Étiquette : Sahara Occidental

  • La crise au Sahara Occidental divise la Mauritanie entre liens ethniques et commerciaux

     

    SAHARA OCCIDENTAL

    Nouakchott, 28 novembre (EFE) .- La crise actuelle au Sahara Occidental, qui a éclaté après la fermeture par des éléments du Front Polisario du seul passage terrestre entre la Mauritanie et le Maroc, a mis en évidence la situation délicate de Nouakchott dans le conflit du Sahara , dans lequel il maintient officiellement une position de neutralité.

    L’histoire contemporaine de la Mauritanie est liée à celle du Sahara, car en 1975, quinze ans seulement après son indépendance, le pays a commencé à administrer le tiers sud du Sahara espagnol (Río de Oro) après les accords tripartites de Madrid, mais en 1978 Incapable de résister aux attaques du Polisario, il l’a remis au Maroc.

    Depuis 1978, la Mauritanie a maintenu l’équilibre compliqué de la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et du maintien de relations cordiales avec son puissant voisin le Maroc; Alors que les populations mauritanienne et sahraouie sont ethniquement similaires, le poids du Maroc augmente dans la sphère commerciale.

    ÉTOUFFEMENT DES MARCHÉS

    Pour cette raison, la fermeture du col de Guerguerat, situé à la frontière nord de la Mauritanie, par un groupe d’indépendantistes sahraouis le 21 octobre a étouffé le marché mauritanien des fruits et légumes, qui importe la quasi-totalité du Maroc par voie terrestre. .

    La pénurie de ces produits de base et la hausse des prix ont provoqué la colère des consommateurs et mis le gouvernement dans une situation difficile pendant les trois semaines qu’a duré le blocus (contrecarré par une intervention de l’armée marocaine).

    Selon les derniers chiffres officiels publiés par l’Office national mauritanien des statistiques, les importations en provenance du Maroc ont atteint une valeur de 20 millions d’euros au cours du deuxième trimestre 2020, juste avant la fermeture du passage.

    Et malgré la stagnation générale due à l’action du Polisario, la Mauritanie a officiellement fait profil bas pour ne pas rompre sa neutralité traditionnelle.

    Plusieurs médias ont révélé que Nouakchott avait alors pris des mesures non officielles pour obtenir la réouverture du passage frontalier, par lequel des produits frais du Maroc transitaient également vers d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.

    Il faut donc lire la visite du chef d’état-major des armées mauritaniennes, le général de division Mohamed Uld Meguet, aux camps du Polisario à Tindouf (sud de l’Algérie), où il a demandé la levée du blocus de Guerguerat, rappelant à ses interlocuteurs facilités que votre pays offre aux sahraouis de Tindouf.

    Mais, apparemment, la visite n’a donné aucun résultat, ce qui a amené une partie de l’opinion publique mauritanienne à s’interroger sur le bénéfice que Nouakchott tire de ses équilibres sur la question du Sahara.

    « Nous partageons des liens de sang avec les Sahraouis, nos tribus sont des deux côtés de la frontière, nous leur réservons toutes les faveurs, pourquoi agissent-elles de telle manière qu’elles étouffent notre marché? », A déclaré le blogueur mauritanien Sid à EFE, indigné ‘Ahmed Uld Souvi.

    « Il peut (le Polisario) nuire aux Marocains sans nuire à nos intérêts », a-t-il ajouté.

    Mais le président du groupe d’amitié mauritanien-sahraoui au parlement mauritanien, Khalihene Uld Dede, estime que pour prévenir une crise comme celle de Guerguerat, il faut s’attaquer aux causes profondes du problème.

    Sans critiquer l’attitude du Maroc, Dédé a recommandé, dans des déclarations à l’Efe, des négociations entre le gouvernement marocain et le Polisario pour accorder au peuple sahraoui son « droit à l’autodétermination conformément au droit international ».
     
    MAURITANIA CORTEJADA POR LAS DOS PARTES

    Después de la crisis puntual de Guerguerat, que se resolvió tras una intervención militar marroquí el pasado 13 de este mes, Mauritania se ha visto como nunca antes en el centro de una agitación diplomática provocada por las dos partes del conflicto.

    El presidente Mohamed Ould Ghazouani recibió una llamada telefónica del rey Mohamed VI de Marruecos hace una semana, durante la cual los dos líderes acordaron intercambiar futuras visitas. Algunos han visto ya un cambio en la posición del presidente mauritano en comparación con su predecesor, supuestamente más proclive al Polisario.

    Pero solo tres días después, Ghazouani recibió en Nuakchot un mensaje escrito del presidente saharaui, Ibrahim Gali, entregado por un emisario que hizo una declaración en la que abogaba por la paz y la estabilidad.

    A diferencia de otras veces, la declaración del responsable saharaui “no contenía la referencia a la singularidad y la fraternidad del pueblo mauritano-saharaui”, señaló el director de publicación del sitio Tawary, Mohamed Chenouv Maloukiv.

    “¿Esta declaración conlleva una carga de amenaza diplomática?”, preguntó Maloukiv en un comentario publicado en su portal electrónico.

    Maaruf uld Daa

    Fuente : Hola News, 27 nov 2020

    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc #WesternSahara

  • Sahara Occidental : La Cour de cassation marocaine fait la sourde oreille concernant les demandes des avocats du groupe de Gdeim Izik

    Comité pour la protection des civils sahraouis

    Le Bureau Exécutif du Collectif des Défenseurs Sahraouis des Droits de l’Homme; CODESA
    Laâyoune / Sahara occidental le 21 novembre 2020
    La Cour de cassation de la force d’occupation marocaine refuse d’accepter la demande des détenus politiques sahraouis condamnés dans le cadre de l’affaire de Gdeim Izik
    Le 25 Novembre 2020, la Cour de cassation a confirmé sa décision définitive concernant le refus d’accepter la demande des détenus politiques sahraouis qui ont été condamnés avec des peines très lourds dans le cadre de l’affaire de Gdeim Izik et la demande également de leurs défense, composé d’avocats sahraouis, marocains et français.
    Cette Cour de cassation a reporté le 04 Novembre 2020 la délibération sur les jugements susceptibles d’être rendus pour ce dossier jusqu’à 25 Novembre 2020, lors d’une séance de discussion à laquelle ont participé uniquement les juges de la Cour de cassation et l’avocat sahraoui « Mohamed Fadel Leili « , qui a assisté au nom de ses collègues, avocats des prisonniers politiques sahraouis.
    Avec le refus de la Cour de cassation marocaine d’accepter les demandes de cassation de ces prisonniers politiques sahraouis, cette cour et après 10 ans de détention politique a confirmée les jugements illégaux prononcés le 19 juillet 2017 par la Cour d’Appel de la chambre criminelle de Salé / Maroc contre les défenseurs des droits humains et les prisonniers politiques sahraouis, ces jugements un peu similaires à ceux qui sont prononcées contre eux devant le tribunal militaire à la date de 17 Février 2017 :

    Le nom complet des détenus

    Jugements rendus par 

    le tribunal militaire

    Jugements rendus par 

    la justice civile

    Brahim Ismaaili

     

     

     

    à perpétuité 

     

     

     

