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  • Algérie : Lamamra relance l’Accord de paix et de réconciliation au Mali

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    IL REÇOIT LE CHEF DE LA MINUSMA ET SON HOMOLOGUE MALIEN : Lamamra relance l’Accord de paix et de réconciliation au Mali

    Très actif depuis son rappel à la tête de la diplomatie nationale, Ramtane Lamamra, qui avait entamé sa mission par une tournée africaine, reprend en main le dossier malien à travers la relance de l’Accord de paix et de réconciliation conclu à Alger en 2015.

    Pour ce faire, Lamamra a reçu hier, successivement, le chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali El-Ghassim Wane (Minusma), et le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop. Lors de sa récente entrevue médiatique, le président Tebboune a affirmé que la diplomatie algérienne est sollicitée de toutes parts concernant les crises et conflits dans la région. L’assertion se vérifie sur le terrain. Ainsi, après avoir contribué à la mise en branle du processus de sortie de crise en cours en Libye, l’Algérie tourne le regard vers son voisin du sud.

    Aux dernières nouvelles, le Nord-Mali subit à nouveau l’insécurité. Dimanche dernier, des attaques terroristes simultanées ont coûté la vie à plus de 50 civils. Conséquence de l’ingérence armée qui favorise l’instabilité politique, la situation au Mali commande un retour à la solution pacifique originelle issue des pourparlers de 2015 à Alger.

    En effet, et comme il fallait s’y attendre, Lamamra a abordé, avec El-Ghassim Wane, la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali comme solution, non seulement parrainée par les Nations unis mais aussi soutenue et remise au gout du jour par des acteurs étrangers, pour ne citer que les États-Unis. Pas que, le chef de la Minusma, dans sa visite de travail en Algérie, est attendu demain pour participer à une conférence sur « le rôle de la Minusma dans la stabilité du Mali et la sécurité de l’espace sahélo-saharien ».

    Aujourd’hui, il y a au moins deux facteurs de conjoncture qui plaident en faveur de la nécessité d’exhumer l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali. Le premier a trait au coup de force opéré, mai dernier, par l’armée malienne contre le président Bah N’Daw, son P.M. et son ministre de la Défense. Ce qui a fait plonger davantage le pays dans l’instabilité politico-institutionnelle. Le deuxième élément est lié à la fin de l’opération Barkhane (5 100 soldats déployés sur le terrain) annoncée trois semaines plus tard par le président Français, Macron. Une décision qui en dit long sur la limite de l’action militaire dans la lutte contre le terrorisme.

    Si maintenant Alger continue à plaidé en faveur de l’application de l’accord de paix et de réconciliation, la Minusma en tant qu’organe onusien tentera de pallier au départ de la force française Barkhane pour mieux préparer les conditions de mise en œuvre de cet accord. « Toute modification de l’opération Barkhane a un certain nombre d’implications que nous sommes en train d’étudier et nous allons nous ajuster en conséquence », a déclaré à l’APS, le chef de la Minusma, au sortir de son entretien avec Ramtane Lamamra. Plus précis à propos des conséquences immédiates du retrait de Barkhane, El-Ghassim Wane évoque « des zones où elle était présente, auront un certain nombre d’impacts qui doivent être étudiés et nous devons prendre des mesures correctives nécessaires ». À ce titre, il rappelle la demande du SG de l’ONU de renforcer, par quelque 2 000 casques bleus, les effectifs de la Minusma et laquelle requête attend toujours l’aval du Conseil de sécurité.

    Abdoulaye Diop porteur d’un message de Goïta à Tebboune

    Pour sa part, le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, dans sa visite en Algérie, va plancher sur l’aspect sécuritaire, comme l’a fait savoir ce ministre du gouvernement de transition sous la présidence d’Assimi Goïta.

    Autrement, a-t-il indiqué à son arrivée à Alger, sa visite visait à « conforter le partenariat stratégique algéro-malien », précisant que celle-ci constitue « l’occasion d’échanger sur une stratégie pour faire face aux défis sécuritaires dans la région du Sahel ». A la même occasion, Abdoulaye Diop a indiqué qu’il était porteur d’un message du président de la transition au Mali, Assimi Goïta, adressé au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ajoutant que le développement du partenariat entre Alger et Bamako sera évoqué au cours de la réunion du Comité bilatéral stratégique prévue aujourd’hui.

    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 11/08/2021

  • Le Phoenix renaît de ses cendres

    Par Amar Chekar

    En ces périodes très difficiles liées à la pandémie de la covid-19 ou le monde entier, se préoccupe du vaccin, du respect du protocole sanitaire, le changement climatique et l’économie post coronavirus et plus. Malgré tout cela, l’Algérie continue de répondre à la demande de nombreux besoins des peuples en difficultés, même si le peuple algérien n’est pas totalement servi dans son propre pays. Voire la crise d’oxygène, d’eau et autres préoccupations locale. L’Algérie aide non seulement la population locale, mais aussi n’a jamais tourné le dos aux besoins d’autres pays par devoir de solidarité et tradition.

    A l’instar de tous les pays du monde qui ont aidé l’Algérie durant toute la guerre de l’indépendance nationale 1954-1962 à commencer par la Chine, les Etats Unis d’Amérique, la Yougoslavie, pour libérer le pays du joug du colonialisme Français de 132 ans, y compris durant la décennie noire ou l’Algérie est isolé du monde à cause du terrorisme criminel au nom de la religion l’islam, l’Algérie n’a jamais fermé les yeux devant la souffrance des peuples dans le monde à commencer par l’Afrique du Sud, la Palestine et le Sahara occidental et plus depuis l’indépendance national.

    Cette vision diplomatique algérienne hautement réfléchit, se trouve d’une part, une question qui relève de la tradition et culture millénaire du peuple algérien, d’autres part, cela va avec les objectifs et actions des Nations Unis et autres organismes internationaux dont l’OMS, L’UNESCO et les droits de l’homme pour ne citer que ces trois.

    Ce n’est pas le cas du makhzen qui vend la drogue dans les marchés mondiaux, pille les richesses du peuple Sahraoui, trompe l’opinion publique et politique mondiale au point d’espionner ses propres alliés dont la France. Le makhzen transporte sa drogue via les frontières algérienne pour alimenter d’autres pays du Sahel et du monde entier.

