Étiquette : Sahara Occidental

  • Sahara Occidental: la décision de Trump “nuit gravement à la réputation des Etats-Unis”

    La décision du président américain Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental “nuit gravement à la réputation des Etats-Unis”, a affirmé le politologue américain, Stephen Zunes, qui a signé une tribune mardi dernier dans le Washington Post, intitulée “L’accord de Trump sur l’annexion du Sahara Occidental par le Maroc risque de provoquer un autre conflit mondial”.

    “Ce que Trump a fait ( ) c’est reconnaître l’annexion d’un Etat africain légalement reconnu, qui non seulement nuit gravement à la réputation des Etats-Unis sur le continent, mais encourage même d’autres pays à croire qu’ils pourraient également s’en tirer avec une expansion territoriale”, explique le professeur de politique à l’Université de San Francisco et co-auteur, avec Jacob Mundy, de “Western Sahara: War, Nationalism and Conflict Iresolution”.
    Zunes compare ensuite le différend autour du Sahara à la tentative de Saddam Hussein d’annexer le Koweït en 1990.
    “Bien qu’il y ait eu des désaccords sur la question de savoir si la guerre était le meilleur moyen de mettre fin à l’occupation irakienne, les Etats-Unis ont mené la communauté internationale dans sa détermination qu’une telle agression ne doit pas durer. Maintenant, sous Trump, les Etats-Unis ont effectivement adopté la position opposée”, estime-t-il.
    Pour M. Zunes, le président élu Joe Biden fera face à un dilemme lorsqu’il entrera en fonction le mois prochain.
    « S’il peut annuler la reconnaissance par les Etats-Unis de l’annexion du Maroc d’un trait de plume, le Maroc pourrait alors renoncer à sa reconnaissance d’Israël. Biden pourrait donc se trouver sous une pression considérable”, signale-t-il.
    “L’inadmissibilité de tout pays qui étend son territoire par la force est un principe de longue date du droit international” Bien que la normalisation des relations entre l’entité sioniste et les Etats à prédominance arabe soit l’objectif, elle ne peut se faire au prix de saper un principe juridique international aussi fondamental”, conclut-il.
    #SaharaOccidental #Maroc #Polisario #ONU #Marruecos #Morocco #WesternSahara
  • Réunion du Conseil de Sécurité : Une gifle pour le Maroc

    LE CONSEIL DE SÉCURITÉ A EXAMINÉ LES DERNIERS DÉVELOPPEMENTS AU SAHARA OCCIDENTAL, SYNONYME D’UN RAPPEL À LA LÉGALITÉ INTERNATIONALE : Une gifle pour le Maroc

    Croyant avoir achevé la question Sahraouie en criant victoire au lendemain de sa reconnaissance, par le président Trump, de sa supposée souveraineté sur les territoires occupés, le Maroc a essayé un échec diplomatique cuisant, encore un autre, émanant de surcroît du Conseil de sécurité de l’ONU. En effet, en réunion lundi soir, le Conseil de sécurité a examiné les derniers développements survenus, depuis le 13 novembre dernier, à El Guerguerat, après la violation marocaine du cessez-le-feu de 1991 signé avec le Front Polisario sous l’égide des Nations unies. Ainsi, les participants ont souligné « l’urgence de reprendre le processus politique au Sahara occidental », à l’arrêt depuis 2019, appelant le Front Polisario et le Maroc, les rivaux en conflit, « à revenir à la table des négociations sans préconditions. » À l’issue de cette réunion, l’Afrique du Sud a, par la voix de son ambassadeur à l’ONU, Jerry Matjila, exprimé son « impatience » quant à la nomination d’un nouvel envoyé du secrétaire général onusien, pour « soutenir les négociations et la reprise du processus politique ». « L’Afrique du Sud attend avec intérêt la nomination d’un nouvel envoyé personnel du secrétaire général » pour le Sahara occidental, poste vacant depuis plus d’un an, « pour appuyer les négociations et relancer le processus politique », a déclaré M. Matjila à l’issue de ces consultations tenues à huis clos. Les deux parties en tant qu’États membres de l’UA, a-t-il poursuivi, « doivent préparer les conditions pour un nouveau cessez-le-feu, en étroite coordination avec le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, conformément à toutes les dispositions pertinentes de son protocole, pour parvenir à une solution juste et durable du conflit » qui assure au peuple sahraoui le droit à l’autodétermination. Déplorant l’absence d’un nouvel émissaire onusien, l’ambassadeur Matjila, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de sécurité, a indiqué que le Conseil et la communauté internationale devraient » envisager toutes les méthodes alternatives et pacifiques pour faire avancer la voie politique ». Après une intense médiation qui a ravivé l’espoir de paix au Sahara occidental, le processus onusien se trouve depuis mai 2019 dans l’impasse depuis le départ de l’envoyé personnel, Horst Köhler, à qui l’ONU tarde à nommer un successeur.
    Appel au respect du droit à l’autodétermination
    L’appel au respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination a été fortement réaffirmé par l’Allemagne, la Russie et le Royaume Uni qui ont exprimé leur opposition à la décision unilatérale du président américain sortant, Donald Trump, de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur ce territoire. L’Allemagne qui a demandé la tenue de cette réunion a fait part de la frustration des sahraouis face au gel du processus de paix, appelant à cette occasion à concrétiser leurs aspirations. Son ambassadeur à l’ONU, Christoph Heusgen, a déclaré dans ce sens: « Pour nous, résoudre les conflits pacifiquement, c’est suivre les règles, mettre en œuvre les résolutions de l’ONU et appliquer le droit international ». L’ambassadeur d’Allemagne a exprimé en outre la préoccupation de son pays face au blocage du processus politique et à la dangereuse escalade du conflit. « Soutenir la Minurso est essentiel », a-t-il encore dit dans un tweet. Le Royaume Uni, a de son côté, réitéré son appel à des négociations constructives permettant au peuple sahraoui de déterminer son avenir. La délégation belge auprès de l’ONU a souligné, pour sa part, que « le statut final du Sahara occidental sera déterminé par un processus conduit par l’ONU, conformément au droit international, à la Charte des Nations unies et aux résolutions du Conseil de sécurité onusien. « Nous appelons les deux parties à revenir à la table des négociations », a-t-elle insisté. Et la mission de la République d’Estonie a, elle aussi, également indiqué dans un tweet que l’Estonie « soutient les efforts du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, pour trouver une solution politique acceptable pour les deux parties au conflit (Maroc/Front Polisario) sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies ». La Mission estonienne a réaffirmé également la position de l’Estonie qui « respecte une solution basée sur les normes internationales, les résolutions des Nations unies et le droit international ». Au cours de cette réunion, la Chine, le Niger, la République dominicaine et la Tunisie, ont renouvelé leur soutien à la reprise du processus onusien sous les auspices d’un nouvel émissaire que l’ONU doit désigner rapidement. Peu avant ces consultations, le porte-parole du SG de l’ONU, Stéphane Dujarric, a affirmé que la position des Nations unies demeurait inchangée sur cette question.
    « Notre position sur les déclarations concernant le Sahara occidental n’a pas changé et nous continuons de croire qu’une solution peut être trouvée par un dialogue fondé sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité », de l’ONU, a déclaré M. Dujarric avant le briefing du Conseil de sécurité.
    La réunion du Conseil de sécurité est intervenue au moment où les affrontements entre les deux parties au conflit ont repris, après que les forces militaires marocaines ont rompu le cessez-le-feu le 13 novembre dernier en agressant des manifestants sahraouis dans la zone tampon d’El-Guerguerat, au sud-ouest du Sahara occidental.
    Elle est survenue également dans le sillage de la reconnaissance le 10 décembre par l’administration Trump de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, moyennant la normalisation des relations maroco-israéliennes, une démarche vivement dénoncée à travers le monde sur fond d’appels au président élu Joe Biden de l’ »annuler ».
    R. N.
    #SaharaOccidental #Maroc #Polisario #ONU #Marruecos #Morocco #WesternSahara
  • Sahara Occidental : Le « procès » de Trump se poursuit

