Mois : décembre 2020

  • Dossier de la Mémoire: l’Algérie pose ses conditions

    Le conseiller du président de la République chargé des Archives et de la Mémoire nationale Abdelmadjid Chikhi a dit ne pas avoir encore rencontré l’historien français Benjamin Stora pour se pencher sur le dossier de la mémoire.

    «Je n’ai pas travaillé avec Stora. On a eu deux contacts et il m’a dit qu’il rédigeait un rapport à la demande de Macron », a affirmé le conseiller à la présidence de la République chargé des Archives après six mois de l’ouverture du dossier lié à la mémoire entre l’Algérie et la France.
    Abdelmadjid Chikhi a fait savoir que son homologue français Benjamin Stora lui avait dit qu’il ne pouvait pas lui parler du dossier avant de transmettre son rapport au locataire de l’Elysée.
    Quant au dossier de la mémoire et les éventuels obstacles entravant son travail, Chikhi a expliqué que «pour l’Algérie, tout est clair car les questions restent stables aussi bien dans nos documents que dans nos mémoires».
    «Nous en tant qu’Algériens savons ce que nous voulons. Nous n’oublions pas le passé et nous ne pouvons pas l’effacer car c’est une partie indivisible de la vie du peuple algérien à travers les temps. Nous voulons revenir à notre Histoire et qu’elle soit présente dans notre vie quotidienne», a-t-il ajouté.
    Echourouk, 2 déc 2020
  • La Normalisation des relations Maroc-Israël est le couronnement d’une « collaboration secrète »

    L’annonce de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël était le couronnement des années de collaboration bilatérale « secrète » dans les domaines d’armes et d’espionnage, selon le New York Times (NYT).

    Pendant près de 60 ans, le Maroc et Israël, qui ont accepté de normaliser leurs relations, ont collaboré étroitement mais secrètement sur les questions militaires et de renseignement et les assassinats (…), révèle le quotidien américain dans son édition de vendredi.
    Derrière l’annonce faite, jeudi, par le président américain sortant Donald Trump, » il y a près de six décennies de coopération étroite et secrète sur les questions de renseignement et militaires entre les deux parties », souligne la même source.
    En effet, d’après le quotidien new-yorkais, Israël a aidé le Maroc à obtenir des armes et du matériel de collecte de renseignements et à apprendre à les utiliser, et l’a aidé à assassiner un chef de l’opposition.
    La collaboration découverte grâce à une série de documents et d’entretiens menés « reflète une politique israélienne de longue date de construction de liens secrets avec des régimes arabes où des intérêts communs – et des ennemis – pourraient être trouvés ».
    La relation maroco-israélienne découle en partie du grand nombre de Juifs vivant au Maroc avant la création de l’entité sioniste en 1948, dont beaucoup y émigreraient. Un million d’Israéliens sont originaires du Maroc, selon les données relatées par le journal.
    En 1965, lorsque les dirigeants arabes et les commandants militaires se sont rencontrés à Casablanca, le Maroc a permis au Mossad de mettre sur écoute leurs salles de réunion et suites privées.
    Les écoutes clandestines ont donné à Israël un aperçu sans précédent de la pensée, des capacités et des plans arabes, qui se sont révélés vitaux pour le Mossad et les Forces de défense israéliennes dans la préparation de la guerre de 1967.
    Peu de temps après et à la demande des services de renseignements marocains, le Mossad a localisé l’opposant marocain M. Ben Barka, en l’attirant à Paris où des Marocains et des Français alliés l’ont enlevé. Il a été torturé à mort et les agents du Mossad se sont débarrassés du corps, qui n’a jamais été retrouvé.
    Une décennie plus tard, le roi Hassan II et son gouvernement sont devenus » la voie secondaire » entre Israël et l’Egypte, et le Maroc est devenu « le site de réunions secrètes » entre leurs fonctionnaires, avant les accords de Camp David de 1978 et la normalisation des relations entre les anciens ennemis. Israël a ensuite aidé à persuader les Etats-Unis de fournir une assistance militaire au Maroc.
    Pendant des années, le successeur de Hassan II, le roi Mohammad VI, a sollicité l’aide d’Israël pour obtenir l’acceptation américaine de l’annexion illégale du Sahara occidental.
    Source : DIA, 12 décembre 2020
    Tags : Maroc, Israël, Algérie, Mossad, P°alestine, Ben Barka, Guerre des Six Jours, Hassan II, Mohammed VI,
  • Sahara occidental: Nouvelles attaques contre les bases militaires marocaines

    Les unités de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) poursuivent leurs attaques ciblant les bases et les positions des forces de l’occupation marocaine, le long du mur de la honte dans la zone d’El-Guerguerat, selon le ministère de la Défense sahraouie. 

