Étiquette : Sahel

  • Meryame Kitir débloque 50 millions d’euros pour le Sahel

    Meryame Kitir débloque 50 millions d’euros pour le Sahel en vue de rendre 10.000 hectares de terre – soit environ 20.000 terrains de football – à nouveau fertiles au Burkina Faso, au Sénégal, au Niger et au Mali.

    La ministre de la Coopération au développement Meryame Kitir débloque 50 millions d’euros dans le cadre du programme régional climat de la Belgique au Sahel, a-t-elle fait savoir mardi en marge d’une rencontre avec le ministre du Climat du Burkina Faso Siméon Sawadogo.

    L’ambition affichée est de rendre 10.000 hectares de terre – soit environ 20.000 terrains de football – à nouveau fertiles au Burkina Faso, au Sénégal, au Niger et au Mali. Mme Kitir est actuellement en visite de travail en Afrique. Elle arrive ce mercredi au Sénégal après avoir passé deux jours au Burkina Faso. Ce voyage se déroule sous le thème du réchauffement climatique.

    Le Sahel est la région d’Afrique située entre la région tropicale humide au sud et le désert du Sahara au nord. Il est particulièrement sensible au changement climatique et souffre de la désertification. On estime que 80% des terres se sont déjà détériorées. Cela a des conséquences pour l’agriculture locale et la population. La population locale, qui vit souvent de l’agriculture, voit son rendement diminuer à cause de la sécheresse.

    « Ici, au Sahel, vous pouvez littéralement voir la situation se détériorer. Mètre par mètre presque, on constate qui opère une avancée : les sécheresses extrêmes ou l’être humain. Avec ce programme climatique régional, nous pouvons faire la différence pour de très nombreuses personnes », a déclaré la ministre Kitir. « Non seulement nos efforts font en sorte que les gens ici absorbent mieux les chocs du changement climatique. De par nos actions – comme la plantation d’arbres ou la régénération de terres épuisées – nous luttons aussi efficacement contre le changement climatique. Et c’est une bonne chose pour tous ».

    C’est la première fois que la Belgique investit dans un programme régional spécifiquement axé sur l’action climatique internationale.

    La Libre, 27/10/2021

  • Niger : Le Conseil de sécurité rencontre les autorités

    Niger : Le Conseil de sécurité rencontre les autorités. Ils discutent sur les défis sécuritaires et humanitaires

    Lors d’une visite au Niger qui s’est achevée lundi soir, une délégation du Conseil de sécurité des Nations Unies a discuté avec les autorités des défis sécuritaires et humanitaires auxquels la région du Sahel, et notamment le Niger, sont confrontés.

    Après une visite de deux jours au Mali ce weekend, l’objectif de cette visite au Niger était de voir comment le Conseil de sécurité peut mieux soutenir la région du Sahel sur des questions telles que le terrorisme et le changement climatique.

    A Niamey, la capitale du Niger, la délégation a rencontré lundi en fin d’après-midi le Président Mohamed Bazoum, après des rencontres avec d’autres hauts responsables gouvernementaux, dont le Premier ministre. La délégation a aussi rencontré des représentants de la force conjointe du G5-Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad).

    Lors d’un point de presse, le Président du Conseil de sécurité pour le mois d’octobre, l’Ambassadeur du Kenya, Martin Kimani, a indiqué que tous les membres du Conseil ont salué les avancés enregistrées par le Niger.

    « Nous sommes venus au Niger pour y comprendre la situation, savoir ce qu’il se passe au Sahel, comprendre l’expérience du Niger », a dit M. Kimani. « Le Président Bazoum a partagé avec nous l’expérience du Niger, a évoqué sa soif de démocratie, a mentionné tous les succès rencontrés dans le domaine de la démocratie ».

    « Nous avons discuté des défis humanitaires, du développement, liés au changement climatique », a-t-il ajouté. « Tous les membres du Conseil de sécurité ont été très positifs, ont salué les avancées enregistrées par le Niger ».

    Lutte contre le terrorisme
    Selon l’Ambassadeur du Kenya, l’ensemble des membres du Conseil « souhaitent et doivent soutenir le Niger, le G5-Sahel, dans la lutte contre le terrorisme sur la base de la solidarité, car ce n’est qu’ainsi, en luttant ensemble, que nous pourrons venir à bout de ces défis pour l’Afrique et l’ensemble de la communauté internationale ».

    L’Ambassadeur de France, Nicolas de Rivière, a noté pour sa part que « le Conseil de sécurité s’occupe très étroitement, très activement de la situation dans la région ». « Le Conseil de sécurité est en appui à la paix et à la stabilité dans la région. On va continuer à le faire, à essayer de vous aider, d’aider aussi le Mali dans toute la mesure du possible ».

  • Les experts du G5 Sahel préparent le 10e conseil ordinaire des ministres

    Les experts du G5 Sahel préparent le 10e conseil ordinaire des ministres. La rencontre des experts du G5 Sahel précède la 10ème session du conseil des ministres du G5 Sahel qui se tiendra le vendredi 29 octobre à N’Djamena.

    La réunion statutaire des experts du 10ème conseil ordinaire des ministres du G5 Sahel s’est ouverte ce mardi 26 octobre 2021 en présence du secrétaire exécutif du G5 Sahel.
    La rencontre des experts du G5 Sahel précède la 10ème session du conseil des ministres du G5 Sahel qui se tiendra le vendredi 29 octobre à N’Djamena.

    L’ensemble des experts des pays du G5 Sahel échangeront pendant deux jours sur : la révision de la convention portant création ; la révision de la stratégie développement et sécurité ; la révision du programme d’investissement prioritaires-PIP2019/21 ; l’achèvement de la reforme institutionnelle du secréterait exécutif du G5 sahel.

    Aussi, le secrétariat exécutif du G5 Sahel présentera au cours des travaux le rapport d’activité portant sur la mise en œuvre du programme de travail annuel ainsi que le rapport d’exécution du budget au 30 septembre 2021.

    « Vos observations, amendements et suggestions sont attendus et seront pris en compte en vue d’améliorer les différents avant leur transmission aux ministres » rappelle le secrétaire exécutif du G5 Sahel, Éric Yemdaogo Tiare.

    Pour le directeur général du ministère en charge du Plan, Nassour Bahar Mahamat, ces assises se tiennent à un moment où le G5 Sahel doit opérer un réajustement stratégique pour s’adapter à un contexte en mutation – ‘’ la réorganisation de la force barkhane, l’accroissement des groupes criminels, les massacres récurrents des populations civiles …’’

    Pour rappel, le Tchad assure la présidence tournante du G5 Sahel et le ministre tchadien de l’Economie, de la Planification du Développement et de la Coopération International est le président du conseil des ministres du G5 sahel.

    Tchadinfos, 26/10/2021

  • Les leçons de l’Afghanistan pour l’UE au Sahel

    Les leçons de l’Afghanistan pour l’UE au Sahel. Les solutions sécuritaires ne peuvent pas résoudre des problèmes fondamentalement politiques.

    On a beaucoup parlé de la façon dont la victoire des Talibans va inspirer les djihadistes au Sahel. Il est tout aussi important que les gouvernements réfléchissent aux leçons à tirer de l’intervention afghane pour leurs propres stratégies.

    Ayant travaillé sur ces deux questions, voici mes réflexions personnelles, tout en reconnaissant qu’elles sont pertinentes pour d’autres crises.

    Les solutions sécuritaires ne peuvent pas résoudre des problèmes fondamentalement politiques.

    L’une des raisons de l’échec de l’intervention en Afghanistan est l’accent mis sur les solutions sécuritaires. Celles-ci ne devraient jamais faire partie d’une stratégie politique plus large et lui être subordonnées, mais en Afghanistan, c’était généralement l’inverse.

    Les déclarations grandiloquentes n’avaient que peu de rapport avec la réalité désordonnée sur le terrain, tandis que des priorités en constante évolution et souvent concurrentes sapaient les progrès.