    DES EXPERTS DU DROIT INTERNATIONAL RÉCUSENT SA DECISION : Le « procès » de Trump se poursuit

    Des experts du droit international et des affaires stratégiques ont condamné la reconnaissance par le président américain sortant, Donald Trump, sur la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, estimant que c’est «une violation flagrante du droit international» et une «consécration d’une occupation illégale».
    L’expert en droit international, Stephen Zunes, a souligné, lors d’une conférence numérique organisée par le Centre arabe à Washington, que « la déclaration de Trump sur le Sahara occidental est une violation claire du droit et des normes internationales et affectera d’autres questions telles que l’occupation israélienne des territoires palestiniens ».
    Stephen Zunes, qui est également professeur à l’Université de San Francisco a notamment relevé « la similitude entre les territoires sahraouis occupés et le plateau du Golan », rappelant que « la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est membre de l’Union africaine et reconnue par plus de 80 États ».
    De son côté, la chercheuse universitaire, Allison McManus, a mis l’accent, lors de son intervention sur les violations des droits humains commises par le régime marocain dans les territoires occupés du Sahara occidental. Elle a rappelé que la reconnaissance par Trump de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental « encourage les forces marocaines à multiplier ces violations contre les Sahraouis qui réclament l’exercice de leur droit à l’autodétermination à travers l’organisation d’un référendum approuvé par les Nations unies ».
    Pour sa part, le membre du Centre arabe à Washington, Yusef Munir, a indiqué que « la ruée du régime marocain vers la normalisation avec Israël renseigne sur le fait qu’il voit une petite opportunité avec Donald Trump à la Maison Blanche et veut l’exploiter avant l’arrivée du nouveau président élu Joe Biden ».
    « L’accord de normalisation entre le régime marocain et Israël fait plus de tort aux Palestiniens que tout autre accord », a ajouté l’analyste du think thank américain, considérant que ledit accord « consolide l’occupation israélienne des territoires palestiniens et légitime le principe du droit à la force ».
    Rien ne changera à la nature juridique du conflit
    Par ailleurs, l’ancien responsable des affaires politiques aux Nations unies, Moncef Khan, a affirmé que l’annonce du président américain sortant, Donald Trump, sur la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental « ne changera pas la nature juridique de ce conflit, car il s’agit d’une question de décolonisation inscrite sur les listes de l’ONU ».
    M. Khan a assuré, dans une déclaration de presse que le conflit du Sahara occidental est considéré comme « une question de décolonisation qui est à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies depuis 1960 et du Conseil du sécurité depuis 1975 après l’invasion militaire marocaine qui continue d’occuper certaines parties du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique ».
    L’ex- responsable onusien a rappelé, en outre, que le SG de l’ONU, Antonio Guterres a déclaré le 12 décembre dernier, que la position de l’ONU concernant la question sahraouie « demeure inchangée » et ne dépend pas de la reconnaissance individuelle des pays, mais de la mise en œuvre des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale de l’ONU et du Conseil de sécurité.
    La décision du président américain de reconnaître la prétendue souveraineté marocaine sur les territoires du Sahara occidental en échange de la normalisation des relations entre le régime marocain et Israël a suscité la désapprobation de nombreux anciens et actuels hauts responsables américains qui ont critiqué la légèreté de cette décision tout en avertissant contre les effets qu’elle serait susceptible de provoquer. Enfin à Santiago du Chili des députés et personnalités chiliens ont exprimé leur inquiétude face aux violations marocaines continues des droits humains du peuple sahraoui, soulignant que la décision de Donald Trump de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur la Sahara occidental ne modifie en rien la nature juridique du conflit au Sahara occidental.
    Plusieurs députés et personnalités des secteurs public et privé, du monde universitaire et des médias chiliens, ont exprimé au Sénat leur inquiétude face aux récents événements au Sahara occidental après la violation du cessez-le-feu par le Maroc, le 13 novembre. Dans une lettre adressée à la présidente du Sénat du Chili, Adriana Munoz, les signataires se sont dit « préoccupés par la violation continue des droits de l’Homme du peuple sahraoui dans les territoires occupés par le Maroc. C’est une situation grave qui a fait l’objet de plaintes systématiques de la part des organes internationaux des droits de l’Homme ».
    En outre, les députés chiliens qui ont signé la lettre précisent que « le Chili, qui est membre fondateur du Comité spécial pour la décolonisation des Nations unies (Comité des 24), considère que le Sahara occidental est un territoire non autonome en attente de décolonisation. En ce qui concerne la récente annonce de Trump, les parlementaires chiliens soulignent que « c’est une décision invraisemblable qui, comme l’a justement souligné le secrétaire général des Nations unies, ne modifie en rien la nature juridique du conflit au Sahara occidental, puisque il reste un territoire autonome en attente de la fin du processus de décolonisation ».
    M. B.
    #SaharaOccidental #WesternSahara #Polisario #Marruecos #Maroc #Morocco #ConsejoDeSeguridad #ONU #UN #DonaldTrump #Israel
  • Sahara Occidental : La Norvège se positionne pour l’autodétermination des Sahraouis

