Étiquette : Sahara Occidental

  • Une trentaine de pays investissent illégalement dans les territoires sahraouis

    Une trentaine de pays investissent illégalement dans les territoires sahraouis occupés dans différents secteurs d’activité, indique, Mohamed Ould Cherif, directeur du Centre d’études et de documentation franco-sahraoui, que les investissements dans les territoires occupés représentent un acte illégal.

    Lors de son intervention, mardi, sur les ondes de la Chaine 3 de la Radio Algérienne, Mohamed Ould Cherif, précise que les investissements sont estimés à des millions de dollars. « Je ne peux pas vous dire exactement le chiffre exact, mais ce n’est pas des investissements légers», ajoute-t-il.
    Selon lui, la pêche et le transport maritime figurent en tête des secteurs dans lesquels les sociétés étrangères activent au Sahara Occidental. « Les firmes étrangères sont également présentes dans les secteurs des énergies conventionnelles et renouvelables, des mines, essentiellement dans l’extraction du phosphate », conclut il.
    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc  #WesternSahara #Investissement
  • Les droits palestiniens ont toujours passé après l’«intérêt national» des régimes arabes

    La normalisation avec Israël n’est qu’un dernier exemple des dirigeants arabes qui font progresser leurs propres intérêts aux dépens des Palestiniens.

    Joseph Massad, 28 décembre 2020

    Depuis la Première Guerre mondiale, les Palestiniens sont utilisés comme une monnaie d’échange par divers régimes arabes afin de faire progresser leurs propres intérêts en sacrifiant les droits palestiniens.

    Pourtant, les apologistes des régimes arabes qui, récemment, ont normalisé leurs relations avec Israël, défendent la décision de leurs gouvernements à l’aide des mêmes arguments utilisés voici des décennies par les tout premiers normalisateurs – l’Égypte et la Jordanie –, à savoir que ces pays ont consenti des sacrifices depuis 1948, en plaçant les intérêts palestiniens au-dessus de leurs propres intérêts « nationaux », autrement dit, les intérêts de leur régime.

    Leurs décisions de passer aujourd’hui à la normalisation avec Israël, nous disent-ils, ont finalement placé leurs propres intérêts nationaux à l’avant-plan et, malgré tout, en même temps qu’ils normalisent leurs relations, ils aident également les Palestiniens !

    La propagande américaine
    Un argument majeur – avancé à ce propos – renvoie à la notion idéologique de la « paix » telle qu’elle est sponsorisée par les Américains, et cette notion constitue la pierre angulaire de la propagande américaine contre les peuples en lutte contre l’oppression coloniale et raciste, que ce soit dans le monde colonisé ou à l’intérieur même des États-Unis.

    La « paix » qui maintient des relations coloniales et racistes oppressives, nous dit-on, apporte la prospérité, alors que la lutte contre l’injustice et l’oppression – ce qu’on appelle la « guerre », dans le jargon américain – n’apporte que destruction et pauvreté.

    Au contraire des peuples arabes qui n’ont jamais cessé de témoigner leur solidarité avec les Palestiniens depuis que la Grande-Bretagne a sorti la déclaration Balfour en 1917, les régimes arabes, comme je l’ai déjà écrit auparavant dans Middle East Eye, ont toujours fait passer leurs propres intérêts en premier et ils entretiennent des liens et collaborent avec Israël depuis 1948 – dans le cas de l’émir hachémite Faysal, depuis 1919, même.

    Les apologistes de la reddition de Sadate à Israël ont prétendu durant des décennies que le zèle excessif témoigné par le président Gamal Abdel Nasser dans la défense des Palestiniens avait amené l’Égypte à sacrifier « 100 000 martyrs égyptiens » pour les Palestiniens, pour reprendre les termes du président égyptien Abdel Fattah el-Sisi en 2014.

    En fait, d’après les sources militaires égyptiennes, les pertes égyptiennes dans la guerre de 1948 furent de 1 168 soldats, officiers et volontaires tués (c’est le chiffre que mentionne le livre d’Ibrahim Shakib, The Palestine War 1948, pp. 432-433), alors que d’autres sources officielles égyptiennes (reprises dans le livre de Benny Morris, 1948: A History of the First Arab-Israeli War, pp. 406-407) parlent de 1 400 tués.

    De plus, le roi Farouk d’Égypte était entré en guerre en 1948, non pas parce qu’il avait placé les intérêts palestiniens avant ceux de l’Égypte mais, comme l’ont montré des analystes, en raison de sa rivalité avec la monarchie irakienne à propos de l’hégémonie sur le monde arabe post-colonial.

    Non seulement Nasser n’a jamais lancé une seule guerre contre Israël mais, en outre, toutes les guerres suivantes de l’Égypte ont été livrées pour défendre l’Égypte et non les Palestiniens. En 1956 et en 1967, Israël a envahi l’Égypte et occupé le Sinaï.

    Au cours de ces guerres, les soldats égyptiens sont morts en défendant leur pays, et non en défendant les Palestiniens. Entre 1968 et 1970, Israël et l’Égypte se sont livré une guerre d’usure (« War of Attrition ») au cours de laquelle des soldats égyptiens ont été tués en défendant leur pays contre l’agression israélienne permanente, et c’est une guerre qui se déroula sur le sol égyptien ; et, en 1973, l’Égypte lança une guerre en vue de libérer le Sinaï, et non la Palestine, et une fois encore, des soldats égyptiens perdirent la vie en défendant leur pays contre une occupation étrangère.

    Sacrifier les Palestiniens
    Lorsque Sadate signa les accords de Camp David, en 1978, non seulement il ne le fit pas pour défendre les Palestiniens mais, en réalité, il les sacrifia en même temps que leur droit à l’indépendance et ce, en échange de la restitution du Sinaï à l’Égypte (mais… sans sa pleine souveraineté) et d’un généreux paquet d’aide américaine qui servit à enrichir les classes supérieures égyptiennes et à appauvrir la majeure partie de la population.