    Le revenu du coquelicot
    En 2004, je me souviens avoir discuté de la façon dont l’éradication du pavot provoquerait une réaction négative de la part des agriculteurs pauvres. Pourtant, des années plus tard, les soldats soutenaient les efforts de lutte contre les stupéfiants dans les régions du cœur des Pachtounes, avec des effets prévisibles. Pendant ce temps, des milliards de dollars ont afflué en Afghanistan, contribuant au profit et à la corruption, ce qui n’a fait qu’aggraver les problèmes politiques sous-jacents.

    Cela inclut la cooptation d’intermédiaires du pouvoir qui manquent de légitimité locale.

    Bien qu’il soit largement reconnu que les problèmes du Sahel sont liés à la politique et à la gouvernance, les gouvernements tombent dans le même piège en donnant la priorité à la sécurité sur les réponses politiques et de développement.

    Si autant d’efforts étaient consacrés à la mise en œuvre des engagements existants, comme l’accord de paix d’Alger de 2015 au Mali, et à la poursuite de réformes de gouvernance plus larges pour aider à rétablir les contrats sociaux entre l’État et ses citoyens, il y aurait plus de raisons d’espérer.

    Les gouvernements doivent se recalibrer pour éviter l’échec, et commencer à répondre aux demandes cohérentes de leurs citoyens, telles que celles exposées par la Coalition des peuples pour le Sahel. C’est non seulement la bonne chose à faire, mais c’est aussi la chose intelligente à faire, car ne pas répondre aux griefs ne fait que les laisser ouverts à l’exploitation.

    Le langage du « terrorisme » peut détourner l’attention des demandes légitimes et de la création de règlements politiques plus inclusifs.

    Les occasions d’explorer un règlement politique véritablement inclusif ont été systématiquement manquées en Afghanistan, à commencer par la décision de ne pas engager les figures talibanes modérées qui étaient initialement ouvertes au dialogue.

    Lorsque Donald Trump est venu « négocier » le retrait des États-Unis, nombre d’entre eux avaient été éliminés et remplacés par des combattants plus extrémistes et aguerris qui ne voyaient aucune raison de faire des compromis lorsque leur objectif final était en vue.

    Pendant ce temps, les troupes internationales étaient souvent exploitées à leur insu pour poursuivre des rivalités locales qui n’avaient rien à voir avec le « terrorisme », mais qui contribuaient néanmoins à alimenter le conflit.

    En effet, le fait de qualifier indistinctement des groupes de « terroristes » permet d’éviter d’avoir à répondre à des demandes légitimes ou à des gouvernements qui reconnaissent leurs propres lacunes.

    Au Sahel, les étrangers ont souvent exploité les injustices passées, en particulier parmi les groupes historiquement marginalisés. Certaines communautés ont été stigmatisées et sont devenues la cible de mesures de sécurité sévères parce qu’elles ont dû coexister avec des groupes terroristes, ce qui ne fait souvent que les aliéner davantage. S’attacher à répondre à leurs préoccupations sous-jacentes serait plus efficace pour les séparer de ces groupes.

    De même, si les gens ne voient pas de moyen d’atteindre leurs objectifs par des moyens politiques, cela ne fera qu’encourager la violence comme moyen de poursuivre le changement. Il en résulte souvent que les voix modérées sont évincées en raison de la désillusion.

    Les gouvernements (y compris les gouvernements internationaux) doivent donc être prêts à s’engager et à écouter tous les groupes d’intérêt légitimes sur le terrain, et pas seulement ceux qui sont considérés comme des partenaires commodes.

    Ne sous-estimez pas l’impact corrosif de la corruption et de l’impunité. On oublie parfois que lorsque les talibans ont pris le pouvoir dans les années 1990, ils étaient populaires. Les Afghans ont salué le renforcement de la sécurité et l’accès à une justice rapide, largement considérée comme équitable, même si elle était brutale. C’était un changement bienvenu par rapport aux fonctionnaires corrompus et prédateurs et aux seigneurs de la guerre qui agissaient en toute impunité.

    L’incapacité à s’attaquer à la corruption endémique au sein des nouvelles élites politiques et à punir les abus a non seulement sapé les efforts de « construction de la nation », mais a également désenchanté les Afghans ordinaires.

    Des préoccupations similaires concernant la corruption, l’impunité et l’absence de services sont courantes au Sahel, comme en témoignent les conclusions accablantes du dialogue national inclusif de 2019 au Mali et les fréquentes manifestations populaires. La corruption ronge les institutions d’un État, sapant sa capacité à respecter son contrat social avec ses citoyens et affectant finalement leur opinion et leur loyauté envers l’État.

    La rapidité avec laquelle les talibans ont repris le pouvoir en a surpris plus d’un, compte tenu de l’investissement international dans les forces de sécurité afghanes.

    Mais la formation et l’équipement ne suffisent pas ; les individus doivent croire en ce pour quoi ils se battent et être prêts à sacrifier leur vie. Ce n’est pas quelque chose que des étrangers peuvent créer.

    Plus d’honnêteté
    Les partenaires internationaux ont certainement un rôle important à jouer, mais c’est le leadership local, la vision et l’appropriation qui font la différence entre un pays capable d’unir des groupes disparates pour voir au-delà des intérêts étroits et particuliers et travailler ensemble pour surmonter les conflits et l’instabilité afin d’assurer un meilleur avenir à sa population.

    Ma dernière réflexion porte sur la nécessité d’une plus grande honnêteté. En Afghanistan, la coalition et le gouvernement afghan étaient trop disposés à croire leur propre propagande et réticents à s’attaquer aux véritables problèmes qui sapent les progrès.

    Être un véritable partenaire, c’est aider les autres à voir leurs angles morts, mais aussi être prêt à reconnaître les siens, car les vrais amis vous disent ce que vous avez besoin d’entendre, et pas nécessairement ce que vous voulez.

    Cat Evans, ancienne ambassadrice

    EU Observer, 25/10/2021

  • L’escalade du ciel et les contradictions

    L’escalade du ciel et les contradictions. Mali, Sahel, Libye, Yémen, Sahara, Syrie et plusieurs pays africains et d’autres encore dans des contrées très éloignées les unes des autres sont dans des turbulences notables.

    Mali, Sahel, Libye, Yémen, Sahara, Syrie et plusieurs pays africains et d’autres encore dans des contrées très éloignées les unes des autres sont dans des turbulences notables. De mémoire, l’Histoire dans le catalogue de ses repères marquants ne présente pas autant de déflagrations guerrières pour prouver que le monde n’a jamais été aussi mal en point à part les bouleversements catastrophiques qu’il a connus au cours des deux grandes guerres.

    Il est devenu difficile, voire impossible d’entrevoir quelques perspectives d’espoir dans un futur proche et il est patent de se rendre compte que l’énorme malaise a des répercussions de plus en plus visibles dans la plus simple évolution aujourd’hui contrariée de l’ensemble des peuples. Il y a comme une évidente malédiction qui a frappé l’espèce humaine pour laisser entendre que l’Homme n’était peut-être pas digne de consommer son existence.

    Dans l’instant présent, les peuples en guerre, en désaccord, en soulèvement, en manque de paix et de sérénité ne sont finalement, chacun dans son mal de vie que le reflet de l’incapacité de l’humanité d’atteindre le niveau supposé lui avoir été programmé.

    Partout entre la paix et la guerre se fige de plus en plus fort la difficulté d’exister et la réflexion et la préoccupation se limitent aux moyens de supporter l’existence quotidienne sans toujours se référer aux profondes causes qui déstabilisent la probable fatidique évolution de l’espèce humaine.

    La mêlée du prix des matières premières, du blé et des nécessités quotidiennes avec les escalades par satellites du ciel a quelque chose de contradictoire quand le progrès technique et les grandes inventions technologiques ne sont pas conformes à une aisance de vie pour tous les hommes. La maldonne est souvent si sidérante prête à laisser penser que le dérèglement a une large empreinte de folie.

    Toutes les guerres et les conflits armés aujourd’hui devraient prouver que si l’homme a appris à naviguer dans la galaxie, il ne sait toujours pas aligner ses pas sur terre.