    Certes. Plusieurs idées sont exprimées dans une analyse très succincte, justement, le phénix qui renaît de ses cendres, demeure toujours celui qui rassemble toutes ses forces et énergies pour sortir de cette crise unique dans l’histoire de l’humanité. Parce que, un maudit virus invisible à vue d’œil met à genou tous les pays du monde. Le 21e siecle doit être celui de l’homme responsable sur terre. La vie humaine est sacrée dans le monde entier depuis la naissance d’Eve et Adam. Ce que je veux dire. La vie humaine est éphémère. Que chacun soit responsable devant la santé et la vie de son pays et peuples du globe terrestre et des vies maritimes.

    Amar CHEKAR

    Algérie62, 31/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Makhzen, Palestine, Sahel, trafic de drogue, #Algérie #Maroc #SaharaOccidental #Palestine

  • «Les USA ont mis au point une stratégie soigneusement étudiée pour remplacer la France au Sahel»

    Par Kamal Louadj


    Dans un entretien à Sputnik, le Dr Cheikh Hamdi, expert sécuritaire mauritanien, évoque le rôle de son pays dans la lutte antiterroriste au Sahel. Il explique l’apport de la Mauritanie à la force G5 Sahel et sa coopération avec les États-Unis dans le contexte de la fin de l’opération Barkhane. Pour lui, sans développement, il n’y aura pas de paix.
    Mardi 27 juillet, une source gouvernementale mauritanienne a indiqué à l’agence France-Presse (AFP) que les deux Mauritaniens enlevés samedi 17 juillet avec trois ressortissants chinois par des terroristes avaient été libérés. Ils travaillent tous pour un consortium sino-mauritanien chargé du bitumage de routes et de la construction de ponts, sur un site de travaux à quelque 55 kilomètres de la ville de Kwala, dans la région malienne de Nara, située non loin de la frontière mauritanienne.
    En tant que membre de la force G5 Sahel, quelle est la situation politique, économique et sécuritaire en Mauritanie, dans le contexte des changements régionaux? Quelle est la position et le rôle de ce pays concernant la crise sécuritaire au Sahel à l’aune de la fin de l’opération militaire française Barkhane? Comment se positionne ce pays quant aux luttes d’influence des différentes puissances mondiales agissant dans la région?
    Pour répondre à ces questions, Sputnik a sollicité le docteur Soulaimane Cheikh Hamdi, expert mauritanien en sécurité régionale et internationale, et chercheur en politiques de défense.
    Un pays stable
    «La Mauritanie a une superficie de plus d’un million de kilomètres carrés et une population de près de quatre millions de personnes», indique le docteur Cheikh Hamdi, soulignant que le pays «a plusieurs richesses minières, dont l’or et le fer, et dispose de côtes considérées parmi les plus riches dans le monde en ressources halieutiques».
    Et d’ajouter que «la Mauritanie a un système politique démocratique depuis trois décennies qui connaît des élections libres et des passations de pouvoirs pacifiques. Ceci, en dépit de trois tentatives de coup d’État, dont la dernière en 2008, qui ont été très vite circonscrites pour laisser à nouveau la place aux élections libres au suffrage universel».
    Dans le même sens, il souligne que «la stabilité politique de la Mauritanie, la clarté de son approche sécuritaire et ses succès dans la lutte contre le terrorisme lui ont conféré un rôle important dans le groupe des pays du G5 Sahel [Mali, Mauritanie, Niger, Burkina Faso et Tchad, ndlr]».
    Un leader dans la formation des militaires
    Outre le fait que la Mauritanie n’a pas envoyé de soldats pour participer directement aux opérations militaires de la Force G5 Sahel sous commandement de la France, notamment au nord du Mali, «ce qui a perturbé, à un certain degré, les relations franco-mauritaniennes, il n’en demeure pas moins que le pays apporte une aide précieuse en termes de formation des officiers supérieurs des écoles d’état-major et de guerre», informe l’expert.
    À ce titre, il rappelle que «le collège de défense du G5 Sahel se trouve dans la capitale mauritanienne Nouakchott. Cette importante institution militaire, créée en 2013 par l’armée mauritanienne, une année avant le début de l’opération Barkhane et la création de la force G5 Sahel, joue un rôle important en termes de préparation des officiers face à la montée des organisations terroristes dans la région. Cette activité djihadiste a commencé au Sahel dans les années 1990, avec l’arrivée des combattants d’Afghanistan et le repli vers la région subsaharienne des terroristes qui ont ensanglanté l’Algérie durant la décennie noire, forcés par l’armée algérienne qui les a chassés du territoire national. En ce moment, il y a 13 organisations terroristes dans le Sahel, qui se renforcent avec l’arrivée de milliers de combattants d’Irak et de Syrie aidés par la situation instable en Libye et dans la région des trois frontières [entre le Mali, le Niger et Burkina Faso, ndlr]».
    Ainsi, «partant de son expérience dans la lutte anti-terroriste depuis les années 1990, il a été décidé de mettre les moyens et les compétences de ce collège à la disposition du G5 Sahel, étant donné que tous ces pays font face au même environnement et aux mêmes menaces terroristes», ponctue-t-il, précisant qu’«en trois ans de fonctionnement actif, plus de 100 officiers y ont été formés. Le collège de défense du G5 Sahel, actuellement reconnu comme une institution transnationale, va également former des hauts gradés d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Cameroun».
    Quid de la lutte d’influence des grandes puissances?
    Avec le changement de cap décidé par la France concernant l’opération Barkhane et le début du retrait d’une partie de ses soldats du Mali, «une nouvelle approche stratégique était nécessaire pour combler le vide qui sera laissé par le départ de ces derniers», explique le docteur Cheikh Hamdi, soulignant que «c’est ainsi qu’est apparu le rôle américain».
    «Les États-Unis ont mis au point une stratégie soigneusement étudiée pour remplacer la France au Sahel, craignant une présence russe et chinoise de plus en plus importante dans la région, notamment après les deux coups d’État au Mali», précise-t-il, soutenant qu’«à la lumière de cette nouvelle donne, l’approche américaine était claire: mettre le paquet sur la Mauritanie en faisant d’elle son premier partenaire».
    En effet, selon lui, «le pays accueille la plus grande base américaine de forces spéciales, qui a englouti pas moins de 500 millions de dollars d’investissements pour sa construction, avec l’objectif d’améliorer les capacités des cinq pays du Sahel dans le cadre d’une coopération directe avec la Mauritanie, devenue tête de pont du rôle américain dans la région». Dans ce cadre, «Nouakchott a connu des visites successives du commandant adjoint du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) et de personnalités militaires de premier plan, en plus des manœuvres qui ont lieu de temps en temps, dont la dernière s’est déroulée en 2020, sur le sol mauritanien, et qui avait été considérée comme la plus importante en Afrique».
    La paix et la sécurité par le développement
    Enfin, l’interlocuteur de Sputnik affirme que, quels que soient les résultats qui seront obtenus en termes de lutte antiterroriste, «il est évident que l’approche sécuritaire à elle seule ne peut en aucun cas venir à bout des mouvements djihadistes qui exploitent la pauvreté des populations locales pour recruter de nouveaux combattants. Sans un développement soutenu intégrant dans une même dynamique tous les pays du Sahel, il ne pourrait y avoir de stabilité et de sécurité pérennes et résilientes».
    Dans ce cadre, Soulaimane Cheikh Hamdi rappelle que «les pays du Sahel et d’Afrique en général manquent cruellement d’eau potable et d’énergie, les deux piliers incontournables de toute politique de développement. Il faudrait faire du dessalement de l’eau de mer à très grande échelle afin de revitaliser tous les lacs secs dans ces régions désertiques, en particulier le lac Tchad, chose qui permettra d’endiguer d’énormes problèmes de pauvreté, de tensions et d’immigration clandestine par le développement d’une agriculture massive et d’une industrie de transformation agroalimentaire».
    Par ailleurs, «il est nécessaire d’aider les pays africains avec du matériel agricole tout en envisageant une fabrication locale via un transfert de technologies, mais aussi de développer les TIC [technologies de l’information et de la communication, ndlr], l’industrie pharmaceutique, les équipements médicaux, les nanosciences et les nanotechnologies, l’industrie aéronautique et spatiale, la formation universitaire, la recherche et le développement, et la coopération culturelle, afin de diminuer la dépendance aux ex-puissances coloniales».
    Pour se faire et afin d’abréger les souffrances des peuples subsahariens, «il est impératif que les États-Unis, l’Union européenne, dont en particulier la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne, la Russie, la Chine, la Turquie et l’Inde créent des espaces d’entente, de détente et de coopération dans la région, où les intérêts de tout un chacun seront préservés à même de permettre et d’assurer un développement équitable et viable aux pays africains dans la paix et la sérénité», conclut-il.
    Sputnik, 29/07/2021
    Etiquettes : Etats-Unis, Sahel, Mauritanie, G5, #Sahel #Mauritanie
  • L’administration Biden souhaite travailler avec l’Algérie

