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  • Algérie : Qu’est-ce qui fait courir le chef de l’Africom?

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    Le chef d’Africom a été reçu par le président Tebboune: Qu’est-ce qui fait courir le général Stephen Townsend ?

    Le général Stephen Townsend, chef d’Africom est arrivé hier, à Alger. C’est la deuxième fois que le patron de l’ « United States Africa Command » pose pied en Algérie et s’entretient avec le président de la République.

    Un communiqué de la Présidence indiquait que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a reçu, hier, le Général Stephen Townsend, chef du commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (AFRICOM), qui effectue une visite de travail en Algérie en compagnie d’une importante délégation. Aussi, la rencontre a permis « d’examiner les moyens de promouvoir les relations de coopération dans divers domaines liés à l’activité de l’Africom et de passer en revue les développements enregistrés dans la région, en particulier la sécurité au Sahel et les moyens de renforcer les capacités des pays de la région, notamment en matière de lutte contre le terrorisme », ajoute le communiqué.

    La rencontre s’est déroulée « en présence du Général de Corps d’Armée, Chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), Saïd Chanegriha, et du directeur de Cabinet à la présidence de la République, Abdelaziz Khellaf », conclut le communiqué.

    Il y a exactement une année, le 23 septembre 2020, il était à Alger ; il s’était notamment exprimé sur le partenariat américain avec l’Algérie en termes très laudatifs, qualifiant l’Algérie de « partenaire fiable et très fort », qui peut jouer « un rôle très important pour assurer la sécurité et la paix dans toute la région ».

    Très attentifs aux développements sécuritaires périlleux dans la triple région maghrébo-saharo-sahélienne (et dont ils sont aussi comptables, notamment concernant la reconnaissance par Trump de la pseudo-marocanité des territoires sahraouis occupés), les Américains sont autant sensibles à la percée sino-russe dans la région et semble avoir grand besoin de l’Algérie dans une guerre économique de haute intensité contre Beijing, et qui semble leur échapper.

    Il est certain que cette visite s’inscrit dans le cadre de cette volonté américaine d’en savoir plus sur les événements qui marquent la région et de connaitre le fond de la pensée des uns et des autres.

  • AFRICOM : L’Algérie campe sur son indépendance décisionnelle

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    «L’Algérie est un partenaire fiable et très fort, et si je suis ici, c’est que nous sommes convaincus que l’Algérie peut jouer un rôle très important pour assurer la sécurité et la paix dans toute la région», a précisé le général d’armée Stephen Townsend, chef du Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), à l’issue de sa rencontre avec le président de la République. 

    L a coopération militaire entre les deux parties se limite, aujourd’hui, à la formation et à l’échange de données techniques. Les Etats-Unis n’ont pas réussi à convaincre l’Algérie de déplacer le siège d’«Africom» de Stuttgart, en Allemagne, vers l’Afrique. Les pouvoirs publics avaient à maintes reprises exprimé leur refus quant à une présence militaire américaine dans la région, en dépit des assurances de Washington qui parle d’une activité purement logistique pour faire face aux menaces des groupes terroristes.

    Dans la perspective toujours de rassurer sur ses intentions, un responsable américain avait estimé à 9 milliards de dollars l’aide des Etats-Unis dans le cadre de l’Africom à l’Afrique. Mhand Berkouk, analyste spécialiste des questions géopolitiques, revient, dans ce cadre, sur cette visite qui relève, dit-il, «de la qualité des relations entre les deux pays qui entretiennent depuis 2005 un dialogue stratégique assez conséquent. Cette coopération souveraine entre deux Etats reflète le respect des Etats-Unis vis-à-vis du rôle que joue l’Algérie dans la consolidation de la paix et de la sécurité dans la sous-région, Afrique du Nord et Sahel, et dans le continent d’une manière générale». 

    Pour lui, «l’expertise algérienne en matière de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme constitue un cas d’école pour les pays qui font face à cette menace transnationale».  Sur la position immuable des autorités algériennes qui refusent totalement l’idée de l’installation de bases militaires étrangères sur son sol, il explique que «de par sa doctrine, l’Algérie a une politique étrangère souveraine basée sur une indépendance décisionnelle devenue presque sacro-sainte. C’est pourquoi elle refuse toute présence étrangère sur son sol et préfère prendre en charge elle-même ses besoins de sécurité nationale».

    PRÉSERVER NOTRE SOUVERAINETÉ À TOUT PRIX

    Evoquant la coopération militaire entre les deux pays et l’Africom qui avait appelé, en 2010, l’Algérie à développer une stratégie militaire aérienne conjointe, Berkouk affirme qu’«au vu de certaines analyses américaines notamment celle publiée récemment dans Military Watch Magazine spécialisé dans les études militaires et stratégiques, l’armée algérienne est la première puissance aérienne dans la région, dépassant de loin les pays du Maghreb», soulignant que «ses capacités de défense nationales sont, néanmoins, définies par une doctrine défensive liée à une lecture objective et reflétant des principes fondateurs de notre politique étrangère, à savoir le respect de la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays».

    Selon le géo-politologue, «les choix opérationnels ou stratégiques du pays sont essentiellement définis par des évaluations actuelles et prospectives des risques et menaces. Toutes les décisions sont ainsi étroitement liées au souci de préserver la souveraineté nationale». A la question de savoir quel est le rôle réel de l’Africom dans le Sahel, sachant que l’Algérie est chargée de coordonner la position du Commandement militaire conjoint des Etats de la région (Algérie, Niger, Mali et Mauritanie), il dira que «toute coopération est définie par des échanges de bonne pratique sécuritaire en matière notamment de lutte contre le terrorisme et le partage d’un savoirfaire opérationnel».

    Et de poursuivre  : «Le Sahel est considéré, cependant, comme une extension même de notre sécurité nationale. C’est pourquoi les autorités demeurent soucieuses de la préservation de cette souveraineté et de l’évolution des cas d’insécurité et de dynamique crisogène dans ces pays.» De l’avis de Mhand Berkouk, «la position algérienne est de principe même si nos besoins sont toujours en évolution au vu de la complexification de l’insécurité dans la région du Sahel et en Libye et la fragilité de la Tunisie».

    Sur l’impact que pourrait avoir la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc sur la coopération algérienne avec l’Africom, il estime que «notre pays est en position de pivot dans cette région au regard de nos capacités nationales endogènes et souveraines». «Nous défendons notre indépendance décisionnelle, contrairement au Maroc qui est dans une position de servitude stratégique au profit de l’Occident et du projet du sionisme mondial», précise-t-il.

    Et de conclure  : «Les Etats-Unis ont toujours essayé d’avoir des relations multi-variables avec l’Algérie en raison du rôle important des deux Etats et de l’identité militaire et sécuritaire des deux pays.»

    Assia Boucetta

    Horizons, 29/09/2021

  • Lamamra: L’Algérie est une source de paix et de stabilité

    Lamamra: L’Algérie est une source de paix et de stabilité

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    Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra s’est exprimé ce lundi devant l’assemblée générale de l’ONU où il a réitéré les positions de principe de l’Algérie et son soutien aux causes justes, notamment celles de la Palestine et du peuple sahraoui qui lutte pour son indépendance.

    Concernant le conflit au Sahara occidental, Ramtane Lamamra a réaffirmé le soutien de l’Algérie « au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination », dénonçant l’« intransigeance » du Maroc. Dans la foulée, il a appelé l’ONU à « assumer ses responsabilités juridiques envers le peuple sahraoui et à garantir ses droits inaliénables ».

