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  • La France perd la main au Maghreb et au Sahel

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    La crise entre la France et l’Algérie dépasse largement le cadre électoral français. Elle révèle l’émergence d’un ordre nouveau au Maghreb et en Afrique, un ordre qui échappe largement au contrôle de la France

    Il y a cinq ans, Emmanuel Macron débarquait dans la compétition électorale française avec une fraîcheur étonnante. Non arrimé à un parti traditionnel, non tenu par le discours politique classique, l’homme semblait avoir un regard différent sur les crises, et prônait des solutions innovantes. Il sortait des clous et il osait.

    Sur l’Algérie, il osait une formule retentissante, qu’aucun président, même de gauche, n’avait utilisée : il qualifia la colonisation de crime contre l’humanité.

    Cinq ans plus tard, le même Macron tient, sur l’Algérie, des propos totalement différents, teintés d’une incroyable arrogance.

    Il aborde un terrain miné, l’histoire, le premier sur lequel l’intransigeance algérienne est sans limites.

    Mais la réaction violente de la partie algérienne à ses déclarations ne relève pas d’une simple attitude caractérielle. Il s’agit d’une divergence de fond sur un sujet hautement sensible : nier l’existence d’une nation algérienne avant la période coloniale, c’est, implicitement, justifier le fait colonial.

    Comment Emmanuel Macron a-t-il ainsi basculé en cinq ans ? Comment cet homme qui avait un regard atypique sur la situation économique et politique de son pays, sur le monde, sur l’Afrique, en est-il arrivé à être gagné par ce type de discours, jusqu’à mettre en doute l’existence d’une Algérie avant la colonisation, ou pour tenter d’établir un clivage entre le président Abdelmadjid Tebboune et l’armée algérienne ?

    Erreur d’appréciation ? Arrivée de nouveaux spin doctors qui auraient imposé leur propre lecture de l’histoire ? Suffisance, voire arrogance ?

    Désorienté

    Macron a-t-il été intoxiqué par des courants et groupes politiques, tant algériens que français, qui affirment qu’en Algérie, le pouvoir a été sérieusement fragilisé après le hirak ?

    Les biographes d’Emmanuel Maron le diront un jour. En tout état de cause, la thèse électoraliste ne tient pas la route. En matière d’électorat, Emmanuel Macron perd plus qu’il ne gagne en tenant ces propos sur l’Algérie.

    En attendant, le nouveau Macron semble désorienté. Le premier chef de l’État français qui affichait initialement une volonté de prendre ses distances avec la Françafrique, à défaut de s’en défaire, tente aujourd’hui de recoller les morceaux, pour préserver des positions visiblement intenables à terme.

    Car la France n’a plus les moyens de tenir son rang. Elle n’a plus l’envergure économique et militaire pour mener, en Afrique, une politique disproportionnée par rapport à ses moyens.

    Et au lieu d’amorcer une politique nouvelle à l’égard de l’Afrique, conforme à ses promesses et aux espoirs qu’il avait suscités, Macron s’est laissé entraîner dans l’engrenage de la Françafrique, pour se contenter de colmater les brèches, dans une spirale infinie.

    Sur le plan économique, la France ne fait plus le poids devant la Chine. Les investissements chinois en Afrique ont non seulement écrasé ceux de la France, mais ils dépassent désormais ceux de tous les pays occidentaux réunis.

    Plus dur encore pour la France, ses exportations vers l’Afrique, qui plafonnent à 30 milliards de dollars par an, sont désormais inférieures à celles de l’Allemagne, pour qui l’Afrique n’était pourtant pas un marché prioritaire.

    Ces exportations françaises vers l’Afrique atteignent à peine le quart des exportations de la Chine, un pays pourtant nouvellement arrivé sur le continent africain.

    Sur le plan militaire, la France a constaté les limites de ses opérations lancées dans le Sahel, Serval puis Barkhane, insuffisantes pour éliminer les groupes islamistes armés qui pullulent dans la région.

    Elle a tenté d’impliquer des pays africains et européens dans ses déploiements, mais les premiers n’ont pas les moyens de suivre, et les seconds n’ont pas la volonté de le faire, redoutant d’être pris dans des engrenages qu’ils ne contrôlent pas.

    Mais pour la France, le plus dur est survenu en ce début d’automne, lorsqu’elle s’est retrouvée exclue des grands arrangements que les États-Unis préparent pour l’ensemble de la planète.

    En se retirant d’Afghanistan, après l’Irak, Washington veut se consacrer à ce qui lui paraît être le principal enjeu du nouveau siècle, la bataille économique autour du Pacifique.

    Entraînant la Grande-Bretagne et l’Australie, avant d’enrôler l’Inde et les autres pays du sud-est asiatique, les États-Unis ont provoqué une crise avec la France, en faisant littéralement annuler un contrat gigantesque de 57 milliards de dollars, contrat aux termes duquel la France devait fournir des sous-marins à l’Australie.

    Le marché a été confisqué au profit d’entreprises américaines, et la France traitée de manière méprisante.

    Inapte à régler la crise malienne

    Cette France négligée par ses anciens alliés occidentaux pensait imposer sa présence en affirmant sa maîtrise de certains dossiers et territoires.

    Las : au Mali, une nouvelle équipe au pouvoir, dont de nombreux militaires formés en Russie, réagit de manière inattendue.

    Les nouveaux dirigeants maliens ne font plus preuve de la docilité traditionnelle des élites maliennes, et un de leurs représentants, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, a répondu du tac au tac, déplorant que la France ait « abandonné le Mali en plein vol ».

    Les dirigeants maliens n’ont pas admis que la France les mette devant le fait accompli, en décidant de revoir son dispositif Barkhane à la baisse sans les consulter.

    Là encore, la réponse française a été d’une grande maladresse, affichant une arrogance devenue insupportable pour ses partenaires. Florence Parly, ministre française des Armées, a jugé ces propos « indécents » et « inacceptables ».

    Estimant être toujours en position de force, la France développe encore une analyse selon laquelle le pouvoir en place au Mali ne survivra pas sans la présence militaire française.

    C’est ignorer que, d’une part, la présence française s’est révélée inapte à régler la crise malienne, même si elle a pu contenir les groupes extrémistes armés ; et que, d’autre part, de nouvelles alternatives sont désormais possibles.

    La Russie est disposée à pallier un départ éventuel des troupes françaises, même si, pour le moment, la seule présence russe présentée comme envisageable est celle des mercenaires du groupe controversé Wagner.

    Déjà présente en Libye, la Russie veut étendre son influence au Sahel, un espace que les Américains sous-traitent traditionnellement à la France, et dont ils sont physiquement absents.

    Et si les États-Unis délaissent des terrains aussi symboliques que l’Afghanistan et l’Irak, et qu’ils ne s’impliquent pas directement au Yémen, ils ne vont pas s’encombrer du Sahel, au moment précis où ils veulent concentrer toute leur énergie pour, d’abord, maîtriser le terrain stratégique que constitue désormais le Pacifique.

    Résultat : le Sahel est devenu un terrain abandonné, ouvert à la Russie, une Russie dont l’Algérie est un partenaire de longue date.