    à perpétuité

    Sidi Ahmed Lemjayed

    Abdallah Lekhfaoini

    Abdeljalil Laaroussi

    Mohamed Elbachir Boutenguza

    Sidi Abdallah B’hah

    Mohamed Bani

    Ahmed Sbaai

    Naama Asfari

     

    30 ans de prison ferme

     

    30 ans de prison ferme

    Bangua Cheikh

    Mohamed Bourial

    Hassan Dah

    30 ans de prison ferme

     

     

    25 ans de prison ferme

    Ezzaoui Elhocein

     

     

    25 ans de prison ferme

     

    Mohamed Lamin Haddi

    Mohamed M’barek Lafkair

    Mohamed Khouna Babit

    Elbachir Khadda

     

    20 ans de prison ferme

     

    20 ans de prison ferme

     

    Mohamed Tahlil

    Abdallah Toubali

    Laayoune occupé  / Sahara Occidental : 26 November 2020

    Bureau exécutif de Collectif

    des défenseurs sahraouis des droits Humains


    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc #WesternSahara
    Sahara Occidental, Polisario, Maroc, Western Sahara,
  • Blocage du processus de paix au Sahara Occidental : Le Maroc et la France pointés du doigt

    Dans une déclaration au journal français « La Marseillaise », Oubi Bouchraya Bachir, membre du Secrétariat national du Front Polisario chargé de l’Europe et de l’Union européenne, a endossé la responsabilité de la paralysie du processus de paix au Sahara occidental et l’effondrement de tous les efforts de l’ONU pour le règlement de la question sahraouie, à l’occupant marocain et son allié au sein du Conseil de sécurité, la France.

    La Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), est certes, présente sur les territoires, mais elle ne dispose d’aucune possibilité de superviser le respect des droits de l’Homme au Sahara occidental, à cause du veto de la France, entre autres, a-t-il expliqué à ce sujet.
    S’agissant des appels lancés çà et là pour une trêve et un cessez-le- feu entre les deux parties, le responsable sahraoui, estime qu’ils (appels) sont arrivés « tardivement », et n’ont d’autres objectifs que le maintien en l’état de la situation qui ne profite qu’au Maroc et accentue les souffrances des Sahraouis dans les territoires occupés, les camps, les territoires libérés et l’exil, tout en qualifiant la situation dans la région de « préoccupante ».
    Cette situation constitue, ajoute la même source, « un cumul de frustrations et de déceptions pour les Sahraouis qui a fait qu’au même moment au sein du commandement du Front Polisario il n y a « plus d’arguments pour convaincre le peuple d’avoir confiance en ce processus ».
    Revenant sur les derniers développements connus dans la région, l’intervenant a imputé l’entière responsabilité au Maroc qui a violé le cessez-le-feu en cours depuis 29 ans, suite à l’ouverture illégale d’une brèche dans le mur de la honte.
    « L’accord militaire de 1991 stipule clairement qu’aucune des deux parties ne doit changer la réalité au moment de la signature de cet accord », a souligné le responsable sahraoui.
    Pour Oubi Bouchraya Bachir, « la rupture du cessez-le-feu est le résultat logique de la position du Maroc, qui refuse le règlement politique du conflit par le référendum », non sans accabler le Conseil de sécurité de l’ONU, coupable à ses yeux, d’avoir été « complaisant » envers le Maroc. « Cela fait plus d’un an qu’il n’y a plus de médiateur pour superviser le processus politique, à cause du refus de plusieurs candidats par le Maroc. Il a eu un manque d’intérêt et de volonté pour résoudre ce conflit », a-t-il encore regretté. Et de rappeler que « le statut du territoire doit être déterminé par l’expression de la volonté du peuple du Sahara occidental ».
    De son côté, le représentant du Front Polisario en France, Mohamed Sidati a invité le gouvernement français à adopter la neutralité dans ce conflit, estimant que le rôle négatif que joue la France dans le conflit au Sahara occidental complique l’application du plan de règlement de l’ONU. « Si ce n’était le rôle négatif de la France dans le conflit du Sahara occidental, la question aurait été réglée, justement et pacifiquement, il y a belle lurette », a-t-il affirmé lors d’une réunion sur les derniers développements survenus dans la région, organisée mercredi par le Groupe d’études sur la Sahara occidental, estimant que la France a les moyens de convaincre le Maroc pour qu’il retrouve la voie de la légalité Internationale et pour respecter le droit inaliénable du peuple Sahraoui à l’autodétermination.
    « Le Maroc porte un coup dur aux efforts menés jusqu’ici par l’ONU au Sahara occidental » en violant le cessez-le-feu signé par les deux parties en 1991 sous les auspices de l’ONU, a-t-il ajouté.
    Le président du groupe, le député Jean Paul Lecoq a, pour sa part, déploré la position du gouvernement français qui, selon lui, « n’observe pas une équidistance vis-à-vis des deux parties le Maroc et le Front Polisario » avant de rappeler le statu quo des instances internationales face aux multiples agressions marocaines contre les Sahraouis.
    « Nous comprenons la colère et la frustration du peuple sahraoui assujetti, discriminé, opprimé, par l’occupant marocain », a conclu le député français.
    Abondant dans le même sens, la diplomate sahraouie, Mahfouda Rehal Bida a tenu l’Onu pour responsable de la dégradation de la situation dans la région en raison de sa passivité dans le traitement du plan de règlement. Une passivité, a-t-elle mentionné, qui a entrainé « l’effondrement du cessez-le-feu et le déclenchement d’affrontements armés le long du mur de la honte ».
    Profitant du cessez-le-feu, a-t-elle ajouté, le Maroc a imposé la politique du fait accompli pour servir ses intérêts et sa politique expansionniste au détriment des Sahraouis qui, affirme-t-elle, sont « victime de ce plan qui manquait de mesures concrètes et d’une volonté réelle attendues par l’ONU pour faire respecter les clauses de l’accord ».
    La diplomate sahraouie n’a pas omis de lancer un appel à la communauté internationale afin qu’elle sorte de sa léthargie et prenne les mesures qui s’imposent pour la tenue du référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui, tout en souhaitant également voir les prérogatives de la Minurso élargies pour lui permettre de relever les violations commises dans les territoires occupés.
    Brahim Oubellil
    #SaharaOccidental #Polisario #WesternSahara #Maroc
  • IAJUWS : Déclaration sur la rupture du cessez-le-feu au Sahara occidental

    Le plan de règlement pour le Sahara occidental a été conçu en 1988 comme un ensemble cohérent de mesures interdépendantes afin que le peuple du Sahara occidental puisse décider par référendum entre l’indépendance ou l’intégration avec le Maroc.

    Le cessez-le-feu, proclamé le 6 septembre 1991, était l’un des aspects fondamentaux du Plan, mais pas une fin en soi, mais la condition préalable à la mise en œuvre des autres mesures capitales: le déploiement d’une Mission de l’ONU dans le territoire (MINURSO); la réduction progressive et par étapes des forces marocaines stationnées au Sahara; et, surtout, l’organisation et le contrôle du référendum par l’ONU en coopération avec alors l’Organisation de l’unité africaine (OUA), à laquelle participaient les Sahraouis enregistrés. La date du vote était prévue pour la fin janvier 1992.

