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  • Le Mali rompt les accords SOFA avec la France et l’UE

    Le Mali rompt les accords SOFA avec la France et l’UE – Sahel, Union Européenne, Barkhane, Takuba,

    Le Mali a annoncé, lundi soir, dénoncer les accords de défense avec la France et ses partenaires européens, fustigeant les « atteintes flagrantes » de la part des forces françaises présentes dans le pays à la souveraineté nationale et de « multiples violations » de l’espace aérien malien.

    Les autorités maliennes rompent les Accords de statut des forces (Status of Force Agreements, ou Sofa) fixant le cadre juridique de la présence au Mali des forces françaises Barkhane et européenne Takuba, ainsi que le traité de coopération en matière de défense conclu en 2014 entre le Mali et la France, a déclaré le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, sur la télévision nationale.

    « Depuis un certain temps, le gouvernement de la République du Mali constate avec regret une détérioration profonde de la coopération militaire avec la France », a-t-il expliqué.

    Il a notamment cité « l’attitude unilatérale » de la France lors de la suspension, en juin 2021, des opérations conjointes entre les forces françaises et maliennes, l’annonce en février 2022, « encore sans aucune consultation de la partie malienne », du retrait des forces Barkhane et Takuba, et les « multiplies violations » de l’espace aérien malien par les appareils français malgré l’instauration par les autorités d’une zone d’interdiction aérienne au-dessus d’une vaste partie du territoire.

    #France #Mali #Barkhane #Takuba #Sahel #SOFA



  • Quand la France cautionne un coup d’État au Tchad

    Quand la France cautionne un coup d’État au Tchad – Idriss Déby, Mahamat Déby, Barkhane, Sahel, Serval, Mali,

    La France suit de près les pourparlers entre le gouvernement tchadien et les factions armées. En effet, le Tchad est un pays majeur dans le dispositif militaire français en Afrique, tant pour sa collaboration à l’opération Barkhane, la campagne militaire française contre les groupes islamistes dans la région du Sahel, que pour sa position stratégique par rapport à des voisins comme la République centrafricaine, le Soudan ou la Libye, des pays qui connaissent des crises profondes.

    La France a un long passé au Tchad. Elle a soutenu le coup d’État d’Hissène Habré en 1981 contre Goukouni Oueddei, jugé trop proche aux yeux des Occidentaux du leader libyen Mouammar Kadhafi. Habré installera une dictature responsable de dizaines de milliers de morts et sera condamné par un tribunal international pour crimes contre l’humanité. Cela n’empêchera nullement l’armée française de soutenir son régime, notamment contre les troupes libyennes lors de l’opération Manta en 1983. Habré est chassé du pouvoir comme il y était parvenu, par un coup d’État soutenu par la France. L’instigateur en est son chef d’état-major Idriss Déby. Ce dernier est resté aux affaires pendant 32 ans et s’est révélé être un soutien sans faille de l’armée française.

    Une pièce maîtresse

    Si le Tchad est un exportateur de pétrole, c’est pour une autre raison que la France s’intéresse de si près à ce pays. En effet, il est devenu au fil du temps l’une des pièces maîtresses de l’armée française. Rappelons que le poste de commandement de l’opération Barkhane est basé à N’Djamena, la capitale tchadienne. Idriss Déby a eu des ennuis pour sa gestion de la manne pétrolière. Il a été accusé, à juste titre, de dilapider l’argent dans la corruption et de maintenir une armée coûteuse alors que le Tchad est proche du bas de l’indice de développement humain (IDH) (187e sur 189 pays). Mais Déby a réussi à faire de la politique sécuritaire une rente. Ainsi, lors de l’opération Serval au Mali contre les troupes djihadistes, ce sont les combattants tchadiens qui étaient en première ligne et ont payé un lourd tribut en vies humaines.

    Malgré les innombrables exactions de Déby contre ses opposants, les autorités françaises lui ont sauvé la mise à plusieurs reprises. C’est au cours d’un de ces affrontements que Déby en a profité pour liquider son principal adversaire, le mathématicien Ibni Oumar Mahamat Saleh, qui avait toujours refusé de cautionner la violence politique.

    Dictateur de père en fils

    Idriss Déby est tué en 2021, alors qu’il dirige une énième opération contre les rebelles armés. Constitutionnellement, le président de l’Assemblée nationale aurait dû assurer l’intérim. Mais pour le clan Déby, il était hors de question de laisser le pouvoir, même pour quelques semaines, à une personne extérieure à la famille. Un Conseil militaire de transition a donc installé le fils du dictateur défunt, Mahamat Idriss Déby, au pouvoir. Ce dernier dissout le Parlement, abroge la Constitution et réprime dans le sang les manifestations de protestation. En bref, il a organisé un coup d’État classique.

    Macron a avalisé ce putsch pour maintenir le statu quo nécessaire à l’intervention militaire au Sahel. Cette décision française est importante pour la respectabilité de la junte. Cette dernière n’a pas été suspendue de l’Union africaine, ni de la CEEAC, l’organisme régional d’Afrique centrale, ni condamnée par l’Union européenne et les États-Unis, contrairement aux juntes du Mali et de la Guinée.

    Des tractations pour cacher la dictature

    Pour faire bonne mesure, les autorités tchadiennes se sont lancées dans une grande consultation « inclusive » qui devrait avoir lieu le 10 mai. Elle est précédée d’un pré-dialogue avec les factions armées du pays, qui se déroule au Qatar, et de discussions avec l’opposition civile.

    Les discussions avec les groupes armés sont très discrètes. Les propositions gouvernementales qui ont fuité n’ont rien de nouveau : DDR (désarmement, démobilisation et réintégration) des combattants en échange d’une cessation des hostilités et d’une immunité. En fait, comme par le passé, les questions de la participation au gouvernement des chefs rebelles, avec les rentes financières qui vont avec, sont âprement négociées. Les discussions avec l’opposition civile sont au point mort. Wakit Tama, la principale coordination des partis politiques, des syndicats et des ONG, a quitté la table des négociations suite à « une analyse globale de la situation qui met en évidence une incapacité totale de la junte et de son gouvernement à prendre à bras le corps les problèmes du Tchad. »

    Une fois de plus, c’est le peuple tchadien qui fera les frais de la realpolitik imposée par les considérations militaires de la France.