    C’est cet agacement, doublé d’impuissance, qu’expriment les dirigeants français. Ils ne peuvent être compétitifs face aux Chinois sur le plan économique, ni face aux Russes sur le plan militaire.

    Plus grave encore, les dirigeants français n’ont pas pris la mesure de ce qui se passe en Algérie comme au Mali, où de nouveaux dirigeants s’installent, moins liés à la France aussi bien sur le plan personnel qu’économique.

    Et quand Emmanuel Macron menace de rendre la vie difficile à des dirigeants algériens qui ont l’habitude d’obtenir facilement des visas, il se trompe de cible. Dans les cercles de décision, ce profil dont parle Emmanuel Macron n’est plus maître à bord.

    À terme, le schéma général en Afrique du Nord et de l’Ouest va complètement changer. La France n’a plus les moyens d’y régner en maître, et les États-Unis ont d’autres priorités. Chine et Russie, l’un sur le plan économique, l’autre sur le plan militaire, vont forcément supplanter les anciens réseaux et les anciens intérêts, avec une Turquie qui commence à affirmer sa présence.

    Réplique cinglante

    Dans cet ensemble en pleine mutation, où les équilibres sont précaires, l’Algérie a une carte à jouer. Elle veut s’imposer comme partenaire, non comme sous-traitant. Forte, précisément, de ses relations économiques avec la Chine, de son partenariat militaire avec la Russie, elle est bien placée pour devenir un élément central, voire le pivot de l’ensemble régional qui se dessine.

    Emmanuel Macron n’a visiblement pas envisagé la relation avec l’Algérie sous cet angle. Dans une France où la diplomatie traditionnelle considère les pays d’Afrique comme des alliés naturels, voire des vassaux, il est difficile d’imaginer qu’un pays pourrait rappeler son ambassadeur à Paris, fermer son espace aérien aux avions militaires français, et envisager éventuellement d’autres mesures plus radicales.

    La diplomatie française traditionnelle regarde les pouvoirs africains sous un prisme particulier, celui de sentinelles tenant des positions avancées au service de la France, avec laquelle leurs intérêts se confondent. C’était valable pour beaucoup de pays, et ça l’est encore pour un certain nombre d’entre eux, qui se cantonnent dans un rôle de second plan, sous-traitant ou vassal.

    Même le très moderne Emmanuel Macron n’a pas pu se départir de cette attitude. Il reçoit aujourd’hui, de plein fouet, une réplique cinglante de la part de pays qui aspirent à un autre rôle : celui de partenaire reconnu et respecté.

    Même le très fragile Mali a choisi cette voie. Après tout, quand on est l’un des pays les plus pauvres du monde, sans aucune perspective sérieuse, quel intérêt y a-t-il à se maintenir dans cette étouffante Françafrique, qui n’a rien apporté en un demi-siècle d’indépendance ?

    Quant à l’avenir de l’Algérie, dont le poids démographique dépassera probablement celui de l’Italie et de l’Espagne vers la moitié du siècle, il ne peut s’écrire que dans un autre registre : celui d’un partenaire en mesure d’imposer sa présence. Même si, pour l’heure, c’est un pays qui demeure fragile, à cause de la faiblesse de ses institutions et de son économie.

    Abed Charef

    Middle East Eye, 10/10/2021

  • « Une diplomatie aux positions de principe et au rôle proactif »

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    Quelles sont les nouvelles orientations diplomatiques de l’Algérie ?

    La nouvelle orientation diplomatique de notre pays consiste en l’adoption d’une politique étrangère dynamique et proactive. Seule cette démarche permettra à notre pays de s’assurer une place prépondérante et de choix sur la scène internationale, et ceci, à la hauteur non seulement de son ambition, mais également de sa vocation de véritable «puissance régionale». Il est utile de faire remarquer que cette démarche politique extérieure, qui rentre dans le cadre de la politique de redressement national impulsée par le président de la République depuis sa prise en main des affaires de l’Etat, porte comme objectif le renouveau national. Dans ce cadre, il y a lieu de noter que la nouvelle orientation de la politique étrangère a pour ambition première d’assurer à l’Algérie la place et le rôle qui lui reviennent de droit dans le concert des nations en sa qualité de puissance régionale, faut-il le rappeler.

    Sur quels principes se fondera notre diplomatie ?

    Ses principes sont constants et définis par la Constitution. En ce sens que la diplomatie algérienne demeurera fidèle à sa vision, à sa doctrine ainsi qu’à ses principes cardinaux consistant en la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, le respect des règles de bon voisinage, le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité des Etats, le règlement pacifique des différends et le soutien aux causes justes. Il y a lieu de signaler, dans cette optique, que l’Algérie, dans ses nouvelles orientations diplomatique, aura à faire la promotion de ses positions constantes vis-à-vis de certains dossiers, à l’instar de sa position sur la question palestinienne, sur le Sahara occidental, sur la crise libyenne et la situation dans la région du Sahel.

    Quel est le leitmotiv de cette nouvelle action diplomatique de l’Algérie ?

    La souveraineté, la sécurité et le développement, c’est ce triptyque qui doit guider l’action diplomatique de l’Algérie. Et ceci se déclinera à travers l’objectif de défendre les intérêts de notre nation, la préservation de la sécurité nationale et internationale ainsi que l’indépendance de décision. L’autre objectif prépondérant que devrait s’assigner la diplomatie est la mobilisation de la coopération au service du développement du pays.

    Dans quel espace devraient se mettre en œuvre ces orientations ?

    Les priorités de notre diplomatie devraient s’exercer dans trois zones en particulier : l’Afrique doit revêtir un intérêt particulier, une intensification de l’influence de notre pays dans la région du Sahel et du Maghreb. Dans les faits, notre diplomatie aura à s’impliquer et à s’investir dans la promotion des dynamiques de coopération, d’association et d’intégration dans tous les ensembles auxquels l’Algérie appartient que sont l’Afrique, le Maghreb, le Sahel ainsi que le monde arabo-musulman. Il y a lieu aussi d’intensifier notre présence dans les entités exécutives des organisations régionales et internationales dont elle est membre.

    Quid de la diplomatie économique ?

    La diplomatie économique est une nécessité. En effet, il y a lieu d’intensifier la diplomatie économique et la rendre dynamique pour qu’elle soit au service des intérêts économiques et de développement de l’Algérie. Il faut une mise à contribution de la diplomatie pour la construction d’une économie nationale forte et diversifiée, génératrice de croissance et créatrice de richesse.

    Comment peut-on faire la promotion de l’image de l’Algérie au niveau international ?

    On peut faire cette promotion grâce à l’image d’influence numérique. Le fait que Lamamra s’est recueilli sur la tombe de Jugurtha à Rome est mieux que tenir dix conférences de presse. C’est cela la diplomatie d’influence numérique qui doit être utilisée au service de notre diplomatie, comme cela se fait ailleurs. Il y a lieu aussi de penser à la promotion de l’usage des réseaux sociaux par les diplomates et les institutions qui fait partie de la diplomatie numérique. Dans cette perspective, il est primordial de mettre en avant le rôle pionnier de la diplomatie algérienne en faveur des mouvements de libération dans le monde. L’Algérie est riche d’une expérience diplomatique qui a toujours été une source d’inspiration pour de nombreux peuples.