    Abdou BENABBOU

    Le Quotidien d’Oran, 25/10/2021

  • Diplomatie algérienne : Lamamra à cartes sur table !

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    Dans un entretien télévisé accordé à la chaîne russe en langue arabe «RT Arabic», le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, est revenu, samedi, sur près d’un mois d’une actualité diplomatique particulièrement chargée pour l’Algérie.
    Par Nadir Kadi
    Le ministre a en ce sens abordé le «fond» de la crise diplomatique et politique entre Alger et Paris, le dossier de la rupture des relations avec le royaume du Maroc ou encore les questions malienne et libyenne. Le sentiment général qui transparaît des déclarations de Ramtane Lamamra est un message laissant apparaître le souhait d’un certain apaisement, ou du moins d’un refus de toute nouvelle escalade. Le ministre se montre par ailleurs intransigeant sur le respect «total» de la souveraineté du pays.
    En effet, questionné durant près de 40 minutes, le ministre explique à propos de la relation entre Alger et Paris, capitale d’un pays «anciennement colonisateur», rappelle R. Lamamra à plusieurs reprises, que la «crise» actuelle a «suscité beaucoup de commentaires, une couverture médiatique qui a parfois dépassé les pratiques habituelles et certains sont allés de leurs commentaires sur ce qu’ils appellent les ‘causes’ de la crise». Un moyen, comprend-on, de dénoncer les exagérations, d’autant qu’elles ne viendraient pas du côté algérien, et que l’Algérie maintiendra le dialogue : «Pour revenir à la question, la plupart des déclarations sont venues du côté français, l’Algérie ne pratique pas la diplomatie des haut-parleurs. La diplomatie algérienne travaille en silence à travers des canaux diplomatiques ouverts et inscrit ses positions en toute transparence et clarté quand il s’agit des intérêts nationaux et de sa souveraineté».
    Quant aux raisons premières de cette crise, qui dure depuis un mois, liées à la fois au dossier des clandestins algériens en France, mais surtout à la question sensible de la mémoire, M. Lamamra précise que «les choses ont commencé quand des paroles ont été dites au plus haut niveau en France». Références aux déclarations du président français Emmanuel Macron, qualifiées «d’incompréhensibles, d’inacceptables» et qui n’ont eu aucun «contexte ou cadre rationnel». Ainsi les paroles «qui ont été dites sur l’histoire de l’Algérie, sur son système de gouvernance» ont touché à la souveraineté de l’Algérie : «Nous n’acceptons aucune intervention dans nos affaires intérieures, quelle que soit son origine et, en particulier, venant des autorités d’un pays anciennement colonisateur.» Et dans cette logique, sans donner son sentiment sur la tournure que pourrait prendre cette crise, le chef de la diplomatie ajoute plus loin : «L’Algérie a mis les choses au clair, a pris des mesures concrètes (…) Nous avons rappelé notre ambassadeur pour consultation et il est toujours en Algérie. Nous avons également pris la décision souveraine de stopper l’autorisation de survol pour les avions militaires français (…) Un moyen de manifester notre refus et notre colère suite à des agressions verbales à l’encontre de la souveraineté algérienne.»
    «Nous ne souhaitons aucune présence militaire étrangère»
    Le ministre a, également, répondu aux questions concernant le dossier malien, et plus précisément sur le possible recours de Bamako à une entreprise privée de «sécurité», liée à la Russie, ou, en tout cas, essentiellement composée d’anciens militaires russes. M. Lamamra, qui a parlé plus précisément de «coopération militaire» entre le Mali et la Russie, a fait savoir : «Nous n’avons pas d’information précise, ni du côté russe ni du côté malien, sur cette question de la coloration militaire entre ces deux pays.» Toutefois, Lamamra a rappelé en substance l’hostilité de principe de l’Algérie quant au recours aux «mercenaires» et forces étrangères : «La base de notre politique axée sur les principes du non-alignement fait que nous ne souhaitons aucune présence militaire étrangère dans aucun pays africain indépendant.» Mais la question est toutefois complexe, souligne M. Lamamra, ajoutant plus loin à propos des préoccupations des autorités maliennes : «En même temps, nous reconnaissons le droit souverain de chaque pays à prendre les mesures qu’il estime nécessaires et à sa portée pour défendre sa souveraineté et garantir sa sécurité.»
    Quant au rôle de l’Algérie au Mali, le ministre des Affaires étrangères répond en prenant à témoin l’histoire des relations entre les deux pays dès avant l’Indépendance algérienne. Un passé qui «nous conduit à dire que ce qui touche à la sécurité, la stabilité et les intérêts du Mali touche également la sécurité, la stabilité et les intérêts de l’Algérie». Ainsi l’Algérie reste un soutien et un «médiateur» entre les forces en présence au Mali, explique-t-il en substance : «Il était naturel, quand les relations se sont dégradées entre le Mali et la France, que notre devoir nous pousse à écouter les revendications du Mali à l’encontre de la France (…) Il y a aussi des déclarations françaises à l’égard du Mali que nous considérons, en Algérie, comme une ingérence dans les affaires intérieures du Mali (…) Nous n’apprécions pas ces paroles et ces pratiques, nous avons réaffirmé notre solidarité avec le peuple et l’Etat maliens.»
    Abordant par ailleurs la question libyenne, M. Lamamra se veut positif pour l’avenir du pays. Ainsi au lendemain de la Conférence internationale pour la stabilité de la Libye, qui s’est clôturée sur un appel au respect du calendrier de l’élection du 24 décembre prochain, le diplomate déclare : «Il y a des nouvelles encourageantes (…) Pour la première fois depuis 11 ans, 15 ministres de pays amis de la Libye se sont réunis à Tripoli (…) Cela prouve que le niveau de stabilité et de non-violence en Libye est arrivé à un degré qui permet la tenue d’une réunion qui souligne la solidarité avec la Libye.» Et plus que cela, M. Lamamra estime que «les fils et filles de Libye ont pris l’initiative de la situation dans leur pays (…) Il n’y a pas si longtemps, les réunions sur la Libye étaient organisées ailleurs qu’en Libye. Ainsi la possibilité d’organiser des élections est «forte», et ne relèverait, selon le diplomate, «que de questions organisationnelles, plus que sécuritaires». Quant à la délicate question de l’avenir des «forces étrangères» présentes sur le sol libyen, le ministre estime : «Selon moi, il y a ici deux questions. La première est la souveraineté de la Libye en prenant des mesures à l’encontre des milices internes (…) La seconde concerne la communauté étrangère et l’application de l’accord de Berlin en retirant les forces armées étrangères, qu’elles soient régulières, mercenaires ou peut-être terroristes…»
    «Rabat est allé très loin dans ses attaques contre l’Algérie»
    Revenant également sur les relations entre l’Algérie et le royaume du Maroc, une crise, qui a atteint son plus haut niveau, fin août dernier, avec la rupture officielle des relations diplomatiques, le ministre des Affaires étrangères explique : «… Rabat est allé loin, très loin dans ses attaques contre l’Algérie, dans son complot contre l’Algérie. Que ce soit au travers d’individus ou de groupes qualifiés avec justesse en Algérie de terroristes.» En ce sens, la réaction algérienne est intervenue pour R. Lamamra dans un contexte d’accumulation et d’approfondissement des différends, avec pour responsable Rabat : «Le Maroc a usé de moyens issus des guerres dites de quatrième génération dans le but de frapper la stabilité de l’Algérie de l’intérieur (…) Par ailleurs, le Maroc est arrivé à faire appel à l’Etat d’Israël, alors que, comme vous l’avez remarqué, nous ne parlons pas des pays qui usent de leur souveraineté, mais quand il a été commis des actes dirigés contre la stabilité de l’Algérie, nous avons alerté l’attention de tous sur les actes dangereux et inacceptables que prépare Rabat».
    Reporters, 25/10/2021
  • Le Maroc tombe de haut

    Le Maroc tombe de haut. Le dernier cadeau de Trump au roi du Maroc (en contrepartie d’une normalisation avec l’entité sioniste) n’aura servi à rien. La Commission des Finances du Sénat américain désapprouve la construction d’un consulat à Dakhla. 

