Mois : décembre 2020

  • France : Droiture et bonne foi

    par Abdou BENABBOU


    Le brûlant débat actuel en France sur l’interdiction de filmer les policiers et les restrictions imposées à la presse filmée a une puissance interpellatrice à laquelle les observateurs algériens ne pourraient échapper. Il est patent de remarquer qu’à travers le monde entier les réseaux sociaux ont outrepassé le cercle restreint de l’activité politique. Le périmètre sans limite qu’ils offrent à l’activisme et au militantisme est en train de démontrer que l’ampleur qu’ils prennent les a installés dans un vaste terreau où la mouvance, la gouvernance et la gestion humaines dans leurs différents aspects ne sont pas à l’abri des mises à nu. Les statures qu’ils endossent aujourd’hui vont au-delà de celles des structures politiques classiques et l’ensemble des pouvoirs ont bien raison de se méfier de cette nouvelle force car, à bien des égards, elle se dresse comme un garde-fou contre les dépassements et peut aller jusqu’à contrarier les raisons d’Etat.

    Elle est en voie d’imposer la bonne mesure du geste et d’encadrer la décision. Les acteurs de dépassements et de mauvais gestes ont de plus en plus conscience qu’une vraie épée de Damoclès plane sur leurs têtes.

    Bien de graves entorses ont été dénudées par un simple clic, sans lequel des véritables assassinats perpétrés sous couvert de maintien de l’ordre seraient restés dans la case du secret. Mais plus conséquent que la dénonciation publique des fausses bavures de policiers, c’est la crainte et la prudence que ce clic impose à ceux en charge de responsabilités qui régissent la vie de tous les jours qui apparaîtraient les plus grands des bénéfices. La peur de la vidéo est en passe de devenir une arme fatale contre la nonchalance des administrations et du carriérisme désobligeant. Le spectre de la photo arrachée et étalée devient un outil efficace contre la bureaucratie.

    Les pouvoirs en place auraient tort, comme en France, de tout faire pour contrecarrer cet atout qui serait un providentiel argument pour témoigner de leur droiture et de leur bonne foi.

    Le reste n’est qu’affaire de morale et de conscience.

    Tags : France, Macron, violences policières,

  • Sahara Occidental : L'Agence fédérale de l'aviation américaine annonce la possibilité d'interdire le survol de l'espace aérien sahraoui

    Dans une note d’information, l’agence américaine a annoncé surveiller « le risque » pour l’aviation civile américaine dans la région du Sahara occidental mettant en garde contre « les hostilités qui pourraient s’intensifier rapidement ». 

    L’agence a appelé les opérateurs civils à rester en contact avec les autorités de contrôle du transport aérien, et se préparer à la possibilité de restrictions de l’espace aérien. Elle a avertit que la situation pourrait devenir plus dangereuse avec l’expansion des opérations militaires. 
    L’agence a relevé que la défense aérienne sahraouie est capable d’atteindre des avions, rappelant à ce titre qu’elle avait réussi à abattre un nombre d’avions marocains. 
    Pour rappel, trois lignes traversent l’espace aérien du Sahara occidental reliant Paris à Dakar, Lis bonne à Dakar et les Iles Canaries à l’Afrique. Le 18 novembre, le gouvernement sahraoui a déclaré l’ensemble du territoire du Sahara Occidental « zone de guerre ouverte » prohibée à toute activité après l’agression militaire marocaine menée dans la zone tampon d’El-Guerguerat en violation de l’accord de cessez-le-feu, signé entre le Front Polisario et le Royaume du Maroc en 1991.
    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc #WesternSahara
  • France: Plongée vers le chaos

    Outre la pandémie du coronavirus qui frappe en plein fouet le monde entier, la France est certainement l’un des pays les plus affectés par l’actualité chaotique de cette année bouleversante. Et les mesures prises par le président Macron pour redresser son pays font débat.

    Crise sanitaire et économique en dégringolade, violence, affrontements sanglants, islamophobie , la France semble sombrer dans le chaos total

    « Baissez vos armes, on baissera nos caméras ! » Quelques 133 000 personnes ont manifesté dans toute la France selon le ministère de l’Intérieur, 500 000 selon les organisateurs, samedi 28 novembre, contre le texte de loi « sécurité globale » mais aussi contre les violences policières et le racisme. Une centaine de rassemblements étaient organisés dans les principales villes du pays.

    «Floutage de gueule », « Qui nous protègera des féroces de l’ordre ? »… Les manifestants ont sorti les pancartes et fait fleurir les slogans contre un texte jugé attentatoire à “la liberté d’expression” et à l’Etat de droit par ses opposants. La préfecture de police de Paris indique aussi que neuf personnes ont été interpellées en marge de la manifestation de la capitale.

    La façade de la succursale de la Banque de France, située place de la Bastille à Paris, a été incendiée dans la soirée du samedi 28 novembre, en marge de la nouvelle mobilisation contre la loi Sécurité globale déjà marquée par des voitures brûlées, des vitres brisées et des tensions entre manifestants et forces de l’ordre.