    Propos recueillis par Fatma-Zohra Hakem

    Horizons, 10/10/2021

  • Sale temps pour la diplomatie française

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    Après les Etats-Unis, L’Australie et l’Angleterre qui ont formé sur le dos de Paris l’Aukus lui sucrant plus de 50 milliards de contrats d’armement. Les escarmouches avec les pays du Maghreb et le Mali n’en finissent pas pour culminer vers un froid diplomatique à prévoir avec la Turquie cet hier de nouveau.
    Avec en toile de fond une Europe un peu molle à soutenir Paris qui semble être parti en croisade contre la terre entière. Comme si un boycott des produits français ne suffisait pas, il faudrait compter maintenant avec une remise en cause de la fiabilité de son armement par les Anglo-saxons humiliant publiquement l’hexagone. Pendant ce temps, les Russes marchent dans le carré de Macron en Afrique noire en signant avec le Mali contrats bien après avoir fait tomber dans leur giron la République Centrafricaine.
    Faits étranges observait Mediapart cette semaine, même après le scandale Pegasus d’espionnage flagrant des plus hautes personnalités françaises par le Maroc et avec l’aide d’Israël, Paris n’a pas beaucoup insisté pour qu’on lui rende des comptes sur ce sujet pourtant si sensible.
    Toutefois, le Premier ministre Scott Morrison a salué la décision de la France de renvoyer son ambassadeur en Australie et a déclaré jeudi que la relation bilatérale était plus importante que le contrat de sous-marin annulé.
    Morrison a rejeté les suggestions selon lesquelles l’Australie avait besoin de reconstruire ses relations avec la France après avoir annulé un contrat de 50 milliards d”euros le mois dernier, un acte que le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a qualifié de “coup de poignard dans le dos”.
    « Nous avons déjà une coopération. Vous voyez, la relation Australie-France est plus grande qu’un contrat », a déclaré Morrison.
    « La présence, l’importance et l’influence de la France dans l’Indo-Pacifique ne sont pas un contrat. Il s’agit du fait qu’ils ont une présence réelle ici, dans l’Indo-Pacifique, qu’ils ont un engagement de longue date et qu’ils travaillent avec l’Australie sur toute une gamme de problèmes différents », a-t-il ajouté.
    La France a rappelé ses ambassadeurs de Washington et de Canberra après que l’Australie a abandonné le contrat avec Naval Group, détenue majoritairement par l’État français, pour la construction de 12 sous-marins diesel-électriques conventionnels.
    Dans le cadre d’une alliance qui inclut la Grande-Bretagne, l’Australie achètera à la place une flotte de huit sous-marins à propulsion nucléaire construits avec la technologie américaine.
    La France a rapidement renvoyé son ambassadeur aux États-Unis, partenaire de l’OTAN.
    Le Drian a déclaré à une commission parlementaire que l’ambassadeur Jean-Pierre Thebault retournerait à Canberra pour aider à “redéfinir les termes” de la relation bilatérale et défendre les intérêts français dans la liquidation du contrat.
    On ne sait pas encore combien la résiliation du contrat signé en 2016 coûtera à l’Australie. Il avait déjà dépensé 2,4 milliards de dollars australiens (1,8 milliard de dollars) pour le projet, a déclaré Morrison le mois dernier.
    Il n’a pas précisé les coûts lorsqu’on lui a demandé jeudi.
    « Nous avons une très bonne compréhension de la façon dont nous allons procéder avec cette question. Nous travaillerons dans le cadre du contrat tel qu’il est défini », a déclaré Morrison.
    Morrison a déclaré que le président français Emmanuel Macron ne prendrait pas ses appels.
    “J’attends avec impatience notre première réunion, notre premier appel téléphonique à nouveau”, a déclaré Morrison. “Je reconnais que c’est une période difficile, bien sûr que ça l’est. Il n’y avait aucun moyen que nous aurions pu prendre cette décision sans elle… causant une profonde déception et blessant la France.
    En quittant l’Australie, un Thebault en colère a décrit le contrat annulé comme une “situation incroyable, maladroite, inadéquate et non australienne”.
    “Cela a été une énorme erreur, une très, très mauvaise gestion du partenariat”, a déclaré Thebault.
    Cette semaine, le ministre du Commerce Dan Tehan a été snobé par des responsables français alors qu’il se trouvait à Paris.
    Les négociations sur un accord de libre-échange entre l’Australie et l’UE qui devaient avoir lieu ce mois-ci ont été reportées à novembre. Bernd Lange, législateur allemand et président de la commission du commerce international du Parlement européen, a déclaré que des questions avaient été soulevées quant à savoir si l’on pouvait faire confiance à l’Australie.
    Le ministre de l’Agriculture David Littleproud a vu le retour de l’ambassadeur comme un signe positif.
    “Nous comprenons leur déception, mais à un moment donné, nous devrons aller de l’avant et nous pensons qu’un accord de libre-échange avec l’UE serait un bon moment”, a déclaré Littleproud.
    Aldjazair.org, 07/10/2021
  • L’échec de la France au Sahel profite aux autres puissances