    Le ministère a précisé dans son communiqué militaire n 37, que «l’Armée sahraouie a ciblé des positions de l’armée d’occupation marocaine dans la région d’Al-Chidhmiya dans le secteur de Mahbés, et a mené un bombardement qui a visé des positions ennemies dans la zone ou Adhim Umm Adjloud du secteur Awserd». Le département sahraoui a ajouté que « ‘armée a également mené des bombardements contre les positions marocaines dans la zone de Bennekarat du secteur de Smara, et un bombardement qui a ciblé les forces d’occupation dans la zone de Ross Oodiat du secteur d’Al-Farsiya». «Un autre bombardement a visé les positions marocaines dans le zone d’Adhim Umm Adjloud, du secteur Awserd, et un bombardement qui a visé la zone de Ross Sbtis dans le secteur de Mahbés et dans le secteur Smara».
    «Les attaques ciblées de l’APLS se poursuivaient causant des dégâts considérables, matériels et humains, dans les rangs des forces d’occupation marocaines, le long du mur de la honte», a conclu le communiqué. Pour rappel, les forces d’occupation marocaines ont violé le cessez-le-feu signé en 1991 avec le Front Polisario sous l’égide de l’ONU, suite à une attaque militaire contre des civils sahraouis dans la région d’El Guerguerat le 13 novembre en cours, une région considérée par l’ONU comme étant une région désarmée. Le Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui riposte depuis à cette énième agression marocaine. Le Front Polisario appelle en outre à trouver une solution durable au conflit du Sahara occidental basée sur l’autodétermination des sahraouis. Mais la décision du président américain sortant, Donald Trump, de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental complique la tâche. Heureusement cette décision unilatérale est restée isolée. La communauté internationale, l’ONU en particulier, reste attachée à une solution juste est durable.
    Le représentant du Front Polisario auprès de l’ONU, Sidi Mohamed Omar, a affirmé samedi dernier que la décision du président américain sortant viole la charte des Nations unies et ses résolutions, assurant qu’elle n’est pas en adéquation avec la politique traditionnelle des Etats Unis en ce qui concerne le Sahara occidental. «La décision prise par le président Donald Trump viole la Charte des Nations unies et les résolutions de l’ONU, y compris les résolutions du Conseil de sécurité que les Etats-Unis eux-mêmes ont rédigées et approuvées au cours des dernières décennies», a déclaré Sidi Mohamed Omar dans une lettre adressée aux Nations Unies. «Cette regrettable proclamation s’éloigne également de la politique américaine traditionnelle à l’égard du Sahara occidental», a-t-il conclu. Pour sa part, la militante sahraouie, Aminatou Haidar estime que le Maroc «maladroit», gère avec «improvisation» la situation au Sahara occidental. «Je crois vraiment que les autorités marocaines ne savent plus comment agir pour faire face à la situation d’occupation qu’ils gèrent avec beaucoup de maladresse, de violence, et d’improvisation au Sahara occidental», déplore, le prix Nobel alternatif 2019, dans un entretien accordé au site électronique la Patrie News. «Les gens croient peut-être que les autorités d’occupation marocaine savent ce qu’ils sont en train de faire dans leur colonie, mais ce n’est pas le cas», a-t-elle ajouté.
    Sud Horizons, 20 déc 2020
  • La Palestine trahie

     