    « L’organisation d’un référendum libre et équitable pour permettre à ce vaillant peuple de déterminer son destin et décider son avenir politique, ne peut demeurer à jamais l’otage de l’intransigeance d’un État occupant », a-t-il dit.

    Le chef de la diplomatie algérienne a accusé le Maroc d’avoir « failli à plusieurs reprises à ses obligations internationales, en particulier celles découlant du Plan de règlement élaboré par l’Organisation des Nations-Unies en partenariat avec l’Organisation de l’unité africaine de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale ».

    Ramtane Lamamra a rappelé aussi qu’il s’agit d’une question de décolonisation, comme l’ont reconnu le droit et la légalité internationale « à travers les résolutions du Conseil de sécurité, ainsi que l’avis juridique consultatif rendu par la Cour internationale de justice il y a quatre décennies ».

    Le conflit au Sahara occidental ne peut donc trouver de solution qu’à travers « l’application du principe de l’autodétermination », a-t-il insisté, en rappelant le rôle de l’Algérie pour maintenir dans la région du Maghreb, dans un contexte de tensions régionales marquées par la crise en Libye et au Sahel.

    « L’Algérie, pays voisin et observateur du processus politique, œuvre, sur la base de ce principe, à être une source de paix, de sécurité et de stabilité pour son voisinage, considérant que le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination est inaliénable, non négociable, et imprescriptible », a rappelé M. Lamamra.

    « Dans ce contexte, l’Algérie appuie la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de lancer des négociations directes entre le Royaume du Maroc et la République arabe sahraouie démocratique, deux pays membres de l’Union africaine », a conclu Lamamra.

    Par ailleurs, le MAE algérien a exprimé sa profonde préoccupation face à l’absence de perspectives d’une solution juste et définitive de la question palestinienne et condamné la persistance des pratiques répressives de l’occupation israélienne contre le peuple palestinien.

    «L’Algérie exprime sa profonde préoccupation face à l’absence de perspectives d’une solution juste et définitive de la question palestinienne et condamne la persistance des pratiques répressives de l’occupation israélienne contre le peuple palestinien et son déni total du processus de paix et des résolutions pertinentes des Nations Unies et de la légalité internationale», a déclaré Ramtane Lamamra.

    Le ministre a réitéré l’engagement de l’Algérie en faveur de l’initiative arabe de paix visant à consacrer la solution à deux Etats et à libérer tous les territoires arabes occupés, y compris le Golan syrien, soulignant que l’Algérie continuera à défendre les causes justes des peuples qui luttent pour le recouvrement de leurs droits fondamentaux, y compris leur droit inaliénable à l’autodétermination, notamment en Palestine et au Sahara occidental.

    Le ministre a renouvelé l’appel de l’Algérie à la Communauté internationale et plus particulièrement au Conseil de sécurité afin d’assumer ses responsabilités historiques et légales et contraindre la puissance occupante à mettre fin à son occupation des territoires palestiniens et permettre au peuple palestinien d’établir un Etat indépendant avec Al Qods Echarif comme capitale.

    Nassim Mecheri

    Le Jeune Indépendant, 28/09/2021

  • Mali: Le premier ministre accuse la France d’ »abandon en plein vol »

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    Choguel Kokalla Maïga, premier ministre malien, a accusé samedi la France d’un «abandon en plein vol» avec le retrait de la force Barkhane. Une décision qui, selon lui, a mis son pays «devant le fait accompli», contraignant selon lui son gouvernement à conclure des accords sécuritaires avec d’autres partenaires pour lutter contre le terrorisme.

    «La nouvelle situation (…) nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires», a-t-il fait valoir à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies à New York.

    Le chef du gouvernement a ainsi justifié l’approche de recourir à des partenaires russes, affirmant qu’il s’agit ainsi de «combler le vide que ne manquera pas de créer la fermeture de certaines emprises de Barkhane dans le nord du Mali». Il a notamment déploré le «manque de concertation» et l’annonce «unilatérale» du retrait de Barkhane, sans coordination tripartite avec l’ONU et le gouvernement malien.

    Dans un contexte de menace terroriste accrue, «l’opération française Barkhane annonce subitement son retrait en vue, dit-on, d’une transformation en coalition internationale dont tous les contours ne sont pas encore connus», a-t-il pointé. Et d’ajouter : «en tout cas, pas de mon pays, pas de notre peuple».

    Selon le premier ministre, son pays «regrette que le principe de consultation et de concertation, qui doit être la règle entre partenaires privilégiés, n’ait pas été observé en amont de la décision».

    Il a réclamé qu’au vu de l’évolution à venir, alors que le peuple malien est en droit de vivre en sécurité, la mission de paix Minusma de l’ONU et ses 15.000 Casques bleus aient «une posture plus offensive sur le terrain». Il a enfin assuré qu’il n’y avait «pas de sentiment anti-Minusma au Mali, pas plus qu’un sentiment antifrançais».

    L’annonce par le gouvernement du président Assimi Goïta de signer des accords sécuritaires avec des sociétés d’experts et de conseillers russes a non seulement courroucé Paris mais également ses alliés au sein de la Cédéao, ce qui présage d’une dégradation des relations entre les deux pays, mais aussi d’une probable recrudescence d’actes terroristes dans la région, ce qui ne manquera pas d’inquiéter l’Algérie.

    Répondant aux critiques de journalistes maliens, le Premier ministre du Mali, Choguel K. Maïga n’est pas allé de main morte. «On accuse le Mali de vouloir changer de stratégies, le Président Assimi Goïta a dit simplement à la Cédéao, qu’on ne peut pas être dans une situation où par exemple on apprend qu’il y a une attaque quelque part et on a un hélicoptère qui peut voler pour intervenir, on l’interdit au motif que cette zone est une zone d’entraiment d’autres forces partenaires», a-t-il martelé.

    Le Jeune Indépendant, 26/09/2021

  • Mali: Abou El Walid Al-sahraoui, une création des services français et marocains