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    Alors que les Américains se retiraient d’Afghanistan après plus de 20 ans d’une guerre qui ne mena nul part, c’était au tour de la France d’annoncer la fin de l’opération Barkhane qui n’a fait que propager encore plus la violence dans la région du Sahel. Aujourd’hui l’Algérie, la Russie, les Américains et les Chinois, dans d’autres mesures, reprennent là où Paris a échoué.
    Les discussions entre le Mali et la controversée société militaire privée russe, le groupe Wagner, suscitent une profonde inquiétude au niveau international. Le groupe a été identifié pour la première fois en 2014 alors qu’il soutenait les séparatistes pro-russes dans le conflit dans l’est de l’Ukraine. Depuis lors, il a été employé dans des pays tels que la Syrie, le Mozambique, le Soudan, la Libye et la République centrafricaine avec succès.
    Le président Emmanuel Macron a récemment déclaré que le contingent français de 5 000 hommes serait réduit de moitié, ce qui a incité le Premier ministre malien Choguel Maiga à accuser la France d’abandonner son pays.
    Cela a déclenché une réaction furieuse de la France, la ministre des Armées Florence Parly accusant le gouvernement malien de “s’essuyer les pieds avec le sang des soldats français”.
    Le président Macron s’est dit “choqué” par cette accusation, condamnant le gouvernement militaire du Mali, qui, selon lui, n’avait aucune “légitimité démocratique” après deux coups d’État en moins d’un an.
    Mais l’opinion publique malienne s’est incontestablement retournée contre la présence des troupes de l’ancienne puissance coloniale.
    Huit ans après l’arrivée des Français, la crise sécuritaire s’est propagée au Burkina Faso et au Niger, avec de nombreux groupes différents, certains liés à al-Qaïda ou au groupe État islamique, parcourant la région depuis leurs bases dans le désert du Sahara.
    Environ 55 militaires français et plusieurs centaines de Maliens ont été tués.
    Furieux de l’aggravation de l’insécurité, les Maliens manifestent régulièrement contre les militaires français et les accusent de ne rien faire dans la lutte contre les djihadistes. Ils appellent la présence des soldats français une occupation et exigent leur sortie rapide.
    La Russie est plus neutre
    Beaucoup sont heureux que les Russes les remplacent.
    Oumar Cissé, un éminent militant pour la paix dans la région agitée de Mopti, a déclaré que la Russie était un partenaire historique de l’armée malienne.
    “La Russie n’a aucun intérêt pour la politique malienne contrairement à la France, qui gère le conflit en fonction de ses intérêts économiques et politiques”, a-t-il déclaré à Aldjazair.org.
    Certains militants affirment que la présence des forces françaises elle-même a été un catalyseur de la violence djihadiste. La France s’est longtemps opposée aux négociations avec les djihadistes, une option privilégiée par certains Maliens.
    Il n’y a eu aucune protestation publique contre la Russie mais l’opinion publique envers l’intervention proposée de Wagner est divisée.
    Cependant, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a confirmé que le Mali s’était “tourné vers une entreprise militaire privée de Russie” pour aider à combattre les groupes djihadistes.
    Si l’accord avec le Mali se concrétise, cela signifierait une expansion majeure des intérêts militaires de la Russie en Afrique et un revers stratégique pour l’Occident. Le déploiement d’entrepreneurs militaires russes marquerait une rupture profonde avec la France et l’Occident.
    La ministre française Mme Parly a prévenu que “nous ne pourrons pas cohabiter avec des mercenaires”. Elle a ensuite accusé le Premier ministre malien d’”hypocrisie, de mauvaise foi et d’indécence” après avoir déclaré que son administration n’avait pas été consultée sur le retrait de la mission française, l’opération Barkhane.
    L’Allemagne et l’Estonie, dont les forces servent sous une force européenne basée au Mali appelée Takuba, ont également menacé de retirer leurs soldats.
    Le bloc régional ouest-africain Ecowas a fermement dénoncé le projet d’embaucher des sociétés de sécurité privées.
    En résumé, les tensions sont hautes dans la région et l’emprise occidentale en Afrique noire n’a pas fini de verser du sang. La Russie, premier fournisseur d’armement de l’Algérie et de bien des pays stabilisés semble paraître comme un choix plus équilibré et solide que la France. L’Algérie accomplie un difficile travail de convaincre ces pays africains de se désengager de la tutelle de la France qui ne fait que travailler à perpétuer leur dépendance vis-à-vis d’elle depuis des siècles pour mieux les exploiter.
    Aldjazair.org, 09/10/2021
  • Guerre d’influence au Maghreb et repli de la France

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    Un des faits les plus caractéristiques de l’année en cours est le nouvel espace de lutte de sous-sol géopolitique que constitue l’espace maghrébo-sahélien. La crise politique et diplomatique entre l’Algérie et le Maroc à fait que beaucoup de puissances occidentales et eurasiatiques se sont placés à gauche ou à droite, mettant à découvert leurs pions et leurs menées, qui étaient restés jusque-là en retrait.

    Ainsi, à mesure que les mois passent, les événements s’accélèrent et font éclairer la politique en Afrique du Nord d’un jour nouveau. Le grand perdant de cette refonte qui s’accélère est certainement la France. Si elle s’est mis à dos l’Algérie, elle a aussi perdu pied au Mali, au Tchad et en Guinée. Dans ce qu’elle appelait dans un passé récent, ses « zones d’influence », seule la Tunisie lui fait encore la révérence. Les destitutions de chefs d’Etats comme Ibrahim Boubakar Keita, Idris Déby Into et Alpha condé, qui lui étaient proches, ou étaient carrément ses obligés, lui ont fait perdre du terrain et de l’influence.

    L’avènement de la société paramilitaire russe Wagner au Mali a fait perdre à la France officielle le peu de bons sens qui lui restait après la déconvenue des sous-marins et de la volte-face australienne. Le Mali est un pion trop important pour la France pour laisser passer pareil affront ; mais il est pratiquement trop tard pour faire machine arrière.

    Les Etats Unis, la Russie et la Chine seront les prochains acteurs du continent, mais avec plus d’intelligence, se concentrant notamment sur l’économie, principalement. L’Afrique sera un terrain de lutte économique, mais tous les coups seront permis.

    La refonte des zones d’influence et la classification des priorités, annoncées déjà par la Chine, qui a affirmé qu’elle n’acceptera plus dans quelque temps que la monnaie chinoise, sont révélatrices de la chute imminente des Etats Unis au profit des Chinois. Reconfiguration planétaire qui pourrait profiter aux pays émergents, dont l’Algérie.

    La déclaration commune entre Alger et Bamako qui veut que les deux pays ont destin commun est aussi annonciatrice de cette refonte qui s’opère aujourd’hui sous nos yeux.

    L’Express, 07/10/2021

  • Macron et les canards sauvages

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    Toute honte bue, face à un candidat lambda, voilà Emmanuel Macron qui n’hésite plus à étaler un vocabulaire qui ne relève pas de son bagage ordinaire. Il cherche, ainsi, à séduire un électorat radicalisé, avec tromperie sur la marchandise. Or, les électeurs reconnaîtront leur vraie chapelle, et l’original plutôt que la copie, surtout pompeuse. Certains disent qu’il a sombré dans le ridicule, mais le ridicule ne tue pas.

    Son but est, d’une part, de laver plus blanc que l’extrême droite et l’épouvantail zemmourien, et, d’autre part, de relativiser l’échec d’une France sur le champ africain et australien, notamment. Au Sahel, le Mali ne cache plus sa volonté de s’affranchir du carcan Barkhane pour sortir du bourbier du terrorisme. En Australie, le choix des sous-marins nucléaires américains, au lieu des sous-marins conventionnels français, jugés inadéquats pour le bras de fer avec la Chine, a fait perdre à la France quelque 50 milliards de dollars, de quoi s’enflammer, malgré la nécessité de la mesure, face aux Etats-Unis.

    Ainsi parlent les politiciens de France, sur leur paquebot politique, et Macron n’ a rien fait d’autre que d’adhérer à leur fantasme. Il s’est donc lâché sur le sujet, frappant à tour de bras, l’histoire et la mémoire, le réel et l’imaginaire, et la colère l’a submergé, rien qu’en pensant à tous les privilèges dont la France a bénéficié, durant les décennies bouteflikiennes (sauvetage d’Alstom pour les beaux yeux de Sarkozy, contrats juteux pour ADP, Suez, la Lyonnaise des eaux etc).

    C’est qu’avec le Hirak et la remise en ordre de la maison Algérie, au pas de charge par feu Gaïd Salah, toute une clientèle de l’ancienne puissance coloniale est passée à la trappe. Pendant quelques mois, mais quelques mois seulement, le président Macron a cru que les choses allaient «rentrer dans l’ordre» et que les «acquis» seraient, en fin de compte, préservés. Il semble qu’il n’en est rien.