    PROCHAIN MEMBRE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ : La Norvège se positionne pour l’autodétermination des Sahraouis

    La ministre norvégienne des Affaires étrangères, Ine Eriksen, a affirmé que la position de son pays à l’égard de la question sahraouie « restera inaliénable et n’a pas été affectée» par les récents évènements ou la dernière déclaration du président américain sortant Donald Trump. En réponse à une question d’un député du parti des Travailleurs norvégien sur la reconnaissance par Donald Trump de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, la ministre norvégienne a indiqué que la position du gouvernement de son pays repose sur un règlement politique du conflit conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, la dernière étant la résolution 2548, qui prévoient le droit d’autodétermination du peuple sahraoui. 
    La ministre norvégienne a appelé à accélérer la désignation d’un nouvel envoyé onusien pour le Sahara occidental, précisant que le moyen pour avancer réside dans le dialogue et les négociations qui impliquent la création d’une nouvelle dynamique dans le processus des négociations sous l’égide des Nations unies. La MAE norvégienne a indiqué que son pays qui siègera au Conseil de sécurité onusien pendant la période 2021-2022, s’appuiera sur la résolution 2548 en tant que base et que la question sahraouie et le prochain processus constitueront le thème du dialogue entre la Norvège et l’ensemble des pays membres au Conseil de sécurité ainsi que les autres partenaires. Pour sa part le représentant du Front Polisario en Australie et en Nouvelle-Zélande, Kamel Fadel a appelé, le président américain élu Joe Biden à annuler la décision unilatérale de Donald Trump de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, écartant la possibilité de voir d’autres pays ou organisations emboîter le pas au président américain sortant. 
    « Le Front Polisario veut que le président américain élu, Joe Biden annule la décision du président sortant Donald Trump de reconnaître la revendication de souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental », a déclaré Kamel Fadel. « Nous espérons que le président américain élu, Joe Biden, que je considère comme un homme intègre (…) aura une influence positive sur l’autodétermination au Sahara occidental et qu’il remettra en cause cette décision », a ajouté le diplomate sahraoui, assurant que, le Sahara occidental ne fait pas partie de « l’immobilier » de Trump à donner au Maroc ». Donald Trump a annoncé le 10 décembre dernier la reconnaissance de la prétendue souveraineté marocaine sur les territoires du Sahara occidental en échange de la normalisation des relations entre le régime marocain et Israël, une décision qui a suscité la désapprobation de nombreux anciens et actuels hauts responsables américains qui ont critiqué la légèreté de cette décision tout en avertissant contre les effets qu’elle serait susceptible de provoquer.
    La possibilité de voir d’autres pays emboîter le pas à Donald Trump écartée par le représentant du Front Polisario
    Le représentant du Front Polisario en Australie et en Nouvelle-Zélande a, dans ce cadre, écarté la possibilité de voir d’autres pays ou organisations emboîter le pas au président américain sortant, Donald Trump. « Je ne pense pas qu’un autre pays ou organisation internationale raisonnable ou responsable ne suivra », a-t-il assuré, estimant « qu’il ne s’agit que d’une proclamation présidentielle qui est en grande partie cérémonielle ou symbolique et que sauf autorisation du Congrès américain, elle n’a pas de valeur juridique ». Plusieurs personnalités politiques américaines ont critiqué la légèreté de la décision de Trump tout en avertissant contre les effets qu’elle serait susceptible de provoquer. Ils ont également rappelé que cette décision était contraire au Droit international et aux engagements des États-Unis en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui. 
    « La meilleure chose à faire pour Biden dès son investiture serait d’annuler la décision relative à la souveraineté marocaine. Ce ne sera pas facile étant donné les attentes, mal inspirées, du côté de Rabat et (d’Israël). Si Biden veut faire un revirement de 180 degrés, il devra le faire immédiatement après son installation, cela minimisera les dégâts », avait assuré, l’ancien conseiller à la sécurité du président américain Trump, John Bolton. « Je crains que cette annonce ne bouleverse un processus crédible et soutenu par l’ONU » pour résoudre le conflit au Sahara occidental, a déclaré Eliot Engel, sénateur démocrate et président de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine. 
    De son côté, Jim Inhofe, sénateur républicain de l’Oklahoma, a qualifié la décision de Trump de choquante et profondément décevante. L’ancien émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental entre 2009 et 2017, Christopher Ross, a considéré, pour sa part, que la décision de Trump était « insensée » et « irréfléchie ». Une décision qui « va à l’encontre de l’engagement des États-Unis à l’égard des principes de l’annexion de territoires par la force et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, tous deux inscrits dans la Charte des Nations unies ».
    M. Bendib
    Tags : #SaharaOccidental #WesternSahara #Polisario #Marruecos #Maroc #Morocco #ConsejoDeSeguridad #ONU #UN #DonaldTrump #Israel
  • Sahara occidental: L’ONU face à ses responsabilités