    Eh bien, le cessez-le-feu a été établi à la date indiquée, mais la période transitoire prévue dans le plan d’arrangement pour préparer la célébration du référendum n’a même pas commencé; ce qui a amené toute la région du Maghreb à rester ancrée dans une situation tendue et fragile de «ni guerre ni paix».

    L’ONU continue d’être le maximum responsable de la mise en œuvre du plan de règlement et de l’accomplissement de ses propres résolutions pour achever la décolonisation du Sahara occidental par la célébration du référendum. Cependant, près de trente ans après le cessez-le-feu, il est incapable de débloquer l’application du plan et de résoudre le conflit. Depuis la démission du précédent Envoyé spécial des Nations Unies pour le Sahara occidental en mai 2019, une situation sans précédent a été créée par la non-nomination d’un nouvel Envoyé personnel, laissant un écart de plus d’un an sur la voie de la paix. .

    Quarante-cinq ans se sont écoulés depuis l’invasion du Sahara occidental par le Maroc, seize d’entre eux en guerre, et vingt-neuf ans depuis le déploiement de la mission des Nations Unies (MINURSO) dans le territoire, pour assurer la célébration du référendum. Ce processus a été géré par six secrétaires généraux à la tête de l’ONU; avec la nomination de cinq Envoyés personnels et de 15 Représentants spéciaux pour la mise en œuvre du Plan de règlement pour le Sahara occidental; avec l’élaboration d’une centaine de résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et autres plus d’une centaine de rapports de différents secrétaires généraux de l’ONU. Et pendant ce temps, la situation du peuple du Sahara occidental reste la même qu’en 1975, voire pire à cause de la tragédie accumulée au cours de ces décennies.

    L’Accord militaire n ° 1, signé entre la MINURSO et le Front POLISARIO en décembre 1997 et entre la MINURSO et le Maroc en janvier 1998, a établi une bande tampon de cinq kilomètres de large au sud et à l’est du mur marocain, où l’entrée de troupes ou d’équipes des deux Parties, par voie terrestre ou aérienne, et le tir d’armes à feu dans ou au-dessus de cette zone est interdit en tout temps et constitue une violation.

    Déjà lorsqu’en mars 2001 l’armée marocaine a tenté de construire une route goudronnée à travers la bande tampon de Guerguerat en direction de la frontière entre le Sahara occidental et la Mauritanie, l’ONU a averti le Maroc que cela «impliquait des activités qui pourraient constituer des violations de l’accord de cessez-le-feu »(S / 2001/398; par. 5). L’ONU n’a alors soulevé aucune question concernant le «trafic commercial ou civil» dans la région, aspect qui n’apparaît dans les rapports du Secrétaire général qu’en avril 2017 (S / 2017/307; par. 2 et suiv.).

    L’étincelle allumée maintenant, encore une fois à cause des incidents à Guerguerat, ne doit pas ignorer la cause profonde du conflit: la paralysie, depuis près de trente ans, du référendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental.

    C’est juridiquement ce qui doit être traité.

    Par conséquent, nous exhortons la Communauté internationale et les différents États, en particulier le Royaume d’Espagne, compte tenu de son statut de puissance administrative du territoire non autonome du Sahara occidental, à reprendre immédiatement l’organisation du référendum pour l’autodétermination du Sahara occidental, avec toutes les garanties. processus démocratiques et respect des droits de l’homme de la population sahraouie.

    En outre, et afin de garantir l’intégrité physique et la dignité de la population civile, le Comité international de la Croix-Rouge doit agir, entre-temps, conformément à la quatrième Convention de Genève de 1949 relative à la protection due aux civils. en temps de guerre, et également conformément au Protocole I, de 1977; soulignant que les deux Parties au conflit, le Maroc et le Front POLISARIO, sont signataires de la Convention de Genève et de ses Protocoles additionnels.

    ASSOCIATION INTERNATIONALE DES JURISTES POUR LE SAHARA OUEST (IAJUWS). 20/11/2020

  • IAJUWS: Communication sur la rupture du cessez-le-feu au Sahara Occidental

    COMMUNICATION SUR LA RUPTURE DU CESSEZ-LE-FEU AU SAHARA OCCIDENTAL 

    Le Plan de règlement pour le Sahara Occidental a été conçu en 1990 comme un ensemble cohérent de mesures interdépendantes dont le but est d’assurer que le peuple du Sahara Occidental décide, lors d’un référendum, entre l’indépendance ou l’intégration au Maroc. 
    Le cessez-le-feu proclamé le 6 septembre 1991, tout en étant l’un des aspects fondamentaux du Plan, n’était pasun but en soi, mais la condition préalable à la mise en place d’autres mesures fondamentales : le déploiement d’une Mission de l’ONU dans le territoire (MINURSO); la réduction progressive et par étapes de la présence de forces marocaines stationnées au Sahara; et, surtout, l’organisation et le contrôle du référendum par l’ONU en coopération avec ce qui était alors l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), auquel devaient participer les Sahraouis enregistrés. La date du vote était prévue pour la fin janvier 1992. 
    Alors que le cessez-le-feu a été établi à la date prévue, la période transitoire nécessaire à la préparation du référendum, censée suivre aussitôt dans le plan de règlement, n’a jamais commencé, créant dans toute la région du Maghreb une situation tendue et fragile de «ni guerre ni paix ». 
    L’ONU continue d’être la responsable ultime de la mise en œuvre du plan de règlement et de l’accomplissement de ses propres résolutions pour achever la décolonisation du Sahara Occidental par la tenue du référendum. Cependant, près de trente ans après le cessez-le-feu, elle n’apas réussi à débloquer l’application du Plan pour résoudre le conflit. Depuis la démission du précédent Envoyé personnel du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara Occidental en mai 2019, l’absence de nomination d’un successeur a créé une situation sans précédent laissant un vide de plus d’un an dans la voie vers la paix. 
    Quarante-cinq ans se sont écoulés depuis l’invasion du Sahara Occidental par le Maroc, dont seize de guerre, et vingt-neuf ans depuis que la mission de l’ONU (MINURSO) a été déployée sur le territoire pour assurer la tenue du référendum. Ce processus a été géré par six Secrétaires Généraux à la tête de l’ONU, a exigé la désignation de cinq Envoyés personnels et de quinze Représentants spéciaux pour la mise en œuvre du Plan de règlement pour le Sahara Occidental, a donné lieu à la préparation d’une centaine de rapports du Conseil de sécurité de l’ONU et d’une centaine d’autres rapports des différents secrétaires généraux de l’ONU. Et pendant ce temps, la situation du peuple du Sahara Occidental reste la même qu’en 1975, voire pire à cause de la tragédie cumulée au cours de ces décennies. 
    L’Accord militaire n° 1, signé entre la MINURSO et le Front POLISARIO en décembre 1997 et entre la MINURSO et le Maroc en janvier 1998, a instauré une zone tampon de cinq kilomètres de large au sud et à l’est du mur marocain. Toute entrée de troupes ou d’équipes des deux Parties, par voie terrestre ou aérienne, ou tir d’armes à feu, depuis ou au-dessus la zone, sont interdits à tout moment et constituent une violation. 
    Déjà lorsqu’en mars 2001 l’armée marocaine a tenté de construire une route goudronnée à travers la zone tampon de Guerguerat vers la frontière entre le Sahara Occidental et la Mauritanie, l’ONU avertit le Maroc que «la construction envisagée posait des problèmes délicats et que certaines des activités entreprises pourraient contrevenir l’ accord de cessez-le-feu »(S / 2001/398; par. 5). L’ONU n’a alors soulevé aucune question concernant le «trafic commercial ou civil» dans la région, aspect qui n’apparaît dans les rapports du Secrétaire général qu’en avril 2017 (S / 2017/307 ; par. 2 et suiv). 
    L’étincelle allumée maintenant, toujours en raison des incidents de Guerguerat, ne doit pas nous faire oublier la cause profonde du conflit: la paralysie, depuis près de trente ans, du référendum d’autodétermination du peuple du Sahara Occidental. 
    Du point de vue juridique c’est à cela qu’il faut s’atteler maintenant. 
    Par conséquent, nous lançons un appel à la Communauté internationale et aux différents États, en particulier le Royaume d’Espagne, étant donné son statut de Puissance administrative du territoire non autonome du Sahara Occidental, à reprendre immédiatement l’organisation du référendum d’autodétermination du Sahara Occidental, avec toutes les garanties démocratiques qui s’imposent. 
    Aussi, et afin de garantir l’intégrité physique et la dignité de la population civile, le Comité international de la Croix-Rouge doit agir entre-temps en conformité avec la IVe Convention de Genève de 1949 relative à la protection due aux civils en temps de guerre, ainsi qu’avec le Protocole I, de 1977; soulignant que les deux Parties au conflit, le Maroc et le Front POLISARIO, sont signataires de la Convention de Genève et de ses Protocoles additionnels. 
    ASSOCIATION INTERNATIONALE DES JURISTES POUR LE SAHARA OCCIDENTAL (IAJUWS). 20/11/2020
    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc #WesternSahara
  • Occupation marocaine du Sahara Occidental : La RASD demande à l’UA des mesures très fermes