    Aussi, n’a-t-il pas d’autre alternative que de régler son pas sur le pas de Sarkozy, balayant les déclarations antérieures sur le «crime contre l’humanité» et remettant au goût du jour la sucette des «bienfaits de la colonisation». De là à brandir une nouvelle loi, pour bien marquer sa différence, il n’y a qu’un pas mais celui-là se jouera à pile ou face, en avril 2022. «Il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages», a, pourtant, prévenu Charles de Gaulle.

    Chaabane BENSACI

    L’Expression, 07/10/2021

  • Exclusif: La nouvelle route des avions militaires français vers le Mali

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    Selon Moha Siha, pour contourner l’Algérie, pour éviter l’espace aérien algérien, les avions militaires français empruntent désormais la route atlantique puis survolent la Mauritanie pour se rendre au Mali, au Niger…Bref, en Afrique de l’Ouest…

    Air Support and Projection Brigade 1047
    F-UJCK ARMÉE DE L’AIR (FRENCH AIR FORCE) AIRBUS A330-200MRTT
    ICAO : 3B756A
    Reg.:F-UJCK
    France
    DB flags:military
    Type:A332


    AIRBUS A-330-200
    LFMI
    ISTRES, FRANCE
    LUNDI 04-10-2021
    08h22 CEST
    Call:CTM1047

    Pour rappel, l’Algérie a décidé, ce dimanche 3 octobre, d’interdire le survol de son territoire aux avions militaires français. Selon le porte-parole de l’état-major français Alger «a interdit le survol de son territoire aux avions militaires français, qui empruntent d’habitude son espace aérien pour rejoindre ou quitter la bande sahélo-saharienne où sont déployées les troupes de l’opération anti-djihadiste Barkhane».

    « L’interdiction de l’espace aérien algérien aux avions militaires français intervient dans une phase logistique «délicate» pour l’état-major, qui a entamé depuis quelques semaines une réorganisation de son dispositif dans la bande sahélo-saharienne, rappellent, pourtant des voix françaises. La France est en train de quitter les bases militaires les plus au nord du Mali (Kidal, Tombouctou et Tessalit) et va réduire le nombre de troupes au Sahel, d’ici à 2023, à 2 500 ou 3 000 hommes, contre plus de 5 000 aujourd’hui », indique le journal algérien Reporters.

    Les relations algéro-françaises ont ainsi pris cette tournure suite aux déclarations de Macron, repris par le quotidien le Monde, au cours d’un déjeuner avec des jeunes entre Français d’origine algérienne, binationaux et Algériens, à l’occasion duquel il a soutenu que l’Algérie s’est construite sur «une rente mémorielle», entretenue par «le système politico-militaire».

    Le Président français a aussi parlé de ce qu’il a considéré comme «une histoire officielle totalement réécrite» qui «ne s’appuie pas sur des vérités mais sur «un discours qui repose sur une haine de la France».

  • France-Algérie : La réaction d'un pays qui se respecte et qui impose le respect

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    Macron montre qu’il n’a pas compris qu’un chef d’État ne doit jamais faire publiquement de telles déclarations qui bafouent la non-ingérence et n’ont que des effets désastreux. Ses déclarations ont déclenché une crise entre la France et l’Algérie qui est pourtant un partenaire important dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. 
    L’Algérie a interdit le survol de son territoire aux avions militaires français, qui empruntent d’habitude son espace aérien pour rejoindre ou quitter la bande sahélo-saharienne où sont déployées les troupes de l’opération antijihadiste Barkhane, a rapporté ce dimanche l’AFP en citant un porte-parole de l’état-major français.
    « Ce matin, en déposant les plans de vol de deux avions, nous avons appris que les Algériens fermaient le survol de son territoire aux avions militaires français », a déclaré à l’AFP le colonel Pascal Ianni, confirmant des informations révélées par le quotidien Le Figaro.
    Selon lui, toutefois, « cela n’affecte ni les opérations ni les missions de renseignement » menées par la France au Sahel. 
    Les avions militaires de la france vont devoir passer par le Maroc et la Mauritanie.
    La décision de l’Algérie devrait servir d’exemple aux chefs d’États francophones de l’Afrique de l’Ouest. Contrairement aux supplétifs de la Françafrique, la réaction de l’Algérie est celle d’un État qui se respecte et impose le respect. 
  • Conseil de Sécurité: Programme de travail pour octobre 2021

    ONU, Conseil de Sécurité, Union Africaine, Grands Lacs, Sahel, Mali, MINURSO, Sahara Occidental, MONUSCO, Congo, RCA, Somalie, Palestine,

    Le Kenya est le président du Conseil de sécurité en octobre. Le Conseil a adopté son programme de travail provisoire pour le mois plus tôt aujourd’hui (1er octobre). La plupart des réunions du Conseil devraient se tenir en personne ce mois-ci.

    En tant que l’un de ses événements phares, le Kenya organisera un débat ouvert de haut niveau intitulé « La diversité, le renforcement de l’État et la recherche de la paix », sous le point de l’ordre du jour « Consolidation de la paix et maintien de la paix ». Le président kenyan Uhuru Kenyatta devrait présider la réunion.

    Le Conseil tiLe Kenya est le président du Conseil de sécurité en octobre. Le Conseil a adopté son programme de travail provisoire pour le mois plus tôt aujourd’hui (1er octobre). La plupart des réunions du Conseil devraient se tenir en personne ce mois-ci.endra également un débat public de haut niveau par vidéoconférence (VTC) sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales , en mettant l’accent sur le partenariat avec l’Union africaine (UA). Le président kenyan Uhuru Kenyatta devrait présider la réunion. Les rapporteurs attendus sont le Secrétaire général António Guterres et le Président de la Commission de l’UA Moussa Faki Mahamat. Une déclaration présidentielle est un résultat possible de la réunion.

    Le débat public annuel sur les femmes, la paix et la sécurité se tiendra en octobre. Il semble que la réunion se déroulera au niveau ministériel et se concentrera sur la contribution des femmes locales au maintien de la paix, à la consolidation de la paix et aux contextes de transition.

    Il y aura également un débat au niveau ministériel sur la région des Grands Lacs . La ministre kenyane des Affaires étrangères Raychelle Omamo devrait présider la réunion. L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, Huang Xia, présentera le rapport semestriel du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région. Un représentant de la société civile peut également faire un briefing. Une déclaration présidentielle est une issue possible de cette réunion.

    Ce mois-ci, le Conseil de sécurité recevra un exposé sur le septième rapport biennal du Secrétaire général sur les armes légères et de petit calibre (ALPC) . La réunion se concentrera sur la lutte contre la menace posée par les flux illicites d’ALPC dans les opérations de paix. Les conférenciers attendus sont le Haut Représentant des Nations Unies pour les affaires de désarmement Izumi Nakamitsu, Secrétaire exécutif du Centre régional sur les armes légères dans la région des Grands Lacs, la Corne de l’Afrique et les États limitrophes (RECSA), le Lieutenant-général Badreldin Elamin Abdelgadir, et Chercheur principal au Small Enquête sur les armes David Lochhead.