    par Ammar Koroghli*

    «La paix basée sur l’égalité et la justice passe avant tout par la fin de l’impunité d´Israël. Il faut un boycott politique, économique, sportif, moral à l’image de celui qui a fait plier le régime de l’Apartheid» (Pierre STAMBOUL)
    Ainsi, divers Etats des « pays frères » normalisent leurs relations avec l’entité sioniste. Triste normalisation pour les Emirats Arabes Unis, Bahreïn, le Soudan, le Maroc (après l’Egypte et la Jordanie), faisant peu de cas de leurs peuples muselés et sous la férule et la carotte de l’oncle Sam en proposant d’ignobles marchandages. De la duplicité politique à l’état pur.
    Dans son film « America America » (1963), Elia Kazan (Grec par les origines, Turc par la naissance) met en scène des personnages dont des Arméniens subissant le joug des tenants de l’Empire ottoman. Se doutait-il que l’Administration de cette Amérique qu’il vénérait allait porter de rudes coups à un autre peuple ? Jusqu’à décider unilatéralement de faire d’El Qods capitale d’Israël et de proposer des trocs politiques à des régimes honnis par leurs peuples. Décisions autant irresponsables qu’infondées à tous points de vue, notamment de la légalité internationale… Pire : des « pays frères » arabes plantent donc, désormais à ciel ouvert, leurs couteaux dans le dos du peuple palestinien, victime innocente, notamment de la « perfide Albion » (« L’Angleterre n’a pas d’amis ou d’ennemis permanents, elle n’a que des intérêts »). Méditons la leçon.
    Rappelons-nous. Tout commence le 2 novembre 1917. Un certain Arthur Balfour, ministre britannique des Affaires étrangères s’il en fut qui, dans une lettre ouverte, a pu écrire : «Le gouvernement de Sa Majesté voit favorablement l´établissement d´un foyer national juif en Palestine» (exit l´Argentine et l’Ouganda comme projet pour ce faire). Pour rappel également, l´ONU adopta la résolution 181 partageant la Palestine en un État juif (56% des territoires pour seulement un tiers des habitants Juifs et le reste -48% des terres- pour les deux tiers d’habitants arabes). Ce, avec un statut international pour Jérusalem. Pour les Palestiniens, c´est la Naqaba, la catastrophe. C‘est la destruction de leur société et de leurs villages suivie de l´exil de la grande majorité de la population. Dès l’origine à ce jour, les Palestiniens vivent la marginalisation, les discriminations, les assassinats «ciblés», la misère… La question palestinienne se doit d’être le problème de tous les esprits épris de justice et de liberté pour les peuples autant que pour les individus. Il s’agit tout de même de l´expulsion de tout un peuple de sa terre.
    Et depuis plus d´un siècle, le sionisme applique la même stratégie : s’emparer des terres et institutionnaliser le fait accompli afin de marginaliser le peuple palestinien. Et pourtant en Palestine, et ailleurs dans les pays arabes du Machrèk comme du Maghreb, la communauté juive vivait paisiblement avec les Arabes de façon générale et les Palestiniens de façon particulière. Peuple innocent, le peuple palestinien a été également trahi par les dirigeants des pays arabes. Ainsi, la guerre de 1948 a entraîné 800.000 expulsés (plus de la moitié de la population arabe de Palestine) et des villages entiers ont été effacés de la carte de la Palestine (plus de 500). Ceux qui ont pu échapper à l´expulsion forment aujourd´hui avec leurs descendants environ 15 à 20% de la population israélienne et vivent dans un Etat qui se définit comme juif, les ignorant superbement. Et pratiquant à ce jour une colonisation condamnée par les instances internationales comme par les Etats.
    Cette duplicité qui ne dit pas son nom continue. Ainsi, l´Égypte a commencé dès le 1er mai 2008 ses livraisons de gaz à Israël. Elle s´était engagée à lui livrer 1,7 milliard de mètres cube de gaz par an durant 15 ans au moment même où Ghaza, sous embargo israélien, n´avait pas d´électricité ! Et, en cela, on aura raison de dire qu’on ne saurait être plus arabe que les arabes eux-mêmes, d’autant qu’un certain nombre d’entre ces pays « frères » se dévoilent désormais au grand jour pour « normaliser » leurs relations avec l’entité sioniste, jusque là souterraines pour consolider et pérenniser leurs régimes que l’Histoire ne manquera pas de condamner et de clouer au pilori. Ces monarchies ne tiennent que par leurs pétrodollars et leurs liens avec leur oncle Sam.
    Cela étant, les groupes de pression agissant dans les sphères politique, économique et médiatique (pour l’essentiel en Europe occidentale et aux USA) bénéficient en toute vraisemblance d’une marge de manœuvre suffisante permettant une action de nature à effacer définitivement cette injustice flagrante à l’endroit des Palestiniens. Injustice à laquelle ont contribué ces pays. Mais le peuple palestinien continue de souffrir le martyr du fait du sentiment de culpabilité des pays occidentaux sur lesquels un magistère moral est exercé en permanence par ces groupes de pression. Et, faut-il le rappeler, Israël reçoit une énorme aide de toutes natures des Etats-Unis (chaque année quelque cinq milliards de dollars) et autres livraisons d´armes ?
    Et faut-il préciser ici que, de l’intérieur d’Israël même, des voix s’élèvent pour dire non à cette injustice et à l’impunité d’Israël. Ainsi, ce qu’il a été convenu d’appeler les nouveaux historiens israéliens soulignent par exemple la responsabilité de Ben Gourion, entre autres, dans l´expulsion de plus d´un demi-million de Palestiniens. L’un d’eux, Ilan Pappé, dont l’un des ouvrages est paru sous le titre : «Le Nettoyage ethnique de la Palestine» ne manque pas de le souligner : «Quand la propagande israélienne répète inlassablement que «les Arabes sont partis d´eux-mêmes» à l´appel de leurs dirigeants, il s´agit d´un mensonge fondateur destiné à masquer le crime qui s´est déroulé, il y a 60 ans» (Ilan Pappé : Le Nettoyage ethnique de la Palestine (Ed. Fayard, Paris).
    Certains journalistes israéliens ne sont pas en reste dans la dénonciation d’Israël, l’un d’eux écrit: «Deïr Yassin, c´est ce paisible village que les groupes juifs terroristes Etzel et Lehi avaient attaqué, le 9 avril 1948, en massacrant toute la population : hommes, femmes et enfants. Je ne rappellerai pas ici l´histoire sanglante des oreilles tranchées, des entrailles répandues, des femmes violées, des hommes brûlés vifs, des corps jetés dans une carrière, ni la parade triomphale des meurtriers» (Israël Shamir: Les chasseurs de vampires Jaffa, le 14 mars 2001 ; cité par L’Expression du 12 Mai 2008).
    Et que dire alors de Sabra et Chatila ? De l’invasion du Liban et des massacres de Ghaza ? Alors comment faire la paix dans ces conditions ? Le président Bill Clinton qui a exercé durant deux mandats n’a pas réussi. Le président Barack Obama également. L’Administration américaine du président élu, M. Biden, le pourra t-elle ? Le doute est permis, et pas seulement par référence au coup de Jarnac du président sortant, fantasque et imprévisible à souhait. La politique de la terre brulée.
    En effet, pour cette question éminemment urgente, celle de la Palestine, force est d’observer également qu’avec deux mandats, l’action dans la perspective de la paix du président Obama n’a pas eu les résultats escomptés. Et sans aucun doute, sa réélection n’a même pas permis de mesurer les efforts consentis pour à la fois redresser l’économie de son pays (ce faisant l’économie mondiale), mais également à contribuer à résorber les foyers de tensions en Palestine (mais également en Irak et en Afghanistan). Les Etats-Unis y sont pourtant pour quelque chose dans ce chaos. Comment remettre ces pays en l’état, à un moment où, de surcroît, notre Terre gravement menacée par ailleurs comme ne cessent de nous en aviser les experts en écologie. Un auteur américain, William Blum, ayant gravité dans l’Administration américaine en qualité de haut fonctionnaire, expose lucidement les intérêts de cette administration, voire de certaines couches et individualités localisées et liées aux grandes sociétés pétrolières et au complexe militaro-industriel américain. Alors, la question palestinienne aux USA ? Les intérêts, économiques pour l’essentiel, d’abord…
    Il est vrai qu’en l’absence de contrepoids sérieux, crédible et efficace dans son opposition à cette même administration, force est d’observer que celle-ci monopolise (pour combien de temps encore ?) la violence à l’échelle planétaire sous le couvert de «mondialisation» et agit de façon fort belliqueuse depuis 1945 afin de mettre toutes les économies considérées comme périphériques sinon à genoux, à tout le moins tournant autour de sa galaxie… Ainsi pour atteindre ses objectifs, l’auteur nous rappelle que l’Administration américaine a été l’auteur de bombardements du Japon (bombe A sur Hiroshima et Nagasaki) et du Vietnam (un million de morts et vingt ans de destruction de ce pays). Elle a utilisé de l’uranium appauvri (qui est radioactif) lors de la guerre du Golfe, ainsi que des bombes à fragmentation (William Blum : L’Etat voyou, éditions Parangon, cité dans ma contribution : «L’Irak : les leçons d’une agression» in El Watan du 6 avril 2008). Il est vrai hélas que l’Amérique s’est bâtie dès l’origine sur la violence : massacre des Amérindiens dont les survivants ont été parqués dans des réserves et traite des Noirs devenus depuis Afro-américains qui n’ont de cesse, à ce jour, de se battre pour leurs droits civiques.
    Monsieur Obama a pu dire Yes, we can. Son successeur fait d’El Qods capitale d’Israël. Et pourtant (comme a pu dire Galilée, en son temps), contribuer au règlement de la question palestinienne est un devoir de la plus haute importance, d’autant que les Palestiniens (voire les Arabes et les Musulmans) n’ont pas de lobby qui oeuvrent pour leur cause. Ou si peu. Combien, en effet, la Maison Blanche compte t-elle de collaborateurs et autres conseillers Arabes et Musulmans ?
    Oui, la question palestinienne est aussi notre problème, Arabe ou pas. El Qods demeurera éternelle pour tous et non pour une communauté prédéfinie. Elle devrait être la question qui interpelle tous ceux et celles épris de paix, de justice et de liberté en Algérie et à travers le monde. Le peuple palestinien ne doit pas être livré à lui-même. Pas plus que le peuple sahraoui ; à cet égard, le Maghreb divisé plus que jamais recule plus qu’il n’avance pour le plus grand bonheur des puissances du moment.
    *(Avocat – Auteur Algérien)
    Le Quotidien d’Oran, 20 déc 2020
    #Palestine #Israël #Normalisation