    Le dernier cadeau de Trump au roi du Maroc (en contrepartie d’une normalisation avec l’entité sioniste) n’aura servi à rien. La Commission des Finances du Sénat américain désapprouve la construction d’un consulat à Dakhla. De ce fait, même si la reconnaissance de la marocanité des territoires sahraouis occupés illégalement depuis 1975 n’est pas mentionnée, c’est du surplace que le dossier fait. C’est presque un revirement de la position américaine vis-à-vis de la décision irréfléchie du Trump. Le Maroc peut déjà compter les mauvaises notes cumulées et à venir.

    Le blocage avant le refus
    Il y a quelques jours, selon le quotidien espagnol Lavanguardia, le Congrès américain avait déjà bloqué l’ouverture d’un consulat des Etats-Unis à Dakhla occupée et une opération de vente de drones armés au Maroc, deux promesses clés faites au Royaume par l’ex-président, Donald Trump. Le journal révèle que la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, bloque depuis plusieurs mois deux promesses clés contenues dans l’accord portant la reconnaissance unilatérale de Trump de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la normalisation des relations entre le régime marocain et l’entité sioniste.

    Il s’agit de l’ouverture d’un consulat américain à Dakhla, ville sahraouie occupée, et la vente de drones armés MQ-9B au royaume, selon des sources au Congrès citées par Lavanguardia.

    La nature « transactionnelle » de nombre des accords d’Abraham, promus par Trump entre Israéliens et différents pays arabes et souvent accompagnés de ventes d’armes, a suscité dès le début les inquiétudes des élus américains, souligne l’article, jugeant que « le soutien de Washington à Rabat est beaucoup plus fissuré qu’il n’y paraît ».

    Mais avec l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, ce malaise s’est traduit par des actions concrètes dans le cas du Maroc pour tenter d’en atténuer les conséquences, ajoute la même source.

    Lavanguardia rappelle que vers fin décembre, l’ambassadeur américain à Rabat, David Fisher, s’est rendu dans la ville de Dakhla occupée pour inaugurer un bureau diplomatique virtuel et annoncer le début des procédures pour construire les locaux de la représentation consulaire.

    Remise en cause
    Cependant, la commission des Affaires étrangères du Congrès remet en cause la nécessité d’un tel consulat, d’après la même source, et son blocage, signifie que, légalement, « le Département d’Etat ne peut pas prendre de décisions financières ou opérationnelles pour aller de l’avant avec le plan », explique-t-on.

    Il en va de même avec la promesse de Trump au Royaume de lui vendre des drones MQ-9B, une technologie très avancée qui, selon les membres de la commission, « ne devrait pas être mise à la disposition du Maroc ».

    Le blocage de ces promesses au Congrès n’a pas été révélé jusqu’à présent, mais la vérité, telle qu’elle est établie par l’Avanguardia, est qu’ »elles sont gelées depuis près de cinq mois sans que le Département d’Etat n’ait pris des mesures pour tenter de le contourner ou de négocier un compromis avec les membres du Congrès ».

    Certains démocrates exigent du Département d’Etat) de se distancier totalement de ces pactes. En février, rappelle-t-on, 27 sénateurs ont écrit une lettre au président Biden dans laquelle ils lui ont explicitement demandé de révoquer la décision de Trump sur le Sahara occidental. Parmi les signataires, figuraient des démocrates mais aussi des républicains.

    Lavanguardia est de l’avis que l’insistance sur une solution négociée entre les parties implique, en pratique, « une prise de distance par rapport à la proclamation de Trump », ce qui représente un tournant historique dans la position américaine qu’aucun autre pays au monde n’a suivi.

    La commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants du Congrès a demandé au Département d’Etat de l’informer avant juillet de l’état d’avancement des contacts dans le cadre des Nations unies pour réactiver les négociations, selon le journal.

    « L’impact des politiques de Donald Trump suscite des inquiétudes et nous sommes activement impliqués avec le président Joe Biden face aux prochaines étapes », déclarent des sources au Congrès cité par Lavanguardia.

    Le Département d’Etat américain a évoqué un changement d’approche de la part de l’administration Biden concernant la question sahraouie.

    A une question de savoir comment l’administration Biden compte concilier le message sur le retour du multilatéralisme et la décision de s’en tenir jusqu’à présent à la décision de Donald Trump de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, le porte-parole du Département d’Etat, Ned Price a répondu que son département « consulte en privé les parties sur la meilleure façon de mettre fin à la violence et de parvenir à un règlement durable ».

    « Je n’ai rien de plus à annoncer pour le moment, mais je contesterai certainement la caractérisation selon laquelle il y aurait une continuité, y compris en ce qui concerne notre approche envers la région, depuis la dernière administration ».

    Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, avait déclaré lors de son audition de confirmation au Sénat américain, que certaines des incitations incluses dans les accords dits « d’Abraham » méritaient de faire l’objet d’un « examen attentif », en référence implicite à certains avantages accordés par Donald Trump, dont la reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

    L’ONU face à l’ouverture illégale de consulats au Sahara occidental
    L’ancien commissaire à la paix et à la sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), Smaïl Chergui, a estimé impératif que le Conseiller juridique des Nations Unies se prononce sur l’ouverture, par certains Etats, de consulats dans des villes occupées du Sahara occidental à l’instigation de l’occupation marocaine.

    Dans un entretien accordé au quotidien « El-Khabar », Chergui a affirmé que « le retard immoral pour permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination et à l’indépendance reste un affront pour la communauté internationale », ajoutant que « les Sahraouis ont été contraints de reprendre la lutte armée pour que le Conseil de sécurité puisse se rendre compte des fourberies et mensonges du Maroc qui tente d’imposer le fait accompli au mépris du droit international en poursuivant ses pratiques arbitraires en violation de l’accord de paix qu’il a signé et en incitant certains Etats, en contrepartie de pots-de-vin, à la transgression de l’intégrité de la République sahraouie ».

    Nous attendons toujours l’avis juridique du Conseiller des Nations Unies et mettre à nu les agissements de l’Etat d’occupation, d’autant que la responsabilité de l’ONU reste engagée au Sahara occidental jusqu’à l’organisation du référendum, a ajouté le diplomate.

    Evoquant la sortie mesquine de la mission du Maroc à New York visant à porter atteinte à la sacralité de l’unité nationale de l’Algérie et le financement de deux organisations terroriste à cette fin, M. Chergui a rappelé la condamnation par l’ensemble du peuple algérien à travers les quatre coins du pays de cette provocation « qualifiée d’acte grave et ignoble requérant rigueur et vigilance ».

    « C’est à partir de là que la Communauté internationale s’est réveillée et a pris la mesure de la gravité des agissements du Maroc pour la paix et la sécurité dans la région », a-t-il fait observer ajoutant que « c’est ainsi que le Maroc s’est vu contraint d’accepter un Envoyé onusien en remplacement de l’ancien président allemand ».

    A une question sur un éventuel retour des deux parties en conflit, le Front Polisario et le royaume du Maroc, à la table des négociations sans conditions préalables, M. Chergui a déclaré que « cette revendication est réalisable si le Conseil de sécurité venait à réagir avec des injonctions claires quant au calendrier de ces négociations et définir de cette manière les responsabilités à l’origine de leur entrave.

    De même que l’Union africaine (UA) est appelée à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de paix et de sécurité y afférentes, pour accompagner cette démarche et veiller à parvenir à un cessez-le-feu entre ses deux pays membres, a-t-il ajouté.

    Les monarchies du Golfe au secours du Maroc
    Pour voler au secours du Maroc plus que pour un quelconque plan de paix, les pays du Golfe ont appellé l’Algérie et le Maroc à la sagesse et au dialogue; et certains d’entre eux se sont proposés comme éventuels intermédiaires pour aboutir à faire tourner la page de la crise entre les deux pays du Maghreb.