    La République arabe sahraouie démocratique (RASD) a appelé, de nouveau, l’Union africaine (UA) à prendre des mesures plus fermes face à la violation marocaine de l’acte constitutif de l’UA et la poursuite de son occupation militaire de parties d’un territoire appartenant au Sahara occidental, un pays africain et membre fondateur de l’organisation panafricaine. La RASD a réitéré son appel lors de sa participation à la 67e session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP), dont les travaux ont débuté, lundi, et se poursuivront jusqu’au 3 décembre prochain. 

    Dans ce cadre, le représentant de la République sahraouie et coordonnateur avec la CADHP, Widad Al-Mustapha, a présenté, mardi, une communication par laquelle il a fait part, aux membres de la CADHP et aux représentants des institutions nationales et de la société civile, des derniers développements de la cause sahraouie. Le responsable sahraoui a entamé son intervention en évoquant la nouvelle situation imposée par l’occupant marocain du fait de la violation par ce dernier de l’accord de cessez-le-feu, à travers son agression militaire, le 13 novembre courant, contre les civils sahraouis et l’ouverture de nouvelles brèches dans le mur de la honte, ce qui a mis l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) dans l’obligation d’intervenir pour protéger les citoyens sahraouis sans défense au niveau de la brèche illégale d’El-Gueguerat. 
    Tout en imputant au Maroc l’entière responsabilité des répercussions de sa violation du cessez-le-feu, M. Widad Al-Mustapha a appelé les Nations unies et l’UA à intervenir, en toute urgence, en vue de mettre fin à la colonisation de la dernière colonie en Afrique. Le représentant de la République sahraouie a par ailleurs salué le rôle historique de l’UA dans l’accompagnement et le soutien apportés à la cause sahraouie juste, revendiquant toutefois « une prise de mesures plus rigoureuses face à la transgression éhontée par le Royaume marocain de l’acte constitutif de l’organisation africaine ». Preuve à l’appui, M. Mustapha a mis en avant « le non-respect des frontières héritées au lendemain de l’indépendance, et l’occupation militaire de territoires d’un pays voisin et membre fondateur de l’UA, en l’occurrence la République sahraouie ». 
    Dans son allocution lors de cette session, le responsable sahraoui a évoqué la situation légale des territoires sahraouis, remettant en question la nature de l’existence marocaine sur des parties occupées du sol sahraoui. Une telle présence a été qualifiée d’occupation illégale, conformément aux résolutions de 1979 et 1980 de l’Assemblée générale de l’ONU, mais également l’avis de la CIJ de 1975, celui de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de 2016 et 2018, les avis juridiques onusiens de 2002 et l’avis consultatif de l’UA de 2015, a-t-il rappelé. « Le peuple sahraoui a démontré, trois décennies durant, la force de son pari sur la paix comme seule alternative, et a fait assez de concessions pour instaurer la paix équitable sous-tendant la charte onusienne, l’acte constitutif de l’UA et le droit international », a expliqué le responsable sahraoui. Et de déplorer les choix faits par le régime marocain qui a agi dans le sens contraire, « en bafouant sciemment et avec préméditation l’accord de cessez-le-feu ». 
    Par ailleurs, M. Widad Al-Mustapha a dénoncé les pratiques auxquelles se livrent certaines grandes puissances au niveau du Conseil de sécurité, pour tenter d’entraver le travail de la Minurso, citant en particulier la France qui essaie de réduire les missions de l’instance onusienne à la surveillance du cessez-le-feu. Le Front Polisario avait, à maintes reprises, mis en garde le SG de l’ONU et les membres du Conseil de sécurité ainsi que le SG de l’UA contre ces comportements. Évoquant la situation dans les territoires occupés, le responsable sahraoui a appelé une nouvelle fois la CADHP à la mise en oeuvre de la décision de l’UA qui a ordonné de dépêcher une délégation pour visiter ces territoires afin de constater et de rapporter la situation qui y prévaut. Et de s’adresser à la CADHP « au nom de la conscience humaine et de ses responsabilités en matière des droits de l’Homme, de hâter son intervention pour protéger le peuple sahraoui de la répression marocaine systématique à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme sahraouis ».
    De même qu’il a appelé, en sa qualité de plus haute instance africaine chargée de protéger et de défendre les droits de l’Homme, à intervenir pour mettre fin aux interpellations, aux procès iniques et à la torture dont sont victimes les défenseurs des droits de l’Homme sahraouis. La CADHP a été aussi exhortée d’œuvrer pour la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis détenus dans les geôles marocaines, et le règlement du dossier des disparus.
    M. B.
    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc #WesternSahara
  • Sahara Occidental : L’Armée sahraouie poursuit son offensive

    Les forces de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) ont poursuivi, hier mercredi, au 13eme jour consécutif, leurs attaques intenses le long du mur de la honte. Ils ont ciblé plusieurs sites de retranchement des forces d’occupation marocaines, a indiqué le ministère sahraoui de la Défense.