     

    Le président Biden est « très sérieux » au sujet de travailler avec l’Algérie sur des objectifs communs, a déclaré le secrétaire d’Etat adjoint américain aux affaires du Proche-Orient, Joey Hood, qualifiant ses discussions avec les responsables algériens de « très productives ».

    « Le Président Biden est très sérieux au sujet de travailler avec l’Algérie sur nos objectifs communs en ce qui concerne la Libye, par exemple, où les deux pays cherchent le départ des forces étrangères et le retour de la souveraineté au peuple libyen afin que (les libyens) puissent déterminer leur propre avenir », a déclaré Joey Hood dans un entretien accordé à l’APS au terme de sa visite en Algérie.

    C’est aussi eu égard au  » rôle de l’Algérie au Sahel et dans d’autres régions » que Washington souhaite approfondir sa coopération avec Alger en plus de « travailler ensemble pour préserver le riche patrimoine culturel » algérien, a-t-il ajouté. Le secrétaire d’Etat adjoint américain a, par ailleurs, qualifié ses discussions avec les responsables algériens, à l’occasion de sa première visite en Algérie, de « très productives ».

    « Je suis très heureux d’être ici. J’ai été chaleureusement accueilli par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra ainsi que par le ministre du Commerce, Kamel Rezig, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane et la ministre de la Culture et des arts, Wafaa Chaalal avec lesquels nous avons eu des discussions très productives sur les relations bilatérales ainsi que sur notre coopération concernant les questions régionales », a-t-il relevé.

    Evoquant, par ailleurs, la Covid-19, le diplomate américain a précisé que la lutte contre cette pandémie constituait « la priorité numéro un de l’administration Biden. « Nous le faisons en tant que plus grands donateurs de vaccins à COVAX, qui fournit des doses de vaccins à des centaines de millions de personnes dans le monde, y compris, espérons-le, en Algérie », a-t-il dit.

    APS

    Etiquettes : Algérie, Joe Biden, Etats-Unis, Joey Hood, Sahel, COVAX, patrimoine culturel,

  • Les atouts de la politique étrangère du Maroc -analyse-

    Normalisation, Israël, Algérie, Sahara Occidental, Afrique,

    Israël, Afrique et Libye : les atouts de la politique étrangère du Maroc

    La politique étrangère marocaine a suscité une attention particulière ces derniers mois dans un contexte de tensions avec l’ Union européenne , des pourparlers sur un nouveau rapprochement avec Israël , et des positions plus fermes vis-à-vis de son implication dans le processus de paix libyen et de sa revendication sur le territoire contesté du Sahara occidental . Certains soutiennent que la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur ce dernier a enhardi ses décideurs, tandis que d’autres décrivent les récentes réorientations de Rabat comme «agressif . » Que se passe-t-il en effet avec la politique étrangère du royaume ?

    Alors que les relations du Maroc avec ses partenaires traditionnels en Europe et avec les monarchies du Golfe se sont parfois tendues au cours de la dernière décennie, ses décideurs ont cherché à renforcer la position du royaume au niveau régional et international à travers trois stratégies visant à promouvoir ses intérêts diplomatiques, politiques, sécuritaires et économiques : diversifier les partenariats internationaux pour éviter de trop compter sur les partenaires traditionnels et d’accéder à leurs exigences ; attirer des investissements d’Asie et d’Europe en faisant du royaume une plaque tournante financière et commerciale africaine ; et positionner le pays en tant que partenaire de sécurité régionale, fournisseur de stabilité et médiateur en jouant un rôle impliqué dans le processus de paix en Libye et en normalisant partiellement les liens avec Israël. Quelles sont les implications de cette approche ?

    LIENS AGITÉS

    Les années 2000 ont marqué le renforcement des relations entre le royaume et ses homologues du Golfe, qui ont longtemps été des partenaires traditionnels de Rabat, et qui lui apportent un soutien financier et un appui dans les enceintes régionales en échange d’une coopération sécuritaire. Cependant, entre 2017 et 2021, les liens étroits du Maroc avec le Qatar et sa position neutre lors du blocus saoudien et émirati contre ce dernier ont déclenché des tensions avec Riyad et Abou Dhabi. Bien que le Maroc ait officiellement refusé de prendre parti, il a sans doute favorisé le Qatar, en envoyant des fournitures au milieu des craintes de pénurie alimentaire et en maintenant la sécurité et les relations commerciales malgré les pressions des pays de blocus, qui ont adopté une rhétorique hostile à l’égard du Maroc, annulé les voyages prévus et rappelé les ambassadeurs.

    Le royaume s’est également heurté à l’Europe, son plus grand partenaire commercial ,investisseur , etdonateur — à maintes reprises au cours de la dernière décennie, y compris avec l’Espagne etl’Allemagne sur le Sahara occidental cette année. Malgré des liens économiques profonds et une relation particulièrement étroite avec la France, les décideurs marocains ont cherché à réduire l’influence de l’UE sur le royaume en tirant parti de lale rôle du pays dans le contrôle de la migration irrégulière vers l’Europe et l’aide aux États européens commeFrance etL’Espagne déjoue les attaques terroristes sur son sol.

    NORMALISATION AVEC ISRAËL : DEUX OISEAUX, UNE PIERRE

    Au-delà de sa signification symbolique, l’accord historique de l’État marocain avec Israël et les États-Unis a des implications sécuritaires, financières et diplomatiques importantes. En échange d’une normalisation partielle – pas totale -, les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, promis 3 milliards de dollars d’investissements dans son secteur privé et a convenu d’unVente d’armes d’un milliard de dollars (en attente de l’approbation du Congrès). Une normalisation partielle pourrait également assurer à Israël des avantages majeurs en termes de commerce, d’investissement et de coopération dans des secteurs clés tels que le tourisme et la technologie.

    Malgré quelques mécontentement domestique etcritique régionale , il y aura probablement davantage de rapprochement entre le Maroc et Israël. En effet, le ministre marocain des Affaires étrangèresa exprimé l’intention du royaume de pousser la relation aussi loin que possible; et le ministre des Affaires étrangères d’Israël récemmenta annoncé qu’il se rendrait à Rabat à la mi-août. Les deux États ont signé unaccord sur la cyberdéfense en juillet 2021, et sont susceptibles d’accroître la sécurité et la coopération économique à terme. Tant que l’administration Biden ne revient pas sur la reconnaissance de son prédécesseur, Rabat n’a jusqu’à présent aucune raison de se retirer de l’accord. Cependant, il reste peu probable que le Maroc aille jusqu’à ouvrir une ambassade en Israël en raison de l’opinion nationale et régionale.

    INVESTIR EN AFRIQUE

    Depuis 2016, le Maroc a intensifié sa présence économique et diplomatique en Afrique subsaharienne. Les entreprises marocaines ont renforcé leur coopération avec leurs homologues subsahariennes dans divers secteurs, notamment dans les télécommunications, les assurances, la banque et la fabrication. En effet, sur une période de dix ans ( 2008-2018 ), les échanges maroco-africains ont augmenté de 68% ; et en 2018, 85 % des investissements directs étrangers du royaume sont allés aux États subsahariens. En 2017, le royaume a rejoint l’Union africaine plus de trois décennies après avoir retiré son adhésion pour protester contre l’admission du Sahara occidental en tant qu’État membre indépendant.

    L’implication du Maroc dans la région non seulement stimulera son économie et diversifiera sa base d’alliances, mais en fera également la porte d’entrée de l’Occident et de la Chine vers l’Afrique, ouvrant ainsi la porte à des accords commerciaux et à une coopération triangulaires. En fait, la coopération économique avec l’Afrique subsaharienne est étroitement liée à la volonté de Rabat de se rapprocher de la Chine au cours des cinq dernières années. La même année, le Maroc a rejoint l’Union africaine, la Banque de Chinea ouvert sa première succursale au Maroc, tandis que la Bank of Africa du Maroc a ouvert une succursale à Shanghai. Les décideurs marocains visent à faire de Casablanca une place financière majeure sur le continent, et les institutions financières chinoises cherchent à gérer leur activité sur les marchés africains à partir de là.

    En raison de la proximité du Maroc avec l’Europe, la Chine cherche également à établir des usines dans le royaume pour fabriquer des produits pouvant être exportés vers l’Europe. En outre, des entreprises de construction chinoises ont participé àTanger Med — un complexe portuaire industriel de 10 milliards de dollars en construction dans le nord du Maroc et le plus grand port d’Afrique. Les relations du Maroc avec la Chine ont été fructueuses en grande partie parce que la Chine n’a pas cherché à intervenir dans les affaires intérieures du royaume, contrairement à l’Europe.

    LE JEU DE LA MÉDIATION EN LIBYE

    Dans un autre mouvement visant à renforcer la position internationale du pays, les décideurs marocains se sont concentrés sur le positionnement du royaume en tant que fournisseur de stabilité régionale et médiateur, notamment en Libye. LeL’accord de Skhirat, qui a abouti à la reconnaissance internationale du Gouvernement d’entente nationale (GNA) comme seule autorité légitime de la Libye, a été signé au Maroc en 2015. Apparemment en référence à des processus internationaux comme la Conférence de Berlin , les décideurs marocains ont constamment promu l’interlibyen. dialogue, caractérisant leur position sur la Libye comme une position de neutralité active qui cherche à faciliter la communication entre toutes les parties libyennes.

    Plus récemment, le président du Haut Conseil d’État libyen, Khaled al-Mishri, et le président de la Chambre des représentants (HoR), Aguila Saleh, s’est réuni au Maroc le mois dernier pour discuter de la question des postes institutionnels clés en Libye. Rabat a accueilli un total de quatre réunions entre factions rivales pour discuter des prochaines étapes du processus politique libyen l’ année dernière , réunissant des représentants de la HoR et du Conseil suprême de l’État ainsi que des parlementaires des branches de Tripoli et Tobrouk de la HoR divisée. Au cours de l’été, les rencontres se sont multipliées entre les autorités libyennes et marocaines, nombre d’entre elles révélant qu’elles travaillaient sur une coopération sécuritaire renforcée, un potentiel partenariat militaire, des forums économiques bilatéraux et une coopération dans le domaine des énergies renouvelables.

    POINTS À RETENIR ET PERSPECTIVES : UNE POLITIQUE AUDACIEUSE ?

    Il se peut que le récent soutien américain au Maroc ait encouragé ses décideurs à durcir leurs positions sur les questions régionales et à affronter des partenaires clés. Cependant, l’approche du royaume n’est pas imprévue. Comme il l’a fait au cours de la dernière décennie, l’État mène une politique étrangère stratégique et indépendante, visant à renforcer sa position aux niveaux international et régional grâce à de nouveaux partenariats, ainsi qu’à travers une coopération sécuritaire et diplomatique approfondie avec les partenaires traditionnels. Il est important de noter que la base de soutien élargie et les outils de sécurité du Maroc ont modifié ses relations avec ses partenaires clés et ont orienté ses décideurs vers un rôle plus important aux niveaux régional et international.

    À l’avenir, l’État continuera probablement à maintenir sa neutralité dans divers dossiers de politique étrangère, y compris dans les crises régionales. Les décideurs ayant été encouragés par les récents succès diplomatiques, il semble qu’ils seront moins enclins à céder aux pressions internationales et plus enclins à tenir bon, notamment vis-à-vis de l’Europe. Bien que l’on puisse s’attendre à ce que l’État s’efforce de maintenir des relations solides avec l’UE, cela renforcera les lignes rouges qui ne peuvent pas être franchies.

    Les décideurs marocains continueront probablement à jouer un rôle impliqué dans le processus de paix libyen pour défendre leurs propres intérêts économiques et diplomatiques. La fréquence accrue des réunions négociées par le Maroc pour et avec les responsables libyens permettra au royaume de cultiver des liens économiques avec la Libye, notamment en termes d’énergie et de commerce. Plus précisément, ce rôle permettra à Rabat de contrôler plus facilement l’influence de l’Algérie rivale en Afrique du Nord.

    Au sein de la région élargie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, l’État s’efforcera de se présenter comme un facilitateur neutre pour renforcer le soutien international et régional et ouvrir la porte à une future coopération diplomatique et économique. De même, Rabat approfondira ses liens mutuellement bénéfiques avec l’Afrique subsaharienne, devenant ainsi un partenaire plus attractif pour la Chine et l’Europe. Sur le plan de la sécurité, il intensifiera ses implications dans le Sahel où il exportera la sécurité et tentera de contenir les activités terroristes. Du côté de la normalisation, il est peu probable que l’État se retire de l’accord avec Israël et se présentera comme un facilitateur potentiel des conversations entre Israël et les Palestiniens.

    Yasmina Abouzzohour

    Chercheur invité – Brookings Doha Center

    The Brookings Institution, 27/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, espagne, Allemagne, Union Européenne, UE, Algérie, Israël, normalisation, Afrique, Sahel,

  • Israël et le Maroc exécutent une stratégie mise au point par l’impérialisme

    « L’entité sioniste et le Makhzen exécutent une stratégie mise au point par l’impérialisme »

    L’entité sioniste et le Makhzen marocain sont « deux acteurs exécutant une seule et même stratégie » ayant été mise au point par l’impérialisme il y a une centaine d’année, a indiqué dimanche, le directeur général de l’Institut national des études stratégiques globales (INESG) sur les ondes de la Radio nationale.
    « Le Makhzen et l’entité sioniste sont deux éléments hégémoniques qui exécutent un plan visant à déstabiliser les républiques au profit des monarchies dans une zone s’étendant de l’est de l’Atlantique jusqu’en Afghanistan », a soutenu M. Medjahed lors de son passage à l’émission « l’Invité de la rédaction » de la chaîne 3.
    Le plan qu’il a évoqué trouve ses racines dans les accords de Sykes-Picot, en 1916, entre la France et le Royaume-Uni pour le partage du Moyen-Orient et la déclaration de Balfour de 1917 promettant la création d’un Etat juif en Palestine. Un plan qui a été actualisé avec le projet américain du Grand Moyent-Orient.
    Néanmoins, l’invité de la chaîne 3 a tenu à faire la distinction entre « le Makhzen qui sert la stratégie de l’impérialisme et le peuple marocain qui est un peuple frère ». Il a estimé également que, dans les circonstances actuelles, l’Algérie avait besoin de renforcer son front interne.
    Le DG de l’INESG a déploré, toutefois, l’absence d’une forte mobilisation chez l’élite algérienne. « C’est également le cas pour les élites au niveau des mondes arabe et musulman. Les élites y sont divisées et leurs divisions sont projetées sur les sociétés où elles vivent », a-t-il expliqué.
    Interrogé au sujet de la situation en Libye et au Sahel, M. Medjahed a accusé l’impérialisme occidental d’avoir créé une situation de chaos afin de faire obstacle à l’avancée, dans la région, de la Russie et de la Chine, notamment.
    Etiquettes : Maroc, Israël, sionisme, France, impérialisme, Makhzen, Algérie, Libye, Sahel, 
  • Le Mali nous concerne

    Arrivé à la tête du pays après un coup d’Etat qui a renversé son prédécesseur, le nouvel homme fort du Mali a été victime d’une tentative d’attentat alors qu’il faisait la prière de l’Aïd. Cette montée en puissance dans la dégradation de la crise malienne appelle à réfléchir plus sérieusement sur la situation que vit cet État, qui fut, il y a plusieurs siècles, l’un des royaume les plus prospère de la planète. Il semble que les Maliens et plus précisément leurs dirigeants n’aient pas la volonté d’en finir avec leur crise qui s’étire et se complexifie à chaque renversement de gouvernement ou encore, comme ces derniers jours, une tentative d’attentat contre le président en exercice.

    L’intérêt de l’Algérie et de toute la région du Sahel serait dans le retour à la sérénité dans une contrée qui a beaucoup souffert des contre-coups géostratégiques. Le Mali, notamment sa région nord qui fut un nid d’espion et qui le demeure, soit dit en passant, est considéré par les experts comme le ventre mou de la région.

    Déstabilisé suite à des stratégies militaires imaginées ailleurs, le Mali a reçu de plein fouet les conséquences de la guerre en Libye. Alors que dans le pays de feu Kadhafi, la situation tend à se normaliser, au Mali l’on est retourné à la case départ. Et tous les terroristes, mercenaires et espions qui infestent ses territoires feront tout pour que la tension demeure forte.

    Les Algériens ne devraient pas voir la crise malienne comme trop éloignée de leurs préoccupations quotidiennes. Il faut savoir à ce propos que si le chef de l’Etat en appelle systématiquement à l’unité du peuple et au sens de la solidarité, c’est que ces deux acquis de la guerre de libération nationale sont plus que jamais «convoqués» face à un danger qui, même s’il ne paraît pas très visible, ni imminent, n’en est pas moins concret et cible la cohésion de la nation.

    En effet, la situation au Mali est l’un des facteurs qui appellent la vigilance de toute la société, non pas pour défendre le pays contre une probable violation de nos frontières, les éléments de l’ANP font déjà excellemment leur travail, mais pour déjouer des plans machiavéliques, ourdis dans certaines capitales occidentales et de notre voisin de l’ouest, désormais allié objectif du sionisme international, dans le but de reconfigurer la géographie de toute la région. Le Mali et la Libye ne sont que les deux premières étapes, d’autres pays sont également concernés par les desseins des «stratèges» occidentaux et sionistes. Le Président de la République est conscient du danger qui guette le pays.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 22/07/2021

    Etiquettes : Mali, Sahel, Algérie,

  • Retrait français du Mali : Punir les putschistes et tenter d’enliser l’Algérie (Analyse)

    – La France s’emploie à remplacer « Barkhane » par la Force européenne « Takuba », tout en encourageant les Américains à intervenir afin d’éviter que la région du Sahel ne tombe dans l’escarcelle de l’influence russe

    AA / Istanbul
    La France a, enfin, tracé sa feuille de route portant sur le retrait de la Région du Sahel africain, mais il s’agit d’un retrait limité, aussi bien au plan spatial que temporel, ou encore en termes d’effectifs.
    Ce retrait vise, selon nombre d’observateurs, à alléger le fardeau des charges financières françaises et à réduire le bilan des pertes en vies humaines, sans pour autant renoncer à l’influence de Paris dans la région.
    La feuille de route est axée sur la fermeture des bases militaires françaises à Kidal, à Tombouctou et à Tessalit, dans le nord du Mali, ainsi que sur la réduction des effectifs des forces françaises, pour les faire passer de 5100 actuellement à environ 2500 à 3000 éléments. L’application de ce plan s’étalera selon les prévisions françaises du début du second semestre de 2021 jusqu’à l’orée de l’année prochaine.
    Cette annonce a été faite par le Président français, Emmanuel Macron, au cours du Sommet virtuel tenu, le 9 juillet courant, avec les dirigeants des Etats du Sahel. Le seul chef d’Etat de la région qui a fait le déplacement à Paris à cette occasion est le Président du Niger, Mohamed Bazoum.
    De son côté, Mahamat Déby, chef du Conseil militaire tchadien, qui dirige le pays de facto après l’assassinat de son père, Idriss Déby, avait anticipé le Sommet des Etats du Sahel, en se rendant en France, jeudi dernier, soit la veille du Sommet, pour se réunir en tête à tête avec le locataire de l’Elysée, avec qui il a discuté pendant une heure d’une série de questions.
    Les deux présidents ont passé en revue au cours de leur entrevue la nouvelle stratégie de la France dans la région et Déby a fait part de son dépit des provocations russes lancées contre son pays après l’entrée de soldats de la République centrafricaine dans le territoire tchadien, selon des médias français.
    Macron craint une deuxième défaite décisive
    La défaite du parti de Macron (La République en Marche, LERM), aux élections locales, dix mois avant la tenue de la prochaine Présidentielle, a amené le président français à revoir certaines de ses politiques pour tenter de rattraper la situation, afin d’éviter le scénario de son départ de l’Elysée.
    C’est dans ce cadre que s’inscrit la décision de Macron de mettre un terme à l’Opération militaire « Barkhane » au Sahel, et d’amorcer la réduction des effectifs des forces françaises dans la région et ce, avant même de convenir d’une opération militaire alternative, qui éviterait un déséquilibre sécuritaire dans la région, lequel déséquilibre profiterait aux groupes armés et aux organisations terroristes.
    Toutefois, Macron parie sur la force européenne « Takuba » pour combler le vide au Sahel. Cette opération compte en son sein des unités spéciales européennes ainsi que 2000 soldats des forces d’élite françaises, auxquelles pourraient s’ajouter environ 1100 soldats américains déployés dans la région.
    Il convient, toutefois, de souligner que la force « Takuba » ne sera pas déployée sur le terrain et que son rôle principal se limitera à entraîner les forces locales des Etats du Sahel, de même que pour les forces américaines qui se contenteront de former et d’offrir du conseil et un appui logistique en termes de transport et de renseignements.
    Il semble que les pays européens, et à leur tête le Royaume-Uni, ne soient pas particulièrement emballés pour peser de tout leur poids militaire dans la région du Sahel, qu’ils considèrent comme étant un pré carré français.
    De même, les Américains veulent mettre un terme, très prochainement, à leur guerre lancée contre le terrorisme, et qui se poursuit depuis près de deux décennies, et éviter ainsi de s’enliser dans un nouveau marécage sécuritaire.
    Au plan interne, l’Opinion publique française exerce une pression sur la Direction de son pays pour le retrait les forces armées française du Sahel après la mort de plus de 50 soldats, depuis 2013, et des dépenses avoisinant un milliard d’euros annuellement, pour couvrir les besoins de l’Opération « Barkhane », selon le magazine « Le Monde diplomatique ».
    En se basant sur ces chiffres, la France aurait dépensé, jusqu’à présent, quelque 8 milliards d’euros au moins dans son combat au Sahel.
    Néanmoins, les résultats des sondages d’opinion publiés, au mois de janvier dernier, ont montré que 51% des Français sont contre l’intervention militaire au Sahel, alors que le taux de ceux qui appuyaient cette approche s’élevait à 73%, lors du lancement de l’opération « Serval » en 2013, avant que ce seuil ne tombe à 58%, en 2019, pour atteindre les 49% en 2021.
    Ces résultats ont poussé Macron, qui caresse le rêve de remporter un deuxième mandat présidentiel, à accélérer le retrait des forces françaises des principales lignes de front dans le nord du Mali, en optant pour l’internationalisation de la guerre, tout en maintenant les bases françaises dans la région, en particulier, au Niger et au Tchad, afin de faire barrage à l’expansion de l’influence de la Russie et de la Chine comme cela fût le cas en République centrafricaine après que Paris eut mis fin à l’opération « Sangaris ».
    Punir le Mali et tenter d’impliquer l’Algérie
    L’attention focalisée par la France sur le retrait du Nord du Mali uniquement vise essentiellement à punir le chef des putschistes, le colonel Assimi Goïta, qui avait renversé le Président intérimaire proche de Paris, Bah N’daw, malgré l’échec de l’armée malienne à faire face aux groupes terroristes disséminés dans le pays.
    De plus, la fermeture des bases militaires françaises dans les foyers de tension les plus chauds place, d’un point de vue sécuritaire, l’armée malienne face à une épreuve délicate et lui fait assumer des charges supplémentaires, ce qui pousserait la Direction de ce pays à retourner, contrainte, dans le giron français, espérant ainsi obtenir l’appui militaire et financier de l’Hexagone.
    Les régions de Kidal et de Tessalit, proches des frontières algériennes, ainsi que la cité ancestrale des Touareg, Tombouctou, souffrent d’une marginalisation par rapport aux villes du sud du pays, desquelles elles sont séparées par le fleuve du Niger, qui constitue une barrière naturelle.
    Le Nord du Mali a connu, au cours des décennies écoulées, une série de rébellions, durant lesquelles l’Algérie a joué un rôle central pour calmer la situation, via les négociations, dont les dernières en date avaient été couronnées par les Accords d’Alger signés en 2015 sous parrainage du pays maghrébin, entre les groupes armés touaregs et le gouvernement de Bamako. Cependant, ces Accords n’ont pas été respectés jusqu’à présent par la partie gouvernementale, ce qui menace de voir ces Accords s’effondrer.
    Le retrait français du nord du Mali pourrait aboutir à nouveau à un soulèvement des Touaregs et des Azawad et à la mise en échec des Accords de paix d’Alger.
    Rappelons que l’armée malienne a, de tout temps, fait face à des difficultés pour contrer les rébellions des Touaregs, compte tenu de ses capacités limitées ainsi que de la vaste région dans laquelle se déroulent les combats, parallèlement à une densité de population peu élevée et à une fine connaissance par les rebelles des sentiers ardus de la zone.
    Toutefois, les groupes armés terroristes pourraient se liguer sous la bannière du groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) sous le commandement de Iyad Ag Ghali, pour exploiter le retrait français et la faiblesse de l’armée malienne, ainsi que la reprise de la rébellion des Touaregs pour dominer à nouveau le nord du Mali, comme cela fut le cas en 2012.
    Cette situation pourrait amener l’Algérie, qui dispose de la plus forte armée dans la région du Sahel, à intervenir militairement pour empêcher l’établissement d’un émirat terroriste à ses frontières sud, selon le scénario préféré par Paris, qui ne veut pas aller de l’avant sur la voie d’une guerre ouverte contre le terrorisme en combattant au nom des pays de la région, comme cela avait été le cas pour les Etats-Unis d’Amérique qui mènent le combat en Afghanistan, à la place de Russie, de l’Iran et de la Chine.
    Le magazine « Jeune Afrique » a lancé un ballon d’essai à travers lequel il a prétendu que le chef d’Etat-major de l’armée algérienne, Saïd Chengriha, s’était rendu secrètement à Paris pour discuter de la crise du Sahel africain, ce qui a été formellement démenti par le ministère algérien de la Défense qui a qualifié cette information de « pures allégations ».
    L’armée algérienne avait mené une guerre féroce et acharnée contre les groupes armés durant la décennie des années 1990 du siècle dernier, une guerre qui n’a pu être remportée que par le truchement de la réconciliation nationale. Ainsi, l’Algérie saisit pertinemment que la guerre contre le terrorisme dans la région du Sahel ne peut être gagnée par la force militaire.
    Même après le kidnapping de ses diplomates dans la ville de Gao, dans le nord du Mali, en 2012, et l’attaque contre les installations pétrochimiques dans le sud-est de Tigentourine, à partir du nord du Mali en 2013, l’Algérie n’a pas dépêché ses unités dans la région, prétextant à l’époque que sa Constitution interdit à l’armée de combattre en dehors des frontières du pays.
    Toutefois, ce prétexte n’a plus lieu d’être depuis l’amendement par voie référendaire de la Constitution algérienne en 2020.
    En dépit de cette nouvelle configuration, l’armée algérienne demeure prudente pour éviter tout enlisement dans une guerre qui pourrait épuiser ses capacités, d’autant plus qu’une tension palpable est présente aussi au niveau de ses frontières est et ouest.
    De leur côté, les Français s’emploient à impliquer l’Algérie dans ce combat, dans la mesure où le retrait de ce combat créerait une vacance qui doit être comblée par l’une des parties.
    Le site de la chaîne d’information « France 24 » a rapporté, en citant une source militaire française : « Nous devons discuter de nos mouvements dans le nord du Mali avec la Mission des Nations unies dans ce pays (MINUSMA) et avec les Algériens qui sont concernés directement en tant que pays voisin ».
    La ministre française des Armées, Florence Parly, et son homologue américain, Lloyd Austin, ont signé, vendredi dernier, à Washington, une nouvelle feuille de route de coopération entre les forces spéciales des deux pays, ce qui pourrait présager de la possibilité de davantage d’implication de l’armée américaine dans les combats opérationnels contre les groupes armés au Sahel aux côtés de la force européenne « TaKuba ».
    La région du Sahel sera confrontée à de profonds tiraillements politiques et sécuritaires au cours de la prochaine étape, et pourra voir l’intervention de plusieurs acteurs régionaux et internationaux, ce qui aboutirait à contenir les opérations ou l’extension des groupes armés vers la région du Golfe de la Guinée, riche en pétrole et en gaz.
    Agence Anadolou, 14/07/2021
    Etiquettes : France, Mali, Sahel, Barkhane, Niger, Tchad, Mauritanie, Burkina Fasi, Algérie, Takuba, 
  • Algérie: Le sens d’un partenariat régional

    La traditionnelle relation entre l’Algérie et son voisinage immédiat reprend son cours normal pour consolider les bases d’un partenariat politique, économique et sécuritaire efficient. Au cœur de la visite en Algérie effectuée par le président du Niger, Mohamed Bazoum, à la tête d’une importante délégation, cette perception commune exprime l’urgence d’un front uni pour faire face à la menace terroriste grandissante et aux retombées désastreuses de l’ingérence étrangère, dont le drame libyen et l’enlisement de l’opération Barkhane portent encore la marque indélébile.

    A la faveur d’une expérience antiterroriste concluante, l’Algérie qui a souffert d’un déficit de solidarité internationale en la matière croit, fermement et en conséquence, au principe d’une gestion africaine des problèmes africains du reste validé par l’Union africaine. La mise en place des instruments d’une coopération sahélienne, à travers la création du Comité d’état-major opérationnel commun basé à Tamanrasset et de l’Union de fusion et de liaison, caractérise un engagement total concrètement traduit par le soutien inconditionnel et désintéressé à la nouvelle Libye en reconstruction et la signature de l’Accord d’Alger considéré comme une base de stabilité incontournable.

    «L’Algérie ne pourrait ignorer les pays frères et voisins, encore moins le continent africain dont elle est une partie intégrante et la profondeur naturelle», a déclaré le président de la République, AbdelmadjidTebboune, lors du dernier sommet africain, soulignant le «total accord» avec le Niger dans le domaine sécuritaire.

    En puissance d’équilibre, l’Algérie est prête à apporter sa contribution dans la bataille de la paix, de la stabilité et de la sécurité régionale et continentale. Pour preuve elle a été l’architecte de l’Accord d’Alger sur le Mali et un partisan convaincu de la paix. Le retour à la tête des Affaires étrangères de Ramtane Lamamra, chaleureusement félicité par le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, consacre une volonté de donner une impulsion à la coopération dans tous les domaines.

    En pionnier du Nepad, devenu Auda, l’Algérie a développé des infrastructures de base à la hauteur des exigences d’un partenariat crédible et prometteur. La réalisation de la route transsaharienne et de la dorsale transsaharienne de la fibre optique, le lancement du gazoduc reliant l’Algérie au Nigeria, la mise en place d’un hub aéroportuaire à Tamanrasset et du mégaprojet d’El Hamdania et l’apport de la Sonatrach et de la Sonelgaz au développement de l’industrie pétrolière en Libye et au Niger participent à la consolidation des bases d’une intégration régionale. Le temps d’un partenariat africain au service du développement africain a sonné.

    Horizons, 15/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Mali, Sahel, Mohamed Bazoum, Niger,

  • L’Algérie, une pièce maîtresse dans la région

    par Abdelkrim Zerzouri

    Une profonde reconfiguration des rôles s’opère sur le plan sécuritaire au niveau de la région du Sahel. Et ce dossier sensible devrait être, immanquablement, au cœur des discussions entre le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et le président du Niger, Mohamed Bazoum, qui est arrivé à Alger le lundi dernier, dans le sillage de ses rencontres à Berlin avec la chancelière allemande Angela Merkel, le vendredi 9 juillet, et à Paris, le jour même, avec le président français Emmanuel Macron, au côté duquel il participera au sommet virtuel des chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel (Burkina, Mauritanie, Mali et Tchad), organisé par l’Elysée.

    La nouvelle stratégie de la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel se cherche des voies et des moyens pour atteindre ses objectifs, qui s’avère de plus en plus difficile à gagner dans ce contexte d’une double crise économique et sanitaire. Il faut bien comprendre que les pays occidentaux engagés dans cette lutte, la France en particulier en tant que premier soutien de la force conjointe du G5, avec l’opération militaire Barkhane, engageant quelque 5.000 soldats, qu’on veut réduire à 3.000 à partir du début l’année prochaine, ne sont plus en mesure de dépenser sans compter dans leurs opérations à l’étranger. D’autant que le résultat n’est plus garanti, comme l’a montré l’expérience en Afghanistan, où les Etats-Unis ont fini par engager un retrait de leurs troupes militaires malgré tous les risques d’un retour à la case départ dans ce pays.

    Aujourd’hui, les pays occidentaux en arrivent à la conclusion que sans la participation militaire des pays locaux, ainsi que l’implication des populations locales, ils ne pourraient jamais réussir à combattre tous les trafics en cours dans cette vaste et hostile région désertique (près de trois millions de kilomètres carrés), ou lutter avec efficacité contre les groupes djihadistes qui, après leur débâcle au Moyen-Orient, veulent s’installer durablement sur ces terres où il est très difficile de les localiser sans l’assistance de drones et de satellites.

    Il y a ce souci qui ressemble à un aveu d’échec qui pousse les pays occidentaux à chercher à mettre en pratique une nouvelle stratégie plus efficace et moins coûteuse, et il y a encore le fait d’une situation sécuritaire qui s’est compliquée au niveau des frontières entre le Burkina, le Mali et le Niger, au sein du Bassin du Lac Tchad et du côté de la frontière avec la Libye, comme le relèvent les responsables des affaires sécuritaires au niveau des pays occidentaux engagés dans les opérations militaires au sol, qu’on cherche à maîtriser avant qu’elle n’échappe à tout contrôle.

    Qu’est-ce qu’on pourrait attendre de l’Algérie dans cette reconfiguration en cours des engagements militaires au niveau du Sahel ? Le soutien de l’Algérie est sollicité depuis des années dans ce contexte, mais Alger a toujours privilégié d’autres voies et moyens, différents de ceux employés par les occidentaux, à savoir une aide à la reconstruction des Etats du G5, afin qu’ils puissent prendre sur eux-mêmes le combat contre le terrorisme, les trafics de drogue et d’être humains.

    Le président du Niger, Mohamed Bazoum, qui vient à peine de boucler les 100 premiers jours à la tête du Niger (11 juillet), arrive à Alger en compagnie d’une forte délégation, avec pleins d’espoirs de se faire entendre par le président algérien, avec lequel il s’est longuement entretenu au lendemain de son élection le 2 avril dernier.

    Le Quotidien d’Oran, 14/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Mali, Niger, Sahel,