    Le régime jordanien, dont l’armée était dirigée par un général colonial britannique, se lança dans la guerre de 1948 pour agrandir son territoire, ce qu’il fit en annexant la Palestine centrale (rebaptisée la « Cisjordanie ») après la guerre. En 1967, les Israéliens envahirent la Jordanie et occupèrent la Cisjordanie. Dans les deux guerres, des soldats jordaniens moururent pour les intérêts du régime jordanien, et non pour ceux des Palestiniens.

    En 1994, quand la Jordanie signa son traité de paix avec Israël, les intérêts palestiniens furent sacrifiés une fois encore dans la reconnaissance par la Cisjordanie du droit d’Israël à l’existence sur des terres palestiniennes volées et dans la sauvegarde d’un certain rôle pour les Hachémites autour des lieux saints musulmans à Jérusalem.

    En échange, la Jordanie reçut elle aussi un généreux paquet d’aide américaine dont bénéficièrent le régime et les classes supérieures. Au contraire de l’accord avec l’Égypte, celui avec la Jordanie fut conclu sans même demander à Israël de quitter la moindre parcelle des territoires occupés en 1967. Il s’ensuivit que la « paix » de la Jordanie avec Israël légitima l’occupation et la conquête israéliennes et n’imposa l’abandon ni de l’une ni de l’autre.

    Alors que, historiquement, les soldats égyptiens et jordaniens peuvent avoir été informés de ce qu’ils participaient à ces guerres au profit de la Palestine, la vérité là-dedans, c’est que, sans qu’ils n’en sachent absolument rien, ils y combattirent pour assurer les intérêts de leur régime. Quant au Soudan, au Maroc, à Bahreïn et aux EAU, on ne voit toujours pas clairement comment ils auraient pu faire passer les intérêts palestiniens avant les leurs propres.

    Les « dividendes » de la paix
    Un argument apparenté réside dans ce qu’on appelle les « dividendes de la paix », dont les États-Unis font une promotion des plus lourdes. Cette fois, on voudrait nous faire croire que tout l’argent dépensé dans des guerres et armements avec Israël serait désormais utilisé à des fins de développement et de prospérité économique.

    L’ironie, bien sûr, veut que les budgets militaires de l’Égypte et de la Jordanie, soutenus en guise de récompense par les énormes paquets d’aide militaire américaine, aient monté en flèche une fois la normalisation des relations de ces pays avec Israël. Par contre, le développement économique et les bénéfices sociaux de l’État ont été réduits à un étiage sans précédent dans les deux pays, provoquant une pauvreté massive et un déclin dans les services de l’éducation et de la santé, au point que même certains hauts responsables jordaniens, pourtant partisans de l’accord de paix, prétendent que la Jordanie n’a pas engrangé les « dividendes de paix » qu’elle était en droit d’attendre.

    Sur le plan des relations publiques, suite à l’hostilité du Congrès et des médias envers les Saoudiens et d’autres États du Golfe après le 11 septembre, les familles qui règnent sur le pétrole ont décidé une fois de plus d’accroître leurs profits au détriment des Palestiniens en cessant d’exiger qu’Israël respecte les lois internationales et se retire des territoires occupés, ce qui, jusqu’alors, constituait les conditions préalables à l’instauration de relations plus cordiales. Bien vite, ces États se sont acoquinés avec Israël et son lobby américain afin d’endiguer la vague de cette hostilité en promettant des relations plus étroites, lesquelles aujourd’hui sont bien ouvertes.

    Rien de tout ceci n’appartient à la poussière du passé, mais fait partie de la normalisation en cours aujourd’hui et par laquelle le président Trump a annoncé d’énormes achats par les Saoudiens, les Marocains, les Bahreïniens et les Émiratis d’armes américains durant la préparation et la mise sur pied des accords de normalisation en 2019 et après, ce qui va encore militariser la région plus que jamais.

    En vue de prouver leur allégeance à la politique antipalestinienne des États-Unis et d’Israël, les hauts responsables des États du Golfe n’ont plus cessé ces dernières années de s’en prendre aux Palestiniens dans les médias et la presse en général du Golfe appartenant aux familles du pétrole. Ces attaques se sont encore durcies récemment, et tout particulièrement en Arabie saoudite et dans les EAU.

    Les intérêts nationaux
    Ironiquement, les EAU avaient espéré obtenir des États-Unis les très sophistiqués avions de combat F-35 en échange de leur paix avec Israël. Toutefois, Israël et ses partisans au Congrès refusent d’autoriser la chose. Humiliés par ce résultat et dans le but de dissiper les inquiétudes israéliennes, les EAU ont suggéré au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou que des pilotes de chasse israéliens prennent en charge les F-35 pour une période temporaire, après quoi ils entraîneraient les pilotes des EAU en vue de les remplacer.

    Le Maroc lui aussi a finalement reçu de la part des États-Unis une légitimation de sa reprise et de son annexion du Sahara occidental et, de son côté, le Soudan a été écarté de la liste américaine des pays qui soutiennent le terrorisme. Aucun de ces pays n’a concédé ou sacrifié la moindre parcelle de son intérêt national pour obtenir de telles récompenses.

    Au contraire, à l’instar d’autres pays arabes depuis 1948, ils ont sacrifié les droits palestiniens, pourtant repris dans les lois internationales, afin d’obtenir des bénéfices pour eux-mêmes. La Ligue arabe, une ennemie des intérêts palestiniens depuis sa création, a également refusé de condamner ces acords de paix, même s’ils contredisent la politique qu’elle défend de longue date.

    Plutôt que de sacrifier leurs intérêts nationaux pour défendre les Palestiniens, les régimes arabes ont tiré parti de la moindre opportunité pour brader les droits palestiniens en vue de favoriser leurs propres intérêts sans relâche.

    Au départ déjà, lors de la collaboration de l’émir hachémite Faysal, en 1919, avec les sionistes en vue de s’assurer leur soutien à son royaume syrien de l’époque ; puis avec la normalisation des relations entre Israël et le roi Mohammed VI afin de légitimer le contrôle par le Maroc du Sahara occidental, les Palestiniens ont été un envoi de Dieu aux régimes arabes qui les ont utilisés et qui continuent encore à le faire de façon abusive dans le but de satisfaire leurs propres intérêts.