    Le Conseil de sécurité devrait également effectuer une mission de visite au Sahel en octobre, se rendant au Mali et au Niger. La France et le Niger co-dirigent la mission.

    Plusieurs dossiers africains sont au programme ce mois-ci. Il y aura un briefing, suivi de consultations sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et sur les sanctions contre la République démocratique du Congo (RDC). La Représentante spéciale et chef de la MONUSCO, Bintou Keita, devrait présenter le dernier rapport du Secrétaire général sur la RDC. L’ambassadeur Abdou Abarry (Niger) fera un exposé en sa qualité de président du Comité des sanctions de la RDC 1533. Un représentant de la société civile peut également faire un briefing.

    Le Conseil recevra un briefing en consultations sur la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) . Alexander Ivanko, le nouveau Représentant spécial pour le Sahara occidental et chef de la MINURSO, devrait faire un briefing. Un représentant du Département des affaires politiques et de consolidation de la paix des Nations Unies (DPPA) peut également faire un briefing. Les membres du Conseil devraient également voter sur un projet de résolution renouvelant le mandat de la MINURSO avant son expiration le 31 octobre.

    Il y aura un briefing, suivi de consultations, sur la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) . Le Représentant spécial pour la République centrafricaine (RCA) et chef de la MINUSCA Mankeur Ndiaye présentera le dernier rapport du Secrétaire général.

    En octobre, la présidente du 751 Somalia Sanctions Committee, l’ambassadrice Geraldine Byrne Nason (Irlande), devrait présenter au Conseil un exposé périodique de 120 jours sur les activités du comité.

    Concernant le Soudan/Soudan du Sud, le Conseil sera informé du rapport du Secrétaire général sur la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) . Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix Jean-Pierre Lacroix et l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, Parfait Onanga-Anyanga, devraient faire un exposé. Un représentant de la société civile peut également faire un briefing. Des consultations à huis clos sont prévues pour suivre la séance d’information publique.

    Il y aura un briefing ouvert, suivi de consultations fermées, sur le Mali . Le Représentant spécial et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) El-Ghassim Wane devrait faire un briefing. Un représentant de la société civile peut également faire un briefing.

    Plusieurs questions du Moyen-Orient seront également abordées en octobre. Le Conseil tiendra ses réunions mensuelles sur les pistes politiques, humanitaires et chimiques en Syrie . Le Haut Représentant pour les affaires de désarmement, Izumi Nakamitsu, fera un exposé sur le dossier des armes chimiques. L’Envoyé spécial Geir O. Pedersen devrait faire un exposé sur les développements politiques, tandis que le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires Martin Griffiths pourrait faire un exposé sur la situation humanitaire.

    Il y aura également une séance d’information sur les activités de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) sur les hauteurs du Golan. Le secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, est le rapporteur attendu.

    Le Conseil se réunira pour son exposé mensuel, suivi de consultations, sur le Yémen . L’envoyé spécial pour le Yémen, Hans Grundberg, devrait faire un briefing. Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Martin Griffiths, pourra également informer le Conseil.

    Le débat public trimestriel sur le « Moyen-Orient, y compris la question palestinienne » aura lieu en octobre. Le coordinateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, devrait faire un briefing. Un représentant de la société civile peut également faire un briefing.

    Les membres du Conseil devraient recevoir l’information semestrielle sur le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 1559 lors de consultations privées. Adoptée en 2004, la résolution appelait au retrait des forces étrangères du Liban, au désarmement de toutes les milices et à l’extension du contrôle du gouvernement sur tout le territoire libanais. La secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Rosemary DiCarlo, est la responsable attendue.

    Deux questions concernant les Amériques seront discutées ce mois-ci. Le Conseil se réunira pour une séance d’ information et des consultations sur Haïti . La Représentante spéciale et chef du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) Helen La Lime fera un exposé sur les récents développements et le dernier rapport du Secrétaire général sur le BINUH. Un représentant de la société civile peut également faire un briefing. Les membres du Conseil voteront également sur un projet de résolution renouvelant le mandat du BINUH, qui expire le 15 octobre.

    Le Conseil se réunira également pour sa réunion trimestrielle sur la Colombie . Le Représentant spécial et chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, Carlos Ruiz Massieu, présentera les derniers développements et le dernier rapport de 90 jours du Secrétaire général sur la mission, qui a été publié le 24 septembre. Un représentant de la société civile peut également faire un briefing. Les membres du Conseil devraient également renouveler le mandat de la mission de vérification avant son expiration le 31 octobre.

    Ce mois-ci, les membres du Conseil recevront un briefing sur la situation au Kosovo . Le Représentant spécial et chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) Zahir Tanin informera des développements récents et du dernier rapport du Secrétaire général.

    Les membres du Conseil suivront également de près les développements liés à l’ Afghanistan , à la région du Tigré en Éthiopie et au Myanmar . Ils peuvent choisir de convoquer des réunions sur ces questions et d’autres.

    Security Council Report, 01/10/2021

  • Lecture du redéploiement stratégique de l’Algérie dans la région

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    La révision constitutionnelle de novembre 2020 établit les conditions d’une intervention extérieure de l’Armée nationale populaire, rompant avec une tradition de non-ingérence. Un changement doctrinal nécessaire pour Alger, qui traduit sa volonté de revenir au premier plan diplomatique
    Le 24 août 2021, le ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra annonçait la rupture des relations diplomatiques avec le royaume du Maroc.

    Cet épisode n’est que le dernier en date d’un processus de redéploiement politique régional de l’Algérie, après plusieurs années d’effacement. Les derniers temps du règne d’un Abdelaziz Bouteflika malade et diminué avaient été synonymes d’une action diplomatique anémique pour un pays traditionnellement réputé pour son activisme international, notamment dans un rôle de médiateur éprouvé.

    Ce retour au premier plan a été acté par la Constitution adoptée par référendum populaire le 1er novembre 2020, qui a opéré une rupture radicale avec le non-interventionnisme en vigueur jusqu’alors, un principe qui constituait un des piliers fondamentaux de la politique algérienne depuis son indépendance.

    L’armée n’avait pas l’interdiction légale de franchir ses frontières mais les Constitutions de 1989 et 1996 insistaient sur une dimension territoriale du recours à la force.

    L’Armée nationale populaire (ANP) s’est déjà engagée sur des théâtres extérieurs dans son histoire – notamment à l’occasion de la guerre des Sables contre le Maroc en 1963 ou des guerres israélo-arabes de 1967 et 1973 –, mais l’Algérie s’est, en règle générale, conformée à cette volonté de non-ingérence.

    Désormais, le président Abdelmadjid Tebboune peut autoriser l’armée à participer à des missions hors des frontières du pays après l’approbation des deux tiers du Parlement, notamment dans le cadre des Nations unies, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes (articles 31 et 91 de la Constitution).

    Certes, la constitutionnalisation des conditions d’intervention à l’étranger offre une « protection » pour l’armée, selon les déclarations d’un membre de l’état-major de l’ANP, mais elle officialise surtout un changement doctrinal qui vise à faire face aux défis régionaux et internes.