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    L’imbroglio Abou El Walid Essahraoui et ses accointances contre-nature avec les services français et marocains
    Emmanuel Macron, le président français, vient d’annoncer la mort du dirigeant du groupe terroriste ‘Etat Islamique au Grand-Sahara, Adnane Abou El Walid, en affirmant que c’était là ‘une autre grande victoire de notre lutte contre les groupes terroristes du Sahel.
    Pour rappel, la France avait annoncé il y a quelques semaines avoir abattu plusieurs hauts dirigeants des groupes terroristes activant au Sahel, dans le cadre de l’opération Barkhane, suite à une nouvelle stratégie mise en place par la France et les pays associés dans cette opération et consistant à viser les plus grands responsables de ces groupes pour les décapiter et mettre à mal leur organisation.
    Mais si les noms de certains responsables des groupes terroristes ont été donnés aussitôt menée l’opération de liquidation, pourquoi avoir attendu plus d’un mois pour annoncer la mort d’Adnane Abou El Walid Essahraoui ? Les analystes avancent le fait que la France ait perdu le marché du siècle avec l’Australie qui a préféré les USA et le Royaume Uni alors que des promesses fermes avaient été données, un marché de fourniture de sous-marins français pour un montant dépassant les 56 milliards d’Euros, et Macron espère tempérer la douleur de cette véritable gifle en faisant cette annonce. Mais cela ne tient nullement la route. Le terroriste est connu pour être près des services secrets de nombreux services secrets, notamment français et marocains, et la France l’aurait sacrifié car sa mort serait bénéfique pour les intérêts de l’hexagone.
    Cela nous amène à nous rappeler qu’Abou El Walid est l’un des terroristes les plus recherchés par les services de sécurité algériens car sa participation à l’attentat à la voiture piégée à Tamanrasset, le 3 mars 2012 qui avait fait 23 victimes a été prouvée. Outre cela, c’est lui qui avait annoncé l’exécution du diplomate algérien Tahar Touati qui avait été enlevé de l’ambassade algérienne de Gao au Mali.
    Repéré depuis 2011 au sein de groupes terroristes, Abou El Walid, de son vrai nom El Habib Ould Ali, a fait partie de nombreux groupes qui changeaient de dénomination au gré des évènements et des besoins : ‘Mouvement de l’unicité et du djihad’, ‘El Mourabitoune’ ou encore ‘Daech’.
    Outre cela, El Sahraoui avait reconnu, sous la bannière du ‘Mouvement de l’Unicité et du Djihad en Afrique’, qui avait fait allégeance à El Qaida et qui était connu pour ses accointances aux services secrets marocains, l’enlèvement des trois citoyens européens des camps du Polisario, avant de reconnaitre, dans une autre opération, l’enlèvement de diplomates occidentaux à Gao dans le Nord du Mali pour demander une rançon de plus de 50 millions d’Euros. Après l’enlèvement des diplomates à Gao, les services secrets algériens et européens ont suivi le parcours d’Abou El Walid, ce qui leur a permis de lever le voile sur une partie de sa vie et de ses accointances.
    Grâce aussi aux recherches et aux enquêtes effectuées par les services algériens, il est apparu clair que des pays européens se cachaient derrière le paiement de rançon pour financer le terrorisme au Sahel dans des buts géostratégiques, dont l’encerclement et la menace des pays Nord-Africains qui refusaient de normaliser leurs relations avec l’entité sioniste.
    Adnane Abou El Walid Essahraoui est natif de la ville d’El Ayoun, et est aussi connu sous le nom d’El Idrissi Lahbib. Il a rejoint les campements des réfugiés sahraouis au début des années quatre-vingt-dix. Après avoir obtenu son baccalauréat, il s’inscrivit à l’université Mentouri de Constantine où il obtint une licence en sciences sociales. Parlant trois langues (arabe, français, espagnol), il a été responsable au sein de l’organisation de l’Union de la Jeunesse de Rio de Oro, proche du front Polisario.
    Après son apparition en octobre 2011 au sein du groupe terroriste ‘Mouvement de l’Unicité et du Djihad en Afrique’ et l’enlèvement de 3 citoyens européens des campements du Front Polisario, Abou El Walid Essahraoui n’a plus donné signe de vie, jusqu’au mois de mai 2012, date à laquelle il est réapparu et qu’il a annoncé que le groupe terroriste auquel il appartient à les mêmes idées que l’organisation El Qaida et qu’il avait fait allégeance à son émir Aimen Eddhawahiri.
    En avril 2012, Essahraoui a exigé, au nom du groupe ‘Mouvement de l’Unicité et du Djihad en Afrique’, le paiement d’une rançon de 30 millions d’Euros pour la libération des otages, puis d’une autre rançon d’un montant de 15 millions d’Euros pour la libération des otages enlevés à Gao. D’ailleurs des informations en possession des services de sécurité de différents paient font ressortir que la France est parmi les pays qui ont payé des rançons pour la libération des otages français.
    Pour rappel, en 2020, des otages français, maliens, italiens ont été libérés contre la libération de 207 terroristes et le paiement de rançons allant de 6 à 30 millions d’Euros, dans un marché conclu avec le chef du groupe terroriste conduit par Iyad Agh Ghali. Abou El Walid a, en mai 2015, annoncé son allégeance à Abou Bakr El Baghdadi, le chef de Daech. 
    En juillet 2015, Abou El Wali a été déchu de ses responsabilités à la tête du groupe ‘El Mourabitoune’ qu’il avait intégré quelque temps auparavant, et le remplaça par Mokhtar Belmokhtar, tristement connu en Algérie et ailleurs.
    Pourtant, de nombreux rapports de différents services de sécurité affirment que ce sont les services spéciaux marocains qui seraient derrière la planification et l’exécution de l’enlèvement de 3 coopérants étrangers des campements de réfugiés sahraouis à Tindouf. Selon ces rapports, ce sont 7 agents des services secrets marocains qui se sont rendus à Nouakchout en Mauritanie où ils auraient rencontré des contrebandiers activant au Sahel puis se sont déplacés au Mali pour rencontrer ceux qui devaient exécuter l’enlèvement.
    Ainsi et après que ces vérités aient été mises à jour, il apparait clair que les services marocains ont manipulé Abou El Walid ‘Essahraoui’ et ont accolé l’épithète ‘Essahraoui’ pour relier son nom au Sahara Occidental dans le but premier de faire admettre à la communauté internationale que le front Polisario était en fait un groupe terroriste et, en deuxième lieu, essayer de faire en sorte que les aides internationales lui soient interdites de la part, surtout, des pays occidentaux. 
    Enfin, les mêmes rapports font ressortir aussi que le groupe terroriste qui se fait appeler ‘Mouvement de l’Unicité et du Djihad en Afrique’ est une création des services spéciaux marocains pour porter atteinte à la crédibilité du Front Polisario et le classer comme mouvement terroriste et en donnent pour preuve le fait qu’il ait enlevé des volontaires des organisations d’aide internationales (deux espagnols et une italienne) de la région de Rabouni où se trouve le siège de la présidence sahraouie.
    A moins qu’il s’agisse d’un suicide dans toute son ampleur, la présidence sahraouie n’aurait jamais commis un tel acte au sein même de la région où se situe son siège, ce qui signifie que le commanditaire de cette opération voudrait discréditer le Front Polisario et le gouvernement sahraoui, mais il a été trop niais pour croire qu’il serait cru par les organisations internationales ou par les Etats, qu’ils soient occidentaux ou non.
    Tahar Mansour
    La Patrie News, 19/09/2021
  • La République sahraoui condamne «les tentatives désespérées» visant à ternir l’image du combat du peuple sahraoui

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    La République sahraouie a condamné dans les «termes les plus forts» les tentatives des médias marocains et de ses relais médiatiques en France visant à ternir l’image du combat menée par le peuple sahraoui en l’associant calomnieusement à des organisations terroristes. 
    Dans un communiqué rendu public, jeudi, le ministère sahraoui de l’Information a condamné «les tentatives d’utiliser abusivement le nom +al-Sahraoui+ médiatiquement relayé, pour laisser entendre qu’il existe une relation directe» entre le chef de l’organisation terroriste de l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS), Adnan Abou Walid et le peuple sahraoui et sa lutte nationale légitime pour la liberté et l’indépendance. 
    Qualifiant ces tentatives médiatiques de «désespérées», le ministère a réaffirmé «les positions indéfectibles de la République sahraouie et ses efforts incessants en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisée transfrontalier dans la région». 
    Des médias marocains et français ont rapporté, jeudi, la nouvelle de la mort du dénommé Adnan Abou Walid, chef de l’organisation dite «EIGS», en lui collant l’étiquette de «sahraoui» devant son nom. 
    La République sahraouie a affirmé que «le peuple sahraoui et le front Polisario depuis sa création à ce jour en tant que mouvement de libération national responsable, misent sur le combat du peuple sahraoui de manière propre et saine et dans le cadre du droit international et humanitaire, car cela émane de son choix conscient, permanent et stratégique à ne tolérer aucun acte susceptible d’attenter à ce principe sacré». 
    Le dénommé Adnan Abou Walid, ajoute la même source, «est le produit direct d’un contexte d’occupation barbare dont subit une grande partie de notre territoire national». 
    «Le rôle négatif du Royaume marocain, dans toutes les catégories du crime organisé en inondant la région par la drogue et en constituant des alliances entre ses trafiquants est les groupes terroristes dans la région, est manifeste et documenté par tous les centres internationaux et les agences spécialisées», souligne la même source. 
    La République sahraouie a réitéré que «le peuple sahraoui poursuivra son combat national légitime avec toutes ses forces dans le cadre du droit inaliénable garanti par le droit international à l’autodétermination et à l’indépendance».
  • Algérie-Maroc: du Maghreb des dupes au Maghreb des peuples