    Paul Martial

    International viewpoint, 02/05/2022

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    #Tchad #France #Barkhane #Serval #Mali #Idriss_Déby #MahamatIdrissDéby

  • La solution ibérique pourrait offrir plus de gaz à l’Europe

    La solution ibérique pourrait offrir plus de gaz à l’Europe

    La solution ibérique pourrait offrir plus de gaz à l’Europe – Espagne, Algérie, Libye, UE, Maroc, Sahel, Russie

    Francis Ghiles (Vía Fair Observer*) – La crise ukraino-russe a mis à nu la dangereuse dépendance de l’Europe vis-à-vis de l’énergie russe. Mais elle a également ouvert de nouvelles opportunités pour l’exportation du gaz libyen et algérien.

    Jamais la question de savoir d’où viennent les approvisionnements étrangers en gaz de l’Europe et s’il existe des alternatives à la dépendance du continent vis-à-vis de la Russie n’a été autant débattue que ces dernières semaines. Un sujet habituellement réservé aux spécialistes est devenu l’objet de discussions sans fin. Existe-t-il d’autres sources d’approvisionnement en gaz pour l’Union européenne ?

    La réponse immédiate est qu’il y en a très peu aujourd’hui en dehors de la Russie même, d’où la forte hausse des prix du gaz constatée ces derniers temps. À moyen terme, cependant, la Libye et l’Algérie ont amplement la possibilité d’augmenter leurs approvisionnements vers l’UE.

    Approvisionnements de Libye et d’Algérie

    La Libye possède des réserves de gaz prouvées de 1 500 milliards de mètres cubes (bcm). Sa production est d’un modeste 16 mmc. L’Algérie possède 4 500 milliards de mètres cubes de réserves prouvées et 20 à 25 billions de mètres cubes (tcm) de réserves de gaz non conventionnel, les troisièmes au monde après les États-Unis et la Chine (et l’Argentine dont les réserves prouvées sont liées à l’Algérie). La quantité de gaz que cela pourrait produire est une énigme, mais nous parlons d’un chiffre de l’ordre de dizaines de bcm.

    L’Algérie produit aujourd’hui 90 milliards de m3, dont 50 milliards de m3 ont été exportés. Une autre caractéristique de l’Algérie est l’énorme capacité de stockage – 60 milliards de m3 – du champ gazier de Hassi R’Mel, son plus ancien et le plus grand par rapport à la capacité de stockage de l’UE de 115 milliards de m3.

    Pierre Terzian, le fondateur du groupe de réflexion énergétique français Petrostrategies, rappelle que quatre gazoducs sous-marins relient ces deux producteurs directement au continent européen : le premier relie les champs gaziers libyens à l’Italie ; les seconds champs gaziers algériens vers l’Italie via la Tunisie ; le troisième champ gazier algérien au sud de l’Espagne ; et le quatrième les mêmes gisements de gaz vers le sud de l’Espagne via le Maroc.

    Cette dernière est fermée depuis le 1er novembre 2021, en raison de la détérioration des relations entre l’Algérie et le Maroc, mais cela n’a pas affecté l’approvisionnement en gaz de la péninsule ibérique. L’Algérie dispose également de deux terminaux majeurs de gaz naturel liquéfié (GNL), ce qui ajoute de la flexibilité à sa politique d’exportation. Ses exportations vers la France et le Royaume-Uni se font en méthaniers.

    La première cause de la crise actuelle est structurelle puisque, selon Terzian, la production intérieure de gaz de l’UE a diminué de 23 % au cours des 10 dernières années et ne couvre plus que 42 % de la consommation, contre 53 % en 2010. Cette baisse est la conséquence, notamment, de la fermeture du champ gazier géant de Groningen, qui est bien engagée et qui s’achèvera d’ici 2030.

    L’Europe a beaucoup fait pour étendre le réseau de transport de gaz entre les pays de l’UE, mais certaines grandes péninsules gazières subsistent. En 2018, il a été suggéré que les connexions entre la péninsule ibérique et le reste de l’Europe devaient être développées. L’Espagne dispose d’un tiers de la capacité d’importation de GNL en Europe, dont une grande partie est inutilisée, et est reliée à l’Algérie par deux grands pipelines qui pourraient être prolongés.

    Comme Alan Riley et moi-même l’avions noté il y a quatre ans, « le principal obstacle à l’ouverture des voies d’approvisionnement du marché ibérique de l’énergie vers le reste de l’UE est la route restreinte au-dessus de la frontière franco-espagnole. Une seule conduite de gaz de 7 milliards de mètres cubes est disponible pour acheminer le gaz vers le nord… Le principal facteur de blocage a été le pouvoir politique d’Électricité de France, qui cherche à protéger les intérêts de l’industrie nucléaire française. Une solution ibérique, avons-nous ajouté, non seulement « bénéficierait à la France et à l’Espagne, mais aussi à l’Algérie, en créant des incitations supplémentaires à explorer de nouveaux gisements de gaz et peut-être à lancer une révolution nationale des énergies renouvelables », ce qui encouragerait un passage de la consommation du gaz au solaire. en Algérie.

    Allemagne, Pays-Bas et Italie

    L’Allemagne, pour sa part, n’a jamais mis son argent à sa bouche à l’égard de l’Algérie. En 1978, Ruhrgas (désormais absorbée par E.ON) a signé un important contrat de fourniture de GNL à l’Allemagne. L’Allemagne n’a jamais construit le terminal GNL nécessaire pour faire démarrer ce contrat. Jusqu’à présent, c’est le seul grand pays européen à ne pas avoir de terminaux d’importation de GNL, même s’il peut s’appuyer sur les installations existantes aux Pays-Bas et en Belgique.

    En 1978, les Pays-Bas se sont également engagés à acheter du gaz algérien. L’Algérie a abandonné le contrat au début des années 1980 en raison du refus de l’Allemagne d’aller de l’avant. Plus tard dans les années 1980, Ruhrgas a de nouveau exprimé son intérêt à acheter du gaz algérien, mais le prix proposé était trop bas et parce que Ruhrgas voulait ancrer le gaz via la France, qui insistait sur des frais de transit très élevés. En se débarrassant du gaz algérien, l’Allemagne s’est liée à la bonne volonté russe.