  • Sahara Occidental : Détention de Youssef Bougharioune

    Youssef Bougharioune, éminent étudiant et militant sahraoui, a été arrêté par la police marocaine le mardi 15 décembre 2020 à 19 heures, à El Aaiun. Il a été libéré le samedi 19, à Agadir.

    La détention a été faite sans respecter les droits humains les plus élémentaires. Les charges ne lui ont pas été lues, et sa famille n’a pas été informée de sa localisation. En détention à El Aaiun, il a été battu, insulté et menacé.
    Le lendemain, à 7 h 30, il a été mis dans une voiture et emmené à Agadir à une vitesse de 180 km / h, ce qui impliquait un gros risque pour sa vie. Le comportement de la police était inacceptable. Lors d’une pause entre les villes d’El Aaiun et de Tan Tan, l’agent de police lui a dit: «vous êtes Polisario, vous n’avez pas le droit de vivre, vous êtes une mouche».
    À Agadir, il a été interrogé mais il n’a pas reçu de mauvais traitements. Quoi qu’il en soit, ni sa famille ni son avocat n’ont pu lui rendre visite en détention. Enfin, il a été libéré à Agadir même. Le procès aura lieu le 21 janvier 2021.
    Les chefs d’accusation sont les suivants:
    – Appartenir à une bande criminelle
    – Enlever une femme
    – Battre et blesser une personne non identifiée.
    La police a amené un témoin qui, curieusement, a nié toute relation avec Youssef.
    Youssef est étudiant à l’Université Mohamed V de Rabat. Très impliqué dans l’activisme étudiant contre l’occupation illégale marocaine du Sahara Occidental, il collabore avec des organisations de défense des droits de l’homme.
    Son frère Saleh, militant politique et demandeur du statut de réfugié en France, a déclaré à Équipe Média que «l’arrestation était une nouvelle tentative d’isoler les étudiants militants sahraouis et de faire taire les voix de militants individuels dénonçant les violations des droits humains commises par le Maroc».
    Tone Sørfonn Moe, chercheuse en droits de l’homme et juriste, a exprimé sa vive inquiétude face à la récente arrestation de Youssef qu’elle a décrit comme très actif dans le mouvement étudiant à Rabat et connu pour son plaidoyer en faveur du droit à l’autodétermination et de la libération des prisonniers politiques sahraouis – y compris le cas du Groupe des Étudiants.
    Au Sahara Occidental occupé, mais aussi au Maroc proprement dit, plaider en faveur du droit à l’autodétermination ou même mentionner le Sahara Occidental ou dire que vous êtes sahraoui (et non marocain) est criminalisé par la loi et peut vous conduire en prison.
    Équipe Média, le 19 décembre 2020
    El Aaiun, Sahara Occidental occupé
    Tags : #Sahara Occidental #Maroc #Polisario #Marruecos #Morocco #WesternSahara
  • Sahara occidental : Le Maroc réprime des indépendantistes

    La reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc ne change rien au statut du territoire