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    L’annonce mardi 24 août 2021 par Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères, de la rupture des relations diplomatiques avec le royaume du Maroc n’est certainement pas un coup de tonnerre dans un ciel d’été. Quelques jours auparavant, le communiqué publié par la présidence algérienne lors de la dernière réunion du Haut Conseil de sécurité le 18 août laissait entrevoir une escalade dans le durcissement de la position d’Alger vis-à-vis du Palais royal. S’il faut prendre avec réserve les déclarations souvent théâtrales par lesquelles les deux despotismes voisins stimulent de très utiles – pour leur survie – réflexes nationalistes, il s’agit incontestablement d’une évolution préoccupante des rapports entre les deux capitales. Même si dans sa déclaration publique le ministre des Affaires étrangères algérien a cherché à en relativiser la portée, la rupture des relations diplomatiques est un acte particulièrement grave qui, selon les usages de politique internationale, précède souvent l’ouverture d’hostilités.

    Méfiance, hostilité et… connivence

    Les tensions, anciennes et récurrentes, entre Alger et Rabat procèdent largement d’un jeu convenu, très balisé, entre deux régimes adverses mais également solidaires lorsqu’il s’agit de leur préservation. Il est peu probable, sauf dérapage majeur, que la dégradation, continue depuis des mois, aille jusqu’au conflit ouvert. Aucune des deux parties n’a intérêt à laisser les événements échapper à tout contrôle. La guerre des sables de 1963 et les batailles d’Amgala I et II en 1976 ont démontré la coûteuse – et dangereuse – inutilité des confrontations directes.

    L’Algérie et le Maroc ont le plus souvent entretenus des liens plutôt lâches et empreints de méfiance. Si la mémoire de la période de guerre de libération en Tunisie est marquée par la reconnaissance et la gratitude pour l’accueil populaire et officiel, ce n’est pas le cas pour le Maroc. Certes, le FLN/ALN a bénéficié d’un soutien franc, généreux et massif du peuple marocain, mais les autorités ont joué un rôle ambigu, parfois même carrément hostile vis-à-vis des contingents de l’ALN, en raison notamment de revendications territoriales. La prétention marocaine à la reconfiguration des frontières aboutira d’ailleurs à la brève mais sanglante guerre « des sables » en octobre 1963…

    La période de rapports apaisés qui a suivi le traité d’Ifrane en 1969 dure jusqu’en 1975 et la trahison par l’Espagne de ses engagements vis-à-vis des populations du Sahara occidental par l’accord secret de cession du territoire au Maroc et à la Mauritanie. Le fait accompli d’une occupation de type colonial, bafouant le droit international et les résolutions de l’ONU, n’est pas accepté par les Sahraouis, soutenus par l’Algérie au nom du principe essentiel du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Depuis lors, les relations bilatérales sont au plus bas, en particulier après la fermeture des frontières terrestres en 1994. La situation de tension permanente créée depuis la Marche verte en 1975 est une aubaine pour la monarchie qui peut déployer son armée loin du centre du pouvoir et pour le régime d’Alger qui légitime le rôle politique des militaires par la menace sur les frontières ouest. Les dessous de table et commissions illicites prélevés lors de très importants contrats d’armement enrichissent les clientèles des deux régimes.

    Makhzen et stratégie de la tension

    Si un accord de modus vivendi semble accepté de part et d’autre, il n’en demeure pas moins qu’Alger et Rabat demeurent en compétition en termes d’influence régionale et continentale. Les politiques, pro-occidentale pour le Maroc, non-alignée pour l’Algérie, sont concurrentes et contradictoires, nourrissant une authentique animosité entre le Makhzen moyenâgeux et la dictature militaire algérienne. Malgré leur différence de nature, les deux régimes policiers et antidémocratiques représentent les faces différentes d’un semblable autoritarisme.

    Les rapports très distendus entre les deux capitales depuis l’annexion illégale du Sahara occidental par le roi Hassan II, qui avaient déjà débouché sur une rupture des relations diplomatiques en 1976 (à l’initiative de Rabat), se sont particulièrement dégradés depuis quelques mois au fil d’initiatives hostiles du Makhzen. Conforté par le soutien américain traduit par la reconnaissance, au mépris du droit international, de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la normalisation avec Israël, le roi Mohamed VI semble avoir opté pour une approche politico-diplomatique offensive. Le mémorandum soutenant les revendications du MAK1, mouvement autonomiste kabyle sans ancrage social significatif, diffusé le 14 juillet dernier par le représentant du Makhzen aux Nations unies, constitue une provocation, certes sans grand impact mais qui met en exergue le double langage monarchique en direction des Algériens – puisque le roi a invité peu après, lors de son discours de la fête du Trône du 4 août, « le Président algérien à œuvrer à l’unisson au développement des rapports fraternels tissés par nos deux peuples durant des années de lutte commune – et constitue une provocation avérée.

    La stratégie de la tension menée par Rabat et soutenue par les principautés du Golfe persique, les Américains et les Israéliens, est avant tout fondée sur une évaluation de la situation politique et économique de l’Algérie. Selon les stratèges du palais, la fragilisation sans précédent des équilibres algériens depuis le Hirak et la chute d’Abdelaziz Bouteflika ouvre une fenêtre d’opportunité pour sceller définitivement l’emprise sur le Sahara en contribuant activement à l’affaiblissement durable de son voisin.

    Sionisme et wahhabisme : les ennemis aux portes

    Cette appréciation semble partagée par les alliés du Makhzen, notamment les pétromonarchies inquiètes devant la puissance du courant démocratique très pacifiquement exprimé par la société algérienne. Les émirs qui redoutent la contagion démocratique, souhaitaient une répression rapide du Hirak et n’apprécient guère la stratégie de strangulation graduelle du mouvement mise en œuvre par les polices du régime. Le refus d’Alger de s’aligner sur la ligne wahhabite en Libye et le développement d’une coopération politique avec la Turquie a fini par créer une certaine exaspération à Abu-Dhabi et Riyad. L’ouverture il y a plusieurs mois de consulats des Émirats arabes unis et du Bahreïn à Laâyoune, capitale administrative du Sahara occidental occupé, est un signal on ne peut plus clair du feu vert golfique aux options de Rabat, qui a pesé sans doute dans la reconnaissance officielle d’Israël par le royaume chérifien.