    Publié le 28 décembre 2020 sur Middle East Eye
    Traduction : Jean-Marie Flémal

    Joseph Massad est professeur de politique arabe moderne et d’histoire intellectuelle à l’université Columbia de New York. Il est l’auteur de nombreux livres et articles universitaires et journalistiques. Parmi ses livres figurent Colonial Effects : The Making of National Identity in Jordan, Desiring Arabs, The Persistence of the Palestinian Question : Essais sur le sionisme et les Palestiniens, et plus récemment Islam in Liberalism. Citons, comme traduction en français, le livre La Persistance de la question palestinienne, La Fabrique, 2009.

    Source : Charleroi pour la Palestine, 11 jan 2021

    Tags : SaharaOccidental #Maroc #DonaldTrump #Israël #Normalisation #Algérie #Palestine

  • Maroc : Un autre flop pour le Makhzen

    Désemparé, le Makhzen l’est à coup sûr. Sinon comment expliquer tout le tapage médiatique qu’il a organisé des jours durant autour d’un événement qui, au final, n’a pas eu lieu. Alors qu’elle devait couronner la visite au Sahara Occidental occupé de David Schenker, sous-secrétaire d’Etat chargé des questions du Proche Orient et de l’Afrique du Nord au département d’Etat, l’inauguration d’un consulat étasunien à Dakhla a été carrément passée sous silence par les deux délégations. 

    Selon El Portal diplomatico (Le Portail diplomatique), un site proche du Front Polisario, ni le diplomate américain, ni le chef de la diplomatie marocaine, l’inénarrable Nacer Bourita, n’y ont, en effet, fait allusion lors de la conférence de presse qu’ils ont conjointement animée dans la ville précitée. Les deux se sont, plutôt, longuement étalés sur la profondeur historique des relations existantes entre les deux pays et sur, selon, les heureuses perspectives de développement qui les attendent. Un “oubli” qui a toutefois ses raisons. Qui, pour le site précité, tiennent au pragmatisme étasunien. 
    Se sachant sur le départ: il quittera son poste dès la prise, le 20 du mois en cours, par Joe Biden, le président élu, de ses fonctions présidentielles, et instruit de la nomination déjà de son successeur – il s’agit, toujours selon El Portal diplomatico, de Brett McGurk, un diplomate connu pour son appui constant au mouvements de libération nationale chement – David Schenker a, à l’évidence, préféré ne pas trop s’engager sur un “terrain” qui pourrait, après la date sus-indiquée, connaître des changements qui ne s’accommoderaient pas de l’existence d’un consulat américain au Sahara Occidental occupé: des sources concordantes font, en effet, état de la volonté du président élu de revenir, au plus tôt, sur les décisions prises par le président sortant à propos du Sahara Occidental. 
    Ce qui a fait dire à Mustapha Bachir Sayed, membre de la direction nationale du Front Polisario et conseiller du président de la RASD chargé des Affaires politiques, dans une déclaration à l’agence de presse nationale, APS, que la visite de la délégation américaine, dirigée par le désormais ancien sous-secrétaire américain chargé des questions du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, dans les territoires occupés s’est réduite, au final, “à une tournée touristique de propagande organisée par le guide touristique marocain au profit d’une administration dont le mandat prendra fin dans moins de deux semaines”. 
    Un constant, tout aussi ironique que sans appel, que les surprenantes déclarations de l’ambassadeur étasunien à Rabat ne font que conforter. David Fischer, c’est son nom, a justifié la non ouverture du consulat américain à Dakhla par une raison des plus farfelues; qui renseigne sur le peu de considération que l’Administration américaine de Trump accorde au Makhzen. Sinon comment expliquer que l’ambassadeur susnommé ait justifié la non inauguration de ladite représentation consulaire par le fait saugrenu que “la recherche d’un édifice adéquat devant l’abriter se poursuit toujours”; “saugrenu”, du fait que l’inauguration en question avait été annoncée, à grands bruits et depuis plusieurs jours déjà, par toute l’armada médiatique, locale et internationale, au service du Makhzen. 
    Ce qui supposait que le consulat était déjà prêt: on n’inaugure pas, en effet, quelque chose qui n’est pas encore sortie de terre ou pour laquelle on n’a pas encore trouvé de construction pour l’abriter. Comme explication méprisante, il n’y a pas mieux. Que le Makhzen a préféré ignorer – pouvait-il en faire autrement, lui, qui s’accroche à l’Administration américaine comme le ferait une personne en danger de noyade à une planche qui se présenterait à elle au milieu de l’immensité de la mer? – occupé qu’il était, selon le témoignage du journaliste d’AP (Associated Press), une agence de presse américaine, qui avait couvert la “tournée touristique de propagande” de deux jours, de David Schenker au Sahara Occidental occupé, “à empêcher la presse internationale à entrer en contact avec la population sahraouie des villes visitées”. 
    Selon les propos de ce journaliste rapportés par El Portal diplomatico, les autorités marocaines ont déployé, pour ce faire, “d’importantes forces de police et armées”. Ce qui constitue la meilleure preuve que le Makhzen, en dépit de ce que pensent Donald Trump et son Administration, aujourd’hui, tous deux sur le départ, n’est pas chez lui au Sahara Occidental…
    Mourad Bendris 
    Dzair-tube, 11 jan 2021
    #SaharaOccidental #Maroc #DonaldTrump #Israël #Normalisation #Algérie #Palestine
  • Sahara occidental : Trump au pas de charge et cadeau empoisonné pour Biden et la sous-région