    (New York) – Le Maroc a réprimé des activistes indépendantistes au Sahara occidental suite à un incident à un poste frontière survenu le 13 novembre 2020, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. L’incident a ravivé le conflit, depuis longtemps paralysé, entre le Maroc et le Front Polisario, mouvement basé en Algérie et réclamant l’indépendance de ce territoire. Les forces de sécurité ont brutalement dispersé des manifestations en faveur de l’indépendance. Elles ont aussi harcelé, frappé ou arrêté plusieurs activistes, ou encore attaqué leurs domiciles.
    Le fait que l’administration américaine ait reconnu, le 10 décembre, la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ne change en rien à son statut de territoire non autonome, tel que déterminé par les Nations Unies.
    « Le Maroc et le Polisario s’affrontent sur les plans frontalier et diplomatique, mais cela n’autorise en rien le Maroc à réprimer des civils sahraouis qui s’opposent pacifiquement à son administration du territoire », a déclaré Eric Goldstein, directeur par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch.
    Fin octobre, des civils sahraouis ont bloqué une route reliant le Sahara occidental à la Mauritanie à travers une zone tampon de 5 kilomètres. Côté Sahara occidental, le Maroc maintient depuis longtemps le poste frontalier de Guerguerat, dont l’existence même est considérée, par le Polisario, comme une violation de l’accord de cessez-le-feu signé entre les deux parties en 1991. Le 13 novembre, l’armée marocaine a expulsé les civils de la zone tampon sans faire de victimes ni d’arrestations. Soutenant que cette opération mettait fin, de fait, au cessez-le-feu, le Polisario a fait voeu de « reprendre la guerre ». Aucune confrontation armée significative n’a eu lieu depuis.
    Les autorités marocaines contiennent fortement, depuis longtemps, toutes les manifestations d’opposition à leur administration du Sahara occidental. Elles empêchent les rassemblements de soutien à l’autodétermination sahraouie, soumettent les activistes indépendantistes à des violences, dans la rue ou en garde à vue, les emprisonnent, les condamnent au terme de procès entachés d’irrégularités ou d’actes de torture, entravent leur liberté de déplacement, et les font suivre ouvertement. De telles violations ont de nouveau été rapportées suite à l’incident de Guerguerat.
    À Laâyoune, après des manifestations majoritairement pacifiques en soutien au Polisario le soir du 13 novembre, des membres armés des forces de sécurité marocaines et des véhicules blindés de transport de troupes ont été déployés dans plusieurs quartiers, dressant des barrages routiers et empêchant les piétons de circuler. La branche de Laayoune de l’Association marocaine des droits humains a rapporté que pendant les quelques jours qui ont suivi le 13 novembre, les forces de sécurité marocaines ont matraqué des passants pacifiques, des policiers masqués ont attaqué ou fait irruption dans sept maisons de partisans présumés du Polisario, et des hommes, femmes et enfants ont été arrêtés avec un usage disproportionné de violence.
    À la même période, des groupes d’activistes sahraouis ont rapporté des événements similaires dans les villes de Smara, Dakhla et Boujdour. Les manifestations indépendantistes brutalement réprimées étaient en grande majorité pacifiques, même si quelques cas limités de jets de pierre sur la police ont été enregistrés, notamment à Laâyoune. Les autorités, en revanche, ont autorisé de larges manifestations dans le Sahara occidental, le 12 décembre, pour célébrer la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le territoire.
    Le 16 novembre, des policiers sont allés chercher Hayat Diyya, 12 ans, dans son collège de Laâyoune, et l’ont emmenée dans un poste de police, après qu’un membre du personnel de l’école a signalé qu’elle portait une veste de type militaire et qu’elle avait cousu, sur son uniforme scolaire, un écusson représentant le drapeau sahraoui. « Les policiers l’ont retenue pendant cinq heures, l’ont giflée, lui ont tiré les cheveux, et l’ont frappée brutalement sur plusieurs parties de son corps », a déclaré Lahbiba Diyya, la mère de Hayat, à Human Rights Watch. « Ils l’ont aussi forcée à s’agenouiller et à chanter l’hymne national du Maroc face à un portrait du roi. Depuis, elle fait régulièrement des cauchemars. »
    Sultana Khayya, une activiste connue de la ville de Boujdour, a déclaré à Human Rights Watch que des agents de police avaient pénétré en son absence dans son domicile familial le 19 novembre, et frappé sa mère de 84 ans à la tête. Ayant perdu connaissance, cette dernière a été évacuée en ambulance vers un hôpital. Khayya a ajouté que les policiers sont revenus le lendemain soir, ont encerclé la maison, martelé la porte avec leurs gourdins, puis frappé à la tête avec une matraque en métal sa sœur Waara, 47 ans, lui causant des saignements. Depuis lors et au moins jusqu’au 3 décembre, jour où Human Rights Watch a interrogé Sultana Khayya, la police est restée devant la maison, empêchant les membres de la famille de sortir et les visiteurs, y compris les proches, d’entrer.
    Le 15 novembre vers 5 heures du matin, une vingtaine de policiers en civil ont pénétré dans une maison de Laâyoune, ont sorti de son lit Ahmed El Karkar, un homme de 19 ans atteint d’un handicap mental, et l’ont arrêté. Il a ensuite été accusé d’avoir dressé des obstacles routiers ainsi que d’avoir insulté et agressé un agent de police lors d’une confrontation entre manifestants et policiers à Laâyoune, deux jours plus tôt.
    La mère d’El Karkar a déclaré à Human Rights Watch qu’Ahmed était à la maison pendant cette confrontation. Le 12 décembre, un tribunal l’a condamné à dix mois de prison. Son avocat a informé Human Rights Watch que le tribunal avait rejeté sa requête d’examen médical pour prouver le handicap mental de son client. El Karkar est aujourd’hui à la prison Lakhal de Laayoune, en attendant son procès en appel.
    Une activiste sahraouie, Nezha Khalidi, a déclaré à Human Rights Watch que l’après-midi du 21 novembre, quelques heures avant la cérémonie prévue pour célébrer son mariage avec Ahmed Ettanji, activiste sahraoui lui aussi, la police a encerclé et bloqué trois maisons appartenant à des parents des deux fiancés, coupé l’électricité dans l’une d’elles, et interdit à tous les occupants de quitter ces maisons, empêchant de fait la famille de se rassembler pour célébrer le mariage. 
    Le mariage a été annulé, et les maisons sont restées sous surveillance policière depuis, a déclaré Khalidi à Human Rights Watch le 10 décembre. Elle a précisé que cet assaut de la police ne répondait à aucune provocation, et que le mariage devait être un événement familial privé. Khalidi comme Ettanji font partie d’Équipe Média, un collectif d’activistes Sahraouis qui se sert des médias sociaux pour contourner la censure du Maroc et documenter la répression. Ses membres sont régulièrement harcelés par les autorités.
    Les autorités marocaines font systématiquement obstruction au travail des associations qui plaident pour l’autodétermination au Sahara occidental. Le 29 septembre, en réponse à la création de l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine, un nouveau groupe indépendantiste fondé entre autres par une activiste célèbre, Aminatou Haidar, un procureur de Laayoune a annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire pour « activités [visant à] port[er] atteinte à l’intégrité territoriale du Royaume ». Le même jour, la police a encerclé le domicile de six membres de ce nouveau groupe, dont Haidar. L’un d’eux a déclaré à Human Rights Watch le 5 octobre que des véhicules de police les suivaient dès qu’ils quittaient leurs maisons, quel qu’en soit le motif, et les empêchaient de recevoir des visites.
    La plus grande partie du Sahara occidental est sous occupation du Maroc depuis que l’Espagne, l’ancien administrateur colonial du territoire, s’en est retirée en 1975. Le gouvernement considère qu’il s’agit d’un territoire marocain et refuse tout référendum d’autodétermination dont l’un des choix serait l’indépendance. Cette option était pourtant incluse dans le référendum sur lequel le Maroc et le Front Polisario s’étaient accordés, dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu signé en 1991 sous l’égide de l’ONU – mais ce référendum ne s’est jamais tenu. Les Nations Unies ne reconnaissent pas l’annexion du Sahara occidental par le Maroc, et ont fait savoir que leur position demeurait « inchangée » malgré la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le territoire.
    Le Maroc a toujours refusé que le mandat de la mission des Nations Unies pour le maintien de la paix au Sahara occidental (MINURSO) soit élargie afin d’englober le suivi des droits humains. Human Rights Watch a appelé à un tel élargissement à plusieurs reprises, afin d’aligner cette mission sur la quasi-totalité des opérations modernes de maintien de la paix de l’ONU.
    « Ni la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine, ni la répression du Maroc, ne peuvent ôter aux Sahraouis leur droit fondamental de s’opposer pacifiquement à l’administration du territoire par le Maroc », a conclu Eric Goldstein.
    HRW, 18 déc 2020
  • La Normalisation des relations Maroc-Israël est le couronnement d’une « collaboration secrète »