    Le feu a été mis à la façade de la Banque de France dans la soirée du 28 novembre, jour d’un rassemblement contre la loi de la Sécurité globale qui a réuni environ 46.000 personnes à Paris, selon le ministère de l’Intérieur.

    Quatre membres des forces de l’ordre ont été sanctionnés jeudi pour avoir insulté et frappé un producteur de musique samedi à Paris. Soi-disant pour défaut de port du masque.

    Trois policiers français ont été suspendus jeudi, après le tabassage d’un producteur de musique noir, documenté par une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux. Cela intervient en pleine polémique sur le droit de filmer les forces de l’ordre en opération

    L’affaire a éclaté à la faveur de la publication par le site Loopsider d’images qui montrent un homme noir appelé «Michel» roué de coups par des fonctionnaires de police dans l’entrée d’un studio de musique à Paris.

    Menacé de dissolution le Collectif contre l’islamophobie (CCIF) s’autodissout
    Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), menacé de dissolution par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, a annoncé son autodissolution vendredi.

    Devant les menaces du gouvernement français, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a annoncé vendredi 27 novembre sur son site internet son autodissolution.

    Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé la semaine dernière avoir notifié à ses responsables la dissolution du CCIF, qu’il a accusé, après l’assassinat de Samuel Paty, d’être une officine islamiste œuvrant contre la République.

    Echourouk, 29 nov 2020

    Tags : France, sécurité globale,

  • Sahara Occidental : "La solution définitive et permanente est une urgence" (Rahabi)

    ABDELAZIZ RAHABI ABORDE LE CONFLIT DU SAHARA OCCIDENTAL SUR AL-QUDS AL-ARABI : La solution définitive et permanente est une urgence