    Pourtant, durant de longs mois, caractérisés par l’attaque d’El Guerguaret, la normalization avec Israël, alors que les Palestiuniens subissaient un calvaire au quotidien ( et le subissent encore); pis encore, les Emirats arabes avaient réagi face à la normalization marocaine avec Israel en ouvrant “imédiatement” et à grands cris médiatiques, un consulat à Dakhla, au mépris de la logique de paix, au mépris des lois et decisions de l’ONU et au risque de froisser le ressenti de l’État algérien.

    Pourquoi le Maroc s’est engagé à greffer Israël au cœur de la région
    La rupture des relations algéro-marocaines continue à alimenter le débat dans le monde, mais de manière de plus en plus biaisée. Les médias internationaux, tant français, hégémoniques dans les pays de l’Union européenne concernant les questions maghrébines, qu’anglo-saxons, sont majoritairement entre les mains des banquiers et de la « communauté des usuriers ». Ceci expliquant cela, il devient facile donc d’entendre des échos contraires à ce qui se dit à la source.

    Le Maroc, qui ignore s’il agi avec hostilité, peut compter au moins le nombre de journalistes, eurodéputés et personnalités publiques qu’il invite chez lui, ou qu’il soudoie, pour évaluer, le niveau de la guerre « à basse intensité » qui est la sienne contre son voisin de l’est. Dans le groupe des pays constituant la grande famille maghrébine, saharienne et sahélienne, dont l’Algérie fait partie, il est utile de faire observer que seul le Maroc se distingue par une politique absolument, résolument et ostensiblement agressive et pernicieuse vis-à-vis de l’Algérie.

    Toute la batterie politique, diplomatique, économique et de lobbying a été mise à contribution pour mettre en minorité l’Algérie et les positions algériennes. Le Maroc s’est aussi distingué par des visites d’État dans toutes les capitales africaines, des politiques bancaires favorables au profit des Africains, des aides substantielles au bénéfice des sub-sahariens, une machine de propagande bien huilée, appuyée par celle, extrêmement puissante, des médias pro-israéliens, et un rémunération pour des armés de journalistes véreux payés à 5 et 6 000 l’article ( exemple, les journalistes de « Le Point » gravement mis en cause par les Wikileaks papers), une diplomatie de sous-sol qui sait corrompre les diplomates et les eurodéputés, appuyée efficacement en cela par le couple triangulaire franco-israélo-américain; à cela s’ajoute une utilisation outrancière et mensongère de l’histoire du Sahara pour en détourner le sens, travestir le cours et s’en approprier les bénéfices.

    Rabat, un comportement aux conséquences politiques couteuses
    Cependant, face à son puissant voisin de l’est, l’aventure politico-diplomatique marocaine menée depuis un certain temps dans le voisinage (Mali, Mauritanie, Sénégal, Tunisie et Libye) n’aura servi à rien sans l’implication, devenue aujourd’hui directe, de Tel Aviv et Washington. Un million de Marocains sépharades ont rejoint, à diverses étapes, la Palestine après la proclamation de l’Etat juif en 1948. 50 000 sont restés au Maroc, dont certains ont occupés des postes de conseillers au Palais royal. D’où l’interconnexion puissante entre les deux pays.

    En réalité, le Maroc obéï à une certaine logique. Obsédé depuis bientôt un demi-siècle par le Sahara occidental, il s’allie aux trois puissances du moment, les Etats Unis, Israël et la France, en leur faisant concession sur concession, lesquelles au final, seront sans contredit, préjudiciables pour les Marocains d’abord.

    L’affaire Pégasus, qui a granvement incriminé le Maroc, a été en réalité une affaire de sous-traitance. Israël avait été le premier bénéficiaire des écoutes et des données récoltées. Mais c’est le Maroc qui a porté le chapeau, seul. Et si l’Elysée, dont le président Macron avait été une cible privilégiée de l’espionnage marocain, continue de garder un silence « assourdissant », c’est parce que les lobbys sionistes ont tout fait pour bloquer tout processus de condamnation du Maroc et de son allié stratégique Israël, suite à l’affaire d’espionnage via le logiciel Pegasus.

    La normalisation, un processus aux objectifs secret
    Le Maroc s’est engagé, au nom de l’entité sioniste, dans une sous-traitance d’espionnage coûteuse. La monarchie n’espionne pas uniquement l’Algérie, mais tous les acteurs politiques décisifs qui se greffent autour du dossier Sahara. C’est un processus d’espionnage plus grand que les seuls besoins marocains qui a été mis en place et dont le premier bénéficiaire n’a pas été le Maroc, mais Israël, qui a tenu à garder ses distances avec ce qui s’est passé quand l’affaire s’est ébruitée.

    Faut-il encore rappeler que le processus de normalisation entre l’entité sioniste et le Maroc est un processus secret, développé dans la clandestinité ( ce qui est déjà contraire aux principes et textes des relations internationales), et dont les bribes mises à la connaissance du public ne correspondent pas exactement aux objectifs tenus secrets et soigneusement mis sous le boisseau. De toute évidence, le grand public demeurera longtemps tenu à l’écart ce qui a été décidé et ne sera informé que de la « partie conventionnelle » de cette pièce du puzzle du Pacte d’Abraham.

    Pour préserver les intérêts d’Israël et sauvegarder ses intérêts coloniaux, le Maroc continuera d’entraver les efforts de règlement pacifique en cours des crises dans la région, à l’instar du Mali et de la Libye.

    Membre de la triple entente maroco-israélo-américaine, née du Pacte d’Abraham, le Maroc emprunte depuis lors un parcours fléché et il lui sera difficile d’en remettre en cause l’itinéraire. Israël n’a jamais fait une guerre de longue durée ou de haute intensité, parce qu’il n’en a pas la capacitité; aussi, fait-il faire à sa place d’autres, comme il le fait déjà depuis deux mille ans. Tout le monde sait que le roi du Maroc délègue ses pouvoirs à ses principaux collaborateurs, dont certains sont imposés par des lobbys franco-sionistes, qu’il lit et écoute les rapports qui lui parviennent et prend les décisions déjà esquissées dans ces mêmes rapports, qui corroborent les intérêts du jeu des stratégies de puissance. Historiquement, ce furent des causes pareilles, des compromissions outrancières avec des juifs, qui menèrent à l’extinction de la brillante dynastie mérinide au Maroc.

    Une présence désirée aux portes sud de l’Algérie
    Depuis 2007, lorsque les faucons ont chuchoté dans l’oreille du président Bush la nécessité de mettre sur pied un commandement militaire pour l’Afrique, ultérieurement dénommé « Africom », Israël était associât au projet et méditait à la manière la plus efficace de prendre racine au Sahel. Unanimement rejeté alors, par la communauté africaine, Israël adoptait la politique des doses homéopathiques pour réussir son pari. Une stratégie qui s’avérera payante. Jour après jour, pays par pays, le Mossad s’infiltrait, manipulait, corrompait, calculait, payait et aidait gratuitement pour parvenir à ses fins. Proposant son aide au Sahel pour venir à bout du terrorisme, tout l’arsenal était mis à contribution. On sait comment le Soudan avait été disloqué et placé sur la trajectoire d’Israël. Aujourd’hui, cet ancien grand pays d’Afrique, a été réduit à quémander auprès des instances financières internationales pour éponger ses dettes et acheter à son peuple de quoi manger. En 2020, Khartoum normalise avec Israël. En 2021, elle commence à bénéficier des premières aides financières de la part des banques internationales. Le parcours fléché ne sert pas uniquement au Maroc.

    La présence d’Israël au Maghreb avait été une obsession de longue date. Pour certains rabbins, il s’agissait d’un retour aux sources : les royaumes de Touât n’avaient-ils pas été prospères lorsque les juifs étaient maîtres du commerce de la poudre d’or et des esclaves sur les routes caravanières Tamentit-Tidikelt-Abalessa-Tombouctou-Jennée ?