    L’annonce de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël était le couronnement des années de collaboration bilatérale « secrète » dans les domaines d’armes et d’espionnage, selon le New York Times (NYT).

    Pendant près de 60 ans, le Maroc et Israël, qui ont accepté de normaliser leurs relations, ont collaboré étroitement mais secrètement sur les questions militaires et de renseignement et les assassinats (…), révèle le quotidien américain dans son édition de vendredi.
    Derrière l’annonce faite, jeudi, par le président américain sortant Donald Trump, » il y a près de six décennies de coopération étroite et secrète sur les questions de renseignement et militaires entre les deux parties », souligne la même source.
    En effet, d’après le quotidien new-yorkais, Israël a aidé le Maroc à obtenir des armes et du matériel de collecte de renseignements et à apprendre à les utiliser, et l’a aidé à assassiner un chef de l’opposition.
    La collaboration découverte grâce à une série de documents et d’entretiens menés « reflète une politique israélienne de longue date de construction de liens secrets avec des régimes arabes où des intérêts communs – et des ennemis – pourraient être trouvés ».
    La relation maroco-israélienne découle en partie du grand nombre de Juifs vivant au Maroc avant la création de l’entité sioniste en 1948, dont beaucoup y émigreraient. Un million d’Israéliens sont originaires du Maroc, selon les données relatées par le journal.
    En 1965, lorsque les dirigeants arabes et les commandants militaires se sont rencontrés à Casablanca, le Maroc a permis au Mossad de mettre sur écoute leurs salles de réunion et suites privées.
    Les écoutes clandestines ont donné à Israël un aperçu sans précédent de la pensée, des capacités et des plans arabes, qui se sont révélés vitaux pour le Mossad et les Forces de défense israéliennes dans la préparation de la guerre de 1967.
    Peu de temps après et à la demande des services de renseignements marocains, le Mossad a localisé l’opposant marocain M. Ben Barka, en l’attirant à Paris où des Marocains et des Français alliés l’ont enlevé. Il a été torturé à mort et les agents du Mossad se sont débarrassés du corps, qui n’a jamais été retrouvé.
    Une décennie plus tard, le roi Hassan II et son gouvernement sont devenus » la voie secondaire » entre Israël et l’Egypte, et le Maroc est devenu « le site de réunions secrètes » entre leurs fonctionnaires, avant les accords de Camp David de 1978 et la normalisation des relations entre les anciens ennemis. Israël a ensuite aidé à persuader les Etats-Unis de fournir une assistance militaire au Maroc.
    Pendant des années, le successeur de Hassan II, le roi Mohammad VI, a sollicité l’aide d’Israël pour obtenir l’acceptation américaine de l’annexion illégale du Sahara occidental.
    DIA, 12 décembre 2020
    #SaharaOccidental #Polisario #WesternSahara #Marruecos #Morocco #Maroc #Israël #Mossad #Normalisation
     
  • Algérie-France : Le Président Tebboune reçoit un appel de d’Emmanuel Macron

    Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu, samedi matin, un appel téléphonique de son homologue français, Emmanuel Macron, qui a pris des nouvelles de son état de santé et l’a informé, par la même occasion, que le rapport sur le dossier de la Mémoire, confié à l’historien Benjamin Stora, sera fin prêt en janvier prochain, a indiqué un communiqué de la Présidence de la République.