    L’Italie, comme l’Allemagne, gros importateur de gaz russe, s’est positionnée beaucoup plus adroitement. En décembre 2021, Sonatrach, le monopole d’État algérien du pétrole et du gaz, a augmenté la quantité de gaz pompé par le gazoduc TransMed, qui relie l’Algérie à l’Italie via la Tunisie et le détroit de Sicile à la demande de ses clients italiens. Cela faisait suite à une visite d’État très réussie du président italien Sergio Mattarella en Algérie début novembre. Le 27 février, Sonatrach a confirmé qu’elle pourrait pomper du gaz supplémentaire vers l’Europe, mais sous réserve du respect des engagements contractuels actuels.

    Les relations entre l’énergéticien italien ENI et Sonatrach sont historiquement étroites en raison du rôle important joué par le fondateur de l’entreprise italienne, Enrico Mattei, en tant que conseiller du gouvernement provisoire de la République algérienne dans ses négociations avec la France, qui ont abouti à l’indépendance de l’Algérie. en juillet 1962.

    La poursuite de politiques énergétiques très libérales depuis le début du siècle par la Commission européenne a bouleversé les politiques de contrats d’achat de gaz et de GNL à long terme, qui étaient jusqu’alors la norme dans les échanges internationaux de gaz. Pourtant, la sécurité de l’approvisionnement ne repose pas sur un tel libéralisme dévoyé. De nouvelles réserves de gaz ne peuvent être trouvées, et encore moins des gisements de gaz mis en production si les producteurs et les clients européens sont, comme le souligne Terzian, « à la merci de prix déterminés par des plateformes d’échange qui ont une liquidité douteuse (et peuvent être influencées par des acteurs majeurs). ” C’est une attitude, ajoute-t-il, « qui frise l’irresponsabilité ».

    La politique énergétique allemande a puissamment contribué à la crise actuelle. Il a allègrement poursuivi la fermeture des centrales nucléaires du pays, augmenté sa dépendance au charbon dans le secteur de l’électricité et avec cela une augmentation conséquente des émissions de carbone.

    Dialogue sérieux

    En considérant le gaz caspien comme une alternative au gaz russe, j’ajouterais un autre pays, la Turquie, qui a une politique très agressive et indépendante en tant que transit clé pour le gaz. Cependant, peu d’observateurs soutiendraient qu’une telle solution augmenterait la sécurité de l’Europe.

    S’engager dans un dialogue stratégique sérieux à long terme avec l’Algérie donnerait un effet de levier à l’Espagne et à l’UE. Cela pourrait aider à construire de meilleures relations entre l’Algérie, le Maroc et aussi la zone troublée du Sahel. Lorsque vous essayez de comprendre la politique de différentes nations, suivre l’argent offre souvent un bon guide. On pourrait aussi suivre le gaz.

    *[Cet article a été initialement publié par Arab Digest, une organisation partenaire de Fair Observer.]

    The Corner, 02/05/2022

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    #Espagne #Russie #Gaz #Algérie #Libye #UE #Maroc #Sahel

  • L’autre enjeu de la guerre: le Sud

    L’autre enjeu de la guerre: le Sud – Russie, Ukraine, OTAN, Occident, Syrie, Libye, Afghanistan, Palestine, Sahel, crimes de guerre, massacres,

    Des “intellectuels” du sud (arabes et africains de diverses et multiples nationalités, obédiences tribales ou confessionnelles…) ont été invités à manifester leur soutien au camp occidental qui arme les soldats ukrainiens et autres mercenaires venus d’un peu partout des casernes occidentales.

    On les fait larmoyer sur le sort assurément terrible des populations qui subissent ce conflit qui aurait pu être évité mais que les atlantistes ont tout fait pour qu’il soit déclenché.

    Les massacres, les carnages très récents en Afghanistan, en Irak, en Palestine, en Syrie, en Somalie, au Soudan, au Sahel… des œuvres américaines et européennes (sans remonter aux siècles passés), les victimes des désordres écologiques et de l’échange inégal, dont le nombre s’accroît tous les jours sont oubliés ou subrepticement glissés dans de vagues généralités tragiques.

    Pas un mot sur ce monde désordonné, outragé, dévasté, sinon pour consolider les aiguillons émotionnels entièrement formatés par une campagne totalitaire qui dégouline de sentiments (technique manipulatoire facile) et qui prive les citoyens de l’information exacte, de l’analyse distanciée et de l’articulation rigoureuse des causalités, sans parti pris.

    Pourquoi les fait-on pétitionner à la queue leu leu ? Parce que, dans ce conflit, le « reste du monde » est un enjeu. Parce que loin d’être isolée la Russie n’est pas condamnée par la majorité de l’humanité.

    Il faut donc battre militairement la Russie en Ukraine et aussi l’endiguer via la guerre médiatique que l’Occident a entreprise dans les pays belligérants et dans tout le reste de la planète.

    Nos pays sont pauvres, mais ils comptent politiquement et demain économiquement. Et l’Occident et ses supplétifs se rétrécissent.

    Pourtant, les commanditaires de cette pétition se trompent. Les signataires de ce mot sont aphones, inaudibles et inexistants dans leurs pays d’origine. Et d’abord parce qu’ils en méconnaissent la réalité de leur condition.

    Pourquoi ces « intellectuels-là » ont-ils acceptés la charité de leurs noms ?

    Parce que beaucoup d’entre eux sont en équilibre instable, hébergés dans les pays occidentaux où beaucoup d’entre eux occupent des strapontins et vivent de chutes de table.

    Cependant, tous ne portent pas le même uniforme. De plus, il y a la signature et il y a l’intention…

    J’avoue ne pas comprendre ce que fait Leila Shahid dans cette galère. Aucune reconnaissance, pétition, aucune émouvante compassion -et il y en a eu depuis 1948- n’apportera le moindre soulagement au terrible sort de son peuple. Ceux qui aujourd’hui arment l’Ukraine (qui sera en fin de compte la principale victime de cette guerre) sont les mêmes qui étranglent la Palestine.

    Concéder vaguement ne pas l’ignorer ne change rien à l’affaire.