    Le deal contracté permettait aussi d’étendre les activités marocaines de lobbying vers les pays de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et là encore, c’est aussi au bénéfice d’Israël, qui avait besoin de l’appui de tous pour intégrer l’Union Africaine et s’imposer au cœur de la région maghrébo-sahélienne. L’Algérie étant, de toute évidence, de l’aveu même des hauts responsables du Mossad, le dernier objectif.

    Avant d’intégrer l’UA, Israël avait tenté de contourner le problème et d’espionner l’Algérie par la Méditerranée. Pour ce faire, il a demandé (et obtenu, dès 2005) une participation au sein des forces de l’Otan stationnées en Méditerranée, sous le motif fallacieux de pouvoir ainsi surveiller les navires pouvant transporter secrètement des armes au profit du Hamas et les intercepter dès qu’ils pénètrent l’embouchure du détroit de Gibraltar, avant de pousser plus vers l’est. Cette information est confirmée par diverses sources occidentales.

    Aujourd’hui encore, le Mossad continue à jouer les éclaireurs et déblayer le terrain politique au bénéfice d’Israël. Interdit de mettre pied dans le Sahel, il emprunte des chemins détournés, par le biais, par exemple, des entreprises israéliennes spécialisées dans la High Tech et les équipements militaires de pointe, au point de prendre le marché de la Minurso au Nord-Mali, et dans d’autres pays de la région sous le sigle de NSO Group, Aéronautique Israël Industries, Elbit Systems, entre autres sociétés de l’industrie guerrière d’Israël. En quelques petites années, il a pu convaincre, par divers stratagèmes, plus de quarante États africains pour arriver à faire imposer la présence d’Israél en tant que membre observateur à l’Union africaine.

    Voici, en mots succins et abrégés, les objectifs, les outils et les itinéraires qu’emprunte le Maroc, en faisant en même temps le jeu de la sous-traitance. Ce qui se passe en Palestine ne restera pas en Palestine, note le groupe de recherche Who Profits : « Une raison essentielle pour laquelle Israël cherche perpétuellement à diversifier son arsenal est qu’il peut ensuite le transformer en profit économique et en gains politiques. »

    L’Express, 24/10/2021

  • L’Algérie préoccupée par la situation au Sahel

    L’Algérie préoccupée par la situation au Sahel. Le président Tebboune a avancé nombre de propositions concrètes pour stimuler le travail des institutions et renforcer les mécanismes mis en place par l’Union africaine dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent

    L’Algérie qui a toujours été à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique a exprimé sa profonde préoccupation face aux proportions extrêmement inquiétantes de la menace terroriste dans plusieurs régions d’Afrique, notamment dans la région sahélo-saharienne, le bassin du lac Tchad, en Afrique centrale et, récemment, en Afrique du Sud, a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra.

    Dans son intervention aux travaux de la réunion ministérielle du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), vendredi, à l’initiative de l’Algérie, Lamamra a indiqué que «le choix du thème d’aujourd’hui est d’autant plus important qu’il s’agit de la menace terroriste et de l’extrémisme violent en recrudescence dans notre continent».
    Après avoir félicité la ministre mozambicaine des Affaires étrangères, Veronica Nataniel Macamo Dhlovo, dont le pays assure la présidence mensuelle du CPS, Lamamra a mis en avant la coopération et le soutien total de l’Algérie. Lors de la réunion marquée par la présentation d’une nouvelle vision basée sur une série de propositions visant à renforcer les efforts collectifs des Etats africains et des mécanismes de l’Organisation panafricaine en matière de lutte contre le terrorisme, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que «les pays africains sont, sans doute, les plus exposés à cette menace (terrorisme) qui s’étend pour toucher de nouvelles régions, longtemps considérées comme étant des régions sûres».

    Lutte contre le terrorisme : La stratégie de l’Algérie explicitée

    Dans son intervention aux travaux de la réunion ministérielle du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) vendredi à l’initiative de l’Algérie, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane, Lamamra a rappelé l’initiative du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a présenté une nouvelle vision à travers un ensemble de propositions visant à renforcer les efforts collectifs des pays africains et les mécanismes de l’organisation continentale dans la lutte contre terrorisme.

    Le MAE a indiqué que le président Tebboune a adressé une initiative à Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo et président en exercice de l’UA, dans laquelle il a appelé à une réaction ferme et efficace par nos organisations continentales et l’UA, à une action collective et à la solidarité avec les pays qui souffrent de ce phénomène. Lamamra a mis l’accent sur la nécessité d’«augmenter le niveau de vigilance et l’efficacité de la coopération africaine contre le terrorisme et l’extrémisme violent en tirant pleinement profit de nombreux outils existants consacrés par l’Union africaine pour la paix et la sécurité que nos pays ont mis en place ainsi que les ensembles économiques, les mécanismes régionaux et notre organisation continentale».

    « Vu que la situation ne cesse de s’aggraver, nous croyons que les Etats membres doivent apporter davantage de soutien pour soutenir les capacités pleines des mécanismes existants (à l’instar d’ACSRT, UFL et AFRIPOL) en sus de la prise des mesures nécessaires pour la mise en en œuvre complète des précédentes décisions pour insuffler un nouvel élan à nos efforts collectifs dans ce sens», a ajouté le ministre.

    Pour ce faire, le président Tebboune a avancé nombre de propositions concrètes pour stimuler le travail des institutions et renforcer les mécanismes mis en place par l’Union africaine dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Il s’agit de l’élaboration d’un nouveau plan de travail pour prévenir et lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent en remplacement du plan adopté en 2020 et l’activation du Fonds spécial de l’Union africaine pour la prévention et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique, ainsi que la pleine réactivation du sous-comité du Conseil de paix et de sécurité. Cette rencontre, consacrée au débat de la question de la prévention et de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, a vu la présentation de l’initiative du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, adoptée à l’unanimité lors de la réunion qui a souligné la nécessité d’accélérer sa concrétisation.

    APS

  • Mission de visite du Conseil de sécurité au Mali et au Niger

    Mission de visite du Conseil de sécurité au Mali et au Niger. La France et le Niger co-dirigent la mission, qui se déroulera du 23 au 25 octobre.

    Hier soir (22 octobre), les membres du Conseil de sécurité sont partis pour une mission de visite au Mali et au Niger. La France et le Niger co-dirigent la mission, qui se déroulera d’aujourd’hui (23 octobre) à lundi (25 octobre). Il s’agira de la première mission de visite du Conseil depuis le déclenchement de la pandémie de COVID-19 l’année dernière.

    La mission de visite a plusieurs objectifs principaux. Au Mali, les membres du Conseil visent à évaluer les progrès de la transition politique au Mali, y compris les préparatifs des élections législatives et présidentielles de l’année prochaine ; examiner la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation du Mali de 2015 ; et évaluer la crise sécuritaire dans le centre du Mali. L’un des principaux objectifs de l’étape nigérienne du voyage sera le Groupe des Cinq pour la Force conjointe du Sahel (FC-G5S), en particulier à la lumière de la lettre du 5 octobre du Secrétaire général au Conseil sur les options pour accroître le soutien au FC- G5S.

    Visite au Mali

    Au cours de la visite au Mali, les membres du Conseil devraient rester à Bamako, où ils devraient rencontrer des représentants du gouvernement de transition, des parties signataires de l’accord de paix de 2015, de l’équipe internationale de médiation de l’accord et de la Communauté économique. des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ils rencontreront également des organisations de la société civile, y compris des organisations de femmes et de jeunes, et des représentants de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et d’autres entités des Nations Unies au Mali.

    Un objectif majeur de la visite au Mali sera la transition politique, qui a été établie pour une période de 18 mois après le coup d’État d’août 2020 qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta. Le premier tour des élections législatives et présidentielles pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel est prévu le 27 février 2022. Mais depuis le deuxième coup d’État du 24 mai qui a renversé les hauts dirigeants civils de la transition et fait du colonel Assimi Goïta le président de la transition, le Mali semble de moins en moins tenir ces élections à temps. Le dernier rapport du Secrétaire général sur le Mali, daté du 1er octobre, exprime une « grande préoccupation » concernant les retards dans « la préparation de la tenue des élections générales et de l’achèvement de la transition politique ».