    Par Halim Midouni

    Le 20 janvier prochain, jour d’investiture du président américain élu Joe Biden, nombreux sont les pays qui vont pousser un soupir de soulagement. Dès que le nouveau chef de la Maison Blanche aura prêté serment, la page ouverte il y a quatre ans par le président Trump sera fermée et de nouvelles données apparaîtront dans la politique étrangère des Etats-Unis.
    C’est du moins la prédiction que la plupart des observateurs de la scène politique américaine font du départ prochain du turbulent président républicain et de son remplacement par son vainqueur démocrate, s’il n’est pas destitué d’ici là après l’incident majeur provoqué par ses supporters en saccageant le siège du Congrès, le Capitole, cœur du pouvoir législatif américain, le 6 janvier dernier.
    Ces analystes font le pari que la prochaine administration au pouvoir à Washington fera le contraire de la précédente sous la houlette notamment du duo formé par le président sortant, M. Trump, et son secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Mike Pompeo. Avec Joe Biden, s’attendent-ils, il y aura davantage de recours aux instruments du multilatéralisme tellement malmenés et mis en danger par son désormais prédécesseur et futur ex-locataire du Bureau ovale.
    Leur pronostic est construit sur l’image que le président élu donne de sa personne de futur chef de la première puissance mondiale : un profil aux antipodes de celui de M. Trump, qui finira sa carrière de président sous le signe de la turbulence et du désordre et menacé par la sanction de l’«impeachment», puis des déclarations pondérées. Ce que dit M. Biden sur sa vision des relations internationales et du leadership de son pays laissent penser que, lui et son staff, seront nettement moins enclins à malmener des organisations mondiales certainement imparfaites, comme les Nations unies et ses différentes agences par exemple, mais nécessaires au règlement des conflits, à la coopération et au maintien des équilibres internationaux.
    Mais pareil présage ne tiendrait que si, seulement, l’on oublie qu’en partant le président Trump va laisser derrière lui un héritage épouvantable duquel il sera difficile pour son vainqueur de s’en libérer facilement en ce qui concerne certains aspects de la politique étrangère qu’il a poursuivie au forcing durant les derniers mois de son mandat. Il s’agit entre autres de la question palestinienne depuis le choix de faire déménager l’ambassade US de Tel-Aviv vers Jérusalem en mai 2018 et d’appuyer à la manière d’un char d’assaut la normalisation des relations entre certains Etats arabes et Israël.
    Le lobby pro sahraoui à l’épreuve
    Tout près de nous, le choix trumpien de reconnaitre la «souveraineté» du Royaume du Maroc sur le Sahara Occidental en contrepartie d’un rapprochement politique et stratégique avec Israël, et l’inauguration hier d’une représentation des Etats-Unis à Dakhla en présence du secrétaire d’État américain adjoint pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, David Schenker, ne sera pas un cadeau pour l’administration Biden. La thèse selon laquelle le futur président peut annuler sans risque la décision de M. Trump sur le Sahara occidental prête à sourire. Elle semble faire oublier le poids extraordinaire du lobbying pro-israélien sur l’ensemble des groupes politiques qui se partagent l’alternance au pouvoir aux Etats-Unis. Face à ce lobbying, il ne sera pas facile de refermer une représentation quelques mois après son ouverture même si son statut et son implantation – à Dakhla et non pas à Laayoune – ne semblent pas encore assez clair pour l’instant…
    Le plus sérieux à dire à ce sujet est que le prochain dirigeant du Département d’Etat et son sous-secrétaire chargé des dossiers Moyen-Orient / Afrique du Nord (MENA) vont devoir cogiter très fort : premièrement pour ne pas heurter les intérêts de l’Etat hébreu, l’allié stratégique par excellence dans son rapprochement calculé et intéressé avec le Maroc qui compte essentiellement sur cette carte ; deuxièmement pour reprendre langue avec l’ONU qui considère le Sahara occidental comme l’un des derniers territoires autonomes en attente d’un statut définitif, et, troisièmement, pour ne pas hypothéquer le précieux capital relationnel avec l’Algérie, un pays vanté depuis une trentaine d’année comme un «partenaire privilégié» sur les questions de sécurité et d’antiterrorisme. Mais qui considère comme d’autres pays importants en Afrique notamment, sauf que ceux-ci n’ont pas de réfugiés sur leur sol, que la question sahraouie relève de la décolonisation. Décrit sommairement, et qui pourrait déboucher sur un statuquo de type nouveau à l’échelle de la prochaine administration américaine qui regardera pendant un moment prioritairement vers l’Iran pour ce qui est du continuum Moyen-Orient-Maghreb, cet embarras n’est pas non plus à éluder par les indépendantistes sahraouis du Polisario, qui n’ont jamais été confrontés à une telle adversité sur le plan politique et diplomatique que celle qu’ils vivent depuis l’annonce par le président Trump, le 10 décembre dernier, que son pays reconnait la «souveraineté» de Rabat sur le territoire sahraoui.
    Le lobby pro sahraoui, considéré dans sa diversité comme l’un des actifs à Washington, a perdu une grande bataille qu’il va devoir regagner auprès des élus et du personnel politique dans la capitale fédérale américaine pour que la cause qu’il défend demeure visible et audible. Ce sera certainement de haute lutte et cela dépendra aussi de l’évolution à observer sur le terrain sahraoui même où les porte-parole de la résistance et de l’autodétermination à l’exemple peut-être d’Aminatou Haidar sont particulièrement attendus.
    L’Algérie, en désaccord avec la nouvelle politique américaine que le président Trump impose aujourd’hui au pas de charge moins d’une dizaine de jours avant qu’il ne quitte la Maison-Blanche, va devoir redoubler elle aussi d’efforts diplomatiques pour convaincre du bien-fondé de son soutien à l’autodétermination des Sahraouis face à l’appui des Etats-Unis au plan marocain de l’autonomie de leur territoire sous «souveraineté» du royaume. «L’impartialité» américaine que le chef de la diplomatie Sabri Boukadoum a déclaré souhaiter au passage à Alger de David Schenker ne sera pas, pour l’obtenir, une promenade de santé. Surtout dans le contexte politique national actuel.
    En attendant que ce contexte hésitant s’éclaircisse, notamment par les changements de gouvernement annoncés, la remise en jeu de la diplomatie algérienne passe sans doute avant tout par un changement à notre ambassade à Washington.
    ReportersDZ, 11 jan 2021
    #SaharaOccidental #Maroc #DonaldTrump #Israël #Normalisation #Algérie #Palestine
  • Maroc : La normalisation avec Israël est une défaite morale pour le régime (expert)

    Expert des affaires maghrébines: troquer la normalisation maroco-israélienne contre la question du Sahara occidental est une défaite morale pour le régime marocain