    Il est précisé que les bombardements des sites ciblés ont touché les forces d’occupation marocaines notamment dans le secteur de Haouza. Les unités de l’APLS ont ciblé à plusieurs reprises des concentrations de l’armée d’occupation marocaine dans le secteur de Haouza et ont aussi visé les positions marocaines dans le secteur d’Amgala et celui d’El Beggari. « Les vaillantes unités de l’APLS sont déterminées à poursuivre la destruction des bastions des envahisseurs le long du mur de l’humiliation et de la honte », a poursuivi le ministère de la Défense sahraoui. L’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) avait lancé des attaques intenses le long du mur de la honte, ayant ciblé plusieurs sites de retranchement des forces d’occupation marocaines, après la violation marocaine de l’accord de cessez-le-feu en ciblant les civils sahraouis sans défense qui manifestaient pacifiquement devant la brèche illégale d’El-Guerguerat. 
    Dans sa lâcheté, le Maroc a relancé sa machine de répression militaire et continue de cibler les populations sahraouies dans les territoires occupés, alliant intimidation, embargo et harcèlement, comme en témoigne l’enfant Hayat Moulay Ahmed Cidia, victime de ces pratiques exercées par les responsables de son école et du centre de police à Laâyoune occupée, indiquent des rapports sahraouis sur les droits de l’Homme.À Boujdour occupée, la répression de l’occupant marocain bat son plein et cible même les foyers des Sahraouis, en limitant leur déplacement et en interdisant à la population solidaire de leur rendre visite, dans une image très expressive des hostilités manifestent du régime marocain contre des civils désarmés sur leurs territoires occupés, rapportes des médias sahraouis. Les domiciles des activistes pour les droits des Sahraouis, pour ne citer que Fatma Mohamed El-Hafedh, Sultana Sid Ibrahim Khaya, et Hamdi Mohamed Habadi, sont à présents placés sous surveillance et encerclés depuis plusieurs jours déjà par des éléments de l’armée marocaine en tenue militaire et en civil. Une panoplie de photos et de vidéos a été relayée par les citoyens sahraouis sur les réseaux sociaux pour mettre au grand jour l’hystérie de la répression des forces d’occupation marocaines qui s’emploient à encercler les domiciles des militants et interdire tout contact avec les citoyens sahraouis solidaires. 
    À noter que de nombreux citoyens ont été interdits de rendre visite à la militante Sultana Khaya, dont les membres de la famille continuent à souffrir des blessures qu’ils ont subies suite à une attaque brutale par les forces ennemies, et interdits de se rapprocher de Fatma Mohamed El-Hafedh, traitée par la police marocaine avec provocation et humiliation. Les Sahraouis soulignent que face au bafouement des droits de l’Homme dans les territoires occupés et la politique de vengeance adoptée par l’occupation marocaine, les Sahraouis montrent encore une fois leur détermination et insistance à poursuivre la lutte armée pour recouvrer la souveraineté de la République sahraouie. Le cas de l’enfant Hayat Moulay Ahmed Cidia, ciblée par la machine d’intimidation marocaine, qui singe la répression sioniste en Palestine est un exemple on ne peut plus édifiant de l’acharnement de l’occupant marocain à se venger sur les populations sahraouies vulnérables mais qui demeurent déterminées dans leur résistance et défient quotidiennement les forces de réprésion marocaine déployées dans les principales villes occupées du Sahara occidental. 
    Les actes d’harcèlement des populations sahraouies interviennent concomitamment avec le retour à l’affrontement militaire au Sahara occidental. Tout en condamnant ces actes criminels et contraires à la loi, les organisateurs de la campagne de dénonciation de cet harcèlement de la population inspirée des méthodes d’Israël ont rappelé le Maroc aux exigences des conventions internationales pertinentes, notamment l’article 13 de la Convention relative aux droits de l’Enfant (HCDH) de 1989 et la Convention de Genève IV sur la situation des enfants lors des conflits armés.
    M. Bendib
    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc #WesternSahara
  • La prise de contrôle de Guerguerat face à la géopolitique des corridors en Afrique du Nord

    Par Dr. Lagha Chegrouche (*)