    Si elle a choqué l’opinion publique au Maroc, ou la cause palestinienne bénéficie d’un profond soutien populaire, la normalisation n’est en réalité que l’officialisation d’une relation très ancienne du Makhzen avec Israël. Le royaume, cheval de Troie impérialiste dans la région, collabore étroitement avec l’« entité sioniste » depuis fort longtemps et bénéficie notoirement du savoir-faire israélien en matière de renseignement et de guerre électronique. L’armée marocaine reçoit des équipements offensifs fabriqués par Tel Aviv, notamment des drones, et bénéficie d’une assistance opérationnelle d’experts israéliens. Le scandale Pegasus a jeté une lumière brutale sur la nature subversive et déstabilisatrice de la coopération entre deux systèmes coloniaux. Ce climat de familiarité avec le cœur du système makhzénien explique l’étonnante sortie, à partir de la capitale du Maroc, du ministre sioniste des Affaires étrangères le 12 août 2021 associant l’Algérie à l’Iran dans un « axe négatif » très connoté. L’intention est limpide, il s’agit pour ces protégés de l’impérialisme de diaboliser Alger en réanimant l’« axe du mal » inventé par les néoconservateurs autour de George W. Bush…

    Mais c’est incontestablement le soutien américain, diplomatique et militaire qui pèse décisivement dans la balance. L’administration Biden a confirmé la reconnaissance de la « marocanité » du Sahara occidental concédée par Donald Trump et n’a pas cherché à nuancer l’orientation anti-algérienne d’exercices militaires avec l’armée du Makhzen. Des manœuvres aériennes entre les deux armées de l’air américaine et marocaine, en 2019 et 2020 avaient déjà impliqué des bombardiers stratégiques dont on imagine mal le déploiement contre des groupes terroristes. Pour enfoncer le clou, les manœuvres conjointes entre les Forces armées royales et l’armée américaine, baptisées African Lion, du 7 au 18 juin 2021 simulaient quasi-explicitement une confrontation avec l’Armée nationale populaire…

    Ce soutien international dans un contexte régional marqué par la crise politique algérienne ouverte en février 2019 (et qui s’inscrit dans la durée) donne des ailes à un régime médiéval, corrompu et extrêmement inégalitaire, disposé à tous les reniements. Le soutien extérieur étant acquis, il ne reste plus au Makhzen que de tenter de mobiliser son opinion interne au prix d’audacieuses contorsions propagandistes. En effet, si le discours officiel est surtout centré sur la « cause nationale », l’annexion du Sahara occidental, il reste résolument mutique sur les enclaves espagnoles sur son territoire. Tandis que les mobilisations populaires pour les libertés, qui se multiplient depuis les années 2010, sont brutalement réprimées : un durcissement qui joue également un rôle important dans celui de la posture marocaine anti-algérienne.

    « Main étrangère » et « citadelle assiégée »

    L’hystérisation de cette posture convient parfaitement aux décideurs d’Alger, confrontés quant à eux à une crise pluridimensionnelle et à des perspectives socio-économiques plutôt inquiétantes. Le spectre de la menace extérieure régulièrement convoqué pour provoquer un sursaut « patriotique » autour du régime est réactivé par les provocations de Rabat. L’instrumentalisation du nationalisme vise principalement à éteindre la contestation politique et à susciter le ralliement autour du régime. Ce stratagème, usé jusqu’à la corde, ne rencontre toutefois qu’un écho relatif. Tout comme les agissements et le discours du Makhzen. L’opinion publique algérienne, informée et politique, sait parfaitement à quoi s’en tenir vis-à-vis des deux despotismes maghrébins.

    Les Algériennes et les Algériens dans leur vaste majorité sont loin d’ignorer que la menace effective sur la stabilité, la prospérité et la sécurité du pays procède précisément du sommet de la hiérarchie militaro-sécuritaire. La « main étrangère » responsable de la déstabilisation du pays se trouve au faîte des appareils de pouvoir.

    C’est bien sous l’égide de la coupole militaro-sécuritaire que les fondements productifs de l’économie algérienne ont été démantelés à la suite des accords de stand-by avec le FMI en janvier 1994. C’est sous la conduite des décideurs en uniforme que s’est formée, dans la prédation et la prévarication, une caste compradore qui a sapé méthodiquement les capacités productives nationales en altérant gravement l’image du pays. Les luttes féroces des groupes d’intérêts concurrents au sommet de la hiérarchie militaire depuis l’avènement du Hirak en février 2019 ont permis de donner une idée de l’ahurissant niveau de corruption du système. Trente généraux sont emprisonnés ou en fuite à l’étranger, tout comme des dizaines de ministres (dont deux Premiers ministres…). Il ne s’agit là que d’un reflet parcellaire ou sélectif d’une organisation de la prédation ostensiblement instaurée comme mode de gouvernement sous l’égide des appareils sécuritaires. Le système né du coup d’État de janvier 1992 a détruit l’administration du pays pour faciliter un processus d’accaparement criminel du patrimoine public et de détournement massif des produits de la rente des hydrocarbures.

    Dans la frénésie affairiste délinquante des années Bouteflika, l’Algérie des putschistes a perdu l’essentiel de la grammaire sociopolitique forgée durant la guerre de libération. L’effondrement interne, moral et politique, a accompagné l’effacement progressif du pays de la scène internationale et l’évaporation d’une part importante de son crédit diplomatique. La marginalisation politique d’Alger a culminé dans le mépris ostensible de l’Otan à l’égard des intérêts nationaux lors de la destruction de l’État frère de Libye en 2011.

    L’appareil diplomatique algérien mis entre parenthèses après le coup d’État contre la démocratie du 11 janvier 1992 a été méthodiquement déconstruit par l’entourage du président Bouteflika avec l’assentiment des généraux qui l’ont porté au pouvoir. L’objectif assigné au président par les militaires en 1999 était clair et très circonscrit : renouer les liens du régime avec l’Occident de plus en plus réticent à couvrir les exactions monstrueuses du régime dans sa « sale guerre » contre les civils. Abdelaziz Bouteflika et ses proches ont utilisé à cette fin leurs relais, au premier chef les potentats du Golfe, avec des conséquences préjudiciables sur la sécurité nationale. Au cours de cet interminable règne de près de vingt ans, la voix de l’Algérie est donc progressivement devenue inaudible sur le plan international et particulièrement au sud du Sahara.

    La quasi-disparition de l’Algérie de la scène africaine, conjuguée aux ratonnades contre les migrants sub-sahariens, a très visiblement affaibli l’influence continentale du pays, ce qui a permis aux alliés du régime sioniste d’apartheid de conquérir des positions en Afrique, jusqu’à permettre l’intégration de Tel Aviv en tant qu’observateur dans l’Union africaine.

    Un changement de paradigme contrarié

    Il reste que l’indignation officielle devant la « normalisation » marocaine prête à sourire. Sans même évoquer les visites et rencontres secrètes, le régime a ouvert des canaux de communication depuis la rencontre cordiale d’Abdelaziz Bouteflika avec Ehud Barak à Rabat en juin 1999 lors des funérailles de Hassan II. Le même Bouteflika a rencontré Shimon Peres et d’autres dignitaires sionistes lors d’un séminaire aux Baléares en octobre de la même année sans que cela ne provoque d’émotion dans les cercles du pouvoir. Le régime a multiplié les gestes positifs en direction d’Israël, des journalistes et universitaires, proches de la police politique, se sont par exemple rendus à Tel Aviv en 2009, subissant quelques critiques de pure forme. Des critiques épargnées au général Ahmed Gaïd-Salah et à d’autres officiers de haut rang qui se sont affichés la même année dans des réunions de l’OTAN aux côtés de hauts gradés israéliens. Après tout, une propagandiste de l’éradication, aujourd’hui sous les verrous pour corruption, a bien été ministre pendant douze ans malgré une visite très médiatisée à Tel Aviv en 19962….