    Thierry Desroyes, chercheur universitaire et expert des affaires maghrébines et méditerranéennes, a estimé que troquer la normalisation maroco-israélienne contre la question du Sahara occidental est une défaite morale pour le régime marocain et le roi Mohammed VI .
    Un membre du Conseil suprême de la recherche scientifique de l’Institut des hautes études sociales en Espagne a confirmé que «Le président américain sortant Donald Trump a annoncé la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental le 10 décembre 2020, après plusieurs semaines de tension dans le sud de la région contestée et l’annonce du Polisario selon laquelle Le cessez-le-feu en vigueur depuis 1991 a été rompu.
    « Pour le Maroc, c’est une victoire importante qui renforce le caractère marocain de l’ancienne colonie espagnole, et un moyen d’obtenir plus d’investissements et d’aide financière à la lumière de la situation sociale et économique difficile que traverse le Royaume », a expliqué l’écrivain.
    Néanmoins – ajoute l’expert – « Sans un accord avec le Front Polisario et sans le soutien des Nations Unies, cette déclaration apparaît comme un coup d’État contre le cadre établi et défini par les Nations Unies », notant qu’en « liant la question de la souveraineté sur le Sahara occidental au rétablissement des relations diplomatiques avec Israël », Le roi Mohammed VI risquait d’offenser une grande partie de l’opinion publique marocaine.
    « Malgré toutes les précautions linguistiques, cette victoire peut se transformer en défaite morale si la question palestinienne ne se développe pas positivement dans les semaines à venir », a déclaré le chercheur universitaire et expert des affaires maghrébines et méditerranéennes .
    L’expert a ajouté: «Nous avons le droit de demander dans quelle mesure le régime marocain ne soutient pas non plus la politique israélienne sans finalement écarter le risque d’annexion future de nouvelles terres en Cisjordanie, car cette politique était défendue publiquement jusqu’à récemment par Benjamin Netanyahu, qui espère être réélu, notamment Merci au vote des Israéliens d’origine marocaine.
    Il a ajouté: « Les accords montrent que le roi confiant qui agit seul et est toujours à la recherche de gains géostratégiques, en incluant un Premier ministre dont le parti s’est toujours opposé à la normalisation des relations avec Israël dans ces accords, Mohammed VI tente de réduire le volume de l’opposition à ce virage diplomatique. »
    Dix ans après le « printemps arabe et quelques mois avant les élections législatives et locales, la crédibilité restante des partis politiques et du Parlement marocain est à nouveau en jeu, tout comme la liberté d’exprimer publiquement un désaccord avec les dirigeants du pays ».
    Le chercheur universitaire a conclu que « sans le mouvement de la presse et des partis politiques qui représentent vraiment le pluralisme dans la société marocaine, les sentiments populaires restent inconnus et ne peuvent pas influencer la politique du royaume ».
    source: Maghreb Part, 6 jan 2021
    Tags : Maroc, Israël, Sahara Occidental, Normalisation, 
  • La diplomatie suédoise: Il est temps d'organiser un référendum libre au Sahara occidental

    La ministre des Affaires étrangères suédoise, Ann Linde a affirmé la nécessité d’organiser un référendum d’autodétermination libre au Sahara occidental, saluant les récentes déclarations de l’ancien conseiller à la sécurité nationale américaine, John Bolton dans lesquelles il avait critiqué la reconnaissance de la prétendue « souveraineté » du Maroc sur le Sahara occidental, en échange de la normalisation avec Israël.

    Les déclarations de la ministre suédoise sont intervenues lors d’un entretien numérique organisé, vendredi, par la jeunesse socialiste suédoise, consacré au débat de la politique étrangère de la Suède, ainsi qu’aux relations internationales et aux positions politiques et de solidarité de ce pays vis-à-vis de certaines causes de libération, de décolonisation et des droits de l’Homme.
    Selon l’Agence de presse sahraouie (SPS), la question du Sahara Occidental a été au centre du débat animé par la responsable du département des relations extérieures de la jeunesse socialiste, ajoutant que les questions des intervenants étaient principalement axées sur la position de la Suède à l’égard des derniers développements enregistrés dans ce dossier. 
    Dans ses réponses, la MAE suédoise a souligné que son pays « s’est toujours opposé à tout accord illégal au sein de l’UE, tel l’accord de pêche, entre autres, et ce de par son insistance sur l’importance de permettre au peuple sahraoui d’accéder à ses droits humains ».
    La question du Sahara occidental est inscrite au niveau de l’Organisation des Nations Unies depuis longtemps, a ajouté Ann Linde, regrettant que de nombreux pays placent leurs relations avec le Maroc avant cette question.
    La cheffe de la diplomatie suédoise a, dans ce cadre, indiqué qu’elle rencontrera, la semaine prochaine, son homologue marocain auquel elle ne manquera pas de faire part de son inquiétude sur la question du Sahara occidental.
    Concernant la persistance de la vacance du poste d’envoyé de l’ONU au Sahara occidental, Mme Ann Linde a précisé avoir « contacté le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, pour l’interpeller sur la nécessité pour l’ONU d’intervenir et de désigner un nouvel envoyé » au Sahara occidental.
    La ministre suédoise des Affaires étrangères a, par ailleurs, salué l’article de John Bolton, ancien conseiller américain à la sécurité nationale sous Trump, dans lequel il a critiqué le président sortant et fustigé la reconnaissance par celui-ci de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la normalisation avec Israël.
    Pour sa part, la responsable du département des relations extérieures de la Jeunesse socialiste a exprimé sa « profonde gratitude pour la position du ministère suédois des Affaires étrangères à l’égard de la question du Sahara occidental ».
    L’autodétermination du peuple sahraoui est une priorité pour l’Afrique
    La lutte du peuple sahraoui pour l’indépendance et l’autodétermination doit rester une priorité pour le continent africain, a indiqué une déclaration du Comité exécutif du Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud. Dans une déclaration du Comité national exécutif du parti, à l’occasion de son 109e anniversaire, qui coïncide avec le 8 janvier de chaque année, relayée par l’agence de presse sahraouie (SPS), l’ANC a affirmé que « dans le contexte du renforcement de l’unité et de la solidarité africaines, l’autodermination du peuple sahraoui est une priorité pour parvenir à l’unité et à la solidarité africaines ». Le Congrès national africain a exprimé, à plusieurs occasions et événements continentaux et internationaux, son soutien au peuple sahraoui et à son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.
    Le 11 décembre dernier, l’ANC avait appelé, via un communiqué, « toutes les forces internationales et progressistes » du continent à condamner l’annonce du président américain sortant, Donald Trump, de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental occupé, affichant sa « consternation » quant à cette décision.
    L’ANC avait rappelé, entre autre, que le Royaume du Maroc, membre de l’Union africaine (UA) et donc engagé de fait à respecter son Acte constitutif et ses décisions, n’a aucune souveraineté sur le Sahara occidental, position reconnue par de nombreuses résolutions de l’Union africaine, des Nations Unies ainsi que par l’arrêt de 1975 de la Cour internationale de Justice.
    Le Maghreb-DZ, 11 jan 2021
    #SaharaOccidental #Maroc #Polisario #Autodétermination 
  • Maroc – Sahara Occidental : La guerre s'intensifie