    A tous ceux-là il conviendrait d’envoyer cet entretien qu’un ami a eu l’amitié de me transmettre.

    Jacques Baud : Jacques Baud, sur le conflit Ukrainien : “En quoi ce conflit est plus sanctionnable qu’un autre ?”

    Malheureusement, la plupart d’entre eux sont des cyniques qui connaissent parfaitement les termes de ce débat, les causes de cette guerre et les rouages qui l’ont conçue et menée et qui, pour l’essentiel portent la responsabilité des abominations qu’ils dénoncent.

    Aussi légitime que pourraient le penser les Russes qui ont pris l’initiative de ce mode barbare de résolution de conflits, ne pourront pas -en les imputant aux autorités ukrainiennes- se sortir indemnes des conséquences humaines et morales de leur guerre.

    Djeha, D.

    Bel Abbès Info, 24 avril 2022

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    #Ukraine #Russie #OTAN #Occident #Crimes_de_guerre #Colonisation #Afghanistan #Syrie #Libye #Somalie

  • Turchetto: l’opération n’est pas une solution à la crise libyenne

    Turchetto: l’opération n’est pas une solution à la crise libyenne -IRINI, Stefano Turchetto, Emanuela Del Re, Sahel, UE, Méditerranée,

    L’opération IRINI fait partie d’une approche européenne intégrée qui comprend des efforts politiques, militaires, économiques et humanitaires pour stabiliser la Libye, mais n’est pas la solution à la crise du pays, a déclaré jeudi le commandant de l’opération, le contre-amiral Stefano Turchetto.

    Turchetto a fait ces remarques lors d’un webinaire organisé par l’opération IRINI intitulé « Lutte contre les trafics illicites en Méditerranée centrale, au Sahel et dans le golfe de Guinée », selon l’agence de presse italienne Nova. Le webinaire a réuni la représentante spéciale de l’UE pour le Sahel Emanuela Del Re et Charles Fries, secrétaire général adjoint pour la politique de sécurité et de défense commune et la réponse aux crises du Service européen pour l’action éternelle (AEE), entre autres responsables.

    Mais alors que Turchetto a souligné que l’opération IRINI n’est pas le salut pour la Libye, il l’a décrite comme « un outil important pour établir les conditions de la diplomatie afin de permettre une solution permanente pour la stabilité en Libye ».

    « Bien que l’embargo sur les armes soit notre tâche première, les autres tâches ne sont pas moins importantes sur la scène internationale et pour leurs effets sur la sécurité maritime de la Méditerranée centrale, sur la sécurité de la Libye, mais je dirais aussi sur la stabilité de la Sahel », a-t-il déclaré.

    The Libya update, 29/04/2022

    #Libye #Sahel #UE #IRINA #Méditerranée

  • France 24 et RFI disent que le Mali les a bannis pour de bon

    France 24 et RFI disent que le Mali les a bannis pour de bon – France Médias Monde, Russie, Wagner, Sahel, Barkhane,

    La junte au pouvoir au Mali a définitivement interdit les diffuseurs français RFI et France 24 après avoir allégué que l’armée de la nation sahélienne avait commis des abus, ont annoncé mercredi les chaînes de radio et de télévision.

    France Médias Monde, la société mère publique de RFI et de France 24, a indiqué avoir reçu dans la journée une notification de l’autorité malienne de communication.

    « France Médias Monde conteste fermement la décision définitive de suspension », ont indiqué les deux diffuseurs, a indiqué la société dans un communiqué.

    Il a qualifié cette décision de « non fondée et arbitraire », ajoutant qu’il utiliserait tous les recours possibles pour faire annuler la décision.

    Le gouvernement français avait qualifié la suspension temporaire initiale des chaînes de médias françaises par le Mali le 17 mars de grave atteinte à la liberté de la presse.

    RFI (Radio France International) et France 24 couvrent largement l’actualité africaine et ont une forte audience dans l’ancienne colonie française.

    L’interdiction de diffusion intervient après que les relations diplomatiques entre le Mali et son ancienne puissance coloniale, la France, ont plongé à leur plus bas niveau depuis des années au milieu de différends sur la démocratie et de la présence présumée de paramilitaires liés à la Russie dans le pays.

    Le Mali a expulsé l’ambassadeur de France en janvier.

    La junte, qui a pris le pouvoir en août 2020, a déclaré qu’il y avait eu de « fausses accusations » dans un rapport à la mi-mars dans lequel RFI diffusait les commentaires de victimes présumées d’abus par l’armée et le groupe de sécurité privé russe Wagner.

    La junte malienne a également accusé Human Rights Watch (HRW) et Michelle Bachelet, la chef des droits de l’homme de l’ONU, d’avoir fait de fausses allégations contre le gouvernement.

    Pays pauvre de 21 millions d’habitants, le Mali a été ravagé au cours de la dernière décennie par la violence islamiste.

    Des milliers de soldats et de civils ont été tués et des centaines de milliers de personnes forcées de fuir leur foyer.

    De plus, l’armée sous-équipée a souvent été accusée d’avoir commis des abus pendant le conflit brutal. Le gouvernement intérimaire dirigé par l’armée rejette régulièrement de telles accusations.

    L’amitié croissante de la junte avec la Russie a aggravé les frictions avec la France, un allié traditionnel.

    Paris a annoncé le mois dernier le retrait imminent de milliers de soldats déployés au Mali dans le cadre de la mission anti-jihadiste française au Sahel.

    Big news network, 29/04/2022

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    #Mali #France24 #RFI #Sahel #Barkhane #Russie #Wagner

  • OMS: Plus de $8 millions pour l’action humanitaire au Sahel

    OMS: Plus de $8 millions pour l’action humanitaire au Sahel – urgences, santé, conflits armés, insécurité, insécurité alimentaire, déplacements de populations,

    Brazzaville – L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a débloqué 8,3 millions de dollar américain de son fonds de réserve pour les urgences pour venir en aide à 10,6 millions de personnes qui ont besoin de services de santé d’urgence dans la région du Sahel.

    Les organismes d’aide humanitaire et les gouvernements estiment que 33,2 millions de personnes sont confrontées aux effets dévastateurs des conflits armés, de l’insécurité, de l’insécurité alimentaire et des déplacements de populations dans le Sahel.