    La CEDEAO, qui a négocié la transition avec les autorités militaires en septembre 2020 et début octobre 2020, a réitéréses exigences lors d’un sommet spécial le mois dernier que les élections se tiennent « dans le délai non négociable de février 2022 », et a décidé qu’il imposerait des sanctions à ceux qui ont un impact négatif sur l’achèvement de la transition. Les membres du Conseil ont soutenu les efforts de la CEDEAO depuis l’année dernière pour rétablir l’ordre constitutionnel, et ils sont susceptibles de réitérer leur attente lors de la mission de visite que les élections se déroulent comme prévu. Dans le même temps, la mission est l’occasion pour les membres du Conseil de se concerter avec leurs interlocuteurs, dont la CEDEAO, pour mieux comprendre la faisabilité de ces élections organisées d’ici février et comment le Conseil peut accompagner et renforcer la transition afin qu’elle puisse être complété.

    Le Conseil entend également évaluer la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali de 2015 et en savoir plus sur les mesures envisagées par les parties pour mettre en œuvre l’accord. La situation sécuritaire, en particulier la crise dans le centre du Mali, est un autre point important. Comme indiqué dans le rapport du Secrétaire général, les groupes extrémistes renforcent leur contrôle territorial, notamment en instituant des blocus de villages dans la région centrale, et l’insécurité continue de s’étendre dans les régions du sud. Les membres du Conseil rechercheront probablement plus d’informations sur les mesures prises par les autorités pour mettre en œuvre une stratégie globale menée par des dirigeants politiques pour protéger les civils, réduire la violence intercommunautaire et rétablir la présence, l’autorité et les services de base de l’État dans le centre du Mali.

    Le mandat de la note de mission de visite que le Conseil discutera du Secrétaire générale 16 Juillet rapport sur les progrès de la Force Plan d’ adaptation de MINUSMA et des recommandations sur les niveaux de force de la mission et la troupe et au plafond d’ un rapport de police que le Conseil a demandé, parce que de l’insécurité croissante dans le centre du Mali, à travers la résolution 2584 du 29 juin qui a renouvelé le mandat de la MINUSMA. Le rapport du Secrétaire général du 15 juillet propose d’augmenter le plafond des forces autorisées de la MINUSMA de 2 069 personnes en uniforme.

    Le Conseil a entamé le mois dernier des négociations sur un projet de résolution visant à relever le plafond des forces sur la base de la recommandation. Cependant, ces discussions ont été suspendues car le Mali a soulevé des objections – apparemment de ne pas avoir été consulté sur la proposition – et a affirmé que les troupes supplémentaires ne feraient aucune différence à moins qu’elles ne reçoivent également un mandat plus robuste. Pour sa part, le Secrétaire général a indiqué dans son rapport de juillet que l’augmentation des effectifs ne fera pas une différence durable tant que les autorités maliennes ne développeront pas une stratégie politique pour renforcer la présence de l’Etat et protéger les civils. La réunion des membres du Conseil avec les autorités de transition au Mali peut être l’occasion d’approfondir la question.

    Les termes de référence indiquent que le Conseil a l’intention d’évaluer « les défis en matière de droits de l’homme et les mécanismes en place pour les surveiller et les résoudre ». Les membres du Conseil visent également à examiner la réponse plus large de l’ONU pour s’attaquer aux facteurs de conflit et aux défis de gouvernance plus larges.

    Il s’agira de la cinquième mission de visite du Conseil au Mali depuis la création de la MINUSMA en 2013. Le Conseil s’était déjà rendu dans le pays en février 2014, mars 2016, octobre 2017 (lorsqu’il s’était également rendu au Burkina Faso et en Mauritanie) et en mars 2019 (lorsqu’il allé au Burkina Faso). Cette mission intervient au milieu des récentes tensions publiques entre les autorités maliennes et la France, depuis l’annonce de Paris en juin, peu après le coup d’État du 24 mai, qu’elle réduirait sa force antiterroriste régionale de 5 100 membres, l’opération Barkhane, à environ 2 500-3 000. troupes. Par la suite, il a été rapporté que le Mali envisage un accord pour permettre au groupe Wagner, un entrepreneur militaire privé russe, de se déployer dans le pays.

    Visite du Niger

    Du Mali, les membres du Conseil se rendront à Niamey pour tenir des réunions avec le gouvernement nigérien et l’équipe de pays des Nations Unies. Ils devraient également rencontrer le général de division Oumar Bikimo, commandant de la force du FC-G5S, et Eric Tiare, secrétaire exécutif du Groupe des Cinq pour le Sahel, qui comprend le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger.

    Au cours de la visite, les membres du Conseil devraient procéder à un échange de vues avec les autorités nigériennes sur la situation sécuritaire, humanitaire et de développement au Sahel. Ils discuteront des efforts visant à protéger les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du pays, et les effets du changement climatique sur la région.

    Un sujet important sera probablement le soutien au FC-G5S, que les pays du G5 Sahel ont créé en 2017 pour lutter contre les groupes terroristes et criminels transnationaux dans la région. Dans une lettre datée du 4 octobre, le Secrétaire général propose deux options pour accroître le soutien au FC-G5S. Une option est un bureau de l’ONU dédié pour fournir un soutien logistique aux opérations de forces conjointes. Le Secrétaire général a déclaré dans sa lettre qu’il préférait cette option – qu’il a recommandée depuis 2017 – car il la considère comme l’approche la plus efficace pour fournir un soutien prévisible, y compris un financement, au FC-G5S.

    Selon la lettre du Secrétaire général, cette option impliquerait d’étendre le soutien actuellement fourni par la MINUSMA (consommables de vie et évacuation sanitaire à l’intérieur des frontières du Mali) pour couvrir les services d’ingénierie, de maintenance, de communication et de technologie de l’information ; transport de marchandises; fournitures médicales; et l’évacuation médicale et des blessés dans toutes les zones d’opérations du FC-G5S. Le bureau pourrait être financé par les contributions statutaires de l’ONU ou le financement des donateurs. Il pourrait soit être conçu en s’appuyant davantage sur la prestation de services fournis par l’ONU qui implique une plus grande empreinte du personnel de l’ONU, soit maximiser l’utilisation de l’externalisation, avec une empreinte de l’ONU plus légère.

    La deuxième option est de mettre en place un « Bureau de conseil auprès du Secrétariat exécutif du G5 Sahel ». Ce bureau fournirait une assistance technique et spécialisée pour renforcer l’autosuffisance du FC-G5S en fournissant des conseils dans les domaines des affaires politiques, des droits de l’homme, de la planification opérationnelle et de la planification administrative, y compris sur les modalités d’une mise en commun et d’un partage adéquats des ressources.

    Les membres du Conseil restent divisés sur la question de savoir comment soutenir le FC-G5S. La France et le Niger sont de fervents défenseurs de l’établissement d’un bureau des Nations Unies qui fournit un soutien logistique. Le Royaume-Uni et les États-Unis, d’autre part, se sont fortement opposés à l’idée. Ils s’opposent à l’utilisation des contributions fixées par l’ONU pour des missions non onusiennes et ne sont pas convaincus qu’un tel bureau de soutien puisse être plus efficace qu’un soutien militaire bilatéral. Ils ont également exprimé des inquiétudes, que certains autres membres semblent partager, concernant l’établissement d’une opération de l’ONU pour soutenir une opération antiterroriste qui pourrait compromettre les principes de maintien de la paix de l’ONU et mettre l’ONU en position de fournir un soutien au FC-G5S malgré son violations des droits humains.

    En discutant du FC-G5S, les membres du Conseil ont l’intention d’évaluer la mise en œuvre de la politique de diligence raisonnable des Nations Unies en matière de droits de l’homme qui établit des normes pour recevoir le soutien de l’ONU. Selon les termes de référence, le Conseil réaffirmera également son point de vue selon lequel la stabilisation du Sahel nécessite une réponse intégrée menée par les gouvernements de la région, avec le soutien du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), les organisations régionales et le communauté internationale plus large.