    La reprise des hostilités au Sahara occidental après la violation du cessez-le-feu de 1991 par le Maroc, à Guerguerat singulièrement, met en exergue une nouvelle géopolitique régionale de convoitise d’inspiration impériale et califale, à haut risque pour tous les peuples d’Afrique du Nord. Un risque géopolitique d’intensité élevée qui s’ajoute à celui de la déflagration de la Libye et de la diffusion du terrorisme dans le Sahel (1).
    Le passage de Guerguerat est un check-point stratégique dans le contrôle des corridors de transport d’Afrique transsaharienne (2).
    Une nouvelle configuration géopolitique générée par le nouvel ordre impérial, dont l’ultime objectif est la remise en cause des acquis de la libération politique et économique des années 60, c’est-à-dire une nouvelle tentative de mise sous tutelle des États de la région comme c’est le cas de la Libye post-Kadhafi (3).
    La prise de contrôle de Guerguerat procède de cette géopolitique de convoitise dictée par des puissances impériales d’Europe, avec un misérable habillage arabique du Golfe. Il ne manquait à cette mise en jeu géopolitique que des chameaux pour conduire une nouvelle razzia. La manœuvre géopolitique du Maroc autour de Guerguerat prolonge l’initiative d’ouverture du consulat d’Abu-Dhabi dans la ville de Laâyoune et les safaris à la gazelle sahraouie, avec une bénédiction néo-califale chérifienne.
    L’analyse des enjeux de cette «nouvelle géopolitique nord-africaine»(4) met en évidence une stratégie économique mûrement réfléchie, qui vise le contrôle global des ressources de la région nord-africaine et de ses voies d’accès, à l’instar de celle de la Caspienne (Cf. Géopolitique caspienne – Rivalité et contrôle global de l’énergie(5)) :
    • Pour les ressources nord-africaines, le potentiel prouvé et probable en matières premières comme le pétrole, le gaz, le gaz de schiste, le schiste bitumineux, les phosphates, le fer, le manganèse, le quartz cristallin, les minéraux de terres rares, le tungstène, l’uranium, le diamant, l’or est considérable. En particulier, le potentiel du Sahara occidental, les réserves de l’erg occidental d’Algérie, l’uranium dans le pays peul au Mali, en Mauritanie et au Sénégal, la richesse poissonnière des côtes atlantiques. Ces ressources naturelles suscitent convoitises et rivalités, au détriment des intérêts des peuples et pays de la région. La «rivalité est toujours autour d’un puits», disait l’adage touareg !
    • Pour les voies d’accès, les corridors nord-africains sont parmi les plus compétitifs en raison de la proximité de la façade atlantique et méditerranéenne des deux principaux marchés internationaux des biens et des services : les États-Unis et l’Europe. Une combinaison des voies terrestre et maritime offre à l’Afrique du Nord un avantage stratégique à la condition que la paix soit durablement préservée. Ce n’est pas un hasard si les États-Unis ont créé l’Africom, un commandement militaire spécifique pour cette région, avec un budget de fonctionnement de 5 milliards US $ (2019). La France renforce aussi sa présence militaire dans le cadre de son opération Barkhane, en plus de ses accords techniques militaires. 
    La Turquie néo-ottomane s’appuie sur des affinités confréristes pour pénétrer la région, militairement en Libye, au détriment d’une action unitaire nord-africaine. Les confréristes musulmans fidèles à Istanbul sont au pouvoir au Maroc, influents en Algérie et en Tunisie. Le jeu de ces deux puissances rappelle l’ancienne alliance franco-ottomane établie en 1536 entre le roi de France François 1er et le souverain turc Soliman «le Magnifique», selon Paris, «La terreur», selon Damas. Son représentant a été chassé d’Alger en 1710.
    La reprise des hostilités militaires autour de Guerguerat exige méthode et analyse critique, afin de bien comprendre cette nouvelle géopolitique de convoitise impériale et califale en Afrique du Nord. Une géopolitique motivée par une inquiétante nostalgie de tutelle néocoloniale pour la France et néo-ottomane pour la Turquie, sous-couvert de défense des «droits humains» pour la première et des «droits musulmans» pour la seconde. Chaque puissance qui s’ingère dans la région joue sa propre partition géopolitique, militaire et économique au détriment des peuples et des pays nord-africains comme en Libye : les États-Unis, la France, la Russie, la Chine, la Turquie et, en supplétifs Qatar et Abu-Dhabi. Aucun de ces pays outsiders ne cherche l’intérêt nord-africain. «L’Afrique aux Africains de Massinissa» est toujours fustigé par les Nord-Africains par « syndrome de régence ou allégeance impériale ou califale(6)».
    Le corridor terrestre atlantique «Tanger-Guerguerat-Lagos» traduit singulièrement cette nouvelle configuration néocoloniale, qui vise un contrôle global de la façade atlantique de l’Afrique du Nord et des voies d’accès à cette région riche en matières premières et disposant d’un fort pouvoir d’achat. Sans règlement juste et durable de la question sahraouie, la rivalité nord-africaine pénalise d’abord l’Algérie et uniquement ce pays dans une perspective d’exportation de ses ressources naturelles par l’Atlantique. Dans le cas de Guerguerat, le corridor terrestre atlantique est une exigence économique européenne, des opérateurs résidents et non résidents au Maroc. Le seul check-post hors contrôle était celui de Guerguerat. Le corridor maritime atlantique est plutôt plus coûteux et suppose des ports performants. Par contre, les investisseurs arabiques disposent d’une alternative de transport par camionnage utile, fluide et avec des salaires de misère.
    Le corridor terrestre atlantique permet donc la circulation des biens et services de Tanger à Lagos, via Guerguerat. D’abord vers Dakar, puis Abidjan pour arriver enfin à Lagos. Les biens et services sont fabriqués au Maroc ou en Europe.
    • Le flux atlantique «Nord-Sud» est celui des biens manufacturés des opérateurs marocains et européens destinés à l’Afrique de l’Ouest.
    • Par contre, le flux atlantique «Sud-Nord» cible les marchés des matières premières de l’Afrique de l’Ouest destinées aux marchés européens.
    Le financement de ces flux physiques étant assuré par des capitaux des pays arabes du golfe Persique. En particulier, par Abu Dhabi et Qatar, deux supplétifs des puissances impériales et califales comme à l’époque byzantine et ottomane. Le Maroc agit suivant cette stratégie économique aux apparences néocoloniales. Son adhésion comme «membre» à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) au détriment de l’Union des pays nord-africains (UMA) rend «irréversible(7)» cette stratégie. Des puissances impériales comme la France avec les capitaux des émirats d’Orient soutiennent activement cette stratégie de contrôle global des marchés de l’Afrique de l’Ouest et de ses voies d’accès.
    La participation du Maroc aux différentes institutions de la Cedeao incite même certains opérateurs européens à envisager un nouveau tracé pour le gazoduc transsaharien (appelé Nigal par NNPC et Sonatrach). Le projet Nigal(8) est un système de transport algéro-nigérian prévu initialement pour acheminer 30 milliards de m3/an, entre Warri (Nigeria) et Hassi R’mel (Algérie), puis vers l’Europe, via Medgaz ou Galsi.
    Tous les scénarios indiquent que le corridor atlantique terrestre «Tanger-Lagos» avec son projet de gazoduc «Afrique atlantique» défendu par le Maroc et la France vient en compétition avec celui de l’Unité africaine «Alger-Lagos» et le projet du transsaharien de Sonatrach. D’autres corridors de transport sont également en développement dans une perspective de relier l’Afrique des matières premières aux marchés européens via des ports nord-africains : le corridor «Le Caire-Addis-Abeba», le corridor «Tripoli-Ndjamena». Quand un tracé ne progresse pas, il y a nécessairement un foyer de tension ou de rivalité le long de son itinéraire. C’est bien le cas des corridors suivants :