    Le Conseil de sécurité de l’ONU devait débattre hier du Sahara occidental, pour la première fois depuis la rupture il y a plus d’un mois du cessez-le-feu et la reconnaissance américaine le 11 décembre de la souveraineté du Maroc sur ce territoire disputé. 

    Demandée par l’Allemagne et ayant pour thème «La situation au Sahara occidental» ces consultations devaient se tenir dans l’après-midi et à huis-clos. Les consultations s’annoncent ardues. Pour les responsables sahraouis, les atermoiements persistent, en dépit des appels incessants de la communauté pour la mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU et du Conseil de sécurité.
    Le représentant du Front Polisario en Australie et en Nouvelle-Zélande, Kamel Fadel, a appelé, le président américain élu, Joe Biden, à annuler la décision unilatérale de Donald Trump de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, écartant la possibilité de voir d’autres pays ou organisations emboiter le pas au président américain sortant. «Le Front Polisario veut que le président américain élu, Joe Biden, annule la décision du président sortant, Donald Trump, de reconnaître la revendication de souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental», a-t-il déclaré. «Nous espérons que le président américain élu, Joe Biden, que je considère comme un homme intègre (…) aura une influence positive sur l’autodétermination au Sahara occidental et qu’il remettra en cause cette décision», a ajouté le diplomate sahraoui, assurant que «le Sahara occidental ne fait pas partie de l’immobilier de Trump à donner au Maroc» et «qu’il aurait pu leur donner l’une de ses propriétés du Golfe, mais pas le Sahara occidental». Le diplomate sahraoui a écarté la possibilité de voir d’autres pays ou organisations emboîter le pas au président américain sortant, Donald Trump.
    L’ancien responsable des affaires politiques aux Nations unies, Moncef Khan, a affirmé que l’annonce du président américain sortant, Donald Trump, sur la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental «ne changera pas la nature juridique de ce conflit, car il s’agit d’une question de décolonisation inscrite sur les listes de l’ONU». Khan a assuré, dans une déclaration aux médias, que le conflit du Sahara occidental est considéré comme «une question de décolonisation qui est à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies depuis 1960 et du Conseil de sécurité depuis 1975 après l’invasion militaire marocaine qui continue d’occuper certaines parties du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique». L’ex- responsable onusien a rappelé, en outre, que le SG de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré le 12 décembre dernier, que la position de l’ONU concernant la question sahraouie «demeure inchangée» et ne dépend pas de la reconnaissance individuelle des pays, mais de la mise en œuvre des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale de l’ONU et du Conseil de sécurité. Tout en condamnant les déclarations du président sortant, des experts du droit international et des affaires stratégiques, estiment qu’il s’agit d’«une violation flagrante du droit international» et une «consécration d’une occupation illégale».
    L’expert en droit international, Stephen Zunes, a souligné, lors d’une conférence numérique organisée par le Centre arabe à Washington, que «la déclaration de Trump sur le Sahara occidental est une violation claire du droit et des normes internationales et affectera d’autres questions telles que l’occupation israélienne des territoires palestiniens». Il a relevé «la similitude entre les territoires sahraouis occupés et le plateau du Golan», rappelant que «la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est membre de l’Union africaine et reconnue par plus de 80 Etats» expliquant que «le peuple sahraoui n’est pas marocain et a sa propre culture, langue, dialecte, conditions sociales et identité nationale qui le distinguent du Maroc», notant que «la question du Sahara occidental est une question d’autodétermination et les Sahraouis devraient pouvoir décider de leur propre avenir».
    Sud Horizons, 21 déc 2020
    Tags : #SaharaOccidental #WesternSahara #Polisario #Marruecos #Maroc #Morocco #ConsejoDeSeguridad #ONU #UN #DonaldTrump #Israel
  • L’ONU se penche sur le Sahara occidental

    L’événement est très attendu par les milieux diplomatiques, notamment ceux qui s’intéressent de près au dossier sahraoui.