    L’armée sahraouie bombarde des cantonnements marocains

    L’armée de libération sahraouie poursuit toujours ses attaques contre les cantonnements des forces d’occupation marocaines, notamment le long du mur de sable alors que l’occupant marocain a tiré sur des civils mauritaniens.
    Après avoir ciblé de nombreux positions des soldats de l’occupation au cours de la semaine écoulée qui ont laissé certaines de leurs bases en ruines, les unités de l’Armée sahraouie ont lancé dimanche soir une série de “bombardements dévastateurs, sur des positions de l’armée royale marocaine retranchées à Miran, dans le secteur de Smara”.
    En outre, “des unités avancées de l’APLS ont bombardé des positions ennemies retranchées dans la région de Lafreena du secteur de Smara”, selon un communiqué militaire sahraoui. D’autres positions marocaines à Aouserd et Al Bakary ont été visées par des raids intenses.
    Les bombardements ont également visé les positions de “soldats ennemis retranchées dans la région ouest de Fadrt Tamat, secteur Hawza, et dans la région d’Amqali du secteur Smara, dans la région d’Akwirt Ould Abalal, secteur d’Al Mahbas, la région de Rus Sebti, secteur d’Al Mahbas, et la région d’Abirat Tinushad, secteur d’Al Mahbas”, a conclu le communiqué.
    Plus au sud, vers la zone de Al Guerguerat, la tension est vive. L’armée marocaine a détruit ce samedi un véhicule civil mauritanien, qui transportait des orpailleurs. Aucune information sur des pertes humaines n’a été fournie. Il y a quelques jours, des soldats des FAR ont tiré sur une patrouille de l’armée mauritanienne, sans faire de victimes. Cette zone qui jouxte trois territoires, mauritanien, sahraoui occupé et des régions libérées connaît une grande fébrilité. Les FAR surexcitées et sur le qui vive tentent de construire des fortifications nouvelles et d’installer de positions de surveillance. Cette zone connaissaît dans son principal couloir une certaine activité, il y a quelques mois, avant de devenir déserte depuis l’agression des FAR contre les populations civiles sahraouie en novembre dernier. En face, les troupes mauritaniennes observent l’agitation des forces d’occupation marocaines, qui semblent se résoudre à rebâtir un autre mur de sables dans ce secteur.
    Sur le plan politique, des universitaires, chercheurs et activistes de différents pays ont signé une pétition dans laquelle ils condamnent la reconnaissance par le président américain sortant, Donald Trump, de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, exigeant son annulation pure et simple.
    Selon le texte de la pétition diffusé sur les réseaux sociaux, “la décolonisation du Sahara occidental ne consiste pas seulement à imposer le respect des normes des Nations unies en matière d’autodétermination et contre la domination étrangère. Il s’agit aussi de contrecarrer les forces coloniales et l’occupation qui ont longtemps déstabilisé l’Afrique et le Moyen-Orient”, rappelant que “le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination a été reconnu par la Cour internationale de justice, la Cour européenne de justice, l’Union africaine, l’Assemblée générale de l’ONU et le Conseil de sécurité de l’ONU”.
    D’un autre côté, les signataires du document estiment que le mandat de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) doit être élargi pour inclure le suivi de la situation des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental.
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Polisario, 
  • Le temps des complots

    par Arezki Metref

    Quand Donald Trump se dégonfle, ça fait un sacré appel d’air ! C’est à cette sorte de tirage qui facilite la combustion que nous avons assisté comme à un spectacle plutôt surprenant : le dégonflement d’une baudruche !

    Depuis son accession pour le moins tonitruante au pouvoir en 2017, il n’a jamais cessé de brasser de l’air. Ses rodomontades dignes d’un satrape de conte cruel, son incorrection ostentatoire, son absence totale de surmoi, ses outrages répétés à la diplomatie et même, dans certains cas, à la simple politesse, ont installé, dans la première puissance mondiale, un processus de dégénérescence qui a tôt fait de contribuer à polluer le climat international qui, il faut le dire, était déjà pas mal entamé.

    Entre autres turpitudes qui resteront comme des stigmates du milliardaire incontrôlable : le déménagement de l’ambassade US de Tel-Aviv à Jérusalem cautionnant de ce fait l’atteinte aux résolutions de l’ONU qui ne reconnaît pas cette ville comme la capitale d’Israël, le troc avec le Maroc de la reconnaissance d’Israël contre la « marocanité » du Sahara Occidental et d’autres joyeusetés du même acabit.

    La dernière séquence de la mise en scène, à laquelle a participé Trump, de la forme la plus primitive de la politique, c’est-à-dire l’usage trash de la force, la diabolisation continue de l’adversaire, la division, lui a été fatale. On savait qu’il était capable de tout, mais le dernier round est une surprise pour les plus blasés. C’est « une tentative rapide de coup d’État. En un mot, c’était fasciste », déclare le Parti communiste des États-Unis.

    L’assaut donné par les partisans du Président milliardaire populiste contre le Capitole, le cœur nucléaire de la démocratie américaine, considéré comme un lieu sacré, le jour même où les grands électeurs devaient confirmer la victoire de Joe Biden, le candidat démocrate rival honni, est un acte inédit.