    • Le corridor libyque avec son système de Green-Stream. Il cible l’Italie via la Libye et en partance de l’Afrique centrale. Son lancement d’une manière autonome a scellé l’acte d’assassinat de l’historique dirigeant libyen, pendant la funeste «tempête arabe» sponsorisée par le Qatar et sa chaîne d’agit-prop confrériste.
    • Le corridor du Nil entre Le Caire et Addis-Abeba via Khartoum, destiné à acheminer une partie du pétrole soudanais vers l’Europe. La rivalité le long de ce corridor risque de faire exploser l’Afrique de l’Est et ses barrages d’eau en Égypte et en Ethiopie. Le Tigré est déjà mis à feu et à sang !
    • Le corridor atlantique : la prise de contrôle de Guerguerat s’inscrit dans cette logique néocoloniale de pacification des routes de transport en Afrique de l’Ouest. La France semble soutenir ce corridor stratégique.
    En effet, le Maroc est fortement engagé dans cette stratégie de contrôle des ressources et des marchés de l’Afrique de l’Ouest, en optant pour «un renforcement de sa diplomatie bilatérale et régionale. Les missions économiques de ses ambassades au nombre de 29, dont 26 en Afrique de l’Ouest, sont très actives et efficaces(9)» pour mettre en valeur l’attractivité de ses produits fabriqués par des opérateurs européens ou marocains, en mettant en avant les facilités fiscales, financières, douanières.
    La géopolitique nord-africaine exige, donc, une nouvelle lecture du jeu et des enjeux au-delà de la stricte question coloniale du Sahara occidental et celle du respect du droit des peuples à l’autodétermination. Le peuple sahraoui sait se défendre et dispose de la légitimité des moyens de sa libération.
    Cependant, la nouvelle géopolitique régionale induit un jeu d’une complexité sans précédent, avec un risque de déflagration possible. Le risque géopolitique vise, au-delà de la question sahraouie, à nuire aux capacités de l’Algérie, à son autonomie, à son peuple, à son armée. C’est la seule centralité en Afrique du Nord disposant, en effet, de moyens économiques et militaires autonomes.
    Son autonomie géopolitique en devenir gêne les puissances impériales et califales. Elle rappelle celle de l’État d’Alger en 1710. La Turquie néo-ottomane garde le souvenir nostalgique âcre et revanchard de l’expulsion du pacha de la Sublime Porte d’Alger par le valeureux Sultan Ahmed Chaouche, premier souverain autonome de l’État d’Alger (Lagha Chegrouche, Géopolitique d’Algérie : Syndrome de la régence, édition Laurent Sydney 2020).
    Si le Sahara occidental passe sous contrôle global du Maroc, au mépris du droit international, cela renforcera plutôt la suspicion, puis la division, la loi du talion en Afrique du Nord et mettra la paix régionale en péril. Le Maroc, depuis deux mille ans, «n’a jamais fait partie politiquement de l’Afrique du Nord(10)», c’est-à-dire que ses «intérêts économiques et stratégiques sont plutôt tournés vers l’Afrique de l’Ouest(11)». Son adhésion à la Cedeao l’illustre. En effet, il n’y a qu’à consulter l’Histoire de la région nord-africaine depuis Jugurtha à l’État d’Alger. Si l’on relit cette Histoire jusqu’à la guerre de Libération en Algérie, avec l’épisode de l’arrestation des cinq dirigeants du FLN et la guerre des Sables, on conclut que le Maroc n’inscrit pas sa stratégie économique dans le cadre de l’unité nord-africaine. L’ambition géopolitique et économique de ce pays est toujours atlantique, qu’elle soit africaine ou occidentale. C’est un fait historique indéniable qui fonde la diplomatie économique du Maroc. La prise de contrôle de Guerguerat vient de le confirmer.
    Les motifs de l’intervention militaire du Maroc à l’époque du roi Hassan II étaient davantage liés à «la recherche d’un mythique empire médiéval à ressusciter et d’un désir califal à réaliser(12)». La Marche verte était considérée par le Maroc comme le «symbole d’un souverain à la rencontre de son peuple(13)» sur le chemin des Almoravides (1040-1147).
    La mythologie a toujours ses limites quand elle est confrontée au droit des peuples à l’autodétermination.
    La géopolitique des Almoravides (Al-Mourabitoune) évoquée masque des intérêts économiques des puissances étrangères non nord-africaines, elle devrait surtout intégrer, voire inciter à libérer la riche Andalousie ou Ceuta et Melilla.
    En conclusion, la prise de contrôle de Guerguerat est plutôt dictée par des puissances impériales et califales, agissant en union néocoloniale. Une meute de loups blancs, voire des loups gris confréristes, contre les intérêts économiques et stratégiques de la région.
    La paix régionale, l’autodétermination du peuple sahraoui et le bien-être des peuples de la région sont le dernier de leurs soucis.
    De nombreuses questions restent sans réponses dans ce jeu géopolitique en rapport avec la prise de Guerguerat :
    • Comment un territoire soumis au droit international avec une mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), créée par la Résolution 690 (1991) du Conseil de sécurité en date du 29 avril 1991, est-il envahi sans que cette instance riposte ?
    • Pourquoi l’Union africaine et sa commission de la paix gardent-elles le silence sachant que le Polisario est membre de cette organisation ?
    • De quel droit des pays arabes du golfe Persique postulent-ils pour des accréditations consulaires dans un territoire occupé ?
    • Le «Deal du siècle» ne vise-t-il pas également l’Afrique du Nord ?
    Enfin, les pays nord-africains, Etats et peules, doivent se ressaisir pour éviter de nouvelles razzias.
    L. C.
    * Chercheur en économie & stratégie, Université Paris I.
    Directeur du Centre d’études nord-africaines (Paris).
    Ses travaux de recherche portent sur l’économie et la géopolitique comparée. Il enseigne à l’Université Paris I. Il collabore, par ailleurs, avec des institutions internationales. Auteur de nombreux ouvrages et publications relatifs à l’économie et à la géopolitique. Chroniqueur sur de nombreuses chaînes de télévision internationales.
    1) Lagha Chegrouche (2010), Géopolitique transsaharienne, Revue Géopolitique n°108, Paris.
    2) Lagha Chegrouche (2010), Géopolitique transsaharienne : le jeu et l’enjeu, Revue de l’énergie N°593.
    3) Lagha Chegrouche (2020), Chroniques nordafricaines, éditions Sydney Laurent, 500 pp. Paris.
    4) Lagha Chegrouche (2014), Nouvelle géopolitique nord-africaine, in El Watan, 12 mai 2014.
    5) Lagha Chegrouche (2001), Géopolitique caspienne – Rivalité et contrôle global de l’énergie, in La Nouvelle revue Géopolitique, n°76, Paris.
    6) Lagha Chegrouche (2020), Géopolitique d’Algérie : Syndrome de la régence, éditions Sydney Laurent, 300 pp.
    7) Lagha Chegrouche, Guesmia Elhadi, Abrika Belaid (2018), In Ouvrage collectif Diplomaties plurielles, Champs et perspective, sous la direction de Mourad Attarca & Peter Terem, éditions L’Harmattan (2018).
    8) Lagha Chegrouche (2010), Géopolitique transsaharienne de l’énergie, in Revue Géopolitique n°108.
    9) Lagha Chegrouche, Guesmia Elhadi, Abrika Belaid (2019), Economic Diplomacy and Positioning of Algeria, in Al Bashaer Economic Journal (Vol.5).
    10) Lagha Chegrouche (2014), Nouvelle géopolitique nord-africaine, in El Watan, 12 mai 2014.
    11) Lagha Chegrouche, Guesmia Elhadi, Abrika Belaid (2019), Economic Diplomacy and Positioning of Algeria, in Al Bashaer Economic Journal (Vol.5)
    12) Lagha Chegrouche (2020), Géopolitique d’Algérie : Syndrome de la régence, op. cit.
    13) Lagha Chegrouche (2020), op. cit.
    SOURCE : Le Soir d’Algérie, 23 nov 2020
    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc #WesternSahara 
  • Agression marocaine contre les sahraouis : Indignation et cascade de condamnations

    L’agression militaire marocaine contre des civils sahraouis dans la zone tampon d’El-Guerguerat, continue de susciter indignation et condamnation de différents horizons entre politiques, organismes de défense des droits de l’Homme, et autres parties à travers le monde outre la diplomatie sahraouie qui s’est mise également en branle depuis le viol du cessez-le-feu par la partie marocaine pour défendre le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

    C’est dans le feu de ces évènements d’ailleurs que le représentant du Front Polisario en Russie, Ali Salem Mohammed Fadel, a animé une conférence, tenue à l’Université des relations internationales affiliée au ministère russe des Affaires étrangères, où il est revenu sur la « lutte quotidienne » du peuple sahraoui réuni autour de son seul, unique et légitime représentant ; le Front Polisario, contre l’occupation marocaine.
    La lutte : l’unique chemin menant à la liberté
    Dans une allocution axée essentiellement sur la manipulation et la négligence de l’occupant marocain des résolutions des Nations unies et du Conseil de sécurité, M. Ali Salem Mohammed Fadel a réitéré, à l’occasion, le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et à l’indépendance.
    Lors de cette conférence, tenue en visioconférence et placée sous le titre : « Le Sahara occidental: les origines du conflit armé et les moyens de le résoudre », le diplomate sahraoui a assuré que la lutte contre le colonialisme est une conviction au sein du peuple sahraoui et constitue, aux yeux des Sahraouis, la seule voie à même de permettre d’accéder à la liberté. L’intervenant n’a pas omis pour la circonstance de tirer des flèches contre la France qui ne cesse de mettre les bâtons dans les roues du Conseil de sécurité, et qui joue un rôle négatif au sein du Conseil de sécurité. Un rôle qui fait obstacle à « toute résolution » et « qui sert la politique expansionniste du Maroc, entravant le processus de règlement du conflit ».
    La conférence a suscité une large interaction des participants qui avaient abordé les derniers développements au Sahara occidental occupé et les capacités du peuple sahraoui à lutter, les États qui soutiennent cette lutte et la position de la Russie. C’était également une occasion pour les participants pour exprimer leur soutien au peuple sahraoui dans sa lutte pour son droit à la liberté et à l’indépendance et leur volonté de sensibiliser à la question sahraouie en leurs cercles, notamment sur les réseaux sociaux.
    Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères sahraoui, Mohamed Salem Ould Salek a été reçu lundi à Nouakchott par son homologue mauritanien, Ismaïl Ould Echeïkh , a rapporté l’Agence de presse mauritanienne (AMI). Les discussions entre les deux parties avaient tourné, au cours de cet entretien, autour des questions d’intérêt commun et les derniers développements à El-Guerguerat (sud-ouest du Sahara occidental). Outre les deux ministres cités en haut, étaient également présents à cet entretien, le secrétaire général de la Présidence sahraouie, Ibrahim Mohamed Mahmoud et le directeur général de la direction de coopération au ministère des Affaires étrangères mauritanien, de la Coopération et la Diaspora, Mohamed El-Hanchi. Avant sa rencontre avec le chef de la diplomatie mauritanienne, le ministre sahraoui a été reçu par le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, à qui il a remis un message du président sahraoui, Brahim Ghali, portant sur les derniers développements de la situation au Sahara occidental et sur les relations bilatérales.
    « La République arabe sahraouie démocratique (RASD) qui estime que la stabilité et la sécurité dans la région sont liées au respect des frontières, de la justice et des droits, œuvrera dans ce sens en tant que membre de l’Union africaine et sur la base de relations fondées sur le respect mutuel et les intérêts communs », a souligné le diplomate sahraoui lors de cette entrevue.
    L’Onu et l’Espagne appelés à assumer leur rôle
    De leurs côtés, des Associations internationales, qui prennent à bras le corps, la défense de la cause sahraouie, des partis et des personnalités politiques et autres organismes de la défense des droits de l’homme ont demandé à l’ONU d’agir rapidement en vue d’un règlement du conflit du Sahara occidental, conformément à la légalité internationale.
    Ils ont tous imputé la dégradation de la situation dans la zone d’El-Guerguerat, aux atermoiements de l’ONU dans la mise en œuvre du plan de paix dans la région, notamment sur l’organisation d’un référendum d’autodétermination, seule solution pour un règlement juste et équitable de la question sahraouie.
    C’est dans ce sens que l’Association internationale des juristes pour le Sahara occidental (IAJUWS) a appelé la communauté internationale et les différents États, en particulier le Royaume d’Espagne, en tant que puissance administrative du territoire non autonome du Sahara occidental, à relancer immédiatement l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental. Pour cette association, la situation actuelle prévalant à El Guerguerat est le résultat de « la paralysie » du processus de paix, alors que la fin des hostilités a été signée il y a 29 ans déjà. Dans son communiqué l’IAJUWS a rappelé que le cessez-le-feu proclamé le 6 septembre 1991, « n’était pas un but en soi, mais la condition préalable à la mise en place d’autres mesures fondamentales ».
    Il s’agit plutôt, mentionne le texte, du déploiement d’une Mission de l’ONU dans le territoire (MINURSO), la réduction progressive, et par étapes, de la présence de forces marocaines stationnées au Sahara occidental, et, surtout, l’organisation du référendum par l’ONU en coordination avec l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), remplacée par la suite par l’Union africaine (UA), auquel devaient participer les Sahraouis enregistrés.
    La date du vote était prévue pour la fin janvier 1992, a tenu à rappeler la même source.
    Brahim Oubellil
    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc #WesternSahara 
  • La meilleure option est un Sahara Occidental libre

    L’Espagne a foiré avec le Maroc ces quarante dernières années. Il a abdiqué ses responsabilités et s’est enfui indignement du Sahara occidental. Non seulement il a laissé les sahraouis bloqués, mais même les fonctionnaires d’origine espagnole qui travaillaient dans l’administration locale. C’était un désastre indigne et honteux avec lequel, curieusement, un général africaniste a mis fin à sa dictature impitoyable. Dans les cinq années suivantes, il a été décidé de ne pas défendre les droits des Sahraouis en tant que puissance administrante qui était encore l’Espagne, mais de soutenir le développement économique du Maroc et de renforcer les liens avec une monarchie qui se fantasmait comme réformiste. Depuis les années 80, la diplomatie espagnole a articulé son option stratégique avec le Maroc sur la théorie du coussin des intérêts: la coopération en matière économique et commerciale développerait un tissu capable d’atténuer, sinon d’annihiler, toute suspicion ou méfiance marocaine. Bien que la doctrine du matelas d’intérêt ait muté pour s’adapter aux changements des dernières décennies, faisant parfois des filigranes conceptuels amusants, la vérité est que celui qui a profité du matelas pour sauter est le Maroc alors que l’Espagne somnole sur l’oreiller.

    En général, lorsqu’un partenaire commercial singulièrement bien traité se consacre à s’armer jusqu’aux dents, une réflexion semble appropriée. Parce que la seule puissance militaire qui mérite à peine ce nom dans les environs du Maroc est l’Espagne. Et ces deux dernières années, Rabat a dépensé plus de 10 milliards d’euros en armes et équipements technologiques militaires acquis aux États-Unis. Plus d’argent – rappelle Jesús Pérez Triana, dont son admirable blog Postmodern Wars devrait être consulté régulièrement – que celui qu’a investi l’Arabie saoudite: 36 hélicoptères Apache, 200 chars de combat M1A1 Abrans, 25 chasseurs-bombardiers F-16 et des mises à jour de plusieurs dizaines avions… C’est aussi un bon client pour l’industrie militaire française, comme en témoignent la frégate multi-missions Mohamed VI ou l’amélioration substantielle de son système de défense aérienne à courte portée. Dans cet ambitieux programme de modernisation et d’expansion de ses forces aériennes, le Maroc dépense trois fois plus que l’Espagne en défense par rapport au PIB.
    Le chouchoutage commercial compatible avec le développement d’une armée puissante – il y a dix ans le Maroc n’avait à peine qu’une frégate, maintenant il en a cinq – n’a pas arrêté les revendications territoriales de Rabat pendant cinq minutes, y compris le tellure sous-marin et les mines de cobalt qui sont l’expansion de sa frontière maritime. Ou l’utilisation flagrante de la migration – la leur et les autres – ouvrant et fermant le robinet quand cela leur convient, comme le fait actuellement le gouvernement marocain. La chose curieuse est que parmi les commandants militaires espagnols, tels que Jesús Argunosa, l’idée qu’un État sahraoui indépendant et démocratique améliorerait la sécurité de l’environnement géostratégique de l’Afrique du Nord et pourrait agir comme un contrepoids à la soif d’hégémonie du Maroc s’est concrétisée. . Œuvrer pour un changement prudent du paradigme politique et diplomatique, parier évidemment sur la paix, mais activer les engagements de la Minurso de tenir un référendum sur l’autodétermination au Sahara ne signifie pas seulement mettre un terme aux crimes, abus et méfaits pratiqués par le Maroc depuis 1976 , avec sa traînée de morts, de sang et de destruction. C’est aussi la meilleure option stratégique pour l’Espagne et également, bien que difficile à comprendre, pour les Marocains.
    eldia.es, 24 novembre 2020
    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc #WesternSahara