    Il s’agit de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, tenue dans un contexte marqué par la reprise des affrontements entre les unités du Front Polisario et les forces armées royales marocaines. Un regain de tension exacerbé par la décision du président américain sortant, Donald Trump, de reconnaître une prétendue souveraineté marocaine sur cette ancienne colonie espagnole.
    Au cours de cette réunion, convoquée à la demande de l’Allemagne, Bintou Keita, la sous-secrétaire générale pour l’Afrique, et Colin Stewart, le représentant spécial et chef de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), feront un briefing sur les récents développements survenues au Sahara Occidental.
    Il est question pour les membres du Conseil de sécurité de réitérer l’importance d’accélérer la nomination d’un envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental, devant contribuer à la reprise du processus politique, à l’arrêt depuis la démission de l’ancien émissaire, Horst Kohler, en mai 2019.
    Le Conseil de sécurité avait insisté dans sa résolution 2548 renouvelant le mandat de la Minurso en octobre, sur la nomination “dans les plus brefs délais” d’un nouvel envoyé personnel du SG de l’ONU au Sahara occidental.
    La réunion, prévue par visioconférence, intervient sur fond d’affrontements entre les deux partis au conflit, le Front Polisario et le Maroc, après que les forces militaires marocaines ont rompu le cessez-le-feu le 13 novembre dernier en agressant des manifestants sahraouis dans la zone tampon d’El-Guerguerat, au sud-ouest du Sahara Occidental.
    Elle survient également dans le sillage de la reconnaissance le 10 décembre par l’administration Trump de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, moyennant la normalisation des relations maroco-israéliennes.
    Cette démarche qualifiée de “violation flagrante de la Charte des Nations unies et de ses résolutions”, par le Front Polisario, a été dénoncée à travers le monde sur fond d’appels au président élu Joe Biden d’”annuler” cette décision.
    Mardi dernier, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Kelly Craft, a transmis une copie de la proclamation de Trump sur le Sahara occidental au SG de l’ONU et au Conseil de sécurité.
    Le représentant du Front Polisario à l’ONU, Sidi Mohamed Omar, a regretté ” une proclamation qui va à l’encontre de la politique américaine à l’égard du Sahara occidental”, rappelant que l’ONU, l’Union africaine et l’Union européenne n’ont jamais reconnu l’annexion forcée et illégale par le Maroc de ce territoire.
    Et dans sa réaction aux récents évènements dans la région, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a réaffirmé que “la position des Nations unies restait inchangée”, et s’est dit convaincu qu’une solution à la question du Sahara occidental “est possible, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies”.
    Le Jeune Indépendant, 21 déc 2020
  • La Normalisation des relations Maroc-Israël est le couronnement d’une « collaboration secrète »

    L’annonce de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël était le couronnement des années de collaboration bilatérale « secrète » dans les domaines d’armes et d’espionnage, selon le New York Times (NYT).

    Pendant près de 60 ans, le Maroc et Israël, qui ont accepté de normaliser leurs relations, ont collaboré étroitement mais secrètement sur les questions militaires et de renseignement et les assassinats (…), révèle le quotidien américain dans son édition de vendredi.
    Derrière l’annonce faite, jeudi, par le président américain sortant Donald Trump, » il y a près de six décennies de coopération étroite et secrète sur les questions de renseignement et militaires entre les deux parties », souligne la même source.
    En effet, d’après le quotidien new-yorkais, Israël a aidé le Maroc à obtenir des armes et du matériel de collecte de renseignements et à apprendre à les utiliser, et l’a aidé à assassiner un chef de l’opposition.
    La collaboration découverte grâce à une série de documents et d’entretiens menés « reflète une politique israélienne de longue date de construction de liens secrets avec des régimes arabes où des intérêts communs – et des ennemis – pourraient être trouvés ».
    La relation maroco-israélienne découle en partie du grand nombre de Juifs vivant au Maroc avant la création de l’entité sioniste en 1948, dont beaucoup y émigreraient. Un million d’Israéliens sont originaires du Maroc, selon les données relatées par le journal.
    En 1965, lorsque les dirigeants arabes et les commandants militaires se sont rencontrés à Casablanca, le Maroc a permis au Mossad de mettre sur écoute leurs salles de réunion et suites privées.
    Les écoutes clandestines ont donné à Israël un aperçu sans précédent de la pensée, des capacités et des plans arabes, qui se sont révélés vitaux pour le Mossad et les Forces de défense israéliennes dans la préparation de la guerre de 1967.
    Peu de temps après et à la demande des services de renseignements marocains, le Mossad a localisé l’opposant marocain M. Ben Barka, en l’attirant à Paris où des Marocains et des Français alliés l’ont enlevé. Il a été torturé à mort et les agents du Mossad se sont débarrassés du corps, qui n’a jamais été retrouvé.
    Une décennie plus tard, le roi Hassan II et son gouvernement sont devenus » la voie secondaire » entre Israël et l’Egypte, et le Maroc est devenu « le site de réunions secrètes » entre leurs fonctionnaires, avant les accords de Camp David de 1978 et la normalisation des relations entre les anciens ennemis. Israël a ensuite aidé à persuader les Etats-Unis de fournir une assistance militaire au Maroc.
    Pendant des années, le successeur de Hassan II, le roi Mohammad VI, a sollicité l’aide d’Israël pour obtenir l’acceptation américaine de l’annexion illégale du Sahara occidental.
    Source : DIA, 12 décembre 2020
    Tags : Maroc, Israël, Algérie, Mossad, P°alestine, Ben Barka, Guerre des Six Jours, Hassan II, Mohammed VI,
  • Sahara occidental: Nouvelles attaques contre les bases militaires marocaines

    Les unités de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) poursuivent leurs attaques ciblant les bases et les positions des forces de l’occupation marocaine, le long du mur de la honte dans la zone d’El-Guerguerat, selon le ministère de la Défense sahraouie. 

    Le ministère a précisé dans son communiqué militaire n 37, que «l’Armée sahraouie a ciblé des positions de l’armée d’occupation marocaine dans la région d’Al-Chidhmiya dans le secteur de Mahbés, et a mené un bombardement qui a visé des positions ennemies dans la zone ou Adhim Umm Adjloud du secteur Awserd». Le département sahraoui a ajouté que « ‘armée a également mené des bombardements contre les positions marocaines dans la zone de Bennekarat du secteur de Smara, et un bombardement qui a ciblé les forces d’occupation dans la zone de Ross Oodiat du secteur d’Al-Farsiya». «Un autre bombardement a visé les positions marocaines dans le zone d’Adhim Umm Adjloud, du secteur Awserd, et un bombardement qui a visé la zone de Ross Sbtis dans le secteur de Mahbés et dans le secteur Smara».
    «Les attaques ciblées de l’APLS se poursuivaient causant des dégâts considérables, matériels et humains, dans les rangs des forces d’occupation marocaines, le long du mur de la honte», a conclu le communiqué. Pour rappel, les forces d’occupation marocaines ont violé le cessez-le-feu signé en 1991 avec le Front Polisario sous l’égide de l’ONU, suite à une attaque militaire contre des civils sahraouis dans la région d’El Guerguerat le 13 novembre en cours, une région considérée par l’ONU comme étant une région désarmée. Le Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui riposte depuis à cette énième agression marocaine. Le Front Polisario appelle en outre à trouver une solution durable au conflit du Sahara occidental basée sur l’autodétermination des sahraouis. Mais la décision du président américain sortant, Donald Trump, de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental complique la tâche. Heureusement cette décision unilatérale est restée isolée. La communauté internationale, l’ONU en particulier, reste attachée à une solution juste est durable.
    Le représentant du Front Polisario auprès de l’ONU, Sidi Mohamed Omar, a affirmé samedi dernier que la décision du président américain sortant viole la charte des Nations unies et ses résolutions, assurant qu’elle n’est pas en adéquation avec la politique traditionnelle des Etats Unis en ce qui concerne le Sahara occidental. «La décision prise par le président Donald Trump viole la Charte des Nations unies et les résolutions de l’ONU, y compris les résolutions du Conseil de sécurité que les Etats-Unis eux-mêmes ont rédigées et approuvées au cours des dernières décennies», a déclaré Sidi Mohamed Omar dans une lettre adressée aux Nations Unies. «Cette regrettable proclamation s’éloigne également de la politique américaine traditionnelle à l’égard du Sahara occidental», a-t-il conclu. Pour sa part, la militante sahraouie, Aminatou Haidar estime que le Maroc «maladroit», gère avec «improvisation» la situation au Sahara occidental. «Je crois vraiment que les autorités marocaines ne savent plus comment agir pour faire face à la situation d’occupation qu’ils gèrent avec beaucoup de maladresse, de violence, et d’improvisation au Sahara occidental», déplore, le prix Nobel alternatif 2019, dans un entretien accordé au site électronique la Patrie News. «Les gens croient peut-être que les autorités d’occupation marocaine savent ce qu’ils sont en train de faire dans leur colonie, mais ce n’est pas le cas», a-t-elle ajouté.
    Sud Horizons, 20 déc 2020
  • Sahara Occidental : Détention de Youssef Bougharioune

    Youssef Bougharioune, éminent étudiant et militant sahraoui, a été arrêté par la police marocaine le mardi 15 décembre 2020 à 19 heures, à El Aaiun. Il a été libéré le samedi 19, à Agadir.

    La détention a été faite sans respecter les droits humains les plus élémentaires. Les charges ne lui ont pas été lues, et sa famille n’a pas été informée de sa localisation. En détention à El Aaiun, il a été battu, insulté et menacé.
    Le lendemain, à 7 h 30, il a été mis dans une voiture et emmené à Agadir à une vitesse de 180 km / h, ce qui impliquait un gros risque pour sa vie. Le comportement de la police était inacceptable. Lors d’une pause entre les villes d’El Aaiun et de Tan Tan, l’agent de police lui a dit: «vous êtes Polisario, vous n’avez pas le droit de vivre, vous êtes une mouche».
    À Agadir, il a été interrogé mais il n’a pas reçu de mauvais traitements. Quoi qu’il en soit, ni sa famille ni son avocat n’ont pu lui rendre visite en détention. Enfin, il a été libéré à Agadir même. Le procès aura lieu le 21 janvier 2021.
    Les chefs d’accusation sont les suivants:
    – Appartenir à une bande criminelle
    – Enlever une femme
    – Battre et blesser une personne non identifiée.
    La police a amené un témoin qui, curieusement, a nié toute relation avec Youssef.
    Youssef est étudiant à l’Université Mohamed V de Rabat. Très impliqué dans l’activisme étudiant contre l’occupation illégale marocaine du Sahara Occidental, il collabore avec des organisations de défense des droits de l’homme.
    Son frère Saleh, militant politique et demandeur du statut de réfugié en France, a déclaré à Équipe Média que «l’arrestation était une nouvelle tentative d’isoler les étudiants militants sahraouis et de faire taire les voix de militants individuels dénonçant les violations des droits humains commises par le Maroc».
    Tone Sørfonn Moe, chercheuse en droits de l’homme et juriste, a exprimé sa vive inquiétude face à la récente arrestation de Youssef qu’elle a décrit comme très actif dans le mouvement étudiant à Rabat et connu pour son plaidoyer en faveur du droit à l’autodétermination et de la libération des prisonniers politiques sahraouis – y compris le cas du Groupe des Étudiants.
    Au Sahara Occidental occupé, mais aussi au Maroc proprement dit, plaider en faveur du droit à l’autodétermination ou même mentionner le Sahara Occidental ou dire que vous êtes sahraoui (et non marocain) est criminalisé par la loi et peut vous conduire en prison.
    Équipe Média, le 19 décembre 2020
    El Aaiun, Sahara Occidental occupé
    Tags : #Sahara Occidental #Maroc #Polisario #Marruecos #Morocco #WesternSahara
  • Sahara occidental : Le Maroc réprime des indépendantistes

    La reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc ne change rien au statut du territoire