    Le régime algérien n’a pas exprimé la moindre réserve à l’endroit du processus de normalisation engagé par les principautés du Golfe, notamment les Émirats arabes unis, qui n’ont jamais bénéficié auparavant d’une aussi grande influence en Algérie, jusqu’aux centres décisionnels de l’armée. En sus d’une ouverture économique au détriment de l’intérêt national, les Émirats arabes unis, qui contrôlent les principaux ports algériens, sont associés à l’ANP dans d’étranges opérations d’achat de matériel militaire (deux frégates en Allemagne) et de joint-ventures (unités de montage de camions et de blindés légers) dans des environnements financiers opaques. La proximité émiratie avec l’armée algérienne est illustrée par les fréquents déplacements des sommets de la hiérarchie militaire vers un pays qui a été la destination du premier voyage à l’étranger du général Saïd Chengriha, chef d’état-major qui a succédé, en décembre 2019, au général Ahmed Gaïd-Salah, brusquement décédé dans des circonstances peu claires. Il n’est pas anodin de rappeler que le chef de la DGSI, police politique militaire, depuis avril 2020, le général Abdelghani Rachedi, était auparavant attaché militaire à Abu Dhabi.

    De fait, l’interdiction de porter le drapeau palestinien lors des manifestations du Hirak n’est pas une décision neutre. Au prétexte du bannissement de tous les drapeaux à l’exception de l’emblème national, il s’agit bien, tous l’ont compris, d’une indication de réorientations contre-révolutionnaires torpillées par la seule volonté du peuple algérien, qui s’identifie naturellement au peuple de Palestine dans sa lutte de libération. Le soutien à la Palestine et la détestation du colonialisme sont au cœur de l’identité politique de la société algérienne. Aucun régime ne peut aller à l’encontre de cette orientation fondatrice sans risquer des ruptures majeures.

    Autonomie vs hégémonie, entre Est et Ouest

    La réorientation vers l’Occident de la diplomatie algérienne se heurte également à un obstacle militaire particulièrement difficile à contourner. En effet, la plus grande part de l’armement de l’ANP est traditionnellement issue des usines russes. L’adossement de l’armée aux arsenaux russes est ancien, datant d’avant même l’indépendance du pays. L’Union soviétique a toujours mis à disposition ses armes, y compris les plus modernes, à des prix particulièrement compétitifs3. À la suite de l’URSS, la Fédération de Russie4 fournit des équipements militaires de haute technologie que les Occidentaux, les Américains en particulier, pourtant sollicités avec insistance, refusent de vendre à l’Algérie.

    Le soutien à la cause palestinienne et le non-alignement tenace de l’Algérie expliquent largement les fins successives de non-recevoir de Washington pour l’acquisition de matériels sensibles. Les militaires, qui disposent des ressources financières nationales et ne dépendent pas de l’aide étrangère, ne peuvent se résoudre à réduire le seuil qualitatif ouvert par Moscou. Cette orientation a été actée par le partenariat stratégique conclu lors de la visite de Vladimir Poutine en mars 2006 qui scelle durablement la relation militaire bilatérale. L’ouverture à des fournisseurs tiers est donc opérée ponctuellement et à la marge des besoins d’équipement stratégique de l’ANP. Très concrètement, la méfiance des Occidentaux vis-à-vis d’un pays jugé « irrédentiste » malgré tous les reculs du régime et leur réticence à livrer les systèmes d’armes dotés du niveau de performances attendu par l’armée algérienne contribuent à maintenir celle-ci hors du champ de coopération « de confiance » en confortant la position russe dans le pays.

    L’ancrage russe (et, dans une mesure moindre, chinois) de l’ANP est donc consolidé paradoxalement par la persistance de la méfiance occidentale vis-à-vis de l’Algérie. L’ANP a pourtant effectué de nombreux gestes en direction des États-Unis et de leur sphère d’influence. Outre la participation à des réunions et manœuvres de l’Otan, la coopération extrêmement étroite en matière de renseignement et de lutte antiterroriste s’est accompagnée par des facilités de présence en Algérie, l’autorisation de survol du territoire par les aviations militaires d’États extracontinentaux et le soutien logistique aux forces expéditionnaires dans la région. Ces dispositions visant à l’équilibre diplomatique ne semblent pas influer sur la perception américaine notamment, comme l’illustre le renforcement des dispositifs autour du pays5 et les cibles trop identifiables des exercices militaires conjoints avec les pays de la région.

    Le Makhzen : contre le régime ou contre l’Algérie ?

    Les deux pays les plus peuplés du Maghreb, bien que se situant plus que jamais dans des camps idéologiquement distincts et géopolitiquement concurrents, font face néanmoins à des contestations politiques aux formes très voisines. Appelés Hirak dans les deux pays, ces mouvements, dans la province du Rif au Maroc et sur tout le territoire en Algérie, sont l’objet dans les deux pays d’une répression très brutale. Les animateurs politiques ou des figures de ces Hiraks pacifiques sont arrêtés, torturés et lourdement condamnés par une justice aussi servile au Maroc qu’en Algérie. Des dizaines de militants des droits de l’homme, des journalistes sont violentés et emprisonnés arbitrairement. Si les deux systèmes politiques ne se ressemblent pas effectivement, ils ont recours aux mêmes méthodes et partagent la même aversion pour le droit et la démocratie.

    Ainsi, en dépit d’un bilan désastreux en termes de respect des droits de l’homme et du droit international, la monarchie marocaine est encore plus fermement insérée dans le dispositif stratégique de l’Occident. Le Makhzen, organisation féodale moyenâgeuse, est considérée comme un partenaire tout à fait acceptable par les parangons européens et américains de la modernité démocratique. L’Algérie, malgré la réduction de sa marge de manœuvre et la difficile redéfinition du non-alignement dans une multipolarité globale encore en gestation, maintient un cap minimal décolonial, anti-hégémonique et rejette la normalisation avec Israël. Mais les deux systèmes, et c’est là sans doute l’essentiel, bénéficient l’un et l’autre du soutien du G7 au nom de la stabilité régionale, menacée par l’effondrement des États corrompus du Sahel et la multiplication des groupes « djihadistes », et des intérêts bien compris des « grandes puissances ».

    Les crispations des dernières semaines relèvent-elles pour autant du psychodrame bilatéral auquel sont habituées les deux capitales ? La présence active d’Israël sur les frontières ouest, notamment sur le mur de défense érigé au Sahara occidental, modifie l’équilibre des forces dans la région. La mort d’Addah Al-Bendir, chef de la gendarmerie sahraouie, tué par un missile probablement tiré à partir d’un drone en avril 2021, pourrait bien représenter l’élément déclencheur d’une élévation du niveau de conflictualité au Sahara occidental par l’introduction d’armements nouveaux…

    Même s’il est à peu près avéré que ni Rabat ni Alger ne souhaitent s’engager dans une guerre ouverte, l’hypothèse d’une confrontation à la suite de dérapages ou de provocations n’est pas à exclure. On a peine cependant à imaginer les satrapes du Makhzen ou la gérontocratie militaire algérienne se fourvoyer dans une aventure incertaine dont aucun des protagonistes ne sortira indemne.

    A moins que, fort du soutien américano-israélien, le roi du Maroc et son entourage pourraient estimer que l’heure serait venue d’asseoir définitivement leur souveraineté sur le Sahara face à une Algérie fragilisée, et ne tente un coup de force. Au-delà d’une pure gesticulation, la diffusion du tract soutenant les revendications sécessionnistes du MAK par l’ambassadeur marocain aux Nations unies va dans le sens d’une surenchère belliqueuse. Les parrains de Rabat autoriseront-ils une telle évolution ? L’Algérie, dernier pays du Front du refus6 encore debout, reste sourd au chant des sirènes normalisatrices et abrite une société politique populaire consensuellement attachée à l’indépendance du pays et à la solidarité avec les peuples en lutte, tant en Palestine qu’au Sahara occidental. L’encouragement du séparatisme identitaire pour casser le front social et le consensus politique national tel que proclamé le 1er novembre 1954 n’a donc pas grande chance de porter ses fruits. La cohésion nationale, ainsi que l’a démontré le Hirak depuis le premier jour, ne peut être remise en cause par des mouvements marginaux et sans relais majeur dans la société, quelle que soit l’ampleur du soutien étranger dont ils bénéficient.

    Vers un Maghreb démocratique ?

    Les stratégies de déstabilisation et les actes de provocation du Makhzen sont d’autant plus inacceptables qu’ils sont dirigés contre le voisin le plus proche à tous points de vue. Mais ils illustrent bien l’immoralité et l’irresponsabilité d’une monarchie qui écrase les libertés, méprise le droit international et disposée aux plus indignes trahisons. L’opinion publique en Algérie sait faire la différence entre le peuple marocain frère et les félons qui dirigent leur pays. Tout comme l’opinion au Maroc sait ce qui sépare le peuple algérien d’une dictature sans scrupules.

    À contrecourant de l’histoire, les absolutismes royaux d’un autre temps et les autoritarismes militaro-policiers caducs sont voués à disparaître, et il faut espérer que cette évolution inévitable se fasse au moindre coût humain et politique. Il s’agit là de l’ultime responsabilité de castes de pouvoir à Alger et Rabat qui auront, chacune dans ses propres dérives et ses trahisons respectives, démontré leur impéritie et portent tout le poids des vicissitudes qui empêchent la constitution du Grand Maghreb. Les crises de ces régimes ne sont pas celles des peuples.

    Dans tout le Maghreb, les nouvelles générations ne sont dupes d’aucune manœuvre et ne mettront pas en jeu leur évidente communauté de destin pour permettre à des organisations de pouvoir illégitimes et illégales, qui n’offrent à leur jeunesse que le désespoir et l’immigration clandestine, de se maintenir dans le mensonge et la violence. La modernisation politique est impérative, tant les défis qui attendent les sociétés maghrébines dans les années à venir sont immenses, complexes et nécessitent la mise en commun de tous les moyens et la mobilisation de toutes les compétences disponibles. L’avenir du Maghreb est entièrement dans la démocratie, le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la constitution, enfin, d’États de droit pour les libertés et de justice. Les peuples du Maghreb rejettent toute hégémonie ou mise sous tutelle et sont indéfectiblement solidaires du peuple palestinien dans sa lutte de libération décoloniale. La fraternité de tous les peuples du Maghreb est inaltérable.

    Notes

    1 Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie. Organisation groupusculaire, surtout présente en France et au Canada, dirigée par Ferhat Mehenni, un ancien chanteur, qui revendique l’indépendance de la Kabylie.

    2 Khalida Messaoudi-Toumi s’est rendue à Tel Aviv en compagnie de la journaliste française Elisabeth Schemla en mars 1996.

    3 Voir général Rachid Benyellés, Dans les arcanes du pouvoir. Mémoires 1962-1999, Barzakh, Alger, 2017.

    4 Sur la relation Algérie-Russie, voir Mansouria Mokhefi, « Alger-Moscou : évolution et limites d’une relation privilégiée », Politique étrangère, n° 3, 2015.

    5 Comme le renforcement de la base aérienne de Moron de la Frontera en Andalousie.

    6 Le « Front du refus », ou « Front du refus et de la fermeté », face à une normalisation avec Israël, réunissant l’Algérie, la Libye, la Syrie, le Yémen du Sud et OLP, a été créé lors du Sommet de Tripoli du 1er au 5 décembre 1977. Il a été ainsi dénommé par opposition au « Front du silence » réunissant les pays du Golfe persique et le « Front de la capitulation » mené par l’Égypte et le Soudan avec l’appui du Maroc (voir Paul Balta, « Les aléas des relations avec le monde arabe », Le Monde diplomatique, novembre 1982).

    Omar Benderra, Algeria-Watch, 31 août 2021

    Hoggar, 05/09/2021

  • Le Maroc a profité de l’absence de l’Algérie sur la scène diplomatique pour s’infiltrer négativement en Afrique

    Algérie, diplomatie, Afrique, Maroc, Sahel, #Algérie, #Maroc,

    Abderrahmane Ben Chriet, enseignant universitaire, à El Moudjahid : «Vigilance diplomatique»
    Le professeur Abderrahmane Ben Chriet, enseignant universitaire en philosophie politique à l’université de Djelfa, a souligné, dans un entretien à El Moudjahid, l’impératif de conforter le front interne pour renforcer la diplomatie, plaidant pour une «vigilance diplomatique» et une «diplomatie de renseignement».
    Entretien réalisé par : Neila Benrahal
    El Moudjahid : Le Président Tebboune a décidé de la création des postes d’envoyés spéciaux, chargés de conduire l’action internationale de l’Algérie et du lancement d’un vaste mouvement dans le corps diplomatique. Votre analyse ?
    Pr Chriet : Nous avons constaté une impulsion de la diplomatie algérienne, depuis la nomination de M. Ramtane Lamamra au poste du ministre des Affaires étrangères.
    C’est une compétence reconnue dans le domaine de la diplomatie régionale comme internationale dans le règlement des conflits par la voie de dialogue. La création de postes d’envoyés spéciaux, une première dans les annales de la diplomatie algérienne, s’inscrit, en premier lieu, dans la mise en œuvre des engagements du président de la République à donner un souffle nouveau à le diplomatie algérienne, et à accroître son efficacité au niveau international, notamment dans le contexte actuel, au niveau régional particulièrement. Cette décision constitue une rupture avec les anciens mécanismes des consulats et ambassades, dont certains ont démontré leur inefficacité, ce qui a provoqué une charge et causé la dilapidation de deniers publics. Ces nouveaux postes répondent à un besoin urgent, celui de la présence de l’Algérie dans tous les continents, appuyée par sa réputation politique.
    Il faut savoir que la diplomatie est l’un des piliers de la relance économique , pour conquérir de nouveaux marchés, notamment en Afrique, et les échanges des expériences et expertises, avec la contribution de la diaspora nationale composée de grandes compétences engagées pour la contribution au développement du pays, d’autant que le MAE est devenu ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.
    La désignation de ces nouveaux diplomates, avec le statut d’envoyé spécial, va certainement booster l’action de l’Algérie au niveau international, après constatation d’un recul, ces dernières années, au profit de certains pays, comme le Maroc qui a profité de l’absence de l’Algérie sur la scène diplomatique, pour s’infiltrer négativement en Afrique, soutenu par l’entité sioniste en Éthiopie, et qui vise à s’étendre dans la région du Sahel.
    Selon le plan d’action du gouvernement, l’action diplomatique de notre pays sera orientée «vers la défense des intérêts de la Nation»…
    La diplomatie est la première ligne de défense contre les menaces extérieures, d’où la nécessité d’une vigilance diplomatique de renseignement. Nous avons vu, avec les derniers incendies criminels, que la menace est réelle et le que rôle de la diplomatie algérienne est de mise. Il faut privilégier l’action d’anticipation dans la lutte contre toute menace sur la stabilité interne, d’où le rôle de nos représentations diplomatiques qui ne doit pas se limiter à celui de touristes à l’étranger, avec consulats et ambassades sans rendement.
    L’Algérie veille aujourd’hui à restaurer sa place diplomatique. Notre pays avait son poids et sa voix dans les années 1990, en Afrique et en Europe, notamment.
    Notre diplomatie a toujours fait preuve de neutralité et de respect de déontologie et des conventions internationales, en refusant de s’immiscer dans les affaires internes des pays. M. Lamamra œuvre pour le retour à «l’origine diplomatique», il a mis en œuvre une feuille de route basée sur le renforcement du rôle de notre pays dans la diffusion de la paix et de la sécurité, au double plan régional et international. L’objectif est aussi de booster la diplomatie, notamment par l’annonce d’un vaste mouvement dans le corps diplomatique.
    Il y a des menaces sur la stabilité et l’unité, comme l’attestent les derniers incendies criminels…
    La diplomatie ne peut en aucun cas réussir et atteindre ses objectifs sans un front interne fort et uni, et sans un État fort sur le plan interne. Face aux menaces externes, les Algériens sont appelés à resserrer les rangs en vue de déjouer ce complot contre leur unité et leur cohésion sociale.
    L’Algérie est ciblée, à travers des plans fomentés à l’étranger qui visent sa stabilité. Outre le renforcement du front interne, la communauté algérienne à l’étranger doit faire preuve d’attachement et de mobilisation face aux multiples enjeux et menaces. Il faut revaloriser le passeport algérien et le rôle de la diaspora nationale. 
    N. B.
    El Moudjahid, 06/09/2021
  • Retour gagnant de la diplomatie algérienne