    Le Conseil s’est rendu pour la dernière fois au Niger dans le cadre de sa mission de visite de mars 2017 dans le bassin du lac Tchad qui s’est également rendu au Cameroun, au Tchad et au Nigéria.

    À son retour à New York, le Conseil doit tenir une séance d’information sur le Mali le 29 octobre, date à laquelle les co-chefs de la mission de visite devraient présenter leur rapport sur la mission.

    Security Council report, 23/10/2021

  • Zoom sur les défis d’un Maghreb en détresse

    Zoom sur les défis d’un Maghreb en détresse. Il offre un paysage désolant et surtout menaçant, car marqué par nombre de turbulences et d’incertitudes.

    Le Maghreb, notre Maghreb, vit, en ce moment, une situation particulièrement tourmentée. Faisant face à une profonde crise multiforme et multidimensionnelle, il offre un paysage désolant et surtout menaçant, car marqué par nombre de turbulences et d’incertitudes.

    Afin d’attirer l’attention sur la gravité de cette situation, je voudrais jeter la lumière sur les évolutions les plus importantes qui se sont succédé tout au long de l’été dernier, qui a été particulièrement chaud pour l’ensemble des pays maghrébins, tant sur le plan interne que sur le plan bilatéral et régional:

    • Une rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc, le 24 août 2021, suivie par la fermeture immédiate le 22 septembre 2021 par l’Algérie de son espace aérien à tous les avions civils et militaires marocains ainsi qu’aux appareils immatriculés au Maroc.

    • Fermeture, d’une manière impromptue, le 8 juillet 2021, de la part du gouvernement d’unité nationale (GNU) libyen des frontières terrestres et aériennes entre la Libye et la Tunisie – officiellement, pour des raisons sanitaires liées à la propagation du coronavirus, mais officieusement pour des motifs sécuritaires. Cette fermeture des frontières a été à l’origine d’une crispation des rapports entre les deux pays qui a prévalu durant plus de deux mois.

    • Un processus de transition politique qui risque de s’effondrer en Libye en raison des difficultés que rencontre l’organisation des élections générales du 24 décembre 2021, ce qui constitue une menace pour le pays de retomber dans la violence, la confusion et l’incertitude. Le vote du Parlement libyen le 21 septembre 2021 d’une motion de censure contre le gouvernement suscite l’inquiétude, car il risque d’aggraver les tensions entre les camps rivaux de l’est et de l’ouest.

    • Outre qu’ils sont tous confrontés, à différents degrés, à des situations politiques et socioéconomiques plus ou moins difficiles, les pays maghrébins continuent à être durement frappés par la pandémie de Covid-19 qui a mis à nu leurs faiblesses structurelles.

    En outre, le Maghreb fait face, dans son environnement africain et euroméditerranéen, à des défis et même à des dangers qui risquent de compliquer sa situation. Outre ses propres tensions, il se trouve entre deux zones de tensions accrues, l’une au nord, en Méditerranée, et l’autre au sud, au Sahel africain.

    Au nord, c’est-à-dire en Méditerranée, il est nécessaire de surveiller avec vigilance les évolutions et les tendances suivantes:

    • la logique de compétition sinon de confrontation qui est en train de s’installer en Méditerranée, notamment avec les nouvelles stratégies de la Russie et de la Turquie dans la région et précisément en Libye…

    • Le fait que le Maghreb est devenu l’objet d’un intérêt, sans cesse croissant, de la part des grands acteurs régionaux et mondiaux. Le jeu des grandes puissances qui cherchent à préserver leurs acquis dans notre région, pour les uns, ou qui veulent s’y positionner, pour les autres, risque de se faire au détriment de nos pays…

    • Le risque d’importation en Méditerranée, de plus en plus, de crises extérieures, notamment venant du golfe et d’Asie avec de nouveaux acteurs régionaux non riverains de la Méditerranée.

    • Les clivages créés par le problème de l’islam politique qui continue à être soutenu par la Turquie et son allié le Qatar, d’une part, et auquel s’opposent frontalement l’Egypte et ses alliés, les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite, d’autre part.

    • La normalisation des relations entre le Maroc et Israël qui a avivé la tension avec l’Algérie, d’autant plus qu’en contrepartie de son rapprochement avec Tel-Aviv, Rabat a obtenu la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

    • La volonté du Maroc et d’Israël, selon les dires du ministre marocain des Affaires étrangères, lors de la célébration du premier anniversaire des accords d’Abraham avec les États-Unis et Israël, d’établir un nouvel «ordre régional», dans lequel Israël sera partie prenante plutôt qu’un «outsider dans sa propre région». Et le ministre de préciser que «ce nouvel ordre régional ne doit pas être perçu comme étant contre quelqu’un mais plutôt pour notre bien à tous».

    • Bien qu’il soit incontestable que la stabilité du Maghreb est un impératif pour l’Europe, les Européens ne semblent pas accorder à leurs voisins maghrébins l’intérêt requis et dont ils sont dignes. En effet, l’importance du Maghreb pour eux demeure largement sous-estimée, et ils continuent à ne pas intégrer les pays maghrébins à leur réflexion stratégique globale, comme l’a si bien expliqué Hakim El Karoui. A ce titre, il a pertinemment noté que le plan de relance européen, destiné à assurer la stabilité des membres de l’Union (750 milliards d’euros, la moitié en dons et la moitié en prêts) n’a pas concerné ces pays.

    Quant au sud, c’est-à-dire le Sahel africain, une attention particulière doit être portée aux évolutions suivantes:

    • La multiplication des ingérences extérieures pose de plus en plus un sérieux problème pour la stabilité et la sécurité de la région.

    • L’implication de la société privée Wagner en Afrique, en Libye et en République centrafricaine et surtout la probable signature d’un contrat avec le Mali, constituent des raisons de préoccupation pour certains pays de la région, et surtout pour la France et les pays occidentaux.

    • La disparition soudaine du président tchadien Idriss Deby Itno en avril 2021 et ses conséquences sur son pays et sur le G5 Sahel, pour lequel il s’est tant investi.

    • La montée en puissance des groupes djihadistes dans les pays du Sahel (groupes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ou à l’Etat islamique au grand Sahara (Eigs).

    • La situation difficile sur le plan socioéconomique qui nécessite impérieusement une aide accrue, et un soutien multiforme à la région et à ses pays qui font face à un double défi : la menace sécuritaire et le développement. Le contexte particulièrement difficile dû à la pandémie et à ses conséquences sociales, sanitaires et économiques n’a fait qu’aggraver cette situation.

    • La difficile transition au Mali où la France et la communauté internationale ont fait neuf ans sans résultat, et surtout le fait que Bamako envisage d’avoir recours à la société paramilitaire russe Wagner.

    • La décision du président Emmanuel Macron de réduire la présence militaire française au Mali, de mettre fin à l’opération Barkhane et de procéder au redéploiement des forces françaises au Sahel.

    • La tendance du Maghreb à devenir, de plus en plus, une zone tampon que l’Union européenne cherche à impliquer dans la gestion de la migration africaine vers ses pays.

    Telle est donc la situation complexe et compliquée dont souffre le Maghreb, notre Maghreb. Il va sans dire qu’elle risque de se détériorer encore davantage si rien n’est fait pour y remédier.

    A cet effet, la création d’un contre-courant à toute escalade est une urgence.

    A mon avis, ce sera la tâche des sociétés civiles et des forces de progrès maghrébines qui ont déjà fait preuve de dynamisme ces dernières années.

    Aujourd’hui, plus que jamais, elles sont appelées à être actives et à œuvrer aussi bien individuellement que collectivement, en vue de pousser les pouvoirs politiques dans nos pays à un retour rapide à la raison, à l’apaisement de la tension, à la reprise du dialogue et à la normalisation des relations intermaghrébines en vue d’une relance d’un réel et sincère processus d’intégration qui aidera notre région à sortir de ses difficultés.

    Mohamed Ibrahim Hsairi

    Leaders, 21/10/2021