    (New York) – Le Maroc a réprimé des activistes indépendantistes au Sahara occidental suite à un incident à un poste frontière survenu le 13 novembre 2020, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. L’incident a ravivé le conflit, depuis longtemps paralysé, entre le Maroc et le Front Polisario, mouvement basé en Algérie et réclamant l’indépendance de ce territoire. Les forces de sécurité ont brutalement dispersé des manifestations en faveur de l’indépendance. Elles ont aussi harcelé, frappé ou arrêté plusieurs activistes, ou encore attaqué leurs domiciles.
    Le fait que l’administration américaine ait reconnu, le 10 décembre, la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ne change en rien à son statut de territoire non autonome, tel que déterminé par les Nations Unies.
    « Le Maroc et le Polisario s’affrontent sur les plans frontalier et diplomatique, mais cela n’autorise en rien le Maroc à réprimer des civils sahraouis qui s’opposent pacifiquement à son administration du territoire », a déclaré Eric Goldstein, directeur par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch.
    Fin octobre, des civils sahraouis ont bloqué une route reliant le Sahara occidental à la Mauritanie à travers une zone tampon de 5 kilomètres. Côté Sahara occidental, le Maroc maintient depuis longtemps le poste frontalier de Guerguerat, dont l’existence même est considérée, par le Polisario, comme une violation de l’accord de cessez-le-feu signé entre les deux parties en 1991. Le 13 novembre, l’armée marocaine a expulsé les civils de la zone tampon sans faire de victimes ni d’arrestations. Soutenant que cette opération mettait fin, de fait, au cessez-le-feu, le Polisario a fait voeu de « reprendre la guerre ». Aucune confrontation armée significative n’a eu lieu depuis.
    Les autorités marocaines contiennent fortement, depuis longtemps, toutes les manifestations d’opposition à leur administration du Sahara occidental. Elles empêchent les rassemblements de soutien à l’autodétermination sahraouie, soumettent les activistes indépendantistes à des violences, dans la rue ou en garde à vue, les emprisonnent, les condamnent au terme de procès entachés d’irrégularités ou d’actes de torture, entravent leur liberté de déplacement, et les font suivre ouvertement. De telles violations ont de nouveau été rapportées suite à l’incident de Guerguerat.
    À Laâyoune, après des manifestations majoritairement pacifiques en soutien au Polisario le soir du 13 novembre, des membres armés des forces de sécurité marocaines et des véhicules blindés de transport de troupes ont été déployés dans plusieurs quartiers, dressant des barrages routiers et empêchant les piétons de circuler. La branche de Laayoune de l’Association marocaine des droits humains a rapporté que pendant les quelques jours qui ont suivi le 13 novembre, les forces de sécurité marocaines ont matraqué des passants pacifiques, des policiers masqués ont attaqué ou fait irruption dans sept maisons de partisans présumés du Polisario, et des hommes, femmes et enfants ont été arrêtés avec un usage disproportionné de violence.
    À la même période, des groupes d’activistes sahraouis ont rapporté des événements similaires dans les villes de Smara, Dakhla et Boujdour. Les manifestations indépendantistes brutalement réprimées étaient en grande majorité pacifiques, même si quelques cas limités de jets de pierre sur la police ont été enregistrés, notamment à Laâyoune. Les autorités, en revanche, ont autorisé de larges manifestations dans le Sahara occidental, le 12 décembre, pour célébrer la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le territoire.
    Le 16 novembre, des policiers sont allés chercher Hayat Diyya, 12 ans, dans son collège de Laâyoune, et l’ont emmenée dans un poste de police, après qu’un membre du personnel de l’école a signalé qu’elle portait une veste de type militaire et qu’elle avait cousu, sur son uniforme scolaire, un écusson représentant le drapeau sahraoui. « Les policiers l’ont retenue pendant cinq heures, l’ont giflée, lui ont tiré les cheveux, et l’ont frappée brutalement sur plusieurs parties de son corps », a déclaré Lahbiba Diyya, la mère de Hayat, à Human Rights Watch. « Ils l’ont aussi forcée à s’agenouiller et à chanter l’hymne national du Maroc face à un portrait du roi. Depuis, elle fait régulièrement des cauchemars. »
    Sultana Khayya, une activiste connue de la ville de Boujdour, a déclaré à Human Rights Watch que des agents de police avaient pénétré en son absence dans son domicile familial le 19 novembre, et frappé sa mère de 84 ans à la tête. Ayant perdu connaissance, cette dernière a été évacuée en ambulance vers un hôpital. Khayya a ajouté que les policiers sont revenus le lendemain soir, ont encerclé la maison, martelé la porte avec leurs gourdins, puis frappé à la tête avec une matraque en métal sa sœur Waara, 47 ans, lui causant des saignements. Depuis lors et au moins jusqu’au 3 décembre, jour où Human Rights Watch a interrogé Sultana Khayya, la police est restée devant la maison, empêchant les membres de la famille de sortir et les visiteurs, y compris les proches, d’entrer.
    Le 15 novembre vers 5 heures du matin, une vingtaine de policiers en civil ont pénétré dans une maison de Laâyoune, ont sorti de son lit Ahmed El Karkar, un homme de 19 ans atteint d’un handicap mental, et l’ont arrêté. Il a ensuite été accusé d’avoir dressé des obstacles routiers ainsi que d’avoir insulté et agressé un agent de police lors d’une confrontation entre manifestants et policiers à Laâyoune, deux jours plus tôt.
    La mère d’El Karkar a déclaré à Human Rights Watch qu’Ahmed était à la maison pendant cette confrontation. Le 12 décembre, un tribunal l’a condamné à dix mois de prison. Son avocat a informé Human Rights Watch que le tribunal avait rejeté sa requête d’examen médical pour prouver le handicap mental de son client. El Karkar est aujourd’hui à la prison Lakhal de Laayoune, en attendant son procès en appel.
    Une activiste sahraouie, Nezha Khalidi, a déclaré à Human Rights Watch que l’après-midi du 21 novembre, quelques heures avant la cérémonie prévue pour célébrer son mariage avec Ahmed Ettanji, activiste sahraoui lui aussi, la police a encerclé et bloqué trois maisons appartenant à des parents des deux fiancés, coupé l’électricité dans l’une d’elles, et interdit à tous les occupants de quitter ces maisons, empêchant de fait la famille de se rassembler pour célébrer le mariage. 
    Le mariage a été annulé, et les maisons sont restées sous surveillance policière depuis, a déclaré Khalidi à Human Rights Watch le 10 décembre. Elle a précisé que cet assaut de la police ne répondait à aucune provocation, et que le mariage devait être un événement familial privé. Khalidi comme Ettanji font partie d’Équipe Média, un collectif d’activistes Sahraouis qui se sert des médias sociaux pour contourner la censure du Maroc et documenter la répression. Ses membres sont régulièrement harcelés par les autorités.
    Les autorités marocaines font systématiquement obstruction au travail des associations qui plaident pour l’autodétermination au Sahara occidental. Le 29 septembre, en réponse à la création de l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine, un nouveau groupe indépendantiste fondé entre autres par une activiste célèbre, Aminatou Haidar, un procureur de Laayoune a annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire pour « activités [visant à] port[er] atteinte à l’intégrité territoriale du Royaume ». Le même jour, la police a encerclé le domicile de six membres de ce nouveau groupe, dont Haidar. L’un d’eux a déclaré à Human Rights Watch le 5 octobre que des véhicules de police les suivaient dès qu’ils quittaient leurs maisons, quel qu’en soit le motif, et les empêchaient de recevoir des visites.
    La plus grande partie du Sahara occidental est sous occupation du Maroc depuis que l’Espagne, l’ancien administrateur colonial du territoire, s’en est retirée en 1975. Le gouvernement considère qu’il s’agit d’un territoire marocain et refuse tout référendum d’autodétermination dont l’un des choix serait l’indépendance. Cette option était pourtant incluse dans le référendum sur lequel le Maroc et le Front Polisario s’étaient accordés, dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu signé en 1991 sous l’égide de l’ONU – mais ce référendum ne s’est jamais tenu. Les Nations Unies ne reconnaissent pas l’annexion du Sahara occidental par le Maroc, et ont fait savoir que leur position demeurait « inchangée » malgré la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le territoire.
    Le Maroc a toujours refusé que le mandat de la mission des Nations Unies pour le maintien de la paix au Sahara occidental (MINURSO) soit élargie afin d’englober le suivi des droits humains. Human Rights Watch a appelé à un tel élargissement à plusieurs reprises, afin d’aligner cette mission sur la quasi-totalité des opérations modernes de maintien de la paix de l’ONU.
    « Ni la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine, ni la répression du Maroc, ne peuvent ôter aux Sahraouis leur droit fondamental de s’opposer pacifiquement à l’administration du territoire par le Maroc », a conclu Eric Goldstein.
    HRW, 18 déc 2020