    Instabilité en Tunisie et en Libye
    Le pays fait face à un contexte sécuritaire dégradé sans précédent à ses frontières.

    Dans les années 1990, la principale préoccupation dans ce domaine était interne, avec la lutte contre le terrorisme qui a en partie structuré la pensée sécuritaire étatique.

    Aujourd’hui, l’Algérie est bordée d’un arc de crises touchant la quasi-intégralité de ses 7 000 kilomètres de frontières terrestres, qu’elle partage avec sept pays, si l’on inclut la République arabe sahraouie démocratique (RASD).

    Comme l’explique Smail Djourhi, chercheur à l’université d’Alger 3, « cette situation inédite à travers l’histoire [de l’Algérie] suppose une adaptation de l’appareil militaro-sécuritaire et le dépassement des paradigmes de sécurité traditionnels adoptés depuis l’indépendance ».

    À l’est, même la Tunisie, dont la révolution de 2011 fait pourtant figure d’exception pour son dénouement relativement pacifique, présente des facteurs d’instabilité. Aux crises politiques successives s’ajoutent une fragilité économique exacerbée par la crise du COVID-19 et la persistance de la menace terroriste.

    Victime de plusieurs attaques meurtrières entre 2011 et 2016, la Tunisie a constitué le premier contingent de combattants étrangers dans les rangs du groupe État islamique (EI) en Syrie.

    En Libye, une sortie de crise est esquissée avec la formation en mars 2021 d’un Gouvernement d’union nationalesous l’égide de l’ONU, mais l’ingérence de puissances étrangères et les affrontements entre milices maintiennent un niveau de risque élevé.

    De plus, l’Algérie est en situation d’hostilité affichée avec l’un des principaux acteurs de la guerre civile libyenne, le maréchal Haftar, qui multiplie les provocations.

    La guerre civile libyenne a, par ailleurs, été un des facteurs déstabilisateurs au Sahel, où l’afflux d’armes en provenance de l’arsenal de Mouammar Kadhafi a contribué à la formation de groupes armés.

    La diplomatie algérienne a participé activement au règlement du conflit entre Bamako et les rebelles indépendantistes touarègues de la Coordination des mouvements de l’Azawad avec l’accord d’Alger de 2015, mais est depuis en retrait alors que l’insurrection, désormais menée par divers groupes extrémistes armés, se poursuit dans plusieurs pays de la zone.

    Le Mali, le Tchad et la Mauritanie – voisins directs –, mais aussi le Burkina Faso, voire le Nigéria, ne semblent pas en mesure de lutter efficacement contre le terrorisme et d’enrayer la spirale de violence au sein même de leurs populations.

    À l’ouest, les antagonismes entre Maroc et Algérie ne sont pas résolus, nourris notamment par la question sahraouie.

    Les récentes évolutions, entre normalisation des relations du Maroc avec Israël en décembre 2020, révélations des pratiques d’espionnage marocaines à grande échelle grâce au logiciel israélien Pegasus, et accusations à l’encontre du Maroc pour son soutien supposé au Mouvement d’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé « terroriste » par les Algériens, ont fait monter la tension jusqu’à la rupture des relations diplomatiques.

    Rééquilibrages politiques internes
    Ainsi, cette révision constitutionnelle permet à l’Algérie d’opérer, selon Smail Djourhi, « la migration d’une doctrine réactive à une doctrine préemptive » et de faire une distinction « entre frontières géographiques et frontières sécuritaires qui autorise, si la situation l’exige, l’exécution d’opérations […] en dehors du territoire ».

    En effet, ceinturée par des États défaillants ou hostiles, l’Algérie semble en partie contrainte par les événements d’adopter une nouvelle posture. Néanmoins, le contexte politique interne a pu également être favorable à cette prise de décision.

    Abdelkrim Dekhakhena, chercheur à l’Université 8 Mai 1945 Guelma, justifie également ce changement de doctrine par les avantages que comporte la participation aux missions internationales de maintien de la paix : en matière de réputation, politique, influence et, surtout, sur le plan financier.

    La rémunération offerte aux pays contributeurs de ces missions pourrait constituer pour l’Algérie une rentrée de devises bienvenue alors que les réserves de change s’amenuisent.

    D’un point de vue plus politique, l’adoption d’une nouvelle Constitution devait marquer pour le pouvoir algérien la fin du processus enclenché par le hirak « béni », ainsi que le président Tebboune a décrit le mouvement déclenché en février 2019 en contestation du cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika et qui a amené à son renoncement.

    Aux premiers temps du mouvement, le discours développé par les autorités lui rendait hommage : salutaires pour le pays, le départ voire l’emprisonnement de nombreux cadres de l’ère Bouteflika et l’élection présidentielle de décembre 2019 auraient dû, selon les gouvernants, suffire à satisfaire les exigences des protestataires.

    Toutefois, les contestations demandant la fin du « système » n’ont pas cessé et sont depuis désavouées par le pouvoir.

    Il peut donc paraître cohérent que le pouvoir politico-militaire se repositionne en s’investissant sur la politique extérieure, point fort traditionnel du pays, afin de donner le change face à une situation interne difficile.

    Les accusations portées contre le Maroc pour son implication dans les incendies de Kabylie sont un exemple de l’utilisation de cette dialectique entre scènes nationale et internationale.

    De plus, le hirak a constitué l’élément déclencheur d’une modification des rapports de force au sein des cercles du pouvoir, plus propices à une politique étrangère musclée.

    Au cours de l’ère Bouteflika (1999-2019), le pouvoir a été en partie « retiré des mains de l’armée pour passer à celles des civils », comme l’explique le spécialiste des questions militaro-sécuritaires au Maghreb Flavien Bourrat. Sa mise à l’écart en mars 2019 a permis une purge des proches de l’ancien président, effectuée sous la supervision du chef d’état-major des armées, le général Gaïd Salah.

    Le responsable militaire et le président Tebboune, élu en décembre 2019, avaient alors initié ce changement de politique régionale, ce dernier déclarant notamment vouloir « donner un nouvel élan au rôle de l’Algérie au niveau international […] en particulier sur les dossiers libyen et malien ».

    Après la mort soudaine de Gaïd Salah d’une crise cardiaque en décembre 2019, son remplacement par le général-major Saïd Chengriha a intensifié cette reprise en main de l’armée.

    Chengriha a participé à la guerre d’octobre 1973 contre Israël et dirigé la troisième région militaire de Béchar, l’une des plus sensibles pour sa position stratégique, face au Maroc et contiguë au Sahara occidental. Il soutient une position ferme dans ces dossiers.

    Considéré comme un faucon en matière de politique étrangère, il dénonçait en août les complots visant l’Algérie « que l’armée saura contrecarrer ».

    Il s’est imposé comme le nouvel homme fort du pays et sous son autorité, c’est cette fois-ci les responsables nommés par Gaïd Salah qui ont subi une vague de limogeages et d’arrestations. Les règlements de comptes claniques ne sont pas chose nouvelle en Algérie, mais les nouveaux équilibres internes ont indéniablement contribué au regain d’énergie diplomatique du pays.