    Donald Trump, en chef de guerre, lance contre le Capitole ses troupes déterminées à en découdre enfin, c’est l’excès de trop. À partir de là, tout commence à s’effondrer pour l’intrus de la Maison-Blanche. Ses proches le lâchent. A quelques jours de la passation de pouvoir entre lui et son successeur, ses ministres démissionnent en cascade, signe de leur condamnation de son attitude. Son compte Twitter, grâce auquel il sévissait à toute heure du jour et de la nuit, lui est retiré, et définitivement. Mais, et c’est le pire, Nancy Pelosi, responsable des démocrates au Congrès, a entrepris de s’entretenir avec les chefs de l’armée américaine pour s’assurer que Donald Trump – un « Président déséquilibré » et « instable », dit-elle – ne lance, en guise de feu d’artifice avant sa sortie, des hostilités militaires ou n’accède aux codes de lancement et ordonne une frappe nucléaire. C’est le style !

    Au-delà de l’anecdote plus ou moins historique, pour spectaculaire que soit le chaos découlant des violences du Capitole, il y a sûrement une ou deux moralités à tirer de ce qui vient de se passer du fait du refus de Trump de reconnaître sa défaite et du complotisme qui lui sert de culture politique. Ces moralités ne sont pas définitives, cela va de soi.

    Tout est là, dans le spectre du complot. Trump a instillé cette idée qu’il est victime d’un complot et les États-Unis, auxquels il s’identifie, naturellement, n’échappent pas aux visées des conspirationnistes. Complot de qui ? De tout ce qui n’est pas lui !

    Galvanisés par les propos euphorisants de Donald Trump, ses nervis montent à l’assaut du Capitole. Violences. Morts ! Le flagrant résultat chaotique le contraint à dénoncer ses propres ouailles devenues soudain des extrémistes, et cette volte-face ultrarapide, qui n’a pris que quelques heures, a instantanément lézardé la mouvance d’extrême droite, suprématiste blanche, exhalant des miasmes néo-nazis, sur laquelle il s’est toujours appuyé.

    On pourrait presque soupçonner, en empruntant un peu de complotisme à Trump et ses fans, que des forces centrifuges ont trouvé le moyen de le pousser à la faute. Si tel est le cas, ça a réussi !

    Le casus belli constaté, il est confirmé que l’extrême droite sur laquelle il s’appuie n’a aucun respect de la démocratie. Elle a eu le vent en poupe avec lui. Elle subit un désastre avec cette histoire en apparaissant pour ce qu’elle est, une minorité d’enragés qui met les règles de la démocratie à la sauce de ses intérêts.

    Le passage de Trump au pouvoir a coïncidé et donné un coup de fouet à la montée de l’extrême droite dans beaucoup de pays du monde. Outre de nombreux pays d’Europe où il a ses supporters, le Président brésilien Jair Bolsonaro a continué jusqu’au bout à soutenir Trump en déclarant que la crise entraînée par l’attaque du Capitole est causée « par le manque de confiance » des Américains à l’égard des élections en relayant les accusations de fraude de Trump.

    L’autre moralité est moins subsidiaire. Les décisions contraires au droit international qu’a osé prendre Trump – (Ambassade des USA à Jérusalem, troc américano-israélo-marocain, etc.) — et qu’aucun président américain n’aurait sans doute pu prendre, ne sont pas antinomiques avec une vision géostratégique. Joe Biden, visiblement plus conscient du devoir de respecter les formes, ne les aurait sans doute pas prises avec cette désinvolture. Mais il a le pouvoir de revenir dessus. On peut gager qu’il n’en fera rien !
    A. M.

    Le Jour d’Algérie, 10 jan 2021

    Tags : Etats-Unis, USA, Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Israël, Donald Trump, Palestine, Jérusalem,

  • Les résonnances sur les machinations du Maroc contre l’Algérie

    Le hacker Chris Coleman a publié des documents confidentiels du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération et des Services de renseignement marocains. Le contenu desdits documents divulgués sont exposés sous les rubriques suivantes :

    -les menaces du Makhzen contre l’Algérie ;

    -le dossier du Sahara occidental ;

    -l’offensive marocaine en Afrique ;

    Ces révélations confirment que le Maroc regarde toujours l’Algérie comme son ennemi stratégique exclusif. Dans cette veine, il met en branle une stratégie élaborée, cohérente et touffue visant à consumer l’Algérie. Mais la force de frappe de la monarchie marocaine n’est pas inhérente à son individualité ; elle lui est concédée par les alliances auxquelles il a consenti en endossant le costume de sous-traitant fidèle au bénéfice des uns et de camériste appointé au profit des autres.

    Par la force des choses, la question sahraouie est devenue le lieu d’une surdétermination ; elle semble condenser toutes les inimités que le Makhzen nourrit à l’endroit de l’Algérie, mais ce n’est plus à travers ce dossier qu’il faut envisager la question du leadership régional ; c’est à l’inverse, à travers le prisme de la question de l’hégémonie au plan régional qu’il faut administrer le dossier du Sahara occidental. C’est cette inversion du sens de la détermination provoquée par les retournements géostratégiques en cours, que le Makhzen semble avoir intégré dans sa stratégie visant à bousculer l’Algérie, comme en atteste le contenu des documents officiels marocains dévoilés par Chris Coleman. Quelles sont donc les raisons de cette turbulence marocaine ? Que cherche le Maroc en multipliant les actes d’animosité et d’agressivité contre l’Algérie ?

    1. Divers aspects de la diplomatie marocaine, comme les activités et le financement du lobby pro-marocain agissant jusque dans les plus hautes sphères des institutions onusiennes, les méthodes mafieuses (la corruption, la subornation, etc.), les stratégies et les plans d’actions marocains, pour obstruer la voie à la mise en œuvre des résolutions onusiennes (Conseil de sécurité), et notamment celles sur les rapports des mécanismes spéciaux du Conseil des Droits de l’Homme.

