères musulmans dans plusieurs pays dénoncent la « trahison » du PJD marocain », Agence de presse internationale Qods, 25 décembre 2020.

    9] Intissar Fakir, « Le parti islamiste marocain : Redéfinir la politique sous pression « , Carnegie Endowment for International Peace, 28 décembre 2017.

    [10] Pour plus d’informations sur la réforme socio-économique marocaine sous le gouvernement Benkirane, voir :  » Rapport gouvernemental marocain 2012-2016 [en arabe] « , août 2016.

    [11] Amina Drhimuer,  » The Party of Justice and Development’s Pragmatic Politics « , dans  » PJD, Islam, and Governance in Post-2011 Morocco « , édité par A. Kadir Yildirim, Center for the Middle East, Baker Institute for Public Policy, Rice University, 31 mai 2018.

    [12] David Goeury,  » Le pouvoir est-il enfin dans les mains des villes ? « , Espaces Temps, 5 décembre 2014.

    [13]  » Le Parti de la justice et du développement du Maroc a-t-il vendu la Palestine pour le Sahara occidental ? « , Agence internationale de presse du Coran, 16 mars 2021.

    [14]  » Le Marocain Amekraz accusé de mettre les intérêts du pays en second « , Middle East Online (MEO), 14 décembre 2020.

    [15] Amina Drhimuer,  » The Party of Justice and Development’s Pragmatic Politics « , in  » PJD, Islam, and Governance in Post-2011 Morocco « , édité par A. Kadir Yildirim, Center for the Middle East, Baker Institute for Public Policy, Rice University, 31 mai 2018.

    [16] Tiziana della Ragione,  » Rabat augmente les enjeux sur le Sahara occidental « , Limes, 26 janvier 2021.

    Centre Moshe Dayan d’études moyen-orientales et africaines de l’université de Tel-Aviv, 5 mai 2021

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  • A Lagouera, la Mauritanie est dans tous ses droits face au Maroc au statut d’agresseur occupant du Sahara Occidental

    A Lagouera, la Mauritanie est dans tous ses droits face au Maroc au statut d’agresseur occupant du Sahara Occidental

    par Maître Takioullah Eidda

    Le 14 novembre 1975, à Madrid, l’Espagne, alors puissance coloniale, signait un accord avec la Mauritanie et le Maroc, dit «Accord de Madrid».

    En vertu de cet accord, la région du Sud (Wadi Edahab), à savoir les villes de Dakhla, Awserd, El Argoub, Tichla, Legouéra, etc, revenaient à la Mauritanie et Lâyoun, Smara, Boujdour et tout le Nord revenaient au Maroc.

    Le 5 août 1979, un accord de paix fut signé entre la Mauritanie et le Front Polisario, lequel spécifie à son article 3 I.a) que:

    «La République Islamique de Mauritanie déclare solennellement qu’elle n’a et n’aura pas de revendications territoriales ou autres sur le Sahara Occidental».

    Nulle part dans cet accord, la Mauritanie n’a renoncé à son statut de «puissance administrante» de la partie du territoire qu’elle occupait. Cette réserve se comprend aisément aujourd’hui, compte tenu des enjeux relatifs à la sécurité de ses frontières et à l’incertitude entourant l’avenir du Sahara Occidental en tant que tel.

    Sans chercher à renégocier avec la Mauritanie et l’Espagne les termes de l’accord de Madrid du 14 novembre 1975, le Maroc a tout bonnement, unilatéralement et illégalement, annexé les parties Sud du territoire, délaissées volontairement par la Mauritanie dans la précipitation et l’écœurement.

    En revanche, la Mauritanie a tenu à conserver la bourgade de Lagouéra. Cette décision a été respectée par le Maroc, compte tenu de sa reconnaissance expresse, suivant l’accord de Madrid le 14 novembre 1975, de la souveraineté de la Mauritanie sur le Wad Edhahab.

    Alors, en vertu de quel droit, accord, traité ou reconnaissance internationale le Maroc peut revendiquer aujourd’hui un statut quelconque sur Lagouéra? AUCUN!

    Mieux: en tant que «puissance administrante», à laquelle l’Espagne a remis le territoire, la Mauritanie peut juridiquement et valablement demander au Maroc le retrait pur et simple de toutes les zones du Sud qui lui revenaient suivant l’accord de Madrid du 14 novembre 1975.

    Ce n’est pas parce que la Mauritanie a renoncé à toute revendication sur le Sahara Occidental, que cela lui enlève pour autant le droit de conserver et de gérer ce territoire en tant que «puissance administrante», en attendant un règlement définitif accepté par les parties et entériné par les Nations-Unies.

    Le jour où un tel règlement interviendrait, la Mauritanie a déjà reconnu, et le réitère à chaque fois que l’occasion se présente, qu’elle n’a pas de revendication sur le Sahara Occidental et qu’elle s’attache aux principes inviolables des Chartes de L’ONU et de l’Union Africaine relatifs au droit des peuples de disposer d’eux-mêmes et à l’intangibilité des frontières héritées de l’époque coloniale.

    Il est donc dans l’intérêt du Maroc de se tenir bien tranquille quand vient le temps de parler de la zone de Lagouéra, car elle met en évidence son statut d’occupant dans la partie Sud du Sahara Occidental, à l’instar de son statut dans le Nord de ce territoire: statuts de plus en plus décrié par les instances internationales, y compris par la Cour Européenne de Justice, laquelle a décidé, le 10 décembre 2015, qu’aucun pays européen ne peut inclure dans ses accords avec le Maroc le territoire qu’il occupait illégalement: le Sahara occidental.

    Maître Takioullah Eidda, avocat
    Nouakchott, Mauritanie.

    Libres opinions, 02.05.21

    Etiquettes : Mauritanie, Maroc, La Güera, Sahara Occidental, Accord Tripartie de Madrid,