    La stabilité de la région « passe inéluctablement » par une solution définitive et permanente, le plus tôt possible, de la question du Sahara occidental, a affirmé l’ancien diplomate et ministre, Abdelaziz Rahabi.
    Dans une interview accordée au journal Al-Quds Al-Arabi, M. Rahabi a estimé que »partant du principe que les questions sécuritaires sont indivisibles, il est donc insensé de se mobiliser pour lutter contre le terrorisme au motif qu’il nuit à la sécurité et à la stabilité internationales, et en même temps on jette de l’huile sur le feu et on nourrit un conflit militaire dans la région en soutenant le Maroc dans son intransigeance. » Pour M. Rahabi « cette attitude de deux poids deux mesures sur les questions sécuritaires ne sert pas la stabilité dans la région », soulignant que « la stabilité dans la région passe inévitablement par une solution définitive et permanente à la question du Sahara occidental dans les plus brefs délais, en revenant au processus politique à travers des négociations directes et selon un agenda convenu pour une sortie définitive de la crise ».
    Concernant la reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario, après l’agression de l’armée d’occupation marocaine contre les manifestants pacifiques sahraouis à El-Guerguerat, M. Rahabi a expliqué que « cette guerre s’est déclenchée à la suite du blocage du processus politique depuis 1991″, affirmant qu’elle « a rappelé à la communauté internationale ce problème et ce peuple oublié pendant 30 ans (…) et par conséquent elle peut permettre l’accélération de la solution politique ». L’ancien diplomate a fait observer que « les grands pays et l’Union européenne (UE) admettent qu’il y a un réel atermoiement dans le traitement de ce conflit, qui dure depuis 1975″, relevant que « tous les pays appellent désormais à une solution politique pacifique qui puisse garantir aux Sahraouis leur droit à l’autodétermination. « Cela constitue en soi une grande réalisation », a-t-il estimé. « En tout état de cause, la question du Sahara Occidental demeure une question de décolonisation, conformément au droit international auquel appellent toutes les parties, et aux engagements pris par le Maroc pour résoudre ce problème par un référendum d’autodétermination (…) », a-t-il rappelé. S’exprimant sur le soutien de l’Algérie à la cause sahraouie, M. Rahabi a déclaré : » historiquement, notre position est claire et constante concernant les causes de libération. Celui qui connait l’histoire de la Guerre de libération algérienne sait bien que le soutien aux peuples pour leur indépendance relève de l’identité algérienne et de la tradition de sa politique étrangère, étant donné que l’Algérie avait soutenu les mouvements de libération en Amérique latine et centrale, en Asie et en Afrique depuis la Guerre de libération ». « Quid d’un pays qui a soutenu le front +sandiniste+ au Nicaragua, +le Mouvement populaire de libération de l’Angola+ et le Vietnam, pourrait-il se taire sur ce qui se passe à ses frontières? », s’est-il interrogé. À une question de savoir si le Sahara occidental est « la raison principale » de l’arrêt du train de l’Union du Maghreb -comme le prétendent certains- M. Rahabi a soutenu que « cette idée, véhiculée par les médias, est totalement contraire à la vérité, car l’Union du Maghreb a été fondée, le problème du Sahara occidental étant établi, et ce après que les dirigeants de la région aient trouvé un terrain d’entente en Algérie sur la séparation de la cause sahraouie et la construction du Maghreb ». Contrairement à ce qui est avancé, l’ancien diplomate a précisé que « la construction de l’Union du Maghreb génère un réseau d’intérêts communs entre les États de la région et corrobore le règlement du conflit », soulignant qu’ »à ce propos, le Maroc avait reçu une délégation sahraouie de haut niveau en 1989 avant qu’il se rétracte de l’accord de Marrakech » et par conséquent, « c’est le Maroc qui a gelé sa participation aux activités de l’Union du Maghreb ». Pour ce qui est de l’ouverture des consulats de certains États, notamment arabes dans les villes occupées de El Ayoun et Dakhla, M. Rahabi a indiqué que cette position « est incompatible avec les résolutions internationales, car le Maroc n’a aucune souveraineté sur une terre toujours classée par l’ONU dans le processus de décolonisation (…), il s’agit d’un grave précédent dans les relations internationales ». Il a ajouté que l’ouverture de ces « consulats » « n’affecte pas principalement » le processus de la cause sahraouie tant au niveau de l’UA que de l’ONU, d’autant plus qu’elle « ne sert pas les intérêts diplomatiques » des pays concernés.
    M. Bendib 
    SAHARA OCCIDENTAL
    L’APLS poursuit ses attaques contre les FAR
    Des unités combattantes de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) ont poursuivi leurs attaques contre des bases et des positions de l’armée d’occupation marocaine tout au long du ‘‘ mur de la honte ’’, pour le dix-septième jour consécutif de la rupture du cessez- le- feu par le Maroc, a indiqué ce dimanche un communiqué du ministère de la Défense sahraoui. Dans son communiqué Il précise que »les détachements avancés de l’Armée de libération sahraouie ont mené dimanche des bombardements concentrés et massifs sur la zone Om-Edken dans le secteur Albakari, la zone de Hezemih, du secteur de Mahbas » et ont visé également « les retranchements des soldats de l’occupation marocaine dans la zone de la fosse Ishiaf dans le secteur d’Al-Bakary ». Selon la même source, « les forces de l’APLS ont ciblé la veille les positions de l’ennemi marocain dans la zone de Rous Sbti dans le secteur Sbti Mahbas, dans le secteur d’Al-Forsiyya et également le secteur d’Osmol Khamlh ou d’Odrakah ». Les bombardements ont visé aussi « les bases de l’armée d’occupation marocaine dans la région d’Alfayeen dans le secteur d’Al-Farsiya », précise-t-on de meme source. L’ensemble des attaques de grande intensité ont touché les positions et les tranchées des Forces de l’armée marocaine (FAR). Tout au long des dernières quarante-huit heures les attaques de l’APLS se sont portées sans répit contre les bases militaires marocaines en plusieurs points de la ceinture de défense marocaine.
    L’enjeu économique derrière l’agression marocaine
    Par ailleurs et selon l’économiste belge Xavier Dupret, la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance, « s’ancre dans l’histoire des luttes pour la décolonisation, sur fond d’importants intérêts économiques ». « Il existe une autre caractéristique coloniale dans l’occupation de la terre des Sahraouis: la spoliation. Le Sahara occidental n’est pas un désert économique. Le phosphate y abonde », a précisé l’économiste. Or, explique-t-il, « la dépendance de l’Union européenne à l’égard de cette matière première, vitale pour la fabrication d’engrais, constitue une donnée structurelle ». Dans cette analyse, Xavier Dupret a précisé que les réserves finlandaises, les plus importantes d’Europe, ne représentent que 1,5% des réserves mondiales. C’est pourquoi la troisième liste des matières premières critiques dressée en 2017 par l’Union européenne reprend la roche de phosphate. Il a indiqué que « les initiatives visant à organiser un référendum se sont, depuis, heurtées au refus systématique de la part de Rabat de considérer l’indépendance du Sahara occidental comme une issue au conflit ». « Ce blocage explique pourquoi l’accord de cessez-le-feu a été rompu récemment. En l’espèce, le Maroc a agressé des militants sahraouis dans la zone tampon d’El-Guerguerat », a-t-il ajouté. En outre, souligne l’expert, la pêche représente 70% de l’activité économique du Sahara occidental. « Dans un contexte de baisse des ressources halieutiques en Europe, l’accord de libéralisation des produits agricoles et de la pêche conclu en 2012 entre l’Union européenne et le Maroc incluait, comme par hasard, le Sahara occidental dans son champ d’application », a-t-il souligné. La Cour de Justice européenne saisie a statué que l’accord de 2012 enfreignait « plusieurs règles de droit international applicables dans les relations entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc, notamment le principe d’autodétermination ». En dépit de cet Arrêt, un nouvel accord de pêche a été conclu entre l’UE et le Maroc pour une durée de quatre ans. Il s’applique illégalement à nouveau aux eaux adjacentes au Sahara occidental. L’économiste est revenu sur « le soutien inconditionnel qu’apporte la France au Maroc qui ne risque pas de diminuer à court terme ».
    M.B. 
    #SaharaOccidental   #Polisario   #Maroc   #WesternSahara     #الصحراء_الغربية