    2. La coopération de la DGED, les services secrets extérieurs du Makhzen avec les services secrets israéliens et la rémunération de journalistes américains, français et italiens, pour convaincre l’opinion publique américaine, que le Front Polisario avait des connexions avec le « terrorisme djihadiste », ainsi que l’accointance de certaines personnalités marocaines avec les associations juives américaines, dans le seul but de faire prévaloir les intérêts du Maroc dans le conflit, qui l’oppose à la République Sahraouie.

    Les documents divulgués par COLEMAN montrent que toute la politique étrangère marocaine et l’activité de la DGDE sont focalisées sur le dossier du Sahara Occidentale. Le Makhzen tente de faire accroire, que la véritable belligérance est celle, qui le confronte à l’Algérie; les dirigeants de la RASD et du Front POLISARIO n’étant, à ses vues, que des « obligés » du pouvoir en place à Alger.

    Ils ont dévoilé, par ailleurs, toutes les manœuvres et les manigances politiques et diplomatiques marocaines pour contrecarrer toutes les démarches initiées par l’Algérie pour régler le contentieux sahraoui, conformément, aux résolutions de l’ONU, pour lui endosser toute la responsabilité, dans la non résolution de cette question, en suspens depuis des décennies, et pour la déstabiliser en menant contre elle une véritable « guerre du cannabis », en attisant les conflits internes, en manipulant et en finançant les activistes de tout acabit, tels que le « Mouvement d’autonomie de la Kabylie » (MAK).

    Le hacker a, entre autres, révélé les dessous du renoncement provisoire des Etats-Unis à leur demande d’élargissement du mandat de la Minurso aux droits de l’homme auprès du Conseil de sécurité de l’ONU.

    Source : Maroc Leaks, 10 jan 2021

    Tags : #Algérie #Maroc #ChrisColeman #Complots #SaharaOccidental

  • Maroc : Le Makhzen aux abois

    Fronde populaire, manque de stratégie, désertions en masse dans l’armée marocaine

    Par Arezki Louni 
    Partis politiques marocains, société civile, et organisations nationales, continuent de critiquer la décision du palais royal de normaliser avec l’entité sioniste. Après les manifestations organisées dans plusieurs villes du royaume pour dénoncer la « honte du siècle », c’est au tour de l’Observatoire marocain contre la normalisation avec Israël de hausser le ton. 
    En effet, selon le président de cet organisme, la normalisation représente une « menace sérieuse et existentielle tant pour le Maroc que l’Algérie ». Ahmed Wihmane, appelle, par ailleurs les peuples du Maghreb à contrer « les plans sionistes visant l’unité et la stabilité de la région ». Etayant son propos concernant les dangers de cette normalisation pour les pays du Maghreb et pour l’Algérie, en particulier, Wihmane a rappelé les allégations faites par le sioniste Bernard-Henri Lévy lors d’une conférence à Marseille (France), affirmant que « l’Algérie (…) est juive et française ». 
    Pour le militant marocain, « il n’est pas exagéré de dire que nous assistons à la préparation d’un transfert de «l’Etat d’Israël » vers le Maroc, d’où la percée sioniste sans précédent dans le Maghreb et principalement dans le royaume marocain ». Le militant marocain rappelle les quelques articles publiés par la presse israélienne et révélant un dangereux scénario visant la région, notamment l’article publié récemment par le journal Yediot Aharonot et faisant état d’un ancien plan sioniste remontant à 1903 et visant l’établissement de « l’Etat d’Israël » au Royaume du Maroc. Mis de côté après la mort du fondateur du mouvement sioniste Theodor Herzl, ce plan est exhumé aujourd’hui « faute de perspectives en Palestine après l’expérience de soixante-dix ans de résistance », a expliqué le président de l’Observatoire marocain contre la normalisation. 
    Pour ce qui est du bien-fondé de l’action en justice intentée par des avocats marocains pour contester la décision de normalisation, M. Ahmed Wihmane a déclaré : « Nous avons fait notre devoir sur le plan juridique comme nous le faisons sur d’autres. Nous fondons notre espoir sur Dieu et le grand peuple marocain ». « Ouvert dans le cadre des accords d’Oslo, le bureau de liaison sioniste avait été fermé pour la première fois en 2000 et nous le fermerons encore cette fois, car le danger guette tous les Etats du Maghreb arabe », a assuré le président de l’Observatoire marocain contre la normalisation. 
    Concernant le rejet de la normalisation par la rue marocaine et la campagne de restrictions sécuritaires visant les activistes marocains, M. Wihmane a indiqué qu’ « en dépit des restrictions et du blocus contre toute opinion contraire à la position officielle au sujet de la normalisation, les manifestations n’ont pas cessé dans plusieurs villes marocaines ». A cette occasion, il a déploré « la violation par la police marocaine du droit constitutionnel des Marocains à l’expression pacifique et la répression des différentes contestations dénonçant la normalisation sans le moindre respect des engagements internationaux en matière de droits de l’Homme ». 
    Enfin pour le militant, « la confrontation entre le peuple et l’Etat est l’un des principaux objectifs stratégiques de la bombe jetée par l’entité sioniste et l’administration américaine au Maroc pour faire exploser toute la région ». 
    Pour ce qui est de la question du Sahara occidental, notamment la guerre qui suit son cours actuellement, Farid Boukas ex-agent des services de renseignements marocains, a évoqué sur sa page Facebook une baisse de confiance et de sérénité au sein du commandement de l’armée marocaine après le déclenchement de la 2e guerre au Sahara occidental. Il a parlé sur sa chaîne »N24 » diffusée sur sa page facebook, du recrutement de 600 agents chargés de mener des campagnes, à travers les réseaux sociaux, de désinformation vis à vis de la cause sahraouie, à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc. L’armée marocaine a transféré plusieurs de ses soldats blessés lors des affrontements militaires avec l’armée sahraouie vers les hôpitaux de Dakhla et de Smara occupées « dans la discrétion la plus totale sur leur état de santé », ajoute-t-il. 
    M Boukas qui dit avoir reçu des informations d’une source diplomatique étrangère, a fait état de difficultés logistiques et d’organisation que rencontre le roi Mohamed VI. Farid Boukas a également parlé de « plusieurs cas de désertions et de désobéissance dans les casernes des territoires occupés voire même au Maroc », notamment « après la mise sur écoute de plusieurs officiers ». 
    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc