La France et le Maroc pris au piège du Printemps Arabe

par Mrabih Baba Zegman
Les visionnaires de l’Elysée et du palais royal marocain voyaient la vie en rose avec l’apparition du dénommé Printemps Arabe. Ils rêvaient de voir l’Algérie exploser de l’intérieur et l’instauration d’un régime qui saurait garantir leurs intérêts dans la région. 
Pour porter atteinte au gouvernement algérien, Rabat et Paris avaient orchestré une minutieuse campagne de diffamation portant sur le mensonge d’un soutien algérien au défunt guide libyen Gadhafi avec des mercenaires africains et sahraouis. Soutenus par les déclarations d’un responsable libyen, les marocains voyaient le Sahara Occidental dans la poche.
Le Maroc a bâti sa politique extérieure sur le soutien à ses thèses expansionnistes. Les relations avec l’Etat hébreu, la sous-traitance de la torture pour le compte de la CIA, la participation dans l’agression contre la Libye, contre l’Irak, et bien avant au Katanga et en Côte d’Ivoire ne visaient qu’à la requête d’un soutien dans sa guerre contre les sahraouis.
Ni Paris, ni ses serviteurs de Rabat n’avaient prévu que la rébellion en Tunisie et en Egypte allait se retourner contre eux. Le vol des armes de Gadhafi et la persécution des Touaregs par des miliciens libyens enragés ont donné lieu à cette situation de no-man’s land au Mali. Une situation qui menace les intérêts de la France dans la région et qui risque de déstabiliser tous ses alliés du Sahel. Une réalité qui a mis en évidence le rôle vital de l’Algérie afin de rétablir l’ordre dans ce pays voisin. Pour la première fois, Paris qualifie l’Algérie de puissance régionale et reconnaît que la solution passe par Alger. Mais les français sont gênés par leur soutien inconditionnel à Rabat dans un conflit que la France et le Maroc alimentent depuis plus de 37 ans. Au point d’utiliser le droit de veto au Conseil de Sécurité contre l’application d’un principe arboré par la France pour justifier sa guerre contre Gadhafi. En l’occurrence, le principe du respect des droits de l’homme.
Loin de se retourner contre eux, les sahraouis ont trouvé dans le Printemps Arabe une porte d’entrée jusqu’alors fermée dans le monde arabe. L’Arabie Saoudite, qui était l’un des principaux fournisseurs d’armes au Maroc pour mater les sahraouis, a offert, à deux reprises, plus de 250 tonnes de dattes aux réfugiés sahraouis en guise d’aide humanitaire. Des observateurs qui suivent de près le conflit du Sahara Occidental, perçoivent ce geste comme un tournant dans la position saoudienne envers les sahraouis.
Pour la première fois, la société turque s’intéresse de la situation des réfugiés sahraouis. La plus grande association de bienfaisance turque, Alay Ha, a participé, en collaboration avec le croissant rouge algérien, dans la récolte de denrées alimentaires pour les camps de réfugiés sahraouis.
Au dernier congrès général du Front Polisario, célébré au mois de décembre 2012 à Tifariti, ont assisté des délégués de plusieurs associations et partis représentant la société tunisienne.
Plus important encore, le Printemps Arabe s’est incrusté dans le rapport du Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-moon. Il a exprimé au Conseil de Sécurité son espoir que les airs de révolte dans le monde arabe puissent aider les sahraouis à se prononcer sur leur destin et il n’a pas manqué de souligner que toute solution du conflit du Sahara Occidental doit être basée sur la volonté du peuple sahraoui. Ce virage dans la position de l’ONU est, sans aucun doute, fruit des évènements survenus en Afrique du Nord.

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