    Offensive diplomatique
    L’évolution des (dés)équilibres régionaux appelaient à une adaptation de la politique étrangère et sécuritaire algérienne.

    Les rapports de forces nationaux, ainsi que la manœuvrabilité sur la scène internationale procurée par les missions de maintien de la paix, ont pu également contribuer à cette rupture. Surtout, les effets s’en sont fait ressentir dans l’approche adoptée sur plusieurs dossiers diplomatiques.

    En Tunisie, avec qui les Algériens entretiennent traditionnellement de bons rapports, l’Algérie se pose en « pays frère », et y assure son influence. Elle a envoyé du matériel médical, des doses de vaccins et des camions d’oxygène au plus fort de la vague épidémique de COVID-19 qui frappait le pays du jasmin en juin et juillet derniers, alors même que ses propres réserves ne lui ont pas permis de faire face au pic de contaminations qui l’a frappée par la suite.

    Sur le plan politique, la diplomatie algérienne a fait preuve d’une grande réactivité au coup de force institutionnel du président tunisien le 25 juillet, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra se rendant trois fois en Tunisie le mois suivant pour exprimer le soutien de l’Algérie à Kais Saied. Cette relation de plus en plus étroite se traduit également par l’arrestation et l’expulsion d’opposants politiques respectifs.

    Concernant la Libye, l’Algérie, qui avait progressivement été marginalisée sur ce dossier pourtant capital, tente depuis le départ de Bouteflika de jouer un rôle plus actif et durcit le ton.

    Lors de l’offensive de Haftar dans le nord-est libyen, Tebboune avait qualifié en janvier 2020 Tripoli « de ligne rouge à ne pas franchir ». En juin dernier, il a même révélé que l’Algérie avait envisagé une intervention militaire.

    Si la situation a évolué avec la formation en mars 2021 d’un Gouvernement d’union nationale dirigé par Abdel Hamid Dbeibah, elle n’est pas encore apaisée : Haftar a même prétendu en juin 2021 s’être emparé d’un poste-frontière à la frontière algéro-libyenne.

    La récente nomination au poste de ministre des Affaires étrangères de Lamamra s’inscrit dans cette volonté de reprise en main de la question libyenne.

    Ce diplomate chevronné a notamment brillé dans ces mêmes fonctions dans le passé (2013-2017) par son action dans le Fezzan libyen (limitrophe de l’Algérie), et aurait pu occuper les fonctions d’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye si les États-Unis n’avaient pas bloqué sa nomination.

    Preuve du retour diplomatique algérien, le pays a organisé le 31 août une réunion des ministres des Affaires étrangères de sept pays voisins de la Libye (Algérie, Tunisie, Égypte, Niger, Tchad, Soudan et République du Congo), qui ont appelé notamment « à la mise en application de l’accord quadripartite entre la Libye et les pays du voisinage pour la sécurisation des frontières communes ».

    Le retour de Lamamra constitue également un signal positif pour les pays du Sahel, en proie aux insurrections d’extrémistes islamistes. Sa prise de poste coïncide à quelques jours près avec l’annonce par la France de la transformation prochaine de l’opération Barkhane au profit d’un dispositif resserré.

    De plus, le Tchad, autre force militaire d’envergure, traverse une période d’incertitude après le décès au combat de son chef d’État Idriss Déby en avril, et a décidé du retrait de 600 militaires de la force du G5 Sahel.

    Cette diminution de l’engagement de ces deux acteurs majeurs (la France et le Tchad) en matière de sécurité régionale pourrait amener l’Algérie à jouer un rôle plus actif dans la crise sahélienne, alors qu’elle conserve une forte influence dans le nord malien.

    Le Mali, une solution « à 90 % algérienne »
    Le président Tebboune a déclaré à ce sujet que la solution malienne était « à 90 % algérienne » et que son pays se tenait prêt à « aider Bamako ». L’Algérie a réactivé le CEMOC (Comité d’état-major militaire opérationnel conjoint regroupant l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, longtemps resté coquille vide), qui s’est réuni en février 2021 à Bamako.

    Le 10 août, c’est à Alger que s’est tenue une « conférence sur la sécurité au Sahel » sous l’égide du ministère des Affaires étrangères. Y ont été conviés des responsables politiques et sécuritaires des cinq pays subsahariens, des Nations unies et de l’Union africaine.

    Lamamra s’est rendu peu après au Mali pour réaffirmer l’engagement algérien auprès des autorité de Bamako, annonçant que son pays pourrait financer la reconstitution de l’armée malienne.

    Enfin, ce dynamisme diplomatique s’est exprimé de façon spectaculaire à l’annonce de la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc.

    Si les propos du Maroc à l’ONU exprimant le droit à l’autodétermination de la Kabylie ont été vécus comme un affront, les dernières victoires diplomatiques marocaines – réintégration de l’Union africaine en janvier 2017, reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental par les États-Unis – plaidaient déjà en Algérie pour une reprise de l’initiative.

    Plus inquiétant, les deux pays semblent avoir fait leur choix face au dilemme de sécurité : entre 2016 et 2020, le Maroc et l’Algérie ont importé 70 % des armes présentes en Afrique (hors Égypte) selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), qui classe l’Algérie au sixième rang mondial des importateurs d’armes.

    Cette rupture diplomatique intervient également quelques mois après la reprise des hostilités au Sahara occidental entre Front Polisario et le Maroc, une première depuis le cessez-le-feu de 1991.

    L’Armée nationale populaire algérienne a par ailleurs conduit en janvier 2021 d’importants exercices militaires à sa frontière avec le Maroc, le chef d’état-major Chengriha évoquant à cette occasion la menace constituée par des « ennemis d’hier et d’aujourd’hui ». Coutumier du fait, il avait précédemment exhorté les soldats de l’ANP à se tenir prêts pour « la défense de nos frontières […] même contre un ennemi classique ».

    Ce dynamisme diplomatique s’observe au-delà de son environnement immédiat, comme en témoigne l’initiative algérienne pour résoudre le litige autour du barrage éthiopien de la Renaissance.

    Abdelmadjid Tebboune a également entrepris fin août un mouvement d’ampleur au sein du réseau diplomatique algérien, qui a donné lieu à la nomination de sept envoyés spéciaux consacrés à des axes stratégiques pour le pays.

    Cette offensive diplomatique devrait s’inscrire dans la durée, les défis régionaux étant nombreux et compliqués. Toutefois, Alger doit prendre garde à conserver son image d’arbitre qui se projette au-dessus de la mêlée.

    Ses capacités de médiation étaient réputées dans le monde entier, matérialisées par exemple par la résolution de la crise des otages de l’ambassade des États-Unis en Iran en 1979, et constituent un point fort à préserver.

    Surtout, les autorités algériennes auront à trouver un équilibre entre l’énergie allouée à la gestion des dossiers diplomatiques et celle dédiée à la situation interne, tandis que la répression contre des journalistes ou des opposants se poursuit et que la crédibilité de l’État a sévèrement été mise en cause cet été par la gestion du pic épidémique de COVID-19 et des terribles incendies qui ont ravagé la Kabylie.

    Alain Leroy

    Middle East Eye, 29/09/2021