    Les fonds permettront de fournir des services de santé essentiels à la fois aux populations vivant dans des camps et sites de déplacés ainsi qu’aux personnes touchées par des épidémies dans six pays de la Région. Au Burkina Faso, près de 500 000 personnes ont été déplacées par les conflits armés en 2021. Au Mali, 25 % des services de santé connaissent toujours des perturbations liées aux répercussions néfastes de la COVID-19. Le Cameroun est aux prises avec une épidémie de choléra, tandis que le Tchad est confronté à une épidémie de fièvre jaune.

    L’OMS s’emploiera à améliorer le traitement de la malnutrition au Burkina Faso, à renforcer le diagnostic du choléra au Cameroun, à fournir des services essentiels à 100 000 personnes au Tchad, à déployer des psychologues dans les 10 régions du Mali, à équiper et à former quatre équipes de riposte aux épidémies au Niger, et à rétablir les services dans deux hôpitaux au nord-est du Nigéria, qui accueillent quelque 300 000 personnes.

    « Les conflits armés et les conséquences de plus en plus graves du changement climatique font subir de terribles souffrances à des millions d’enfants, de femmes, de familles et même à des communautés entières dans la région du Sahel. Nous sommes déterminés à fournir une importante assistance sanitaire aux populations touchées et à œuvrer pour atténuer les profondes privations qu’elles subissent », a indiqué le Dr Abdou Salam Gueye, Directeur pour les urgences sanitaires au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.

    Les indicateurs de santé dans le Sahel sont parmi les plus faibles au monde. En effet, cette région affiche des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde, avec 856 décès pour 100 000 naissances vivantes. Une situation que l’on peut expliquer par un accès insuffisant aux soins de santé maternelle et reproductive, couplé à une forte proportion de mariages précoces.

    Les attaques armées contre les civils et les infrastructures publiques, y compris les établissements de santé et les écoles, la sécheresse, la dégradation des sols et les conditions météorologiques imprévisibles aggravent le quotidien de millions de personnes dans le Sahel.

    Les conflits et l’insécurité constituent des obstacles majeurs à l’acheminement de l’aide humanitaire. Ils entravent la fourniture de médicaments essentiels par les équipes et les partenaires de l’OMS, et la participation des communautés aux programmes de santé publique tels que les services d’adduction d’eau et d’assainissement, la distribution de moustiquaires et l’administration des vaccins de base aux enfants.

    Malgré les besoins pressants et l’urgence de venir en aide à des millions de personnes dans le besoin au Burkina Faso, au nord du Cameroun, au Tchad, au nord-est du Nigéria, au Mali et au Niger, seule la moitié des 3,7 milliards de dollar américain requis pour fournir une assistance d’importance vitale dans la Région a été mise à disposition en 2021.

    OMS, 29 avril 2022

    #Sahel #OMS #Aide_humanitaire


  • Le Mali accuse l’armée française d’”espionnage” et de “subversion”

    Le Mali accuse l’armée française d’”espionnage” et de “subversion”

    Le Mali accuse l’armée française d’”espionnage” et de “subversion” – Sahel, France, terrorisme, Russie, Wagner, Barkhane, Takuba, Algérie,

    Le Mali a accusé mardi l’armée française d’”espionnage” et de “subversion” après la diffusion par l’état-major français de vidéos tournées par un drone a proximité d’une base du centre du Mali récemment restituée par la France.

    Bamako reproche a la France d’avoir filmé des vidéos montrant des soldats blancs, prétendument du groupe russe Wagner, s’affairant autour de cadavres près de la base de Gossi, et d’avoir ensuite diffusé ces preuves pour se disculper, selon Le Monde.

    Les autorités maliennes ont “constaté depuis le début de l’année plus de cinquante cas délibérés de violation de l’espace aérien du pays par des aéronefs étrangers, notamment opérés par les forces françaises”, annonce un communiqué du gouvernement de Bamako. “Un des cas les plus récents a été la présence illégale d’un drone des forces françaises, le 20 avril 2022, au-dessus de la base de Gossi, dont le contrôle [avait] été transféré” aux Forces armées maliennes (FAMa) la veille, ajoute le texte, signé du colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement mis en place par la junte.

    “Ledit drone était présent (…) pour espionner nos vaillantes FAMa. Outre l’espionnage, les forces françaises se sont rendues coupables de subversion en publiant [de] fausses images montées de toutes pièces afin d’accuser les soldats des FAMa d’être les auteurs de tueries de civils, dans le but de ternir [leur] image”, accuse enfin le communiqué.

    Faire toute la lumière

    Au lendemain de la publication de ces images, l’état-major malien a annoncé avoir découvert « un charnier, non loin du camp anciennement occupé par la force française “Barkhane” », du nom de l’opération française antidjihadistes au Sahel. “L’état de putréfaction avancée des corps indique que ce charnier existait bien avant la rétrocession. Par conséquent, la responsabilité de cet acte ne saurait nullement être imputée aux FAMa”, ajoutait l’état-major. Mardi, la justice militaire malienne a annoncé l’ouverture d’une enquête “pour faire toute la lumière” après “la découverte d’un charnier a Gossi”. Selon le procureur de la République près le tribunal militaire de Bamako, “l’opinion sera tenue régulièrement informée de l’évolution de l’enquête, dont les résultats seront rendus publics”.

    Mis sous embargo par la Cédéao, le Mali rappelle ses ambassadeurs

    Les dirigeants Ouest-africains (Cédéao) réunis a Accra ont décidé dimanche de fermer les frontières avec le Mali et de mettre le pays sous embargo, des mesures qualifiées de “très dures” sanctionnant le non-respect par la junte de l’échéance de février pour des élections ramenant les civils au pouvoir.

    Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) siégeant a huis clos dans la capitale ghanéenne ont décidé de fermer les frontières avec le Mali au sein de l’espace sous-régional et de suspendre les échanges autres que de produits de première nécessité, affirme un communiqué lu a l’issue du sommet.

    Ils ont aussi décidé de couper les aides financières et de geler les avoirs du Mali a la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Ils vont rappeler les ambassadeurs des pays membres au Mali, théâtre de deux coups d’Etat militaires depuis 2020 et en proie a une profonde crise sécuritaire.