    “Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu, samedi matin, un appel téléphonique du président de la République française, M. Emmanuel Macron, qui a pris des nouvelles de son état de santé”, précise le communiqué, ajoutant que “le Président Tebboune a remercié chaleureusement son homologue français pour l’intérêt qu’il lui a témoigné depuis son transfert médical en Allemagne, et lui a souhaité à son tour un prompt rétablissement”.
    Lors de cet entretien téléphonique, M. Macron a informé le Président Tebboune que le rapport sur le dossier de la Mémoire, confié à M. Benjamin Stora, sera fin prêt en janvier prochain, souligne la même source .
    Les deux chefs d’Etat ont convenu de reprendre contact, début 2021, pour aborder nombre de dossiers et de questions d’intérêts commun, notamment les questions régionales et la situation en Libye, au Mali et au Sahara occidental, conclut le communiqué la Présidence de la République.
    Le président Tebboune est toujours en convalescence en Allemagne. Il était apparu dimanche dernier pour la première fois depuis son transfert médicalisé en Allemagne le 28 octobre dans un message vidéo. Le chef de l’Etat a fait savoir qu’il était sur la voie de guérison et qu’il rentrera au pays d’ici trois semaines au plus tard.
    Pour sa part le président français, en isolement pour 7 jours suite à sa contamination au Covid-19 a rassuré avant-hier dans une vidéo sur son état de santé en postant une vidéo sur les réseaux sociaux. Pour sa part la présidence française a indiqué hier dans un bref communiqué que l’état de santé d’Emmanuel Macron était « stable » et que ses examens sont « rassurants ».
    En novembre dernier, le président français Emmanuel Macron, a couvert de louanges son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune dans un entretien à Jeune Afrique. «Je vous le dis franchement: je ferai tout ce qui est en mon possible pour aider le président Tebboune dans cette période de transition. Il est courageux», a déclaré le chef de l’Etat français répondant à une question sur la situation politique en Algérie qui a connu une révolution citoyenne pacifique. Laissant entendre que le changement est un long processus qui nécessite de la persévérance et du courage politique Emmanuel Macron a affirmé qu’«on ne change pas un pays, des institutions et des structures du pouvoir en quelques mois». «Je ne suis jamais dans l’invective ni dans la posture du donneur de leçons. L’Algérie est un grand pays. L’Afrique ne peut pas réussir sans que l’Algérie réussisse», a déclaré le président français.
    Le Jeune indépendant, 20 déc 2020
    Tags : #Algérie, #France #Marcon #Tebboune #Mémoire #BenjaminStora #Colonisation
  • Sahara Occidental – Maroc : Tel est pris qui croyait prendre

    En décidant, le 13 novembre dernier, d’une agression militaire caractérisée contre des manifestants civils sahraouis qui protestaient pacifiquement contre l’ouverture de la brèche d’El Guergarat, à l’extrême-sud du territoire du Sahara occidental occupé, le Makhzen ne s’attendait pas, à l’évidence, à un rapide retour de manivelle. Que l’annonce, le 10 du mois en cours, par le président américain sortant, Donald Trump, de la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara Occidental, n’a pu occulté. Surtout que cette annonce a coïncidé avec celle de la normalisation du royaume du Maroc avec l’entité sioniste et que cette coïncidence ne doit rien au hasard. 

    Deux faits qui révèlent, de la manière la plus éclatante qui soit, la totale soumission du Palais royal et de son Makhzen aux intérêts et aux agendas étasuniens et sionistes. De là à dire que ladite reconnaissance de la marocanité du Sahara Occidental – qui, pour la petite histoire, a été annoncée par un simple tweet -, n’est, dans les faits, qu’une vile et gratuite contrepartie à la normalisation, par notre “voisin de l’Ouest”, de ses relations avec l’entité sioniste, il y a un tout petit pas que, à l’instar de beaucoup à travers le monde, nous franchissons allègrement. Une évidence que refuse d’admettre le Makhzen. 
    Avec l’aide de tous ceux qui l’encouragent, depuis de longues années, dans son intransigeance à ne pas vouloir se conformer à la légalité internationale dans la résolution du problème, pendant depuis plus de quatre décades maintenant, du Sahara occidental, ce dernier s’échine plutôt à édulcorer la situation. En clair, à nier que l’évolution de la situation ne va aucunement dans le sens qu’il avait prévu. Agissant de concert, le Makhzen et ses soutiens occidentalo-sionistes appuyés par leurs sous-fifres de la région arabe – tout ce que celle-ci compte de monarchies et certaines républiques aux ordres, en fait – imposent, en effet, un black-out total et sur la reprise, à l’initiative du Front Polisario, des hostilités au Sahara Occidental, et sur les réactions en chaîne, qui vont grandissant à travers le monde, de rejet, tout à la fois, de la reconnaissance, par le président américain sortant, de la marocanité de ce territoire, et de la normalisation, par le royaume de M6, de ses relations avec l’entité sioniste. 
    Concernant le premier point, le Makhzen fait comme si rien ne se passe le long “du mur de la honte et de l’humiliation” et que la situation à El-Guergarat est des plus normales. Un silence démenti toutefois aussi bien par l’ONU qui, à maintes reprises depuis le 13 novembre dernier, a fait état d’accrochages le long de ce mur entre les unités de l’APLS (Armée populaire de libération sahraouie) et la soldatesque marocaine qui y est terrée, que par les communiqués quotidiens du ministère de la Défense nationale sahraoui en faisant état. La teneur de ces derniers, parce que des plus précis sur le déroulement des opérations menées par l’ALPS, ne laisse aucun doute sur la réalité que le Makhzen s’évertue à nier. Mais qu’il a de plus en plus de mal à occulter surtout que ces derniers jours la situation sur le terrain a connu une évolution notable marquée par l’aggravation des pertes, notamment humaines, subies par l’armée royale et l’intervention de son aviation. Jusqu’où ira l’entêtement du Makhzen à nier la réalité des faits, lui, qui s’échine, contre le bon sens, à présenter comme une “victoire diplomatique historique” une reconnaissance twettée, par Donald Trump, de l’illusoire marocanité du Sahara occidental?
     Selon tous les observateurs impartiaux de la scène maghrébine, pas très loin. Et pour cause. Claironnée à longueur de journée par tous les médias, locaux et internationaux, qui lui sont acquis, cette “victoire” a toutes les chances d’être des plus éphémères. Et c’est là, le second fait qui atteste de l’évolution précitée de la situation dans un sens non prévu par le Makhzen. Outre son rejet de l’intérieur même des Etats-Unis et des rangs même du parti républicain, son propre parti, l’initiative de Donald Trump à reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental l’est également à l’échelle internationale. 
    Depuis son annonce, concomitamment avec celle de la normalisation des relations entre le Maroc et l’entité sioniste, celle-ci fait, en effet, l’objet d’un fort rejet de la part, à la fois, de l’ONU, de nombre pays, de personnalités, politiques et autres, de renom et d’organisations internationales activant dans le domaine des droits de l’Homme. Dans les deux cas, les réactions de rejet ont été motivées par l’attachement de ceux qui les ont exprimées à la légalité internationale que l’initiative en question a, selon eux, clairement et honteusement violée. Des motifs auxquels les nombreuses personnalités américaines – parmi lesquelles, les anciens émissaires onusiens pour le Sahara Occidental, James Baker et Christopher Ross, et l’éminent linguiste, Noam Chomsky – qui n’ont pas apprécié – et c’est peu dire – la décision de leur président sortant, ont ajouté, rejoignant en cela la position exprimée par Stephen Zunes, un universitaire de San Francisco, “l’atteinte à la réputation des Etats-Unis”. Une atteinte que les “opposants de l’intérieur” et ceux de “l’extérieur” – et ils sont chaque jour plus nombreux – souhaitent voir effacée par le 46ème président américain, Joe Biden, et ce, dès sa prise de fonctions officielle, le 20 janvier 2021…
    Mourad Bendris
    Dzair-tube, 19 déc 2020
  • Relations secrètes entre le Mossad et le Makhzen : une longue succession de trahisons (vidéo)

    Les relations (secrètes) entre les dirigeants marocains et l’entité sioniste remontent pratiquement à l’indépendance du royaume chérifien, en 1956.

    C’est la raison pour laquelle, sans doute, Rabat suit le même mode opératoire dans son plan de colonisation du Sahara Occidental que le fait l’entité sioniste en Palestine. Cela va de la politique du fait accompli, jusqu’au mur de séparation et d’apartheid, en passant par les colonies illégales.
    Derrière l’annonce que l’entité sioniste et le Maroc établiront leurs « premières relations diplomatiques formelles », il y a près de six décennies de coopération étroite et secrète sur les questions de renseignement et militaires entre deux « nations » qui, paradoxalement, ne se sont officiellement pas reconnues.
    De nombreux médias spécialisés dans le renseignement révèlent en effet que l’entité sioniste « a aidé le Maroc à obtenir des armes et du matériel de collecte de renseignements et à apprendre à les utiliser, et l’a aidé à assassiner un chef de l’opposition.
    Le Maroc a également aidé I’entité sioniste à accueillir des Juifs marocains, à monter une opération contre Oussama Ben Laden – et même à espionner d’autres pays arabes, au prix de viles et innommables trahisons.
    La collaboration – découverte dans une série d’entretiens menés et de documents découverts pendant de nombreuses années – met à nue une politique sioniste suivie de longue date de construction de liens secrets avec des régimes arabes où des intérêts communs – et des ennemis – pourraient être trouvés.
    C’est ce choix, puéril et aveugle, qui semble expliquer les pas franchis par Ryad et ses satellites, uniquement guidés par leur haine aveugle à l’égard de Téhéran avec sa doctrine chiite, ennemie jurée du salafisme saoudien.
    Il faut dire que la relation maroco-sioniste découle en partie du grand nombre de Juifs au Maroc avant la naissance de cette entité et la « nakba de 1948, dont beaucoup y émigreraient, constituant l’une des plus grandes parties de la population israélienne.
    Quelque un million d’Israéliens sont originaires du Maroc ou descendent de ceux qui l’étaient, assurant un intérêt profond et constant pour ce pays situé à plus de 2 000 kilomètres.
    Majoritairement concentrés dans la région d’Achdod, non loin de la bande de Ghaza, les juifs marocains, dont les plus célèbres sont André et Audrey Azoulay, contrôlent les faits et gestes du roi marocain. Ils ont également réussi à accaparer des pans de pouvoir non négligeables en Occident, plus précisément en France. Pour la petite histoire, Mohamed VI appelle « tonton » André Azoulay.
    Said Ayachi, dans un entretien qu’il nous a accordé ce jour, est allé jusqu’à révéler que ce juif pro sioniste jouit même d’un accès libre aux incommensurables richesses du royaume chérifien. Le roi Hassan II a autorisé l’émigration massive des juifs et a permis au Mossad d’établir une station au Maroc.
    L’entité sioniste a fourni des armes et formé les Marocains à leur utilisation. L’assassinat, dans d’atroces souffrances de l’opposant Mehdi Ben Barka, dont sont coupables les généraux Oufkir et Dlimi, n’a été rendu possible qu’avec la précieuse aide des agents du Mossad. Un moment crucial est survenu en 1965, lorsque les dirigeants arabes et les commandants militaires se sont rencontrés à Casablanca, et le Maroc a permis au Mossad de mettre sur écoute leurs salles de réunion et leurs suites privées.
    L’écoute a donné à l’entité sioniste un aperçu sans précédent de la pensée, des capacités et des plans arabes, qui se sont révélés vitaux pour le Mossad et les Forces de l’armée sioniste, certes secondée par un pont aérien militaire américain, dans la préparation, et la réussite hélas, de la guerre de 1967.
    « Ces enregistrements, qui étaient vraiment une réalisation extraordinaire du renseignement, ont établi notre sentiment, du haut des FDI, que nous gagnerons la guerre contre l’Égypte », a déclaré le général Shlomo Gazit, qui deviendra plus tard le chef du renseignement militaire, dans une interview en 2016.
    Pendant des années, le successeur de Hassan II, le roi Muhammad VI, a demandé l’aide d’Israël pour obtenir l’acquiescement américain à l’annexion du Sahara occidental par le Maroc, qui s’est finalement concrétisée dans l’annonce de Trump, le président US sortant. Depuis 2006, Serge Bardugo, un leader de la petite communauté juive restée au Maroc, a été l’ambassadeur du roi dans cet effort, rencontrant des responsables israéliens et des dirigeants juifs américains.
    Occasionnellement, ces réunions ont été suivies par Yassin Mansouri, un ami de longue date du roi qui dirige l’agence de renseignement externe du Maroc. M. Mansouri, à son tour, a rencontré directement son homologue israélien, Yossi Cohen, le chef du Mossad, menant certaines des négociations qui ont conduit à l’accord de normalisation de ces relations honteuses.
    Ali Oussi
    La Patrie News, 17 déc 2020