    Retour gagnant de la diplomatie algérienne

    Algérie, Maroc, Libye, Sahel, #Algérie, #Maroc,

    Après s’être débarrassé des «gamineries » du palais royal en coupant les ponts avec un narco-royaume totalement sous emprise du sionisme international, l’Algérie, à travers sa diplomatie, est partie à l’assaut de la paix dans la région. Il eut récemment la première véritable réunion autour de la Libye à Alger. Le dossier connaît une autre dynamique.

    Les dossiers du barrage éthiopien et de la crise malienne sont désormais les prochaines priorités. Il demeure néanmoins évident qu’il ne suffit pas de souhaiter une fin de conflit pour que cela devienne une réalité du jour au lendemain. Sur ces deux questions, comme sur d’autres, la diplomatie algérienne se doit de faire montre d’un véritable sens de persuasion.

    Cela dit, les signaux de l’efficacité de l’Algérie à l’échelle du continent ne manquent pas. Et pour cause, il n’y a qu’à voir la manière dont a été gérée la crise malienne. Au plus fort des troubles qui ont secoué ce pays, la perspicacité et la détermination de la diplomatie algérienne a bel et bien été démontrée. En effet, amener une majorité de membres de l’Onu à considérer qu’une action armée dans ce pays n’était pas la solution idoine constituait à l’époque des faits une grande victoire pour l’Algérie.

    Rappelons que cette thèse avait contré celle défendue par la France et ses anciennes colonies en Afrique de l’Ouest qui militaient pour une intervention militaire au nord Mali. Pour avoir bien appris la leçon afghane, l’Etat français avait exclu le déploiement de ses troupes, mais avait promis une aide matérielle conséquente.

    Cette approche va-t-en-guerre qui a montré ses limites, à travers l’échec de l’opération Barkhan, n’arrangeait, bien entendu, pas les affaires des pays du Champ qui ont en commun la région du Sahel. Même soutenue par un membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu, la solution du tout militaire n’avait pas trouvé le chemin de sa réalisation sur le terrain. Au final et après beaucoup de tergiversations et deux coups d’Etat, c’est l’option politique qui continue à se faire valoir. D’ailleurs un fait majeur s’est produit très récemment et qui vient appuyer la thèse algérienne d’une issue malienne au problème créé par les Occidentaux en attaquant la Libye.

    Le fait majeur en question est la rencontre entre le ministre des Affaires étrangères et l’ensemble des chefs des mouvements maliens signataires de l’accord d’Alger pour le Mali.

    Cela constitue une forte garantie de la possibilité d’une solution pacifique de la crise dans ce pays.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 05/09/2021

  • « La diplomatie algérienne dérange certains » (analyste)

    « La diplomatie algérienne dérange certains » (analyste)

    Algérie, Maroc, diplomatie, Sahara Occidental, Sahel, Libye, #Algérie, #Maroc,

    Mustapha Heddam, analyste politique : «La diplomatie algérienne dérange certains»

    L’analyste politique Mustapha Heddam décrypte et décortique pour El Moudjahid les derniers évènements survenus sur la scène régionale.

    El Moudjahid : Quelle lecture faites-vous de la politique expansionniste du régime marocain ?

    Mustapha Heddam : Je rappelle que le régime marocain a une politique expansionniste et poursuit, depuis les années 1960, une politique malveillante et hostile à l’égard de plusieurs de pays de la région.

    Le Makhzen a, par exemple, longtemps refusé de reconnaitre l’indépendance de la Mauritanie et a même tenté d’annexer une partie de ce pays voisin. D’autre part, le roi Hassan II, à l’époque où il était prince héritier, a participé activement à des tentatives de déstabilisation de la révolution algérienne avec l’aide des services de renseignements de l’entité sioniste. De même qu’il a attaqué notre pays en 1963.

    Ce régime moyenâgeux a même envoyé plus de 350.000 marocains lors de la marche dite «verte» sur le Sahara occidental pour prendre, par la force, ce territoire qui venait d’être libéré par le front Polisario. Le Makhzen s’est aussi singularisé, dans les années 1990, par son soutien aux terroristes du GIA. Comme si cela ne suffisait pas, la narco-monarchie inonde l’Algérie de drogue dans une entreprise diabolique de destruction de notre jeunesse.

    Ainsi, l’hostilité du Maroc à l’égard de l’Algérie n’a rien à voir avec la question sahraouie. Cette hostilité n’a fait que grandir au cours de ces derniers mois. Par conséquent, l’Etat algérien, respectueux du droit international, a pris une série de mesures à la hauteur de la situation, passant, entre autres, par la rupture des relations diplomatiques et le renforcement de la sécurité au niveau des frontières ouest.

    Le redéploiement de la diplomatie algérienne en Afrique explique-t-il cet acharnement des marocains ?

    le redéploiement de la diplomatie algérienne en Afrique dérange énormément, car le socle de notre diplomatie repose sur la non-ingérence dans les affaires intérieures, la promotion de la paix et de la stabilité, ce qui n’est pas au goût de tout le monde. Enfin, force est de constater que la solution algérienne s’est imposée comme étant la seule viable dans les dossiers malien et libyen. La démarche d’Alger est la seule à même d’apporter la paix au profit des peuples voisins.

    Le Makhzen a toujours agi pour le compte d’autres puissances étrangères. Tout d’abord, pour celui de l’ancienne puissance coloniale et à présent, pour le compte de l’entité sioniste. Le voisin de l’ouest sert de véritable cheval de Troie à l’impérialisme. Il convient de rappeler que le régime marocain a travaillé, en coulisse, pour que l’entité sioniste obtienne un statut d’observateur au sein de l’union.

    M. Lamamra a rappelé que le Maroc soutient activement deux organisations terroristes; le MAK et Rachad…

    Le soutien du Maroc aux deux organisations terroristes, le Mak et Rachad, est un fait bien documenté. Rappelons que l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, avait, le mois dernier, présenté une note officielle sur un prétendu «droit du peuple Kabyle à l’autodétermination» constituant une volonté délibérée d’attenter à la souveraineté nationale et à l’intégrité de notre territoire.

    Propos recueillis par Sami Kaidi

    El Moudjahid, 04/09/2021