    Les dirigeants de la Cédéao ont entériné les mesures prises lors d’un sommet de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA) précédant immédiatement le leur, a dit sous le couvert de l’anonymat un participant au sommet, parlant de mesures “très dures”.

    Les autorités maliennes ont réagi lundi a l’annonce de sanctions contre le Mali par les Etats Ouest-africains de la Cédéao en rappelant ses ambassadeurs dans ces pays et en fermant ses frontières terrestres et aériennes avec eux, selon un communiqué du gouvernement malien.

    “Le gouvernement du Mali condamne énergiquement ces sanctions illégales et illégitimes”, indique le communiqué du gouvernement.

    “Le gouvernement du Mali regrette que des organisations sous-régionales Ouest-africaines se fassent instrumentaliser par des puissances extra-régionales aux desseins inavoués”, a-t-il ajouté.

    Maïga: “A cause de la France, le terrorisme s’étend a 80% du territoire malien”

    Le premier ministre malien Choguel Maïga a reproché, dans un entretien accordé au Monde, a la France le fait que le terrorisme qui était confiné a Kidal s’est étendu a 80 % du territoire du pays, laissant entendre qu’un complot international serait concocté contre le Mali, souhaitant également une implication forte de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme le long de la zone frontalière entre les deux pays où l’insécurité sévit selon lui.

    Ces dernières semaines ont été tendues entre vous et le président Emmanuel Macron. Souhaitez-vous le divorce?

    Il peut y avoir des scènes de ménage mais je ne crois pas beaucoup au divorce. Malgré tout ce qui se dit, je ne crois pas qu’une rupture des liens militaires avec la France soit pour demain. Sur le plan politique, économique et sécuritaire, trop de choses lient le Mali et la France pour qu’une équipe [celle d’Emmanuel Macron] en précampagne [électorale], sur un coup de tête ou une saute d’humeur, vienne tout remettre en cause. Nous avons décidé de n’insulter ni le passé ni le présent, encore moins l’avenir. Il nous reste encore beaucoup de choses a faire ensemble.

    Dans un entretien accordé a l’agence russe RIA Novosti le 8 octobre, vous avez accusé la France d’avoir entraîné des groupes armés dans le nord du Mali après le déclenchement de l’opération «Serval» en 2013. Suggérez-vous qu’elle fait preuve de duplicité au Mali en matière de lutte antiterroriste?

    Quand le gouvernement malien a demandé une intervention française en 2013, l’objectif était de détruire le terrorisme et d’aider l’Etat malien a se réinstaller sur l’intégralité de son territoire. Mais une fois arrivée a Kidal (bastion des rébellions touareg), l’armée française a empêché notre Etat de reprendre la ville. Je n’accuse pas, je donne des faits. A chacun d’en tirer ses conclusions. Les faits sont que le Mali a demandé a la France de l’aider a détruire le terrorisme et a recouvrir l’intégralité de son territoire. Près de neuf ans après, que constatons-nous? Le terrorisme qui était confiné a Kidal s’est étendu a 80 % de notre territoire. Cela conduit les Maliens a penser qu’il y a un complot international contre notre pays.

    Souhaitez-vous que les forces françaises quittent votre pays?

    Nous n’avons jamais dit cela. Nous n’avons jamais rompu l’accord bilatéral de défense qui nous lie a la France. Au contraire, c’est la France qui veut le remettre en cause. En juin dernier, on s’est réveillé un matin en entendant dans les médias que la France suspendait ses opérations militaires avec l’armée malienne, sans nous prévenir ni nous donner d’explication, tout ça parce qu’un nouveau gouvernement qui ne leur convenait pas avait été mis en place (suite au second coup d’Etat du 24 mai). Un mois plus tard, au sommet du G5 Sahel, Emmanuel Macron est venu nous annoncer que «Barkhane» allait se retirer.

    La France assure pourtant que cela a été discuté avec tous les chefs d’Etat du G5 Sahel, dès février, en marge du sommet de N’Djamena…

    Il n’y a pas eu de discussion. Emmanuel Macron l’a annoncé, tout de go. Le président de la transition (le colonel Assimi Goïta) l’avait pourtant dit a Emmanuel Macron: « Ce que vous voulez faire, c’est un abandon, en termes militaires. Asseyons-nous et dites-nous quand vous voulez partir, pour qu’on se prépare a prendre progressivement les emprises que vous allez laisser. Lorsqu’on sera prêts, vous pourrez partir. » Au lieu de ça, nous avons été abandonnés. Depuis, notre gouvernement a bien compris que s’il ne compte que sur un seul partenaire, il pourra a tout moment être abandonné. Nous en cherchons d’autres.

    Y a-t-il eu des discussions menées avec la milice privée russe Wagner?

    Ce sont les médias français qui en parlent. Moi, je ne connais pas de Wagner. Ce sont des rumeurs, a ce stade-la. Le jour où nous conclurons des accords avec quelque pays que ce soit, nous les rendrons publics. En attendant, qu’on ne nous fasse pas de procès d’intention!

    Votre gouvernement entretient le flou autour de la question. Ne craignez-vous pas de vous aliéner les autres partenaires internationaux et d’aller a l’isolement?

    Ce sont des menaces qui, aujourd’hui, sont sans objet, parce que nous n’avons pas signé d’accord avec qui que ce soit. Il n’y a pas de flou! Ce que nous avons, c’est un accord avec l’Etat russe (conclu en juin 2019). Dans ce cadre, nous achetons des équipements militaires – on en a reçu récemment –, et nous demandons a des instructeurs russes de former nos militaires. Nous sommes en discussion avec l’Etat russe, nous ne le cachons pas. Nous cherchons tous les moyens et le concours de tous les Etats qui pourraient nous aider a sécuriser notre peuple.

    L’Algérie pourrait-elle renforcer son rôle en matière de lutte contre le terrorisme au Mali?

    Notre Etat le souhaite. L’insécurité sévit le long de notre zone frontalière. Si l’Algérie s’impliquait de façon forte dans la lutte contre le terrorisme, ce que nous espérons, ce serait un grand plus.

    Pourrait-on envisager le déploiement de soldats algériens au nord du Mali?

    La Constitution algérienne, qui a récemment été révisée, le permet désormais. Ce sont aux Algériens de le décider.

    Vous n’avez jamais caché votre opposition a certains termes de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015 entre l’Etat malien et les ex-groupes rebelles du Nord. En renégociant cet accord, ne craignez-vous pas que ces groupes ressortent les armes?

    Je ne suis pas contre l’accord. Je dis simplement qu’il faut l’appliquer de façon intelligente. Ce texte a été signé sous la pression et certains articles créent les conditions de l’émergence de nouvelles rébellions. Il faut les rediscuter. Quant a ceux qui ont pris les armes en 2012, ils n’ont jamais été désarmés. Ils défilent chaque année avec des armes lourdes lors de la fête de l’indépendance de leur fantomatique république de l’Azawad.

    «Barkhane» est en train de se retirer progressivement de ses emprises du Nord (Kidal, Tombouctou et Tessalit) pour se recentrer sur le Liptako Gourma, a l’est. Comment comptez-vous faire pour assurer la sécurité du Nord, une fois les Français partis?

    On s’interroge. La France a décidé de se concentrer sur le Liptako, où l’EIGS (Etat islamique au Grand Sahara) est le plus actif. Or, le groupe le plus dangereux pour l’Etat malien, c’est le GSIM (Groupe de soutien a l’islam et aux musulmans). Pendant qu’Al-Qaïda multiplie ses attaques, notre principal allié, en tout cas celui que nous croyions l’être, décide de quitter sa zone d’influence pour se concentrer sur les trois frontières. N’est-ce pas de l’abandon en plein vol? Nous sommes en train de chercher des solutions.

    Avez-vous fait une croix sur l’organisation des élections le 27 février 2022, comme prévu dans le calendrier initial?

    Cette date a été fixée a partir de positions de principe: dix-huit mois, pas plus. Mais la politique, c’est le réalisme. Il faut prendre en compte les exigences du peuple, comprendre ce qui l’a amené a se soulever contre le régime d’« IBK ». Le coup d’Etat du 18 août 2020 n’était pas un putsch classique. Les militaires ne sont pas sortis de leur caserne pour prendre le pouvoir: ils sont intervenus pour parachever la lutte d’un peuple qui s’est soulevé contre un régime gangrené par la corruption. Il faut trouver un début de solution a leurs revendications, mettre en place des réformes institutionnelles et politiques solides. Nous devons aussi faire en sorte de ne plus avoir des élections contestées qui pourraient aboutir a un nouveau soulèvement ou coup d’Etat.

    Combien de temps faudrait-il?

    Nous exposerons les délais lors des Assises nationales de la refondation qui se tiendront en novembre, au plus tard en décembre. Ensuite, le gouvernement présentera a ses partenaires un calendrier réaliste et accepté par les Maliens. Quelques semaines ou quelques mois de décalage (pour les élections), ce n’est pas la fin du monde pour un pays en crise depuis dix ans.

    La Cédéao a prévenu que des sanctions seraient prises contre le Mali si la date du 27 février n’était pas respectée. Qu’en pensez-vous?

    Les sanctions ne sont pas la solution. Si la Cédéao ne tient pas compte des raisons qui ont conduit a la chute du régime et décide de punir une nation dont l’Etat s’est retrouvé a terre par la faute de ses dirigeants, je pense que cela sera contre-productif.

    N’êtes-vous pas en train de jouer sur une fibre nationaliste contre l’étranger, avec tous les risques que cela représente?

    Nous ne jouons pas de carte nationaliste mais celle de la responsabilité: être capable de dire a nos amis qu’il n’est pas possible de faire ce qu’ils veulent qu’on fasse (organiser des élections) pendant la période initialement fixée. S’ils nous y forcent en créant une crise financière et les conditions d’un changement de régime, l’objectif stratégique qui était de stabiliser le Mali sera complètement mis de côté. Notre souhait est de transférer le pouvoir a un gouvernement élu, mais il faut négocier avec la communauté internationale un délai raisonnable, pragmatique, pour tenir les élections.

    Le journaliste français Olivier Dubois est toujours otage du GSIM. Des négociations sont-elles ouvertes pour le libérer?

    Nous sommes dans des discussions, sans pouvoir en dire plus.

    LIRE AUSSI : France, Macron, Barkhane : quand l’opinion publique s’impose


    Echoroukonline, 27/04/2022

    #France #Mali #Sahel #Barkhane #Niger #BurkinaFaso #Tchad #Takuba

  • Pourquoi Barkhane quitte le Mali? Conséquences sur le Sahel

    Pourquoi Barkhane quitte le Mali? Conséquences sur le Sahel – Niger, Burkina Faso, Tchad, Barkhane, Takuba,

    Pourquoi les troupes françaises quittent-elles le Mali et qu’est-ce que cela signifiera pour la région ?

    Le président Emmanuel Macron a annoncé qu’il retirerait les forces françaises du pays ouest-africain du Mali, où elles combattent les militants islamistes depuis 2013.

    Il y a 5 000 soldats français au Mali et dans les pays voisins, combattant des groupes comme Al-Qaïda et l’État islamique.

    Mais au cours des huit dernières années, la présence française est devenue de plus en plus impopulaire auprès du gouvernement malien et de son public.

    Quelle est la menace terroriste au Mali et dans la région du Sahel ?

    Le groupe État islamique et al-Qaïda ont décidé de se concentrer sur la région du Sahel en Afrique, après avoir subi des revers au Moyen-Orient.

    Le Sahel est une bande de terre semi-aride sous le désert du Sahara qui s’étend à travers le continent d’est en ouest. Il comprend des parties du Tchad, du Niger, du Mali, du Burkina Faso et de la Mauritanie.

    L’État islamique dans le Grand Sahara (ISGS) et la filiale d’Al-Qaïda, appelée Jamaat Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), ont mené des attentats terroristes dans la région qui ont tué plusieurs milliers de personnes, déplacé des dizaines de milliers d’autres et provoqué la fermeture de milliers d’écoles.

    Deux autres groupes djihadistes sont actifs au Sahel : Ansaroul Islam et Boko Haram.

    En avril 2022, des jihadistes ont attaqué trois bases militaires dans le centre du Mali et une au Burkina Faso , tuant six militaires,

    Pourquoi la France s’est-elle engagée ?

    En 2013, la France a envoyé 5 000 soldats au Mali à la demande du gouvernement alors qu’il faisait face à une rébellion armée.

    Après l’éviction et l’assassinat du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, les mercenaires touaregs qui avaient combattu pour lui sont rentrés au Mali déterminés à lutter pour l’indépendance du nord du pays.

    Avec les armes de Kadhafi, ils ont formé une alliance avec des islamistes liés à Al-Qaïda qui devaient devenir les partenaires les plus forts. Ensemble, ils ont pris le contrôle du nord et ont menacé de prendre le contrôle de tout le pays.

    Le Mali était une colonie française jusqu’en 1960. Le gouvernement français a déclaré qu’il voulait protéger la population malienne et les 6 000 citoyens français qui y vivent.

    Parmi ces troupes, 2 400 ont été localisées dans le nord du Mali, tandis que les autres ont utilisé des drones et des hélicoptères pour traquer les cellules djihadistes qui opèrent au Mali, au Tchad, au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie.

    Il y a aussi 14 000 soldats de maintien de la paix de l’ONU qui opèrent aux côtés des forces militaires locales, patrouillant dans les déserts du Sahel.

    Pourquoi la présence française est-elle devenue impopulaire ?

    Les forces françaises ont été chaleureusement accueillies à leur arrivée au Mali il y a neuf ans, mais les relations se sont détériorées depuis.

    Le nombre d’attaques terroristes dans le pays n’a cessé d’augmenter, tout comme le nombre de Maliens rejoignant les groupes d’insurgés. Au cours des neuf dernières années, la menace militante islamiste s’est également étendue à d’autres pays tels que le Burkina Faso et le Niger, les insurgés faisant des raids dans la région depuis leurs bases au Sahara.

    De nombreux habitants estiment que la France, en tant que puissance militaire avancée, aurait dû être en mesure de résoudre le problème du terrorisme et qu’elle devrait s’écarter si elle ne peut pas le faire. Certains ont qualifié la présence de troupes de l’ancienne puissance coloniale d’ »occupation ».

    Depuis que 55 soldats français ont été tués au Sahel, il n’est pas non plus populaire en France.

    Il y a également eu des disputes entre le gouvernement français et la junte militaire malienne, qui a pris le pouvoir lors d’un coup d’État en août 2020 – la deuxième fois qu’un gouvernement civil est renversé en huit ans.

    La junte est revenue sur un accord pour organiser des élections démocratiques en février et a déclaré qu’elle conserverait le pouvoir jusqu’en 2025. Lorsque l’ambassadeur de France s’y est opposé, il a été expulsé.

    Le président Macron a déclaré: « Nous ne pouvons pas rester militairement engagés aux côtés d’autorités de facto dont nous ne partageons pas la stratégie et les objectifs cachés. »

    En avril 2022, les dirigeants maliens ont annoncé qu’ils organiseraient des élections deux ans plus tard, en 2024 .

    La France a refusé de négocier un accord de paix avec des groupes islamistes, politique privilégiée par de nombreux Maliens.

    La France a également été irritée par la décision de la junte malienne d’inviter des mercenaires de la société russe Wagner pour aider à la lutte contre les groupes jihadistes.

    La ministre française des Armées, Florence Parly, a déclaré que « nous ne pourrons pas cohabiter avec des mercenaires ».

    Que se passe-t-il maintenant ?

    Les troupes françaises impliquées dans l’opération Barkhane seront retirées au cours des quatre à six prochains mois.

    La France déploiera des troupes dans d’autres pays du Sahel, aux côtés des troupes d’autres nations européennes servant dans la Task Force Takuba. Les pays concernés disent qu’ils établiront des plans sur la façon dont ils opéreront dans la région à l’avenir.

    Les gouvernements des pays voisins craignent que le retrait de la France du Mali ne déstabilise davantage la région. Le président ivoirien Alassane Ouattara a averti que cela créerait un vide politique.

    « Nous serons obligés d’augmenter nos forces de défense et d’augmenter la protection de nos frontières », a-t-il déclaré.

    Le président ghanéen Nana Akufo-Addo a exhorté l’ONU à maintenir sa force de maintien de la paix au Mali malgré le départ des Français.

    L’arrivée des mercenaires du groupe Wagner a été saluée par certains Maliens, qui la considèrent comme politiquement neutre. Cependant, de nombreux pays occidentaux s’en méfient et accusent le gouvernement russe de l’avoir aidé à remporter son contrat au Mali.

    En avril 2022, l’armée française a accusé des mercenaires russes d’avoir enterré des corps à l’extérieur d’une base militaire et d’avoir blâmé les troupes françaises pour les meurtres .

    La France dit que cela fait partie des efforts visant à discréditer sa force de départ. La Russie n’a pas commenté les allégations.

    Wagner a opéré dans plusieurs autres pays africains, dont le Mozambique, le Soudan et la République centrafricaine. Il a également été lié à des crimes de guerre dans la guerre civile en Libye.

    BBC, 26/04/2022

    #Sahel #France #Barkhane #Mali #Tchad #Niger #BurkinaFaso #Takuba

  • Sahel : regards croisés sur la crise alimentaire

    Sahel : regards croisés sur la crise alimentaire

    Sahel : regards croisés sur la crise alimentaire – Niger, Nigeria, Mali, Burkina Faso, Tchad,

    En Afrique, quelque 346 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire qui va s’aggraver encore dans les mois à venir. C’est une catastrophe qui passe largement inaperçue. Regards croisés de trois chefs de délégations du CICR au Sahel.

    François Moreillon, Yann Bonzon et James Reynolds sont chefs de délégation du CICR respectivement au Niger, au Nigéria et au Mali.

    Dans cette édition du podcast « Humanitaires », ils abordent la difficile question de cette crise et de son impact au Sahel, ainsi que des réponses que met en place le CICR.

    Avec Halimatou Amadou, ils partagent leur regard sur le quotidien des communautés dans ces pays.

    CICR, 26/04/2022

    #Sahel #Mali #Niger #Nigeria #BurkinaFaso #Tchad #Famine #crise_alimentaire